If de KIpling.
If de KIpling.
Oui, on le connait assez bien, le type du livre apocalyptique nous l'a cité à chaque fois qu'on l'attaquait sur l'autopub.
Jeunesse engendre la jeunesse
"j'ai été comme un enfant
Et comme un homme
J'ai conjugué passionnément
Le verbe être et ma jeunesse
Avec le désir d'être homme
On se veut quand on est jeune
Un petit homme
Je me voudrais un grand enfant
Plus fort et plus juste qu'un homme
Et plus lucide qu'un enfant
Jeunesse force fraternelle
le sang répète le printemps
L'aurore apparait à tout âge
A tout âge s'ouvre la porte
Etincelante du courage
Comme un dialogue d'amoureux
Le coeur n'a qu'une seule bouche."
Paul Eluard ; derniers poèmes d'amour
"j'ai été comme un enfant
Et comme un homme
J'ai conjugué passionnément
Le verbe être et ma jeunesse
Avec le désir d'être homme
On se veut quand on est jeune
Un petit homme
Je me voudrais un grand enfant
Plus fort et plus juste qu'un homme
Et plus lucide qu'un enfant
Jeunesse force fraternelle
le sang répète le printemps
L'aurore apparait à tout âge
A tout âge s'ouvre la porte
Etincelante du courage
Comme un dialogue d'amoureux
Le coeur n'a qu'une seule bouche."
Paul Eluard ; derniers poèmes d'amour
...si tu attends quelqu'un, laisse la porte ouverte
si tu sais qu'il ne viendra plus jamais, laisse la porte grande ouverte
puis détruis cette maison, pierre par pierre
autour de cette porte toujours laissée ouverte
et peut-être viendra-t-il un jour de l'intérieur de cette nouvelle maison sans murs
et sortira-t-il par la porte toujours laissée ouverte
sans que personne ne l'ait vu entrer...
Serge Pey - extrait de "Dieu est un chien dans les arbres".
si tu sais qu'il ne viendra plus jamais, laisse la porte grande ouverte
puis détruis cette maison, pierre par pierre
autour de cette porte toujours laissée ouverte
et peut-être viendra-t-il un jour de l'intérieur de cette nouvelle maison sans murs
et sortira-t-il par la porte toujours laissée ouverte
sans que personne ne l'ait vu entrer...
Serge Pey - extrait de "Dieu est un chien dans les arbres".
...si tu attends quelqu'un, laisse la porte ouverte
si tu sais qu'il ne viendra plus jamais, laisse la porte grande ouverte
puis détruis cette maison, pierre par pierre
autour de cette porte toujours laissée ouverte
et peut-être viendra-t-il un jour de l'intérieur de cette nouvelle maison sans murs
et sortira-t-il par la porte toujours laissée ouverte
sans que personne ne l'ait vu entrer...
Serge Pey - extrait de "Dieu est un chien dans les arbres".
Wouahhhh ! Incroyable ce que la poésie arrive à suggérer…
Tentative d’atteindre Beyrouth par la mer
Un soir lointain
Lorsqu’à travers les ruines
Je faisais se tarir les fontaines
Ou soudoyais la nuit
Avec de pauvres vers
De tes milliers de fronts
Tu saignais
Dans les tranchées de la trêve froide.
J’ai voulu tapisser un chemin de mes haleines
Jusqu’au lieu où debout tu demeures
Ta barricade est carcasse de colombe
Ton visage, paradis blessé
J’ai voulu me consumer entre tes mains
Pas un recoin ne rêve de mon arrivée
Et la vie pour moi est une proie effarouchée
Lorsqu’elle ouvre les yeux
Et s’apprête à enfanter à chaque instant
Dans son berceau flottant entre mes os
Je m’éveille au large sur des eaux étrangères
Et ma vie se barricade contre moi.
