Zagreus
avatar 16/06/2011 @ 09:10:47
La porte

Une porte condamnée dans un champ abandonné
Des oiseaux blancs
Brillent sur une violette noire où le sang a coulé
- Quelles sortes de secrets peut garder une porte condamnée ?
- L’ouvrirai-je
L’enfant s’approche faisant fuir les oiseaux
- N’ouvre pas une porte condamnée
Peut-être venant du désert arabe
Vont surgir tes aïeux,
Une nuit éternelle,
Un soldat poignardé en plein coeur,
Ou encore un bourreau
Qui te tranchera la tête
Laisse cette porte de la nuit, mon enfant,
Laisse-la briller
Comme argent dans un champ abandonné,
Condamnée.

Fadhil al-Azzawi

Pieronnelle

avatar 16/06/2011 @ 11:43:40
"Avec un poème,
c'est vrai,
tu ne chasses pas un tyran.
Avec un poème tu n'apportes ni pain ni toit
à l'enfant vagabond,
ni remèdes
au paysan malade.
Surtout, tu ne peux pas
le faire à l'instant même.

Mais...Nous allon voir.

Un poème
bien né et vigoureux,
et un autre plus enflammé,
et un autre plus vigilant,
et un autre poème plus fort et plus véridique,
donnent vie
à un rêve qu'ils ont cueilli tout tendre,
et ce rêve de beaucoup d'hommes, une fois nourri,
devient une conscience,
et cette conscience, une passion, un désir angoissé...

Jusqu'au jour où,
tout
-rêve, conscience, désir,-
s'organise, compact...
et alors
vient le cri,
et le poing,
et la conquête...

Dans l'effigie de la conquête
brille un diadème : le poème."


Julio Fausto Aguilera (Guatémala) "La bataille du poème" dans "Le sang de la Liberté"

JEyre

avatar 16/06/2011 @ 17:47:49
La porte

Une porte condamnée dans un champ abandonné
Des oiseaux blancs
Brillent sur une violette noire où le sang a coulé
- Quelles sortes de secrets peut garder une porte condamnée ?
- L’ouvrirai-je
L’enfant s’approche faisant fuir les oiseaux
- N’ouvre pas une porte condamnée
Peut-être venant du désert arabe
Vont surgir tes aïeux,
Une nuit éternelle,
Un soldat poignardé en plein coeur,
Ou encore un bourreau
Qui te tranchera la tête
Laisse cette porte de la nuit, mon enfant,
Laisse-la briller
Comme argent dans un champ abandonné,
Condamnée.

Fadhil al-Azzawi


J'aime. Même si je ne suis pas certaine de tout saisir.

Laventuriere 17/06/2011 @ 04:16:04
- Loin du souffle



M'étant heurté, sans l'avoir reconnu, à l'air,

je sais, maintenant, descendre vers le jour.

Comme une voix, qui, sur ses lèvres même,

assécherait l'éclat.

Les tenailles de cette étendue,

perdue pour nous,

mais jusqu 'ici.



J'accède à ce sol qui ne parvient pas à notre

bouche, le sol qui étreint la rosée.

Ce que je foule ne se déplace pas,

l'étendue grandit.

André du Bouchet

Laventuriere 17/06/2011 @ 04:19:30
LA VOIX

Une voix, une voix qui vient de si loin
Qu'elle ne fait plus tinter les oreilles,
Une voix, comme un tambour, voilée
Parvient pourtant, distinctement, jusqu'à nous.

Bien qu'elle semble sortir d'un tombeau
Elle ne parle que d'été et de printemps.
Elle emplit le corps de joie,
Elle allume aux lèvres le sourire.

Je l'écoute. Ce n'est qu'une voix humaine
Qui traverse les fracas de la vie et des batailles,
L'écroulement du tonnerre et le murmure des bavardages.

Et vous? Ne l'entendez-vous pas?
Elle dit "La peine sera de courte durée"
Elle dit "La belle saison est proche."

Ne l'entendez-vous pas?

Robert Desnos

(Contrée (1936-1940)

Laventuriere 17/06/2011 @ 04:36:38
Sur la plage, seul, la nuit

Sur la plage, seul, la nuit,
tandis que la vieille mère se balance, en avant puis en arrière, et chante sa chanson rauque
alors que je regarde l'éclat des étoiles brillantes, me vient une pensée sur la clé des univers et du futur.
Une vaste similitude entrelace toute chose,
toutes les distances d'espace si grandes soient-elles,
toutes les distances de temps,
toutes les âmes, tous les corps vivants pour différents qu'ils soient,
toutes les nations, toutes les identités qui ont existé ou peuvent exister,
toutes les vies et les morts, tout du passé, du présent, du futur,
cette vaste similitude les embrasse, les a toujours embrassés
et à tout jamais les embrassera et les tiendra étroitement enserrés et ceints.

