Zagreus
avatar 29/04/2011 @ 09:36:30
Regarder l'enfance

Jusqu'aux bords de ta vie
Tu porteras ton enfance
Ses fables et ses larmes
Ses grelots et ses peurs

Tout au long de tes jours
Te précède ton enfance
Entravant ta marche
Ou te frayant chemin

Singulier et magique
L'œil de ton enfance
Qui détient à sa source
L'univers des regards

Andrée Chedid

Pieronnelle

avatar 29/04/2011 @ 11:53:07
Regarder l'enfance

Jusqu'aux bords de ta vie
Tu porteras ton enfance
Ses fables et ses larmes
Ses grelots et ses peurs

Tout au long de tes jours
Te précède ton enfance
Entravant ta marche
Ou te frayant chemin

Singulier et magique
L'œil de ton enfance
Qui détient à sa source
L'univers des regards

Andrée Chedid


"Qui détient à sa source
L'univers des regards"

Très beau; j'espère quà la fin de sa vie cet "univers des regards" existe aussi...:-)

Zagreus
avatar 29/04/2011 @ 12:17:05
Très beau; j'espère quà la fin de sa vie cet "univers des regards" existe aussi...:-)


J'espère aussi Piero...;-)

Zagreus
avatar 02/05/2011 @ 09:23:29
La vieille mourante

Coffrée dans ton lit-cage
Livrée aux mécaniques
Vieille ô si vieille
La mort hésite à t’accueillir
Tête burlesque
Sous les vrilles des cheveux blancs
Un sirocco de rousseurs ensable ta peau
Des rides rapiècent tes joues
Ta bouche n’est qu’un puits
Tu happes l’air
Ton cœur perd substance
Ton horizon se détisse
Ta chair t’engloutit
Vieille ô si vieille
Où sont ceux qui t’aimaient ?
Ta route fut trop longue
La mort les a surpris
La vie les a rongés
Une main est pourtant là
Qui recouvre la tienne
Son toucher traverse
Tes brumes d’agonie
Une voix t’accompagne
Vers le lieu sans âge
Que le temps n’assiège plus
Laisse tomber tes défroques
Quitte en douceur l’enclos
Va à perte de vue
Rejoins l’ultime flottille
Qui cingle vers l’inconnu.

Andrée Chedid

Pieronnelle

avatar 02/05/2011 @ 12:20:51
Il meurt lentement

Il meurt lentement celui qui devient esclave de l'habitude, répétant chaque jour le même parcours, celui qui ne change pas le rythme de ses pas, celui qui ne risque rien et ne change pas la couleur de ses vêtements, celui qui ne parle pas avec l'inconnu.

Il meurt lentement celui qui évite une passion, celui qui préfère le noir au blanc,
les points sur les « i » aux émotions touffues, celles-là mêmes qui font briller les yeux, celles qui transforment un bâillement en sourire, celle qui font battre le coeur face aux erreurs et aux sentiments.

Lentement meurt celui qui ne renverse pas les tables, celui qui est malheureux à son travail, celui qui ne risque pas ses certitudes contre des incertitudes pour suivre un rêve, celui qui ne se permet pas au moins une fois dans sa vie de fuir devant les conseils avisés.

Lentement meurt celui qui ne voyage pas, celui qui ne lit pas, celui qui n'écoute pas de musique, celui qui ne trouve pas la grâce en lui-même.

Lentement meurt celui qui détruit le vrai amour, celui qui ne se laisse pas aider ; celui qui passe des jours à se lamenter de sa propre malchance ou de la pluie incessante.

Lentement meurt celui qui abandonne un projet avant de l'avoir commencé, celui qui ne pose pas de questions sur les sujets qu'il ne connaît pas, celui qui ne répond pas quand on lui demande quelque chose qu'il connaît.

Nous évitons la mort, à petites doses, en nous souvenant sans cesse qu'être vivant est un effort qui va bien au delà du simple fait de respirer.