Les agents de voyage me toisent avec étonnement
Lorsque je les interroge sur les bateaux pour Beyrouth
Mais je quitte le Pirée après deux jours
Le Pirée : le port où les prophètes rouillent
Et où leurs barbes soufflent sur les rames
Rue Socrate à Athènes où des prostituées affamées
S’assoient au seuil des hôtels
Sur des caisses de bois empruntées aux commerçants
Dans les ports de la Méditerranée et de la mer Égée
Le vent
Est une veuve aveugle
En quête de personne
Mais qui passe parfois sur les cavités du cœur
Ses mains comme du papier de verre
Couvertes d’un sel rouge
Où elle s’arrête.
À cet instant l’aube masquée franchit les ponts.
Et pendant que je dis à la vie :
Approche, je ne te ferai aucun mal, je le jure !
Beyrouth, tel un cri perdu, surgit chaque nuit
De l’œil fixe de la victime
Ou part furtivement comme un cierge de pauvreté
Entre des échelles posées contre les murs de ma poitrine.
Et pendant que je dis :
Ô vie, je t’en prie,
Ne fais rien en mon absence
Et d’un seul bond, dévoile-moi ton ventre
Troué des balles des francs-tireurs de l’abîme
Beyrouth dans la nuit
Disait à la nuit :
Il faut que tu ailles au bord du cœur
Là-bas je serai ta parole
Il faut que tu lèches cet os froid
Pour de sa nudité illuminer ta nuit.
Voyage
Pour que la fumée monte de la boussole.
Sargon Boulus
Un soir lointain
Lorsqu’à travers les ruines
Je faisais se tarir les fontaines
Ou soudoyais la nuit
Avec de pauvres vers
De tes milliers de fronts
Tu saignais
Dans les tranchées de la trêve froide.
J’ai voulu tapisser un chemin de mes haleines
Jusqu’au lieu où debout tu demeures
Ta barricade est carcasse de colombe
Ton visage, paradis blessé
J’ai voulu me consumer entre tes mains
Pas un recoin ne rêve de mon arrivée
Et la vie pour moi est une proie effarouchée
Lorsqu’elle ouvre les yeux
Et s’apprête à enfanter à chaque instant
Dans son berceau flottant entre mes os
Je m’éveille au large sur des eaux étrangères
Et ma vie se barricade contre moi.
Les agents de voyage me toisent avec étonnement
Lorsque je les interroge sur les bateaux pour Beyrouth
Mais je quitte le Pirée après deux jours
Le Pirée : le port où les prophètes rouillent
Et où leurs barbes soufflent sur les rames
Rue Socrate à Athènes où des prostituées affamées
S’assoient au seuil des hôtels
Sur des caisses de bois empruntées aux commerçants
Dans les ports de la Méditerranée et de la mer Égée
Le vent
Est une veuve aveugle
En quête de personne
Mais qui passe parfois sur les cavités du cœur
Ses mains comme du papier de verre
Couvertes d’un sel rouge
Où elle s’arrête.
À cet instant l’aube masquée franchit les ponts.
Et pendant que je dis à la vie :
Approche, je ne te ferai aucun mal, je le jure !
Beyrouth, tel un cri perdu, surgit chaque nuit
De l’œil fixe de la victime
Ou part furtivement comme un cierge de pauvreté
Entre des échelles posées contre les murs de ma poitrine.
Et pendant que je dis :
Ô vie, je t’en prie,
Ne fais rien en mon absence
Et d’un seul bond, dévoile-moi ton ventre
Troué des balles des francs-tireurs de l’abîme
Beyrouth dans la nuit
Disait à la nuit :
Il faut que tu ailles au bord du cœur
Là-bas je serai ta parole
Il faut que tu lèches cet os froid
Pour de sa nudité illuminer ta nuit.
Voyage
Pour que la fumée monte de la boussole.
Sargon Boulus
Je découvre ce poète irakien Sargon Boulus. Merci Zagreus, ces poèmes sont magnifiques....
Je découvre ce poète irakien Sargon Boulus. Merci Zagreus, ces poèmes sont magnifiques....
De rien Piero ;-) C'est vrai que la poésie arabe contemporaine est très riche, marquée par les blessures de la guerre et du déracinement (mais où brille toujours la flamme de l'espérance) CL donne l'occasion de mieux faire connaître sa beauté...
