Pieronnelle

avatar 20/08/2011 @ 11:48:44
Echo

Je désire dessiner l’écho
Sur la soie de la mémoire
Sur le bois de l’attente.

Je désire écouter l’absence
Pendant qu’elle explique à l’inquiétude ses raisons
Et qu’elle entre avec elle dans un débat tenace et stérile.

Je désire dormir
Sans que mes yeux ne perdent le plaisir d’observer la vie
Pendant qu’elle accompagne les passant au matin
Vers leurs petites affaires quotidiennes.

Je désire être ici
Et là
Prêter attention à la pierre de l’oubli
Lorsqu’elle tombe lourde dans le puits des jours prochaines
Et lorsqu’elle annonce de haut
Que les miroirs de l’âme
Ecrivent tout ce qu’on n’a pas dit
Tout ce dont on n’a pas entendu le tintement.

Rasem Almadhoon



Très très beau poème!!

Les autres aussi, mais j'ai un faible pour celui_là!:-))

Laventuriere 21/08/2011 @ 04:09:51
Accepter ne se peut (Monde)


Accepter ne se peut
comprendre ne se peut
on ne peut pas vouloir accepter ni comprendre

On avance peu à peu
comme un colporteur
d'une aube à l'autre

Philippe JACCOTTET

Laventuriere 21/08/2011 @ 04:11:29
Rappelle toi au moment de perdre pied (Le mot Joie)


Rappelle-toi, au moment de perdre pied,
Puise dans cette brume avec tes mains affaiblies,
Recueille ce peu de paille pour litière à la souffrance,
Là, au creux de ta main tachée :

Cela pourrait briller dans la main
Comme l’eau du temps.

Philippe Jaccottet

Laventuriere 21/08/2011 @ 04:24:07
Terre vive

Où la mer lentement progresse,
là-bas, reposent les îles.

Sur l'eau accablé de ténèbres,
l'homme recueillait les promesses
d'un soleil bientôt absent.
De ce temps-là, le vent des démesures se laissait boire,
les colonnes du silence veillaient.

Au loin, la mer délaisse son noueux combat ;
Embrasse l'île envoilée. Se confie, éprise.

Là-bas,
la terre ne parle pas pour rien.

Andrée CHEDID

Laventuriere 21/08/2011 @ 04:31:30
Passionnel

J’ai sur le cœur
L’écume de multiples eaux
Des fleurs de multiples pays
Et des solitudes rêvées.
Assèche la mer, assèche les fontaines.
Vois et brise toutes les branches !
Et si mon cœur le veut
Un autre monde en naîtra.
Car celui qui sut tant aimer
Soulèverait des montagnes !!


Federico Garcia Lorca

Laventuriere 22/08/2011 @ 11:08:37
Je voulais vous poster ce très long poème de Nazih Abou Afach ,poète syrien,mais il m'est impossible de le copier:alors,voici le lien qui vous en donnera l'accès à la lecture.
Il est magnifique.

"Ô temps étroit...ô vaste terre"

http://ptutoy.over-blog.net/article-o-temps-etroit…

Laventuriere 25/08/2011 @ 08:28:01
Et si j'écrivais quelques mots
Pour les paumés et les clodos,
Ceux qui s'endorment à la dure
et qui s'éveillent aux pieds des murs :
Quelques mots courts,
Des mots courants
Des mots du jour ou du moment,
Des mots d'amour,
Tout simplement.

Et si j'écrivais quelques mots
Pour les esclaves et les robots.
Ceux qui vont au travail, amers,
Sous l'oeil acéré des cerbères :
Des mots d'espoir,
Des mots vivants,
Des mots du soir
Ou du levant,
Loin des mots noirs,
Démotivants.

Et si j'écrivais quelques mots
Pour femmes battues par des beaux,
De beaux salauds qui en ont marre
De jouer les piliers de bar :
Des mots caresses
Et sentiments,
Des mots tendresses
Des mots déments,
Des mots qui laissent
Un goût piment.