WALT WHITMAN

Laventuriere 17/06/2011 @ 04:43:23
Le Marteau sans maître

Commune présence

Tu es pressé d'écrire,
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S'il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie,
La vie inexprimable,
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir,
Celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les choses,
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci.
Hors d'elle, tout n'est qu'agonie soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton labeur,
Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride,
En t'inclinant.
Si tu veux rire,
Offre ta soumission,
Jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans regret
Au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
Sans interruption,
Sans égarement.

Essaime la poussière
Nul ne décèlera votre union.

RENE CHAR

Pieronnelle

avatar 17/06/2011 @ 11:07:25
Incroyable Laventurière, je lisais hier même les poèmes de Desnos et Whitman!!

Pieronnelle

avatar 17/06/2011 @ 12:07:24
Le secret

"Sur le chemin près du bois
J'ai trouvé tout un trésor
Une coquille de noix
Une sauterelle en or
Un arc-en-ciel qu'était mort.
A personne je n'ai rien dit
Dans ma main je les ai pris
Et je l'ai tenue fermée
Fermée jusqu'à l'étrangler
Du lundi au samedi.
Le dimanche l'ai rouverte
Mais il n'y avait plus rien !
Et j'ai raconté au chien
Couché dans sa niche verte
Comme j'avais du chagrin.
Il m'a dit sans aboyer : "Cette nuit, tu vas rêver".
La nuit, il faisait si noir
Que j'ai cru à une histoire
Et que tout était perdu.
Mais d'un seul coup j'ai bien vu
Un navire dans le ciel
Trainé par une sauterelle
Sur des vagues d'arc-en-ciel !

René de OBALDIA

Laventuriere 17/06/2011 @ 15:28:05
Incroyable Laventurière, je lisais hier même les poèmes de Desnos et Whitman!!


Normal,Piero!
C'est télépathique entre nous!:-)
D'ailleurs,je crois qu'il serait préférable de chercher ce qui pourrait nous faire diverger..??!!
Oui,oui,belle dame,de somptueux poèmes :j'adore Desnos ,passion de ses poèmes et l'homme est également à découvrir .

Laventuriere 17/06/2011 @ 15:38:25
Incroyable Laventurière, je lisais hier même les poèmes de Desnos et Whitman!!


Celui de Whitman..c'est pour les correspondances actuelles...

Pieronnelle

avatar 18/06/2011 @ 18:54:44
Aux tyrans


« La voix des humiliés est faible, dit on,
Et sourdes les oreilles des tyrans de ce monde. »


Non la clameur du peuple est l’ouragan
Qui courbe le plus puissant des trônes et le fracasse.

La voix tonnante de la justice lui fait écho
Le grondement des guerres dévastatrices a des bouches béantes

Lorsqu’un peuple enfin, s’unit, pour la justice
Il s’affermit maître de son destin

Malheur, malheur à vous, piliers d’iniquité
Du jour où l’opprimé se met debout et avance

Il brisera d’un coup ses chaînes millénaires,
Laissera éclater pleinement sa fureur !

Auriez vous l’illusion au spectacle d’un peuple touché à l’œil, le fermant ?
Ou bien du vaste espace sommeillant, assombri ?

Aujourd’hui enfouis, les élans impétueux du pays
Bouillonnent en profondeur, menaçants.

Viendra l’heure, si proche, de leur éclatement,
Le peuple vibrera du plus beau de ses chants.

Ainsi ; pendant longtemps assoupie, elle se réveille en fureur
Défait d’un seul coup ce qu’ont tissé les ténèbres.

Quand, dans sa misère, le faible se relève, disparaît toute crainte
Vous saurez, ô tyrans, qui de nous les flots emporteront

Pour récolter ce qu’hier sa propre main a semé
Qui sème la douleur récolte l’amertume.

L’arbre de la vie se verra arrosé ; pousseront ses racines.
Et vous, tyrans, vous l’entendrez forte la voix de la justice
Lorsque le destin, de son amer calice, vous aura abreuvés.

Le jour où le tyran s’effondre sous ses chaînes
Alors il entend la douleur de ce monde… et comprend. »

Abou Al Kacem Chabi (Tunisie 1929) "Au tyran" dans "Diwan"

Laventuriere 18/06/2011 @ 19:24:43
Aux tyrans


« La voix des humiliés est faible, dit on,
Et sourdes les oreilles des tyrans de ce monde. »


Non la clameur du peuple est l’ouragan
Qui courbe le plus puissant des trônes et le fracasse.

La voix tonnante de la justice lui fait écho
Le grondement des guerres dévastatrices a des bouches béantes

Lorsqu’un peuple enfin, s’unit, pour la justice
Il s’affermit maître de son destin

Malheur, malheur à vous, piliers d’iniquité
Du jour où l’opprimé se met debout et avance

Il brisera d’un coup ses chaînes millénaires,
Laissera éclater pleinement sa fureur !

Auriez vous l’illusion au spectacle d’un peuple touché à l’œil, le fermant ?
Ou bien du vaste espace sommeillant, assombri ?

Aujourd’hui enfouis, les élans impétueux du pays
Bouillonnent en profondeur, menaçants.

Viendra l’heure, si proche, de leur éclatement,
Le peuple vibrera du plus beau de ses chants.