Quelques instants au jardin
Ce ne sont que
Quelques soirées passées
Sans vraiment passer, durant lesquelles je m’isole derrière la maison
Devant moi de hautes herbes sèches voilent à peine
Les éclats de verre luisants
Sur la muraille, sous un soleil
Chétif.
Je m’assieds pour compter les secondes
Pour comprendre le sens de partir
ou de rester à ma place.
Rêveur sans que je suive le rêve, silencieux avec l’intention
De crier. Devant les maisons de mes voisins
De grandes bannières flottent.
Les généraux de l’Amérique
Aiguisent la machine de démolition.
Silencieux avec l’intention de crier…
Ni cet aperçu de l’épopée de la nature
Que je scrute à contrecœur
Ne me conduit à un secret que j’ambitionne un jour de clarifier,
Ni ce qui est penché
Dans ma mémoire ne me permet
De voir le masque qui ne cesse de fuir en arrière
Dans les ruelles de mon passé.
La réalité c’est que je suis là, dans ce coin :
Mes mains sur mes genoux, mes yeux
Poursuivent un moustique qui bourdonne dans l’herbe.
Il s’envole au-dessus de la muraille, prend mes pensées vers l’inconnu un instant
Durant lequel je ne pense pas, je ne rêve pas, je ne veux rien.
Instant digne
d’un ascète bouddhiste.
Puis ces soirées sont finies, et je suis retourné
Au monde des fous.
Sargon Boulus
Ce ne sont que
Quelques soirées passées
Sans vraiment passer, durant lesquelles je m’isole derrière la maison
Devant moi de hautes herbes sèches voilent à peine
Les éclats de verre luisants
Sur la muraille, sous un soleil
Chétif.
Je m’assieds pour compter les secondes
Pour comprendre le sens de partir
ou de rester à ma place.
Rêveur sans que je suive le rêve, silencieux avec l’intention
De crier. Devant les maisons de mes voisins
De grandes bannières flottent.
Les généraux de l’Amérique
Aiguisent la machine de démolition.
Silencieux avec l’intention de crier…
Ni cet aperçu de l’épopée de la nature
Que je scrute à contrecœur
Ne me conduit à un secret que j’ambitionne un jour de clarifier,
Ni ce qui est penché
Dans ma mémoire ne me permet
De voir le masque qui ne cesse de fuir en arrière
Dans les ruelles de mon passé.
La réalité c’est que je suis là, dans ce coin :
Mes mains sur mes genoux, mes yeux
Poursuivent un moustique qui bourdonne dans l’herbe.
Il s’envole au-dessus de la muraille, prend mes pensées vers l’inconnu un instant
Durant lequel je ne pense pas, je ne rêve pas, je ne veux rien.
Instant digne
d’un ascète bouddhiste.
Puis ces soirées sont finies, et je suis retourné
Au monde des fous.
Sargon Boulus
Les enfants enchantés et la ville
Les portes de cette ville sont hautes
Telles qu’on n’en a jamais vu auparavant, ses fresques sont pleines de navires
Qui traversent la mer, en direction de ports.
À ses extrémités, toujours, un royaume
Réservé aux enfants qui s’amusent sans permis du propriétaire du paradis.
Leurs yeux sont des joyaux qui ne saisissent pas le sens de l’éclat.
Tels des danseurs les enfants tournoient, faisant pivoter leurs pulls
Sur leurs hanches, secouant leurs cheveux en croisant la lumière d’une étoile
Et tendant leurs petites mains vers les arcades des hauts murs.
Ce sont eux les heureux, et comme ils sont dignes d’amour !
Je vois leurs ombres en rêve, parmi les restes de ma ville
Sont-ils plus que des ombres ? Avec des souliers invisibles
Ils courent sur le trottoir de la nuit, pendant qu’un halo entoure chaque immeuble.
Ils donnent à la ville ce qui ne peut être donné
Lisent les enseignes lumineuses sur la façade des maisons.
Et tels des oiseaux dans le désert, ils chantent pour personne.
Sargon Boulus
Les portes de cette ville sont hautes
Telles qu’on n’en a jamais vu auparavant, ses fresques sont pleines de navires
Qui traversent la mer, en direction de ports.