Et si j'écrivais quelques mots
Pour les gamins maqués trop tôt
Pour les petits frangins qui meurent
Afin que d'autres fassent leur beurre :
Des mots d'enfance
Et de Mamans,
Des mots d'en face,
Des mots aimants,
Des mots sans glace
Pas alarmants.

Et si j'écrivais quelques mots,
Pour l'inutile et pour le beau.
Pour l'inutile d'un mot d'espoir
Mais pour le beau encore y croire...

Oui, pour le beau, encore y croire.


JP HAGA

Septularisen
avatar 25/08/2011 @ 13:50:35
La vie n’est pas un long fleuve tranquille


La vie n’est pas un long fleuve tranquille
elle est un carnage

Et vous me demandez
une poésie ornée de fleurs
de petits oiseaux

Excusez-moi Mesdames Messieurs
chacun de mes poèmes
enterre vos morts

Anise KOLTZ

Septularisen
avatar 25/08/2011 @ 13:52:02
J’avance sans filet


J’avance sans filet
d’une étoile à l’autre
glissant à travers les trous noirs
je saute de lunes en soleils

Je me balance aux bords
de la terre
déjà je ne lui appartiens plus

Parce que ce poème est un mensonge
il a le droit d’être beau

Anise KOLTZ

Laventuriere 27/08/2011 @ 17:17:08
(pour Piero,en particulier...et @+)

Voix sur le fleuve
Non, c'est le bruit de l'eau ! Mais si, écoute
Ces voix qui nous appellent sur le fleuve
Est-ce loin à l'avant, nous ne savons,
C'est comme s'il faisait jour, dans cette nuit.
Et toi, tu veux que je ne cesse pas
De regarder, écouter, voir, entendre,
Tu as même des mots à me proposer,
Pour que je vois plus loin et sache plus.
Et je veux bien, je ne renonce pas,
Mais comment accepter de n'avoir pu
Répondre à qui avait désir sans espérance ?
Qu'aurais-je dû offrir, qu'il pût aimer ?
Qu'aurais-je pu lui dire, qui eût sens,
Le fleuve ? Son eau cogne à des portes closes.

Yves Bonnefoy

Laventuriere 27/08/2011 @ 17:19:40
PAYSAGE

Je veux, pour composer chastement mes églogues,
Coucher auprès du ciel, comme les astrologues,
Et, voisin des clochers, écouter en rêvant
Leurs hymnes solennels emportés par le vent.
Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
Je verrai l’atelier qui chante et qui bavarde ;
Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
Et les grands ciels qui font rêver d’éternité.
Il est doux, à travers les brumes, de voir naître
L’étoile dans l’azur, la lampe à la fenêtre,
Les fleuves de charbon monter au firmament
Et la lune verser son pâle enchantement.
Je verrai les printemps, les étés, les automnes ;
Et quand viendra l’hiver aux neiges monotones,
Je fermerai partout portières et volets
Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.
Alors je rêverai des horizons bleuâtres,
Des jardins, des jets d’eau pleurant dans les albâtres,
Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin,
Et tout ce que l’Idylle a de plus enfantin.
L’Émeute, tempêtant vainement à ma vitre,
Ne fera pas lever mon front de mon pupitre ;
Car je serai plongé dans cette volupté
D’évoquer le Printemps avec ma volonté,
De tirer un soleil de mon cœur, et de faire
De mes pensers brûlants une tiède atmosphère.

Charles BAUDELAIRE (le poète sublimant toute chose...)

Laventuriere 27/08/2011 @ 17:27:18
Cartographie de la lumière

La lumière est aux aguets partout
Cachée dans les veines du vent.
Au fond des yeux de l'aube l'ancienne prisonnière
Dans les sentiers rudes et obscurs de la mer
Ou le crépuscule des cyprès qui seuls additionnent les
morts
Et mieux que personne résistent au déchirement de l'éclat
Dans les cloîtres des confins.
Tandis que le volcan qui soudain tressaille
Terrifie la bête assoiffée qui cherche dans les genêts la
rosée
Puis l'éclat descendu de très haut.

