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Feint

avatar 05/02/2014 @ 12:57:05
Aucune lecture n'est meprisable.
Quand j'etais sur BF, j'avais une "amie" pour laquelle lire Bobin etait, moralement, d'un grand bienfait.
Ah mais je ne dis pas du tout que sa lecture est méprisable, je dis juste que son écriture est catastrophique. J'ai de très bonnes amies, très bonnes lectrices, qui l'ont beaucoup aimé.

Veneziano
avatar 05/02/2014 @ 13:48:57
Camus est souvent perçu, à tort ou à raison, comme un intellectuel, intermédiaire entre l'auteur littéraire et le philosophe. Que le mode d'écriture puisse, de ce fait, connaître quelques variations, ce n'est sans doute pas si surprenant. Chaque exercice détient ses exigences formelles.
La catégorie d'intellectuel est elle-même hétéroclite. Pasolini est considéré comme tel, pour avoir été poète, essayiste et cinéaste.

Sinon, l'ecriture en général ne serait-elle qu'un exercice de style ? J'ai des doutes sérieux, à ce sujet. N'importe quoi pourrait être raconté, d'integralement faux ou de complètement incohérent, du moment que la phraséologie est plaisante.
Aussi être trop généraliste invite-t-il a' de nombreuses imprécisions. C'est ainsi que les journalistes sont souvent assez mal perçus des spécialistes en tous genres.

Feint

avatar 05/02/2014 @ 14:29:39
Ven, il ne s'agit pas de dissocier le style (déjà on ne sait pas ce que c'est) du propos (on sait un peu mieux mais même là on a des doutes).
Cette phrase de Camus n'est pas critiquable en soi, ni par sa formulation, ni par ce qu'elle dit. Elle l'est juste sur un plan littéraire (qui n'a rien à voir avec le style) parce que, dans l'Etranger, un récit qui génère lui-même une certaine forme d'écriture, très caractéristique (très facile à pasticher, d'ailleurs) mais très juste par rapport au projet de Camus dans ce livre, elle sonne faux. Elle pourrait très bien sonner juste ailleurs, dans un essai. C'est comme si on n'était plus dans l'Etranger, mais dans un commentaire de l'Etranger. C'est faible parce que dire la chose directement est une facilité par rapport à tenter de la faire ressentir. A ce titre, même si dans l'ensemble j'aime vraiment bien l'Etranger, l'explicit me paraît aussi un gros ratage (plus gênant parce que plus long et surtout placé en point d'orgue). Le défaut d'ailleurs s'aggrave par la suite dans la Peste.

Veneziano
avatar 05/02/2014 @ 15:06:18
Ce qui est explicite n'est pas forcément simpliste ou grossier, mêle s'il est moins subtile que l'effet implicite ou ressenti. Après, il peut detonner par rapport à un ensemble, je comprends bien l'idée.
Ta critique est bien d'ordre formel, si elle n'est pas stylistique.

Feint

avatar 05/02/2014 @ 15:25:02
Ce n'est ni simpliste ni grossier, c'est littérairement facile et peu efficace. Ma remarque est d'ordre littéraire, d'ailleurs je ne vois pas quelle autre sorte de critique on pourrait adresser à une œuvre littéraire.

Sissi

avatar 05/02/2014 @ 15:51:44
Je suis d'accord avec toi, Feint, le style on ne sait finalement pas trop ce que c'est. Mais du coup (encore!!!), ce qui est "littérairement efficace" non plus. C'est quand même très définitif, l'efficacité.

Feint

avatar 05/02/2014 @ 16:16:32
Ah mais complètement d'accord : on ne sait pas. On voit juste quand ça ne l'est pas. On sent qu'il aurait fallu faire autrement. Mais comment ?
(Cela dit, même il y a une quinzaine d'années, je pense que la faille m'aurait plus facilement échappé. Mais à force, on devient difficile.)

Veneziano
avatar 05/02/2014 @ 20:10:35
Ce n'est ni simpliste ni grossier, c'est littérairement facile et peu efficace. Ma remarque est d'ordre littéraire, d'ailleurs je ne vois pas quelle autre sorte de critique on pourrait adresser à une œuvre littéraire.


Mais Camus, comme tu l'as toi-même sous-entendu, et comme j'ai cru bon le remarquer, est-il toujours littéraire ?

Par ailleurs, l'expression généraliste est-elle irréductible de toute autre ?
Les journalistes sont assez souvent mal vus des techniciens, par l'imprecision de leurs propos. Y aurait-il un parallèle possible entre littérature et philosophie ?
Les modes d'expression "généralistes" et "spécialistes" seraient-ils totalement imperméables ? Doivent-ils l'être ?

