Pieronnelle

avatar 05/05/2011 @ 11:49:20
Je viens de terminer "l'Autre".....................................................

Je sais qu'il sera le compagnon de toute ma vie
je sais que je suis complètement ridicule
Je sais qu'il détient tout ce que je ne peux pas dire et que je ressens
Je voudrais que tous ceux qui croient en Dieu le lisent pour croire en l'Homme

Zagreus, comment as-tu pu dire que tu ne croyais pas en l'Homme après ce livre!!!
Merci, une infinité de merci!

Zagreus
avatar 05/05/2011 @ 12:40:38
Je viens de terminer "l'Autre".....................................................

Je sais qu'il sera le compagnon de toute ma vie
je sais que je suis complètement ridicule
Je sais qu'il détient tout ce que je ne peux pas dire et que je ressens
Je voudrais que tous ceux qui croient en Dieu le lisent pour croire en l'Homme


Je suis heureux, vraiment, qu'il t'ait touché Piero... Non tu n'es pas ridicule, tu as raison, c'est un livre d'une telle richesse d'émotions, d'images poétiques, les mots de Chedid sont si beaux, si justes, si bien choisis... Si tu veux encore vibrer, il y a un autre de ses romans "l'Enfant multiple", tout aussi beau...


Zagreus, comment as-tu pu dire que tu ne croyais pas en l'Homme après ce livre!!!


Peut-être bien parce que j'ai lu le roman il y a longtemps... Quand j'aurai le temps je le relirai, histoire de prendre une cure d'espérance...

Zagreus
avatar 06/05/2011 @ 09:17:12
Multiple

Je fonce vers l’horizon
Qui s’écarte
Je m’empare du temps
Qui me fuit

J’épouse mes visages
D’enfance
J’adopte mes corps
D’aujourd’hui

Je me grave
Dans mes turbulences
Je pénètre
Mes embellies

Je suis multiple
Je ne suis personne
Je suis d’ailleurs
Je suis d’ici

Sans me hâter
Je m’acclimate
A l’immanence
De la nuit.

Andrée Chedid

Garance62
avatar 08/05/2011 @ 20:14:43
Berceuse océane

Épargnez-moi l'ennui d'un azur porcelaine
D'un firmament tout bleu où jamais rien ne bouge,
De plaines angoissées de n'être que des plaines
Sans nul oiseau niché dessous les tuiles rouges

Donnez-moi un ciel gris aux nuages étranges
Aux bords frangés de mauve et de mélancolie
Donnez-moi des talus pour blottir les mésanges
Pour se cacher du vent et rire de la pluie.

Donnez-moi des forêts, des ruisseaux et des landes
Des coteaux panachés de hautes digitales
Ramenez-moi les fées au cœur de Brocéliande
Où plane quelquefois l'ombre de Perceval.

Donnez-moi les senteurs de la terre à l'automne
L'argile des prairies poivrée de feuilles mortes
Les parfums de l'aurore où la bise frissonne
Les ajoncs, les genets, l'ancolie à ma porte...

Donnez-moi des rochers torturés par les vagues
Une mer en furie toute blanche d'écume
Et les orages rouges traçant comme une dague
Des sillages de feu qui déchirent la brume...

Donnez-moi des lilas, des ors, des violines
Des roux et des safrans pour dorer la campagne
Donnez-moi pour la mer des abysses sublimes
Donnez-moi l'Océan pour bercer ma BRETAGNE.

Pierre Kerébel

Garance62
avatar 08/05/2011 @ 20:17:53
Aller vers un pays qui ne soit pas d'avenir, mais quotidien,

Où ne s'affronte aucun choix
entre la vie et le silence,

Où il n'y a d'autres biens
qu'au jour le jour :

un feu, un bistrot où s'assommer,
une toile peinte pour rapiécer le temps,

une amie qui vient pour rien,
pour pleurer ensemble comme on joue aux cartes,

poser nue
pour un poème blanc.

Gérard Le Gouic
(fragment de Décalcomanies dans "les sentiments obscurs")

Saint Jean-Baptiste 08/05/2011 @ 20:18:14
Superbe Garance !

