Provis

avatar 15/01/2007 @ 19:20:21
Assez bizarrement peut-être, tu trouveras aussi beaucoup de poésie dans Kaputt.. Je pense en particulier à ce spectacle improbable où des dizaines de chevaux ont été pris par le froid dans un étang, et seuls leur cou et leur tête sortent de la couche de glace, solides et complètement pétrifiés.. Scène atroce, et pourtant poétique..

Saint Jean-Baptiste 15/01/2007 @ 23:03:43
Encore une fois, plus on en sait sur un sujet, et moins on est tenté de juger !
Ce livre va chercher jusqu'au tréfonds de la nature humaine ...et il est terrifiant !

L'auteur voudrait-il nous faire comprendre que chacun de nous à un moment donné de sa vie pourrait entrer dans un tel système et y être acteur ?

Oui, vraiment, c'est ça ! Je ne sais pas si c'est l'intention de l'auteur mais je crois bien que oui.
En fait, la question est : si j'avais été un Allemand de 20 ans en 1940...
Il y a un livre de Kressmann Taylor, critiqué sur le site, Jour sans Retour, qui est tout à fait éclairant sur le sujet. On y montre comment le nazisme s'est imposé dans le monde intellectuel des universités allemandes dès les années trente.
Ce livre est la révélation d'un système diabolique !

Evidemment on ne reviendra plus jamais à une forme de nazisme aussi violent. Mais le procédé a encore cours dans certains pays de notre Europe occidentale : quand les politiciens s'emparent d'une cause nationaliste et tentent de l'imposer à leur peuple, il faut faire preuve d'une très grande lucidité et de beaucoup de liberté d'esprit pour bien comprendre ce qui se passe et bien y résister !

Evidemment rien n'est comparable ! Le troisième Reich était une dictature féroce et les quelques rares qui ont pu s'échapper du système sont ceux qui ont pu s'expatrier. Mais une fois entré dans le système, je crois qu'il était impossible de s'y opposer. C'est bien ça, me semble-t-il, le thème des Bienveillantes. ...Un livre terrifiant !

Jlc 15/01/2007 @ 23:24:00
Remarquable critique de CH qui a parfaitement compris, à mon avis, ce livre à juste titre qualifié par SJB de terrifiant. Mais je ne souscrit absolument pas aux deux paragraphes où à la fin de sa critique CH fait une comparaison avec le management des multinationales. Je veux bien qu'on puisse penser que la mondialisation est diabolique mais de là à faire un parallèle avec la mort atroce de six millions de juifs, il y a un pas qu'il ne faut pas franchir. NON, NON et NON.
Dommage car encore une fois c'est remarquable critique.

Sur ceux qui, d'une façon ou d'une uatre, ont tenté de résister je recommande le très beau roman d'Hans Fallada "Seul dans Berlin".

Dirlandaise

avatar 16/01/2007 @ 18:23:02
Alors Poupi, tu en es rendu à quelle partie ? Moi, je commence "Sarabande" la quatrième. J'ai bien aimé la troisième partie et surtout la fin avec le voyage en ballon de Aue (son coma suite à une balle reçue dans la tête). Sa plongée dans la Volga est un passage particulièrement délirant !
;-)

Poupi 17/01/2007 @ 13:21:48
Je crois que tu m'as dépassé...et spoilé !!
Je vais rattraper mon retard, j'ai pas trop lu ces derniers temps à cause de controles (que j'ai d'ailleurs foiré !!).

Dirlandaise

avatar 17/01/2007 @ 18:11:15
Je m'astreins à lire cinquante pages par jour car je dois remettre le volume le 30 janvier. Mais, ce n'est pas un livre qui se lit vite.

Poupi, tes études sont sûrement prioritaires alors, ne te presse pas. ;-)

Poupi 17/01/2007 @ 18:59:43
Ne t'en fais pas pour mes études, j'essaie d'en prendre soin. Je me destine à étudier la médecine, ce qui demande rigueur et acharnement...c'est un bon entraînement alors !

Où en es-tu précisément ? Donne-moi un numéro de page grossier, ça évitera les spoilers. Moi, environ 130, pas mal de discussions avec son ami Thomas, Max cherche dans quelle branche officier, on lui vante les mérites de la solution juive ; un moment donc, où on entend beaucoup parler de la hiérarchie et de la bureaucratie !

Dirlandaise

avatar 17/01/2007 @ 20:00:21
Je suis à la page 456. Aue retrouve sa soeur en compagnie de son mari. Beaucoup d'explications sont données au sujet de la relation de Max et de sa soeur. Il ne lui a jamais pardonné son mariage huit ans plus tôt et souffre encore de jalousie maladive à l'égard du mari. Una essaie de le raisonner en lui disant que leur amour n'était que des jeux d'enfants mais Max s'entête. Il demande à son ami Thomas de faire des recherches sur le mari de sa soeur et apprend que celui-ci est paralysé et beaucoup plus âgé qu'elle. Mais je n'en dévoilerai pas trop puisque tu n'es pas rendu là et ce serait dommage de gâcher ta lecture.