Feint

avatar 05/02/2014 @ 21:26:48
Ce n'est ni simpliste ni grossier, c'est littérairement facile et peu efficace. Ma remarque est d'ordre littéraire, d'ailleurs je ne vois pas quelle autre sorte de critique on pourrait adresser à une œuvre littéraire.



Mais Camus, comme tu l'as toi-même sous-entendu, et comme j'ai cru bon le remarquer, est-il toujours littéraire ?
Camus, peu importe. L'Etranger, assurément, est une œuvre littéraire.

Par ailleurs, l'expression généraliste est-elle irréductible de toute autre ?
Les journalistes sont assez souvent mal vus des techniciens, par l'imprecision de leurs propos. Y aurait-il un parallèle possible entre littérature et philosophie ?
Les modes d'expression "généralistes" et "spécialistes" seraient-ils totalement imperméables ? Doivent-ils l'être ?
Je ne comprends pas ce que tu veux dire.

Veneziano
avatar 05/02/2014 @ 22:00:24
"Camus, peu importe" ? Là, pour le coup, c'est moi qui ne comprends pas, et ce rejet me gêne. Une réalité est rarement univoque.

Mais cela a justement le mérite de faire le lien avec ce qui suit.

Le littéraire est-il vraiment à séparer du reste ? L'analyse littéraire doit-elle être entendue comme une grille d'analyse univoque ? Quand des considérations philosophiques, historiques, relevant d'une autre science sociale, interviennent dans un écrit principalement d'ordre littéraire, est-ce que cela ne pourrait pas justifier un changement de ton, d'écriture, le temps de l'incise ?
La réalité est rarement univoque. Ces détours peuvent être justifiés. Le changement de ton peut gêner s'il est radical, mais n'y a-t-il pas des cas où il peut être justifié ?
Ou faut-il cloisonner les écrits en fonction de leur nature et des exigences que cela implique ? (cela fait écho à la question Les modes d'expression "généralistes" et "spécialistes" seraient-ils totalement imperméables ?)


Par ailleurs, sur la forme littéraire, je doute que ce genre d'analyses suffisent à un oral pour commenter Bérénice de Racine, L'Education sentimentale de Flaubert ou Les Liaisons dangereuse. Sép

Veneziano
avatar 05/02/2014 @ 22:11:53
« Le sage est calme et serein. L'homme de peu est toujours accablé de soucis. » Confucius, in Entretiens du Maître avec ses disciples

Débézed

avatar 05/02/2014 @ 22:18:54
Ven, il ne s'agit pas de dissocier le style (déjà on ne sait pas ce que c'est) du propos (on sait un peu mieux mais même là on a des doutes).
Cette phrase de Camus n'est pas critiquable en soi, ni par sa formulation, ni par ce qu'elle dit. Elle l'est juste sur un plan littéraire (qui n'a rien à voir avec le style) parce que, dans l'Etranger, un récit qui génère lui-même une certaine forme d'écriture, très caractéristique (très facile à pasticher, d'ailleurs) mais très juste par rapport au projet de Camus dans ce livre, elle sonne faux. Elle pourrait très bien sonner juste ailleurs, dans un essai. C'est comme si on n'était plus dans l'Etranger, mais dans un commentaire de l'Etranger. C'est faible parce que dire la chose directement est une facilité par rapport à tenter de la faire ressentir. A ce titre, même si dans l'ensemble j'aime vraiment bien l'Etranger, l'explicit me paraît aussi un gros ratage (plus gênant parce que plus long et surtout placé en point d'orgue). Le défaut d'ailleurs s'aggrave par la suite dans la Peste.


Je ne sais pas comment qualifier l'écriture de Camus, dans "L'étranger", mais je l'avais trouvée un peu sèche, simpliste, pas très élégante, peut-être trop démonstrative. Bref, elle ne m'avait pas séduit. Je trouvais surtout que le rythme et la musique du texte n'étaient pas très agréables à entendre même en lisant dans ma tête.

Veneziano
avatar 05/02/2014 @ 22:27:57
J'ai évoqué le journalisme, peut-être de manière elliptique. Comme la littérature, sa grille d'analyse semble se suffire, alors que l'aspect généraliste de ces deux disciplines les amènent à des imprécisions ou erreurs des disciplines plus techniques.
Est-il donc utile de cloisonner les points de vue, en tout cas tout le temps ?
La philosophie est généraliste, mais pluridisciplinaire, puisqu'elle s'intéresse à toute activité humaine, les sciences, le actes comme humaines, les arts. Et les sciences humaines s'éclairent et se complètent les unes les autres.

On ne peut pas être spécialiste de tout. Mais doit toujours tout cloisonner ?