Saint Jean-Baptiste 08/05/2011 @ 20:19:51
Superbe Garance !

Je parlais de la berceuse océane, évidemment.

Garance62
avatar 08/05/2011 @ 20:23:16
La mer ! J'aime la mer mugissante et houleuse,
Ou, comme en un bassin une liqueur huileuse,
La mer calme et d'argent ! Sur ses flancs écumeux
Quel plaisir de descendre et bondir comme eux.
Ou, mollement bercé, retenant son haleine,
De céder comme une algue au flux qui vous entraine !
Alors on ne voit plus que l'onde et que les cieux,
Les nuages dorés passant silencieux,
Et les oiseaux de mer, tous allongeant la tête
Et jetant un cri sourd en signe de tempête...
O mer, dans ton repos, dans tes bruits, dans ton air
Comme un amant, je t'aime ! et te salue, ô mer !

Auguste Brizeux
Fragment de "Le mois d'août"

Garance62
avatar 08/05/2011 @ 20:27:27
Le retour

Des villes d'Italie où j'osai jeune et svelte
Parmi les hommes bruns montrer l'œil bleu d'un Celte
J'arrivai plein des feux de leur volcan sacré
Mûri par leur soleil, de leur art enivré
Mais dès que je sentis ô ma terre natale
L'odeur qui des genêts et des landes s'exhale
Lorsque je vis le flux, le reflux de la mer
Et les tristes sapins se balancer dans l'air
Adieu les orangers, les marbres de Carrare
Mon instinct l'emporta : je redevins barbare...

Auguste Brizeux

Garance62
avatar 08/05/2011 @ 20:32:52
J'aime à marcher sans but ...

J'aime à marcher sans but, tout le long d'une plage
La mer comme une amie intime, à mes côtés,
Me parle doucement, et j'entends son langage :
Je suis celui qui passe, Elle est l'éternité.

Chaque vague en mourant vient tourner une page
Elle exprime en chantant que mon temps est compté
Et qu'il importe peu de vivre en fou, en sage,
Car c'est d'avoir aimé qui vaut d'avoir été.

Mer vivante et secrète, ô toi qui n'a pas d'âge
Mais nous as enfantés, dis-moi la Vérité !
Sais-tu si l'on pourra en guise d'hommage :
De ce passant, pourtant, quelque chose est resté ...

Yves La Prairie
(A Pierre Théréné)
dans "les Margelles du temps"

Garance62
avatar 08/05/2011 @ 20:38:38
Superbe Garance !

Je parlais de la berceuse océane, évidemment.

Je voudrais bien y être pour quelque chose...
J'aimerais aussi écrire comme lui.
Ben voyons !
Et puis en écrire autant aussi :))

Contente que ça t'ai plu SJB.

Pieronnelle

avatar 08/05/2011 @ 23:52:49
De bien beaux poèmes Garance! merci

Zagreus
avatar 09/05/2011 @ 10:27:54
Il y a des matins…

Il y a des matins en ruine
Où les mots trébuchent
Où les clé se dérobent
Où le chagrin voudrait s’afficher

Des jours
Où l’on se suspendrait
Au cou du premier passant
Pour le pain d’une parole
Pour le son d’un baiser

Des soirs
Où le coeur s’ensable
Où l’espoir se verrouille
Face aux barrières d’un regard

Des nuits
Où le rêve bute
Contre les murailles de l’ombre

Des heures
Où les terrasses
Sont toutes hors de portée

André Chedid

Saint Jean-Baptiste 09/05/2011 @ 10:28:04
J'aime à marcher sans but ...


Sais-tu si l'on pourra en guise d'hommage :

Tu as dû mal recopier ce vers ci, Garance, il manque un pied
« Sais-tu si l'on pourra en guise d'hommage »
(en guise d’un hommage ? )

Sinon, ces poésies sur l’Océan breton sont magnifiques, elles évoquent aussi notre mer du Nord.

Zagreus
avatar 09/05/2011 @ 10:31:53
Andrée, avec un "e" bien sûr...