À ses extrémités, toujours, un royaume
Réservé aux enfants qui s’amusent sans permis du propriétaire du paradis.
Leurs yeux sont des joyaux qui ne saisissent pas le sens de l’éclat.
Tels des danseurs les enfants tournoient, faisant pivoter leurs pulls
Sur leurs hanches, secouant leurs cheveux en croisant la lumière d’une étoile
Et tendant leurs petites mains vers les arcades des hauts murs.
Ce sont eux les heureux, et comme ils sont dignes d’amour !
Je vois leurs ombres en rêve, parmi les restes de ma ville
Sont-ils plus que des ombres ? Avec des souliers invisibles
Ils courent sur le trottoir de la nuit, pendant qu’un halo entoure chaque immeuble.
Ils donnent à la ville ce qui ne peut être donné
Lisent les enseignes lumineuses sur la façade des maisons.
Et tels des oiseaux dans le désert, ils chantent pour personne.
Sargon Boulus
STUMBLING
" quel est ce grand pays
quelle est cette nuit
qu'il regarde en marchant
autour de lui
autour du monde
où il est né
les pays sont des secondes
les secondes de l'espace
où il est né
les doigts couverts d'étoiles
et chaussé de courage
il s'en va
Rien ne finit pour lui
demain est une ville
plus belle plus rouge que les autres
où le départ est une arrivée
et le repos un tombeau
la ligne d'horizon
brille
comme un barreau d'acier
comme un fil qu'il faut couper
pour ne pas se reposer
jamais
les couteaux sont faits pour trancher
les fusils pour tuer
les yeux pour regarder
l'homme pour marcher
et la terre est ronde
ronde
ronde
comme la tête
et comme le désir
Il y a de bien jolies choses
les fleurs
les arbres
les dentelles
sans parler des insectes
mais tout cela on le connait
on l'a déjà vu
et on en a assez
Là-bas on ne sait pas
tenir dans sa main droite une canne
et rien dans sa main gauche
qu'un peu d'air frais
et quelquefois une cigarette
dans son coeur
le désir qui est une cloche
Et moi je suis là
j'écoute j'attends
un téléphone un encrier du papier
j'écoute j'attends j'obéis
Le soleil chaque jour tombe
dans le silence
je vieillis lentement sans le savoir
un paysage me suffit
j'écoute et j'obéis
je dis un mot un bateau part
un chiffre un train s'éloigne
Cela n'a pas d'importance
puisqu'un train reviendra
demain
et que déjà le grand sémaphore
fait un signe
et m'annonce l'arrivée
d'un autre vapeur
j'entends la mer au bout d'un fil
et la voix d'un ami
à des kilomètres de distance
Mais lui
je suis l'ami de l'air
et des grands fleuves blancs
l'ami du sang
et de la terre
je les connais je les touche
je peux les tenir dans mes mains
Il n'y a que le premier pas
qui soit un peu pénible
un peu lours
Il n'y a que le ciel
que le vent
Il n'y a que mon coeur
et tout m'attend
Il va
une fleur à la boutonnière
et fait des signes de la main
Il dit au revoir au revoir
mais il ment
Il ne reviendra jamais;"
Philippe Soupault "poèmes et poésies"
" quel est ce grand pays
quelle est cette nuit
qu'il regarde en marchant
autour de lui
autour du monde
où il est né
les pays sont des secondes
les secondes de l'espace
où il est né
les doigts couverts d'étoiles
et chaussé de courage
il s'en va
Rien ne finit pour lui
demain est une ville
plus belle plus rouge que les autres
où le départ est une arrivée
et le repos un tombeau
la ligne d'horizon
brille
comme un barreau d'acier
comme un fil qu'il faut couper
pour ne pas se reposer
jamais
les couteaux sont faits pour trancher
les fusils pour tuer
les yeux pour regarder
l'homme pour marcher
et la terre est ronde
ronde
ronde
comme la tête
et comme le désir
Il y a de bien jolies choses
les fleurs
les arbres
les dentelles
sans parler des insectes
mais tout cela on le connait
on l'a déjà vu
et on en a assez
Là-bas on ne sait pas
tenir dans sa main droite une canne
et rien dans sa main gauche