Feint

avatar 05/02/2014 @ 23:58:41
"Camus, peu importe" ? Là, pour le coup, c'est moi qui ne comprends pas, et ce rejet me gêne.
Il n'y a aucun rejet là-dedans, Ven : l'auteur importe peu, quel qu'il soit, c'est valable pour tous. Ce qui m'intéresse, c'est la littérature, pas les écrivains.

Feint

avatar 06/02/2014 @ 00:04:54
Quand des considérations philosophiques, historiques, relevant d'une autre science sociale, interviennent dans un écrit principalement d'ordre littéraire, est-ce que cela ne pourrait pas justifier un changement de ton, d'écriture, le temps de l'incise ?
La réalité est rarement univoque. Ces détours peuvent être justifiés. Le changement de ton peut gêner s'il est radical, mais n'y a-t-il pas des cas où il peut être justifié ?
Un changement de ton même radical ne gênera pas s'il est littérairement justifié. En l'occurrence, dans ce cas précis, il ne l'est pas : c'est juste une faute d'écriture, comme tous les auteurs en commettent - plus ou moins. Ce n'est pas parce qu'un condiment est bon que tu peux le mettre dans n'importe quel plat.

Feint

avatar 06/02/2014 @ 00:12:51

Par ailleurs, sur la forme littéraire, je doute que ce genre d'analyses suffisent à un oral pour commenter Bérénice de Racine, L'Education sentimentale de Flaubert ou Les Liaisons dangereuse. Sép
Il n'y a pas un genre d'analyse qui suffise, de même qu'il n'y a pas une grille de lecture qui vaille. Chaque texte doit générer la manière de le commenter. Il faut réinventer une manière de lire pour chaque livre, sans quoi on passe à côté de l'essentiel.
Moi je te parle juste de l'Etranger, que je connais bien, où tu as relevé un défaut que je n'avais pas remarqué (j'en avais vu d'autres).

Feint

avatar 06/02/2014 @ 00:14:59
La philosophie est généraliste, mais pluridisciplinaire, puisqu'elle s'intéresse à toute activité humaine, les sciences, le actes comme humaines, les arts. Et les sciences humaines s'éclairent et se complètent les unes les autres.

On ne peut pas être spécialiste de tout. Mais doit toujours tout cloisonner ?
Tous les grands textes littéraires ont une portée philosophique. Mais ils ne contiennent pas nécessairement des phrases de prof de philo, heureusement.

Veneziano
avatar 06/02/2014 @ 07:28:58
"Camus, peu importe" ? Là, pour le coup, c'est moi qui ne comprends pas, et ce rejet me gêne.

Il n'y a aucun rejet là-dedans, Ven : l'auteur importe peu, quel qu'il soit, c'est valable pour tous. Ce qui m'intéresse, c'est la littérature, pas les écrivains.


Si tous tes arguments sont intéressants et enrichissants, celui-la' me paraît quelque peu discutable, si je puis me permettre. Que la biographie de l'auteur s'avère quelque peu subsidiaire pour commenter un texte littéraire, cela apporte des éléments d'éclairage, voire de compréhension. Les recueils de Lagarde et Michard, comme de Henri Mitterand, apportent de nombreux éléments sur ce point, comme sur le contexte bibliographique et historique des œuvres.
Aussi ai-je tendance à conserver mes doutes méthodologiques sur cette question.

Veneziano
avatar 06/02/2014 @ 07:30:17

Par ailleurs, sur la forme littéraire, je doute que ce genre d'analyses suffisent à un oral pour commenter Bérénice de Racine, L'Education sentimentale de Flaubert ou Les Liaisons dangereuse. Sép

Il n'y a pas un genre d'analyse qui suffise, de même qu'il n'y a pas une grille de lecture qui vaille. Chaque texte doit générer la manière de le commenter. Il faut réinventer une manière de lire pour chaque livre, sans quoi on passe à côté de l'essentiel.
Moi je te parle juste de l'Etranger, que je connais bien, où tu as relevé un défaut que je n'avais pas remarqué (j'en avais vu d'autres).


Ma question était de méthode, donc d'ordre général.

Veneziano
avatar 06/02/2014 @ 07:32:06
La philosophie est généraliste, mais pluridisciplinaire, puisqu'elle s'intéresse à toute activité humaine, les sciences, le actes comme humaines, les arts. Et les sciences humaines s'éclairent et se complètent les unes les autres.

On ne peut pas être spécialiste de tout. Mais doit toujours tout cloisonner ?

Tous les grands textes littéraires ont une portée philosophique. Mais ils ne contiennent pas nécessairement des phrases de prof de philo, heureusement.


Que sont censées être les phrases des profs de philo ?
De manière plus problématique, que signifie ton "heureusement" ?

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