J'aime beaucoup ce passage car Max replonge souvent dans ses souvenirs d'enfant et d'adolescent. On peut suivre le développement de son attitude possessive à l'égard de sa soeur dont il est éperdument amoureux. J'en suis rendue au passage relatant la première rencontre de Max et du mari de sa soeur. ;-)

Saint Jean-Baptiste 20/01/2007 @ 16:13:28
Remarquable critique de CH qui a parfaitement compris, à mon avis, ce livre à juste titre qualifié par SJB de terrifiant. Mais je ne souscrit absolument pas aux deux paragraphes où à la fin de sa critique CH fait une comparaison avec le management des multinationales. Je veux bien qu'on puisse penser que la mondialisation est diabolique mais de là à faire un parallèle avec la mort atroce de six millions de juifs, il y a un pas qu'il ne faut pas franchir. NON, NON et NON.
Dommage car encore une fois c'est remarquable critique.

Sur ceux qui, d'une façon ou d'une uatre, ont tenté de résister je recommande le très beau roman d'Hans Fallada "Seul dans Berlin".

C'est vrai que Seul dans Berlin est un beau live. Il se lit un peu comme un polar, c'est très réaliste et très émouvant, c'est l'autre côté du décors.

Et bien sûr, Jlc, CH exagère avec sa Mondialisation ! On ne peut pas faire un parallèle avec la mort de six millions d'hommes et surtout la manière n'a rien de comparable.
Mais CH dénonce bien deux systèmes qui sont de même "nature" : des individus se mettent au service d'un "Système" et ce système sacrifie l'individu pour son propre fonctionnement.

Evidemment, ici la comparaison n'est pas de mise mais, toutes proportions gardées, la similitude entre les deux Planifications est pertinente et intéressante.

Provis

avatar 20/01/2007 @ 17:54:26
Evidemment on ne reviendra plus jamais à une forme de nazisme aussi violent.
J'aimerais en être aussi sûr que toi, SJB.. Et pourquoi est-ce précisément à cette occasion que l'humanité aurait atteint le paroxysme de la barbarie ?

A mon avis, il vaudrait mieux éviter d'y croire trop fort, que ça ne peut pas revenir, ça éviterait que ça ne revienne vraiment.. certainement pas de façon identique puisque l'histoire ne se répète jamais, paraît-il, mais l'homme sait être ingénieux et novateur..

Dirlandaise

avatar 20/01/2007 @ 18:07:45
À ce propos, les pages 610 à 618 du livre valent d'être lues attentivement. Aue réfléchit sur le mécanisme qui a abouti à cette horreur totale et dresse un portrait du genre humain qui laisse bien peu de place à l'espoir de ne plus jamais revivre de telles atrocités.

Poupi 20/01/2007 @ 20:14:00
Tu as beaucoup d'avance sur moi, Dirlandaise ; j'en suis à la page 530. Mais bon, je n'ai pas pu lire trop aujourd'hui, parce que je me suis chopé une espèce de gastro assez chiante...

Je pense avoir fini l'oeuvre d'ici dimanche prochain au plus tard.

Sibylline 20/01/2007 @ 20:17:39
je me suis chopé une espèce de gastro assez chiante...
.

;-))))) C'est ce qui s'appelle avoir le sens des mots.

Le rat des champs
avatar 20/01/2007 @ 22:22:02
Je n'ai pas commencé le livre, mais j'ai vu que certains font un parallèle avec la mondialisation, ce qui ne me paraît pas absurde et me fait penser à "la question humaine" de François Emmanuel.

Dirlandaise

avatar 20/01/2007 @ 23:28:44
Poupi, je suis désolée de ce qui t'arrive... et te souhaite de te remettre très vite. Pour ma part, je ne lis pas plus que cinquante pages car je deviens saturée et ma concentration est plus difficile. Certains passages que je viens de lire sont très bon notamment celui ou Aue observe une colonie de fourmis devant la maison de Höss je crois et compare leur activité absurde à celle des camps. J'ai beaucoup aimé aussi quand Himmler prononce son discours devant tous les haut placés du reich. Il leur assène alors la vérité crue sans euphémisme afin de les "mouiller", suivant ainsi les ordres de Hitler qui voulait ainsi que, en cas de défaite, pas un ne puisse dire qu'il n'était pas au courant de ce qui se passait dans les camps !