qu'un peu d'air frais
et quelquefois une cigarette
dans son coeur
le désir qui est une cloche
Et moi je suis là
j'écoute j'attends
un téléphone un encrier du papier
j'écoute j'attends j'obéis
Le soleil chaque jour tombe
dans le silence
je vieillis lentement sans le savoir
un paysage me suffit
j'écoute et j'obéis
je dis un mot un bateau part
un chiffre un train s'éloigne
Cela n'a pas d'importance
puisqu'un train reviendra
demain
et que déjà le grand sémaphore
fait un signe
et m'annonce l'arrivée
d'un autre vapeur
j'entends la mer au bout d'un fil
et la voix d'un ami
à des kilomètres de distance
Mais lui
je suis l'ami de l'air
et des grands fleuves blancs
l'ami du sang
et de la terre
je les connais je les touche
je peux les tenir dans mes mains
Il n'y a que le premier pas
qui soit un peu pénible
un peu lours
Il n'y a que le ciel
que le vent
Il n'y a que mon coeur
et tout m'attend
Il va
une fleur à la boutonnière
et fait des signes de la main
Il dit au revoir au revoir
mais il ment
Il ne reviendra jamais;"
Philippe Soupault "poèmes et poésies"
Solitude
"Sans doute ne peut-elle supporter sa condition mais elle ne peut deviner en elle ce qui encore la libèrerait vraiment.
Veut-elle se jeter hors du sacré dans lequel ne se situe point le problème de la révolte?
Elle voudrait la levée des lois mais en secret et qu'autour d'elle l'on ne vienne pas alourdir telles actions de motifs absorbants.
Elle comprend que l'immense figure de l'humanité lui échappe.
Elle voudrait que chacun jouît d'une liberté propre en ce monde.
Elle est seule à la manière d'un être qui n'ignore rien mais qui aussi n'est séparé par rien d'un certain abîme.
Elle se dit que le mal est peut être dans la puissance mais que la valeur est dans la passion.
Elle se dit aussi qu'elle doit composer avec le possible, avec une sorte de survie tolérable pour que demeure en elle une qualité de regard qui puisse ne pas lui permettre d'errer.
Ainsi nous adresse-t-elle ce double regard de jour et de nuit à la façon d'un être qui nous montre que ce qui est en lui demeure plus éminent que ce qui l'enchaîne.
C'est qu'il ne s'agit pas pour elle uniquement d'échapper au malheur."
Marcel Lecomte "Poésies complètes"
"Sans doute ne peut-elle supporter sa condition mais elle ne peut deviner en elle ce qui encore la libèrerait vraiment.
Veut-elle se jeter hors du sacré dans lequel ne se situe point le problème de la révolte?
Elle voudrait la levée des lois mais en secret et qu'autour d'elle l'on ne vienne pas alourdir telles actions de motifs absorbants.
Elle comprend que l'immense figure de l'humanité lui échappe.
Elle voudrait que chacun jouît d'une liberté propre en ce monde.
Elle est seule à la manière d'un être qui n'ignore rien mais qui aussi n'est séparé par rien d'un certain abîme.
Elle se dit que le mal est peut être dans la puissance mais que la valeur est dans la passion.
Elle se dit aussi qu'elle doit composer avec le possible, avec une sorte de survie tolérable pour que demeure en elle une qualité de regard qui puisse ne pas lui permettre d'errer.
Ainsi nous adresse-t-elle ce double regard de jour et de nuit à la façon d'un être qui nous montre que ce qui est en lui demeure plus éminent que ce qui l'enchaîne.
C'est qu'il ne s'agit pas pour elle uniquement d'échapper au malheur."
Marcel Lecomte "Poésies complètes"
...si tu attends quelqu'un, laisse la porte ouverte
si tu sais qu'il ne viendra plus jamais, laisse la porte grande ouverte
puis détruis cette maison, pierre par pierre
autour de cette porte toujours laissée ouverte
et peut-être viendra-t-il un jour de l'intérieur de cette nouvelle maison sans murs
et sortira-t-il par la porte toujours laissée ouverte
sans que personne ne l'ait vu entrer...