Stratis PASCALIS

Pieronnelle

avatar 27/08/2011 @ 17:28:51
(pour Piero,en particulier...et @+)

Voix sur le fleuve
Non, c'est le bruit de l'eau ! Mais si, écoute
Ces voix qui nous appellent sur le fleuve
Est-ce loin à l'avant, nous ne savons,
C'est comme s'il faisait jour, dans cette nuit.
Et toi, tu veux que je ne cesse pas
De regarder, écouter, voir, entendre,
Tu as même des mots à me proposer,
Pour que je vois plus loin et sache plus.
Et je veux bien, je ne renonce pas,
Mais comment accepter de n'avoir pu
Répondre à qui avait désir sans espérance ?
Qu'aurais-je dû offrir, qu'il pût aimer ?
Qu'aurais-je pu lui dire, qui eût sens,
Le fleuve ? Son eau cogne à des portes closes.

Yves Bonnefoy



très beau!! Merci!

JEyre

avatar 03/09/2011 @ 16:54:04
ENIVREZ-VOUS

Il faut être toujours ivre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous!
Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront, il est l'heure de s'enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise.

Charles Baudelaire (1821- 1867)

Saule

avatar 03/09/2011 @ 18:27:38
Très juste

Pieronnelle

avatar 19/09/2011 @ 14:03:58
"Je suis la liberté,
Répétait-il, la liberté
Avec tous les dangers
Que je vais vous valoir
Et, pour me faire taire,
Il faudra me tuer.

Mais on le laissait faire,
On le laissait parler.
Il était bien trop solitaire
Pour amener l'homme à briser
Le cercle de fer et d'acier
Où l'injustice et la misère
L'avaient peu à peu enfermé.

Je suis la liberté,
Répétait-il encor.
Regardez-vous. Vous êtes morts.
Mais, comme on avait à manger,
On le laissait crier."

Maurice Carême "Défier le destin"

Laventuriere 29/10/2011 @ 03:58:26
Savoir


Savoir parler pour ne rien dire
Et faire en sorte qu’on vous admire
Je vous le dis en aparté
C’est là un gage de succès

Savoir prier. À rien ne croire
Savoir satisfaire aux regards
Je vous l’accorde sans ambages
Ça ne ternit point le plumage

Savoir pleurer au cinéma
Avec un coeur sec comme du bois
Il n’y a point contradiction
Entre ces deux situations

Savoir juger sans s’engager
Savoir promettre sans aider
Voilà judicieuse morale
Qui ne vous fera aucun mal

Savoir mettre ses intérêts
Plus haut que quelque liberté
C’est d’une sage politique
Et qui vous sera bénéfique

Savoir penser : “Comme il canule !”
Dire : “Près de vous on se sent nul”
C’est là compliment bien tourné
Qu’à bon escient il faut placer…

Savoir…
Savoir parler…
Savoir parler pour ne rien dire…

Esther Granek ( Je cours après mon ombre)

Laventuriere 29/10/2011 @ 04:01:25
Élévation


Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,
Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l’air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins ;

Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !

Charles Baudelaire -( Les fleurs du mal)

Laventuriere 29/10/2011 @ 04:04:01
L’appel du large


Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
Le coeur gros de rancune et de désirs amers,
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
Berçant notre infini sur le fini des mers.

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir, coeurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Amer savoir, celui qu’on tire du voyage !
Le monde, monotone et petit, aujourd’hui,
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image :
Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui !

Charles Baudelaire ( Les Fleurs du Mal)

Nance
avatar 29/10/2011 @ 04:25:40
L’appel du large

Ça me fait justement penser à la bédé queje viens de lire, Tout seul de Chabouté.

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