Ainsi ; pendant longtemps assoupie, elle se réveille en fureur
Défait d’un seul coup ce qu’ont tissé les ténèbres.

Quand, dans sa misère, le faible se relève, disparaît toute crainte
Vous saurez, ô tyrans, qui de nous les flots emporteront

Pour récolter ce qu’hier sa propre main a semé
Qui sème la douleur récolte l’amertume.

L’arbre de la vie se verra arrosé ; pousseront ses racines.
Et vous, tyrans, vous l’entendrez forte la voix de la justice
Lorsque le destin, de son amer calice, vous aura abreuvés.

Le jour où le tyran s’effondre sous ses chaînes
Alors il entend la douleur de ce monde… et comprend. »

Abou Al Kacem Chabi (Tunisie 1929) "Au tyran" dans "Diwan"


J'aime ce poème,Piero,j'aime ce poète.
j'aime les poètes arabes:ils savent si bien dire les hommes...

Pieronnelle

avatar 18/06/2011 @ 20:11:45
"rêvant
notre naissance en différé
nous aurons joué
un temps
au jeu grave
de ne savoir qu'un nom
de n'avoir qu'un visage
au miroir sanglant d'un monde

toutes les portes ne seraient
qu'entrouvertes
sur nos rives

il n'était de liberté
qu'en sommeil
toute à l'image d'un désir
il n'était de soleil
qu'en germe de poussière

ne voulions-nous pas
le printemps
tout de suite"

Amina Saïd (Tunisie 1980) "rêvant" dans "Paysages, nuit friable"

Laventuriere 19/06/2011 @ 02:41:39
Petite perle cristalline

» Petite perle cristalline
Tremblante fille du matin,
Au bout de la feuille de thym
Que fais-tu sur la colline ?

Avant la fleur, avant l’oiseau,
Avant le réveil de l’aurore,
Quand le vallon sommeille encore
Que fais-tu là sur le coteau ? «

Henri-Frédéric AMIEL

Laventuriere 19/06/2011 @ 02:45:08
Ce qu'il faut au poète

Enfant de la nature,
Il lui faut ses bouquets ;
Ses tapis de verdure
Et l’or de ses guérets.

Mais il faut au poète
Des rythmes inconnus,
Les clartés du prophète
Et les nuits de Jésus.

Il lui faut des études
Aux aspects infinis :
D’austères solitudes
Pour nourrir ses esprits.

C’est là que le génie,
Au souffle créateur,
Infiltre l’harmonie
Dans le front du penseur…

Marie-Caroline QUILLET

Laventuriere 19/06/2011 @ 02:47:52
A la merci des vents,des flots et de l'orage...

A la merci des vents, des flots, et de l’orage,
Je vogue sur la mer de peine et de douleur,
J’ai pour pilote amour, pour fanal le malheur,
Pour compagnon les pleurs, les regrets et la rage.

Les vents des espoirs vains m’éloignent du rivage,
L’Amour me vend aux vents et sous belle couleur
De me prêter son aide, il s’aide de la leur
Pour me rompre mon mât, ma voile et mon cordage.

Hélas ! puisque tu vois que ce pilote, au lieu
De me guider, m’abîme, et qu’il n’a foi de Dieu,
De pilote, ni d’homme, exauce ma requête.

Diane, venge-moi, lance-lui de tes yeux
Un trait aigu, meurtrier, cruel et furieux,
Lors surmonterons-nous Amour et la tempête.

Isaac HABERT

Laventuriere 19/06/2011 @ 02:52:52
Ce Monde comme on dit...

Ce Monde, comme on dit, est une cage à fous,
Où la guerre, la paix, l’amour, la haine, l’ire,
La liesse, l’ennui, le plaisir, le martyre
Se suivent tour à tour et se jouent de nous.

Ce Monde est un théâtre où nous nous jouons tous
Sous habits déguisés à malfaire et médire.
L’un commande en tyran, l’autre, humble, au joug soupire ;
L’un est bas, l’autre haut, l’un jugé, l’autre absous.

Qui s’éplore, qui vit, qui joue, qui se peine,
Qui surveille, qui dort, qui danse, qui se gêne
Voyant le riche soûl et le pauvre jeûnant.

Bref, ce n’est qu’une farce, ou simple comédie
Dont, la fin des joueurs la Parque couronnant,
Change la catastrophe en triste tragédie.

André Mage de FIEFMELIN

Laventuriere 19/06/2011 @ 02:59:56
Au coeur solitaire du bonheur

Au coeur solitaire du bonheur,
Devenu mon coeur même,
Quelle paix divine en ce jour,
Et quelle plénitude suprême !

Ô le rire adorable d’amour
De tout ce qui m’environne !
Autour de mon bonheur en fleur
Une abeille éternelle bourdonne…

Elle se clôt doucement et s’apaise,
Mon âme heureuse ;
Elle se tait,
La rose qui chantait.

Charles VAN LERBERGHE

JEyre

avatar 19/06/2011 @ 09:08:01
Alphonse de LAMARTINE (1790-1869)


Le lac

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

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