Serge Pey - extrait de "Dieu est un chien dans les arbres".
très évocateur ....
merci pour ce beau passage
Souvent j’ai croisé
Des visages pleins
Et vides
Comme un œuf
Gobé
Par le petit trou
De leur conscience
Si petit.
Aspirés
Les visages ne gardent désormais plus
Que leur surface molle et flasque
Et le bruit lent
Du goutte à goutte
Dans la caverne
De leur âme en fuite.
Virginie Holaind
Des visages pleins
Et vides
Comme un œuf
Gobé
Par le petit trou
De leur conscience
Si petit.
Aspirés
Les visages ne gardent désormais plus
Que leur surface molle et flasque
Et le bruit lent
Du goutte à goutte
Dans la caverne
De leur âme en fuite.
Virginie Holaind
Parole du rêve
Alors que là-haut
Me revenait le rêve
J’étais seul
Oiseau à l’orée de la nuit.
Sans me faire verbe
Il a légué à l’encre ses éléments
Et à mon sang
Un peu de ses forêts et de ses mystères.
J’ai appris comment le vent
Peut devenir un heaume pour ses voyages,
J’ai appris comment laisser dans son viatique
Mon nuage
Les talismans de mon siècle
Et un ciel qui troquait
Les maximes contre les jours.
De ce rêve je ne connais que ces mains
Qui étreignent des arbres
Gorgés d’absence, de peine
Et d’une pluie pourpre
Qui purifie mon chant.
Une nuit s’interpose
Entre cette aube jaillie comme un goéland éclairé
Par l’incendie et moi,
Elle me pare d’une heure incertaine.
La nudité grosse d’effroi est son domaine
Elle me somme de dissimuler
L’exsangue corps du temps alerte.
Entre le mur et moi
Du rêve je déploie le visage
Comme un écran de lointaines contrées.
Quand toutes les orbites se confondent
J’ai encore ta voix qui invente la caravane.
Je vois
Je me vois
Je vois le rêve
Je vois un matin qui regagne son village,
Je vois dans mon âme une forêt d’oiseaux captifs.
J’effleure les confins
Et je les peuple de frontières
La ville se dépouille de ses arbres
Elle émigre à travers les champs gris.
Quelle fontaine fera de moi
Une parure de poussière ?
Quel miroir en le brisant me sera une porte
Dans la solitude de la nuit ?
Qui, bec et griffes,
Se désaltérera de ma plaie ouverte
Au poignard de l’azur ?
Le rêve m’a dit :
- Je tire orgueil
De m’abreuver au bout des cimes.
Le vent est l’enfance d’un chant
Qui ne saurait vieillir.
- Je n’avais soif que de mon eau.
Ma bannière était patrie et exils.
Je la plante dans les terres de l’errance
Et lui fais don de ma nudité
Mais je lui ai choisi la berge
Où traverser mes âges.
Braise je lui ai appris à n’être que braise.
Pour un chant sur ta plaie
Comme cendre incandescente
Pour cette voix recouvrant ta voix diffuse
Pour une banderole qui ne fut que mon feu
Pour un silence qui est visage
Venu hisser les années
Sur la selle de mon attente
Je recueillerai les villages-forêts de l’hier
Ou je me dissoudrai en arbres entre des mains.
Arbres à venir
Sang luxuriant
Entre deux pouces.
Chawki Abdelamir
Alors que là-haut
Me revenait le rêve
J’étais seul
Oiseau à l’orée de la nuit.
Sans me faire verbe
Il a légué à l’encre ses éléments
Et à mon sang
Un peu de ses forêts et de ses mystères.
J’ai appris comment le vent
Peut devenir un heaume pour ses voyages,
J’ai appris comment laisser dans son viatique
Mon nuage
Les talismans de mon siècle
Et un ciel qui troquait
Les maximes contre les jours.