Garance62
avatar 09/05/2011 @ 10:54:01
J'aime à marcher sans but ...


Sais-tu si l'on pourra en guise d'hommage :


Tu as dû mal recopier ce vers ci, Garance, il manque un pied
« Sais-tu si l'on pourra en guise d'hommage »
(en guise d’un hommage ? )

Sinon, ces poésies sur l’Océan breton sont magnifiques, elles évoquent aussi notre mer du Nord.

c'est "dire" qu'il manquait SJB. Lecture attentive de ta part, ce n'est pas étonnant.

Je me suis doutée que ces poèmes t'évoquaient "ta" mer. Les sentiments sont les mêmes face à cette belle immensité, qu'elle soit de l'Ouest ou du Nord, à partir du moment où elle bénéficie de ces ciels gris. Et chez toi c'est comme chez moi, un peu, beaucoup gris ? :)

Saint Jean-Baptiste 09/05/2011 @ 23:05:49

c'est "dire" qu'il manquait SJB.

Je me suis doutée que ces poèmes t'évoquaient "ta" mer.
...Et chez toi c'est comme chez moi, un peu, beaucoup gris ? :)

Ah oui, bien sûr, « …dire en guise d’hommage »

Hé oui, notre mer du Nord est aussi venteuse et grise avec des vagues qui s’étalent sur le sable en faisant du bruit et avec, le soir, le vent qui s’apaisent et de beaux couchés de soleil…

Enfin, on voit parfois à la TV des étés où les gens portent une ficelle en guise de vêtement tellement il fait chaud.
Mais moi je suis, enfin j’étais, un adepte du mois de mai… Brrrr que l’eau était froide !
Et puis il y avait toujours ce vent, bien plus fort qu’en Bretagne. Je crois que c’est parce que la Manche est étroite, ça fait courant d’air.

Zagreus
avatar 10/05/2011 @ 09:23:13
Oser encore

Oser encore recourir au visage
Oser encore

Que brasses-tu, ami, qui ne s’écarte?
Où souhaiter la tendre halte
Si ce n’est avec l’autre
plus d’une fois accordée ?

Quel chemin, ami, ne se conteste?
Quel chant ne rompt le tocsin?
En quelle terre fugace reprendre vie,
Si ce n’est en l’autre
Par-delà le soupçon?

Oser encore recourir à l’espoir
Oser encore

Porter l’instant et le rendre à lui-même
Répondre quel qu’il soit
Au baiser de la terre,
Vouloir ce plus loin dont on ne sait le nom.

Andrée Chedid

Pieronnelle

avatar 10/05/2011 @ 10:50:04
"Vouloir ce plus loin dont on ne sait le nom."

Et si c'était le secret de la vie?.....
Avec tout ce qu'il y a avec...:-)))

Pieronnelle

avatar 10/05/2011 @ 23:37:15
Le fils

Ah! mon enfant, sais-tu
d'où tu viens, le sais-tu?

D'un lac avec des mouettes
blanches et affamées.

Près de l'eau hivernale
nous avons, elle et moi,
dressé un brasier rouge
en épuisant nos lèvres
à embrasser nos coeurs,
en jetant tout aux flammes,
en brûlant nos deux vies.

Ainsi fut ta naissance.

Mais elle pour me voir
et pour te voir un jour
a traversé les mers
et moi pour enlacer
sa fine taille, j'ai
couru le monde entier,
ses guerres, ses montagnes,
ses sables, ses épines.

Ainsi fut ta naissance.

Tu viens de tant de lieux,
de l'eau et de la terre,
du feu et de la neige,
tu marches de si loin
au-devant de nous deux,
de cet amour terrible
qui nous a enchainés,
que nous voulons savoir
comment tu es, oui, parle,
tu connais mieux ce monde
que nous t'avons donné.

Comme un violent orage
nous avons agité
tout l'arbre de la vie,
secoué au plus caché
les fibres des racines,
et déjà te voici
chantant parmi les feuilles,
sur la plus haute branche
que tu nous fais atteindre.

Pablo Néruda "les vers du capitaine"

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