Seulement l'ardente patience nous permettra d'atteindre la joie splendide


Pablo Néruda

Zagreus
avatar 02/05/2011 @ 12:26:50
Il meurt lentement

Il meurt lentement celui qui devient esclave de l'habitude, répétant chaque jour le même parcours, celui qui ne change pas le rythme de ses pas, celui qui ne risque rien et ne change pas la couleur de ses vêtements, celui qui ne parle pas avec l'inconnu.

Il meurt lentement celui qui évite une passion, celui qui préfère le noir au blanc,
les points sur les « i » aux émotions touffues, celles-là mêmes qui font briller les yeux, celles qui transforment un bâillement en sourire, celle qui font battre le coeur face aux erreurs et aux sentiments.

Lentement meurt celui qui ne renverse pas les tables, celui qui est malheureux à son travail, celui qui ne risque pas ses certitudes contre des incertitudes pour suivre un rêve, celui qui ne se permet pas au moins une fois dans sa vie de fuir devant les conseils avisés.

Lentement meurt celui qui ne voyage pas, celui qui ne lit pas, celui qui n'écoute pas de musique, celui qui ne trouve pas la grâce en lui-même.

Lentement meurt celui qui détruit le vrai amour, celui qui ne se laisse pas aider ; celui qui passe des jours à se lamenter de sa propre malchance ou de la pluie incessante.

Lentement meurt celui qui abandonne un projet avant de l'avoir commencé, celui qui ne pose pas de questions sur les sujets qu'il ne connaît pas, celui qui ne répond pas quand on lui demande quelque chose qu'il connaît.

Nous évitons la mort, à petites doses, en nous souvenant sans cesse qu'être vivant est un effort qui va bien au delà du simple fait de respirer.

Seulement l'ardente patience nous permettra d'atteindre la joie splendide


Pablo Néruda


Très juste... C'est tiré de quel livre ?

Garance62
avatar 02/05/2011 @ 13:08:19
Merci Piero !!!!
Je l'envoie illico à des amis. A faire connaitre aux autres et à relire.. pour soi :))
Énergie d'amour et de vie !

Pieronnelle

avatar 02/05/2011 @ 13:23:04
Je cherche aussi de quel livre il est tiré, je l'ai trouvé sur internet dans un site sur les poèmes de Néruda. J'ai cru qu'il était tiré des "vers du capitaine" que je viens d'acheter mais non.... Je cherche..:-))

Pieronnelle

avatar 02/05/2011 @ 16:08:40
Désolée mais il semble que ce texte ne soit pas de Pablo Néruda ; je vous mets ce que je viens de trouver sur un site qui a l'air fiable :

Il meurt lentement est une poésie triviale, vaguement New Age, dans la ligne de ce que les québécois appellent «Bouillon de Poulet pour l'âme». Il s’agit de textes qui réchauffent le coeur et remontent le moral. Le poème en question est un texte poétique qui s'est transformé, emporté dans un "hoax littéraire" de ce début de XXIe siècle.

Un « hoax » est une fausse information, non vérifiable, propagée spontanément par les internautes. Ces textes existent surtout sous forme de courrier électronique, ou de message sur des forums Internet. Ils encouragent les destinataires à les renvoyer à leurs contacts, ce qui crée une réaction « boule de neige ».

L'original « A Morte Devagar », a été publié le premier Novembre 2000 (la veille du Jour de Commémoration des fidèles défunts, fête des morts chrétienne) sur la page Web brésilienne Bacaninha, sous la signature de Martha Medeiros. On peut supposer que c’est l’auteur en personne qui l’a mis en ligne. Le texte a commencé à circuler sur Internet au moyen du système de « Chaînes de Lettres », en tant que poème de Pablo Neruda, atteignant une diffusion inespérée.

Si vous cherchez sur Internet [ "Muere lentamente", Neruda ] vous trouverez : avec Google un total de 23 600 réponses, avec AltaVista 132.000 résultats, avec Yahoo 132.000, et avec MSN Chercheur de Microsoft 24.100 résultats.