De ce rêve je ne connais que ces mains
Qui étreignent des arbres
Gorgés d’absence, de peine
Et d’une pluie pourpre
Qui purifie mon chant.
Une nuit s’interpose
Entre cette aube jaillie comme un goéland éclairé
Par l’incendie et moi,
Elle me pare d’une heure incertaine.
La nudité grosse d’effroi est son domaine
Elle me somme de dissimuler
L’exsangue corps du temps alerte.
Entre le mur et moi
Du rêve je déploie le visage
Comme un écran de lointaines contrées.
Quand toutes les orbites se confondent
J’ai encore ta voix qui invente la caravane.
Je vois
Je me vois
Je vois le rêve
Je vois un matin qui regagne son village,
Je vois dans mon âme une forêt d’oiseaux captifs.
J’effleure les confins
Et je les peuple de frontières
La ville se dépouille de ses arbres
Elle émigre à travers les champs gris.
Quelle fontaine fera de moi
Une parure de poussière ?
Quel miroir en le brisant me sera une porte
Dans la solitude de la nuit ?
Qui, bec et griffes,
Se désaltérera de ma plaie ouverte
Au poignard de l’azur ?
Le rêve m’a dit :
- Je tire orgueil
De m’abreuver au bout des cimes.
Le vent est l’enfance d’un chant
Qui ne saurait vieillir.
- Je n’avais soif que de mon eau.
Ma bannière était patrie et exils.
Je la plante dans les terres de l’errance
Et lui fais don de ma nudité
Mais je lui ai choisi la berge
Où traverser mes âges.
Braise je lui ai appris à n’être que braise.
Pour un chant sur ta plaie
Comme cendre incandescente
Pour cette voix recouvrant ta voix diffuse
Pour une banderole qui ne fut que mon feu
Pour un silence qui est visage
Venu hisser les années
Sur la selle de mon attente
Je recueillerai les villages-forêts de l’hier
Ou je me dissoudrai en arbres entre des mains.
Arbres à venir
Sang luxuriant
Entre deux pouces.
Chawki Abdelamir
Les idées
Les idées peuvent se dire, se mesurer, se peser.
Les idées peuvent s’amplifier, se réduire, se comparer.
Les idées sont des matériaux
Peuvent s’expédier dans une camionnette.
Les idées, on peut les classer, les ranger,
Les mettre en conserve.
Les idées pour tendre un piège,
Pour s’asseoir derrière un volant,
Pour voler sans ailes,
Pour nager sans nageoires.
Les idées pour montrer la jambe de l’endormi.
Les idées pour construire des chars,
Mettre un taureau en boîte, déconstruire la fleur
Et analyser les larmes.
Les idées afin de quitter les flots du vécu
Pour la terre ferme de la solitude.
Les idées n’entrent pas dans la composition de l’âme.
Les idées, les idées, les idées
Et nous avons presque oublié
Que nous sommes là, dans ce monde
Aux merveilleux mystères, pour chanter,
Que nous dessinons encore sur la paroi des grottes,
Que nous dansons autour du feu,
Et ménageons les destins dans la fumée des sortilèges.
Savais-tu que nous ne sommes rien d’autre
Qu’un coup de hasard biologique,
Dans une partie, prodigieuse, de l’univers
Qu’il y a des forces électromagnétiques
Qui tombent en nous au moment où nous tombons,
Qui chantent lorsque nous chantons,
Et que les poèmes nous écrivent ?
As-tu vu où le cours des idées mène ?
Le monde n’est pas celui
Que les idées des gens construisent et meublent.
Le monde est une émotion... !
Hassan Abdullah
Les idées peuvent se dire, se mesurer, se peser.
Les idées peuvent s’amplifier, se réduire, se comparer.
Les idées sont des matériaux
Peuvent s’expédier dans une camionnette.
Les idées, on peut les classer, les ranger,
Les mettre en conserve.
Les idées pour tendre un piège,
Pour s’asseoir derrière un volant,
Pour voler sans ailes,
Pour nager sans nageoires.
Les idées pour montrer la jambe de l’endormi.
Les idées pour construire des chars,
Mettre un taureau en boîte, déconstruire la fleur
Et analyser les larmes.