Dirlandaise

avatar 22/01/2007 @ 21:23:16
Alors Poupi ? Tu en es rendu à quelle page ? L'as-tu déjà terminé ? Pour ma part, j'en suis à la page 734... J'avoue que toutes ces histoires de collaboration avec la Hongrie pour l'envoi de main-d'oeuvre juive m'ennuie un peu malgré l'intérêt historique. J'ai bien aimé quand Aue nous demande si toutes ces routines administratives nous ennuient en tant que lecteurs et quand il avoue que la plume lui en tombe tant lui même s'ennuie ! J'avais presque envie de lui répondre qu'il exagère en effet avec les mutations, les promotions, les démotions et tutti quanti !

J'ai bien hâte de savoir la vérité au sujet des jumeaux mystérieux et les deux policiers qui harcèlent Aue me font penser aux Dupont (d) ! Ils se répondent l'un l'autre de la même façon niaise.

Quant à l'histoire d'amour entre Hélène et Aue, c'est d'une platitude à faire pleurer mais enfin, je continue... ;-)

Poupi 23/01/2007 @ 17:24:23
J'en suis à un peu plus de 550 pages, il visite Auschwitz et traite de l'absurdité du fait qu'on taxe ceux qui executent les ordres de monstres, car au fond ils ne sont que des hommes pris dans les rouages, ils n'ont rien demandé. Comme l'écrit Littell, s'ils étaient nés aux Etats-Unis, ils seraient des héros, mais étant né en Allemagne, on en fait des monstres.

Dirlandaise

avatar 23/01/2007 @ 19:29:08
J'en suis à la page 820, au chapitre intitulé "Air". Je ne raconterai pas tout mais Aue, devant l'avance de l'armée russe, se réfugie dans la demeure inhabité de son beau-frère et s'y terre pendant plusieurs jours. Il remonte de la cave des bouteilles de vin et se laisse aller à ses délires. Il fouille dans les vêtements de sa soeur et aimerait s'en vêtir mais il se retient car il se dégoute lui-même d'avoir de telles pensées. Il sombre presque dans la folie. On peut réaliser à quel point il est amoureux de sa soeur et aussi, à quel point il aurait aimé avoir son corps de femme et non le sien. C'est un amour bizarre car il aurait aimé être la soeur et que sa soeur soit son frère... Enfin, c'est plus que tordu comme psychologie !

Dirlandaise

avatar 24/01/2007 @ 16:03:40
Voilà, je l'ai terminé ! Je dois avouer que les cent dernières pages frôlent le ridicule ! Avec la bande d'enfants tueurs, je me pensais revenue dans "Sa Majesté Des Mouches". J'ai commençé à me poser de sérieuses questions à partir de là. Pour la fin, Littell en fait un peu trop à mon avis. Il tombe dans le mauvais roman d'espionnage et d'aventures avec de grosses ficelles. Aue qui pince le nez de Hitler ! Franchement ! Et puis, les deux policiers qui apparaissent toujours dans les endroits les plus inattendus : mais que faisaient-ils donc dans le métro au même endroit que Aue a choisi pour se cacher ? C'est un peu gros ! Et les Russes qui arrivent pour empêcher que les deux policiers ne lui fassent son affaire ! Et puis, Thomas qui arrive pour sauver son ami juste au bon moment. Que faisait-il dans le parc juste à ce moment-là ? Cette fin délirante enlève beaucoup de crédibilité à l'oeuvre et la ramène à une fiction certes palpitante mais sans aucun rapport avec une oeuvre un tant soit peu sérieuse. Je trouve ça un peu dommage car tout le livre est assez réussi. C'est un peu comme un film dont la fin est bâclée et tombe dans du n'importe quoi. Et puis Littell aime beaucoup les détails répugnants et il ne s'en prive pas pour la fin. Il aime décrire les cadavres en décomposition, les odeurs insoutenables, la merde et quoi encore... L'oeil qui jaillit lors de l'assassinat du chauffeur de Aue par les enfants... Bon, j'arrête ici. Je vous laisse juger par vous-même si vous avez le courage de vous taper ces 900 pages !

Poupi 24/01/2007 @ 17:38:45
J'ai dépassé les 600 pages. Comme il se doit lorsqu'il s'agit d'un livre aussi monumental que celui-ci, je te félicite, Dirlandaise ! Puisse le courage continuer à t'habiter !

J'ai beaucoup aimé quant à moi, le passage où Aue, avec du recul, revient sur un rêve où il voit se dérouler sous ses yeux la vie d'une société étrange, qui trouve que cette société représente les camps de concentration. Puis, il compare les KL (camps de concentration) à la vie et la société humaine, en disant que les nazis ne sont pas les seuls à mettre les gens inutiles à la société sur le ban. Par moments, Les Bienveillantes prend des tournures de roman philosophique, c'est agréable.

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