En raison des caractéristiques de la propagation des messages sur Internet, le faux texte de Neruda a eu des traductions multiples et une diffusion planétaire. Et ce, malgré les protestations et les réclamations de nerudistes de plusieurs pays. Le texte a poursuivi sa cyber existence et connut une propagation dans le Cyberespace.

La plaisanterie et sa mystification sont allés très loin, comme peut l'illustrer la fâcheuse posture dans laquelle s’est trouvée le Sénateur et Ministre Italien de la justice Clemente Mastella. En effet, ce dernier a lu ce texte publiquement en pensant que l'auteur était Pablo Neruda, ce qui provoqua une polémique en Italie, et motiva une réponse de l'éditeur italien de Neruda, Stefano Passigli.

Au début de l'année, c'est-à-dire huit ans plus tard, l'auteur a appelé la Fondation Neruda à Santiago du Chili pour éclaircir le sujet et pour réclamer la maternité du texte en question et pour mettre fin à l'histoire.

Le poème et son auteur ont été -semble-t-il- les seuls bénéficiaires de cette affaire, qui fut l’occasion du canular littéraire le plus répandu sur Internet en ce début de siècle.

MC

Pieronnelle

avatar 02/05/2011 @ 17:10:15
Personnellement j'aime beaucoup ce texte et honnêtetement je n'avais pas l'impression de reconnaitre Néruda. Mais Martha Medeiros est aussi une poétesse.... Sur plein de sites il est toujours considéré comme étant de Néruda!

Pieronnelle

avatar 02/05/2011 @ 17:30:44
Tout seul

Noeuds tordus comme un supplice, flêches dardées comme des peines, croix larges comme des souffrances, tenailles titanisées comme des angoisses, clous parmi le sang, épines dans le crâne ; Oh! la passion totale à travers mon désir de crier, de pleurer, de mordre et de mourir avec de la rage, de l'amour, de la bonté, de la terreur et du pardon; la passion totale, en ma chair en mon âme, et surtout ni Dieu, ni ciel, ni rien- rien! ci ce n'est qu'une plaine vide, avec ses mares mirantes pour refléter et les épines et les clous et les tenailles et les croix et les flèches et moi-même, tout seul, infiniment seul, là-bas!

Emile Verhaeren "poèmes en proses" 1887/1892 regroupés dans 'les villages illusoires"

Garance62
avatar 02/05/2011 @ 17:35:57
Encore une fois, vérifier ses sources :)))

J'adore l'expression «Bouillon de Poulet pour l'âme» ! :)))
Ça me va. J'adopte:))
J'ai aussi fait un peu de recherche ce matin mais sans conviction. Le style de Neruda est tellement éloigné de ce texte.

Un jour Piero, un de nos écrits circulera peut-être ainsi et sera lu par un ministre de la culture Péruvien ou Irlandais, vantant les mérites de nos écrits en les attribuant à Eluard ou Prévert :))) D'ailleurs ce matin en te lisant c'est à Prévert que je pensais. Eh...

Martha Medeiros a écrit, selon moi, un très bon bouillon de poulet pour l'âme ! :))

Zagreus
avatar 03/05/2011 @ 09:08:41
Terre intérieure

Ma vie, ma blanche vie au revers des images.
Ma vie, éprise, ma claire, mon emportée;
Comme une eau dans l'heure certaine,
Son vertige par cœur.

Ma vie, ma dénudée, mon âpre, mon impatiente,
Brûle, brûle l'aile de soie ;
Brûle les peurs, les mailles, le nœud des barques,
Le fiel, l'encens, l'herbe desséchée.

Ma vie, ma féroce vie, mon cristal et mes monstres;
Ma vie dans l'éternel combat,
Nouée sous les labours et sous l'écorce ;
Ma vie grave d'enfance-roi.

Ma vie, ma tendre vie, ô mon premier visage,
Ton cri nul ne peut l'apaiser.
Ma vie, ma pierreuse vie, ô ma vie sans atteinte;
Ma blanche, mon âpre, ma claire, ma dénudée.

Andrée Chedid

Pieronnelle

avatar 03/05/2011 @ 12:40:49
Si on me demande mon avis au moment de "partir" je demande à mon âme de retrouver celle d'Andrée Chédid....:-)

Pieronnelle

avatar 03/05/2011 @ 12:54:34
La branche volée

Dans la nuit nous allons entrer
voler
une branche en fleur.

Nous allons franchir le mur,
dans les ténèbres du jardin de quelqu'un d'autre,
deux ombres dans l'ombre.

L'hiver n'est point parti encore
et l'on dirait que le pommier
brusquement s'est changé
en cascade d'étoiles parfumées.

Dans la nuit nous allons entrer
jusqu'à son tremblant firmament,
et tes petites mains avec les miennes
voleront les étoiles.

Alors, et en catimini,
chez nous,
dans l'ombre et dans la nuit,
entrera avec tes pas
le pas silencieux du parfum
et avec des pieds constellés
le corps lumineux du printemps.

Pablo Néruda (le vrai!) "les vers du capitaine"

"En la noche entraremos
hasta su trembloso firmamento,
y tus pequenãs manos y las mias
robaran las estrellas."

Ca chante beaucoup en espagnol!

Zagreus
avatar 03/05/2011 @ 13:41:35
Si on me demande mon avis au moment de "partir" je demande à mon âme de retrouver celle d'Andrée Chédid....:-)


;-) As-tu commencé "L'autre" ?

Pieronnelle

avatar 03/05/2011 @ 14:37:11
Oui, je viens de le commencer, c'est pourquoi aussi j'ai dit ça...Je crois que je serai incapable de faire une critique...trop fort émotionnellement!

Zagreus
avatar 04/05/2011 @ 09:47:50
Désert ou cités

Je ne sais quelle géométrie
Du vide
Quelle géologie
De l’austère
Quelle soif de silences
Nous conduisent
Périodiquement
Vers ce lieu dépouillé
Et sans grades
Où l’âme
Se faisant face
Loin des simulations
Loin du rang et des feintes
Se nomme sans détours

Je ne sais quel rejet
Des apparences
Quel refus
Des masques
Quel chant primordial
Nous relient
Fugitivement
À ces plaines d’équilibre
À ce désert sans parures
À ces dunes d’harmonie
À ces sables accordés
Où l’âme
Mise à nu
S’éprend de tout l’espace

Je ne sais quel désir
Quelle passion ou quelle soif
Nous ramènent au monde
Au peuplement des cités
Au fleuve à l’arbre aux hommes
À l’énigme qui nous féconde
À l’angoisse qui nous taraude
À l’écueil qui nous grandit.

Andrée Chedid

Garance62
avatar 04/05/2011 @ 21:29:08
Nous, les Bretons de l'hiver,
des nuages gris et verts comme les chats,
de la pluie qui court avec nos chiens,
du vent, du sel qui mordent les tombes,

nous, les Bretons des mois durs,
qui enterrons un poète à Tréboul *
un oiseau à Portsall,
un reflet de nous dans chaque arbre qui meurt,
et qui ne mourrons pas nous-mêmes,
qui ne nous plions pas.

Qui ne baissons pas les épaules quand la foudre
crève le placenta bleu des collines,
quand les araignées de la rouille
aident un volet, un toit à s'envoler,
une amitié plus solaire qu'un amour

Qui ne mourrons pas quand un cheval
s'enfonce dans sa nuit d'un pas égal
qui fait croire que sa vie
lui fut aussi égale...

* Georges Perros

Gérard Le Gouic dans "les sentiments obscurs",

Zagreus
avatar 05/05/2011 @ 10:36:06
Le complot

Accours de tous tes membres
Aux fenêtres du large

Reçois à face ouverte
Le sel après les nuits

Dans le goulot des villes
Invente les marées

Derrière chaque prunelle
Dépiste le voyage

Ecarte les portes rêches
Escorte celui qui sombre

Dénonce les mots de plomb
Bouleverse les guêpiers

Epèle dans l’argile
Les syllabes du rêve

Partout
Brise le complot

C’est aimer
Qui importe!

Andrée Chedid

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