Les idées afin de quitter les flots du vécu
Pour la terre ferme de la solitude.
Les idées n’entrent pas dans la composition de l’âme.
Les idées, les idées, les idées
Et nous avons presque oublié
Que nous sommes là, dans ce monde
Aux merveilleux mystères, pour chanter,
Que nous dessinons encore sur la paroi des grottes,
Que nous dansons autour du feu,
Et ménageons les destins dans la fumée des sortilèges.
Savais-tu que nous ne sommes rien d’autre
Qu’un coup de hasard biologique,
Dans une partie, prodigieuse, de l’univers
Qu’il y a des forces électromagnétiques
Qui tombent en nous au moment où nous tombons,
Qui chantent lorsque nous chantons,
Et que les poèmes nous écrivent ?
As-tu vu où le cours des idées mène ?
Le monde n’est pas celui
Que les idées des gens construisent et meublent.
Le monde est une émotion... !
Hassan Abdullah
"Le monde est une émotion... !"
Quelle magnifique...idée!:-)))
Quelle magnifique...idée!:-)))
"Le monde est une émotion... !"
Quelle magnifique...idée!:-)))
;-))
Un soir
"Un soir, quand il est près d'enjamber la fenêtre,
Le prisonnier qu'habite un patient génie,
Avec son traversin, sa veste,et son bonnet
Fabrique un homme faux et le couche à sa place,
Car déjà le gardien se lève pour la ronde.
Puisse-t-il dans le feu clignant de sa lanterne
Voir un dormeur fantôme enfler les tristes draps!
Cependant l'homme vrai saute un mur après l'autre.
Sa prison se dissout dans l'ampleur de la terre,
Sa liberté grandit plus vite qu'il ne court.
Et lorsque les géôliers croient bondir à ses trousses,
A chaque pas qu'ils font sur la plaine sans traces
Le hasard et l'erreur s'ouvrent en éventail"
Jules Romains "Ode gênoise, 1925"
"Un soir, quand il est près d'enjamber la fenêtre,
Le prisonnier qu'habite un patient génie,
Avec son traversin, sa veste,et son bonnet
Fabrique un homme faux et le couche à sa place,
Car déjà le gardien se lève pour la ronde.
Puisse-t-il dans le feu clignant de sa lanterne
Voir un dormeur fantôme enfler les tristes draps!
Cependant l'homme vrai saute un mur après l'autre.
Sa prison se dissout dans l'ampleur de la terre,
Sa liberté grandit plus vite qu'il ne court.
Et lorsque les géôliers croient bondir à ses trousses,
A chaque pas qu'ils font sur la plaine sans traces
Le hasard et l'erreur s'ouvrent en éventail"
Jules Romains "Ode gênoise, 1925"
Le retour du soleil
Le destin frissonne sur les mers
Les anneaux de la légende se brisent
Et voici les précipices
Laisse-nous alors semer nos rives de coquillages
Amarrer notre arche sur Sannine
Laisse-nous foudroyer la chimère marine
Ô maître de la légende
Et lorsqu’au départ du soleil quittant la ville
Les cloches et la route sangloteront
Réveille pour nous, ô flamme du tonnerre sur les collines
Réveille pour nous le Phénix
Nous acclamerons la vision de son feu triste
Avant le matin, avant qu’elle ne soit dite
Nous porterons ses yeux tout le long du chemin
Au retour du soleil sur la ville
Adonis
Le destin frissonne sur les mers
Les anneaux de la légende se brisent
Et voici les précipices
Laisse-nous alors semer nos rives de coquillages
Amarrer notre arche sur Sannine
Laisse-nous foudroyer la chimère marine
Ô maître de la légende
Et lorsqu’au départ du soleil quittant la ville
Les cloches et la route sangloteront
Réveille pour nous, ô flamme du tonnerre sur les collines
Réveille pour nous le Phénix
Nous acclamerons la vision de son feu triste
Avant le matin, avant qu’elle ne soit dite
Nous porterons ses yeux tout le long du chemin
Au retour du soleil sur la ville
Adonis
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre