A une passante :
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal
Demain-dans "État de veille"-
Agé de cent-mille ans, j'aurais encore la force
De t'attendre, o demain pressenti par l'espoir.
Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses,
Peut gémir: neuf est le matin, neuf est le soir.
Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille,
Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,
Nous parlons à voix basse et nous tendons l'oreille
A maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.
Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne dormons pas c'est pour guetter l'aurore
Qui prouvera qu'enfin nous vivons au présent.
Robert Desnos
Agé de cent-mille ans, j'aurais encore la force
De t'attendre, o demain pressenti par l'espoir.
Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses,
Peut gémir: neuf est le matin, neuf est le soir.
Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille,
Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,
Nous parlons à voix basse et nous tendons l'oreille
A maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.
Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne dormons pas c'est pour guetter l'aurore
Qui prouvera qu'enfin nous vivons au présent.
Robert Desnos
Voie lactée ô soeur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses
Nageurs morts suivrons nous d'ahan
Ton cours vers d'autres nébuleuses
Regret des yeux de la putain
Et belle comme une panthère
Amour vos baisers florentins
Avaient une saveur amère
Qui a rebuté nos destins
Ses regards laissaient une traîne
D'étoiles dans les soirs tremblants
Dans ses yeux nageaient les sirènes
Et nos baisers mordus sanglants
Faisaient pleurer nos fées marraines
Mais en vérité je l'attends
Avec mon coeur avec mon âme
Et sur le pont des Reviens-t'en
Si jamais reviens cette femme
Je lui dirai Je suis content
Mon coeur et ma tête se vident
Tout le ciel s'écoule par eux
O mes tonneaux des Danaïdes
Comment faire pour être heureux
Comme un petit enfant candide
Je ne veux jamais l'oublier
Ma colombe ma blanche rade
O marguerite exfoliée
Mon île au loin ma Désirade
Ma rose mon giroflier
Les satyres et les pyraustes
Les égypans les feux follets
Et les destins damnés ou faustes
La corde au cou comme à Calais
Sur ma douleur quel holocauste
Douleur qui doubles les destins
La licorne et le capricorne
Mon âme et mon corps incertains
Te fuient ô bûcher divin qu'ornent
Des astres des fleurs du matin
Malheur dieu pâle aux yeux d'ivoire
Tes prêtres fous t'ont-ils paré
Tes victimes en robe noire
Ont-elles vainement pleuré
Malheur dieu qu'il ne faut pas croire
Et toi qui me suis en rampant
Dieu de mes dieux morts en automne
Tu mesures combien d’empans
J'ai droit que la terre me donne
O mon ombre ô mon vieux serpent
Au soleil parce que tu l'aimes
Je t'ai mené souviens-t'en bien
Ténébreuse épouse que j'aime
Tu es à moi en n'étant rien
O mon ombre en deuil de moi-même
L'hiver est mort tout enneigé
On a brûlé les ruches blanches
Dans les jardins et les vergers
Les oiseaux chantent sur les branches
Le printemps clair l'Avril léger
Mort d'immortels argyraspides
La neige aux boucliers d'argent
Fuit les dendrophores livides
Du printemps cher aux pauvres gens
Qui ressourient les yeux humides
Mais moi j'ai le coeur aussi gros
Qu'un cul de dame damascène
O mon amour je t'aimais trop
Et maintenant j'ai trop de peine
Les sept épées hors du fourreau
Sept épées de mélancolie
Sans morfil ô claires douleurs
Sont dans mon coeur et la folie
Veux raisonner pour mon malheur
Comment voulez-vous que j'oublie
Guillaume Apollinaire
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses
Nageurs morts suivrons nous d'ahan
Ton cours vers d'autres nébuleuses
Regret des yeux de la putain
Et belle comme une panthère
Amour vos baisers florentins
Avaient une saveur amère
Qui a rebuté nos destins
Ses regards laissaient une traîne
D'étoiles dans les soirs tremblants
Dans ses yeux nageaient les sirènes
Et nos baisers mordus sanglants
Faisaient pleurer nos fées marraines
Mais en vérité je l'attends
Avec mon coeur avec mon âme
Et sur le pont des Reviens-t'en
Si jamais reviens cette femme
Je lui dirai Je suis content
Mon coeur et ma tête se vident
Tout le ciel s'écoule par eux
O mes tonneaux des Danaïdes
Comment faire pour être heureux
Comme un petit enfant candide
Je ne veux jamais l'oublier
Ma colombe ma blanche rade
O marguerite exfoliée
Mon île au loin ma Désirade
Ma rose mon giroflier
Les satyres et les pyraustes
Les égypans les feux follets
Et les destins damnés ou faustes
La corde au cou comme à Calais
Sur ma douleur quel holocauste
Douleur qui doubles les destins
La licorne et le capricorne
Mon âme et mon corps incertains
Te fuient ô bûcher divin qu'ornent
Des astres des fleurs du matin
Malheur dieu pâle aux yeux d'ivoire
Tes prêtres fous t'ont-ils paré
Tes victimes en robe noire
Ont-elles vainement pleuré
Malheur dieu qu'il ne faut pas croire
Et toi qui me suis en rampant
Dieu de mes dieux morts en automne
Tu mesures combien d’empans
J'ai droit que la terre me donne
O mon ombre ô mon vieux serpent
Au soleil parce que tu l'aimes
Je t'ai mené souviens-t'en bien
Ténébreuse épouse que j'aime
Tu es à moi en n'étant rien
O mon ombre en deuil de moi-même
L'hiver est mort tout enneigé
On a brûlé les ruches blanches
Dans les jardins et les vergers
Les oiseaux chantent sur les branches
Le printemps clair l'Avril léger
Mort d'immortels argyraspides
La neige aux boucliers d'argent
Fuit les dendrophores livides
Du printemps cher aux pauvres gens
Qui ressourient les yeux humides
Mais moi j'ai le coeur aussi gros
Qu'un cul de dame damascène
O mon amour je t'aimais trop
Et maintenant j'ai trop de peine
Les sept épées hors du fourreau
Sept épées de mélancolie
Sans morfil ô claires douleurs
Sont dans mon coeur et la folie
Veux raisonner pour mon malheur
Comment voulez-vous que j'oublie
Guillaume Apollinaire
L'intime horizon
Loin des berges stridentes
Egarer l'ancre
Rompre les amarres
Suivre l'appel
De l’intime horizon.
Andrée Chedid
Loin des berges stridentes
Egarer l'ancre
Rompre les amarres
Suivre l'appel
De l’intime horizon.
Andrée Chedid
Le vivre
Ancrée dans l'éternel
La pierre
Nous laisse à nos déclins
À nous
Tout l'éphémère
Tout le vivre
Tout ce plein !
Andrée Chedid
Ancrée dans l'éternel
La pierre
Nous laisse à nos déclins
À nous
Tout l'éphémère
Tout le vivre
Tout ce plein !
Andrée Chedid
Éloge du vide
Il faut
Du vide
Pour attirer le plein
Pour que s'explore
Le songe
Pour que s'infiltre
Le souffle
Pour que germe
Le fruit
Il nous faut
Tous ces creux
Et de l'inassouvi.
Andrée Chedid
Il faut
Du vide
Pour attirer le plein
Pour que s'explore
Le songe
Pour que s'infiltre
Le souffle
Pour que germe
Le fruit
Il nous faut
Tous ces creux
Et de l'inassouvi.
Andrée Chedid
Honneur à ceux qui dans leur vie
se sont donnés comme tâche la défense des Thermopyles.
Ne manquant jamais à leur devoir;
justes et droits dans leurs actes,
mais cependant compatissants envers les autres;
généreux s'ils sont riches, et s'ils sont pauvres
encore présents, selon leurs moyens,
prêts encore à porter secours;
n'hésitant point à dire la vérité,
et cependant sans haine pour les hâbleurs.
Mais ils sont encore plus dignes d'éloge
lorsqu'ils prévoient (et beaucoup le savent)
qu'Ephialte ne manquera pas d'apparaître
et qu'en définitive les Mèdes forceront le passage.
Cavafis
se sont donnés comme tâche la défense des Thermopyles.
Ne manquant jamais à leur devoir;
justes et droits dans leurs actes,
mais cependant compatissants envers les autres;
généreux s'ils sont riches, et s'ils sont pauvres
encore présents, selon leurs moyens,
prêts encore à porter secours;
n'hésitant point à dire la vérité,
et cependant sans haine pour les hâbleurs.
Mais ils sont encore plus dignes d'éloge
lorsqu'ils prévoient (et beaucoup le savent)
qu'Ephialte ne manquera pas d'apparaître
et qu'en définitive les Mèdes forceront le passage.
Cavafis
Oh ces quatres derniers poèmes de Zagreus et Aube me parlent beaucoup.....
Un vrai moment de bonheur sur ce fil!!:-)))))
Un vrai moment de bonheur sur ce fil!!:-)))))
Paul Eluard
in Poésies et vérités, 1942
Merci JEyre, c’est un des plus beaux poèmes du Prince des poètes
Le prince des poètes, ce n’est pas Paul Eluard, c’est Paul Fort.
Les amateurs éclairés du site auront corrigé d’eux-mêmes…
;-))
Paul Eluard
in Poésies et vérités, 1942
Merci JEyre, c’est un des plus beaux poèmes du Prince des poètes
Le prince des poètes, ce n’est pas Paul Eluard, c’est Paul Fort.
Les amateurs éclairés du site auront corrigé d’eux-mêmes…
;-))
Plusieurs poètes ont eu ce titre...
Le Roc
Sur ce roc carié que fait souffrir la mer,
Quels pas voudront monter encor, dites, quels pas ?
Dites, serai-je seul enfin et quel long glas
Écouterai-je debout devant la mer ?
C’est là que j’ai bâti mon âme.
- Dites, serai-je seul avec mon âme ? -
Mon âme hélas! maison d’ébène,
Où s’est fendu, sans bruit, un soir,
Le grand miroir de mon espoir.
Dites, serai-je seul avec mon âme
En ce nocturne et angoissant domaine ?
Serai-je seul avec mon orgueil noir,
Assis en un fauteuil de haine ?
Serai-je seul, avec ma pâle hyperdulie,
Pour Notre-Dame la Folie ?
Serai-je seul avec la mer
En ce nocturne et angoissant domaine ?
Des crapauds noirs, velus de mousse,
Y dévorent du clair soleil, sur la pelouse.
Un grand pilier ne soutenant plus rien,
Comme un homme, s’érige en une allée,
D’épitaphes de marbre immensément dallée.
Sur un étang d’yeux ouverts et de reptiles,
Des groupes de cygnes noyés,
Vers des lointains de soie et d’or broyés,
Traînent leurs suicides tranquilles
Parmi des phlox et des jonquilles.
Et du sommet d’un cap d’espace,
D’étranges cris d’oiseaux marins,
Les becs aigus et vipérins,
Chantent la mort à tel qui passe.
Sur ce roc carié que recreuse la mer,
Dites, serai-je seul avec mon âme ?
Aurai-je enfin l’atroce joie
De voir, nerfs après nerfs, comme une proie,
La démence attaquer mon cerveau ?
Et détraqué malade, sorti de la prison
Et des travaux forcés de sa raison,
D’appareiller vers un lointain nouveau ?
Dites, ne plus sentir sa vie escaladée
Par les talons de fer de chaque idée,
Ne plus l’entendre infiniment en soi
Ce cri, toujours identique, ou crainte, ou rage,
Vers le grand inconnu qui dans les cieux voyage :
Croire en la démence ainsi qu’en une foi !
Sur ce roc carié que détraque la mer,
Vieillir, triste rêveur de l’escarpé domaine,
Les chairs mortes, l’espérance en allée,
A rebours de la vie immense et désolée ;
N’entendre plus se taire, en sa maison d’ébène,
Qu’un silence de fer dont auraient peur les morts ;
Traîner de longs pas lourds en de sourds corridors ;
Voir se suivre toujours les mêmes heures,
Sans espérer en des heures meilleures ;
pour à jamais clore telle fenêtre ;
Tel signe au loin ! – un présage vient d’apparaître ;
Autour des vieux salons, aimer les sièges vides
Et les chambres dont les grands lits ont vu mourir
Et chaque soir, sentir, les doigts livides,
La déraison sous ses tempes mûrir.
Sur ce roc carié que ruine la mer,
Dites, serai-je seul enfin avec la mer,
Dites, serai-je seul enfin avec mon âme ?
Et puis mourir – , redevenir rien.
Être quelqu’un qui plus ne se souvient
Et qui s’en va sans glas qui sonne,
Sans cierge en main ni sans personne,
Sans que sache celui qui passe,
Joyeux et clair dans la bonace,
Que le nocturne et angoissant domaine
En deuil de sa maison d’ébène,
Où plus ne brûle aucun flambeau,
Renferme un mort et son tombeau.
Emile Verhaeren "Les Flambeaux noirs"
Sur ce roc carié que fait souffrir la mer,
Quels pas voudront monter encor, dites, quels pas ?
Dites, serai-je seul enfin et quel long glas
Écouterai-je debout devant la mer ?
C’est là que j’ai bâti mon âme.
- Dites, serai-je seul avec mon âme ? -
Mon âme hélas! maison d’ébène,
Où s’est fendu, sans bruit, un soir,
Le grand miroir de mon espoir.
Dites, serai-je seul avec mon âme
En ce nocturne et angoissant domaine ?
Serai-je seul avec mon orgueil noir,
Assis en un fauteuil de haine ?
Serai-je seul, avec ma pâle hyperdulie,
Pour Notre-Dame la Folie ?
Serai-je seul avec la mer
En ce nocturne et angoissant domaine ?
Des crapauds noirs, velus de mousse,
Y dévorent du clair soleil, sur la pelouse.
Un grand pilier ne soutenant plus rien,
Comme un homme, s’érige en une allée,
D’épitaphes de marbre immensément dallée.
Sur un étang d’yeux ouverts et de reptiles,
Des groupes de cygnes noyés,
Vers des lointains de soie et d’or broyés,
Traînent leurs suicides tranquilles
Parmi des phlox et des jonquilles.
Et du sommet d’un cap d’espace,
D’étranges cris d’oiseaux marins,
Les becs aigus et vipérins,
Chantent la mort à tel qui passe.
Sur ce roc carié que recreuse la mer,
Dites, serai-je seul avec mon âme ?
Aurai-je enfin l’atroce joie
De voir, nerfs après nerfs, comme une proie,
La démence attaquer mon cerveau ?
Et détraqué malade, sorti de la prison
Et des travaux forcés de sa raison,
D’appareiller vers un lointain nouveau ?
Dites, ne plus sentir sa vie escaladée
Par les talons de fer de chaque idée,
Ne plus l’entendre infiniment en soi
Ce cri, toujours identique, ou crainte, ou rage,
Vers le grand inconnu qui dans les cieux voyage :
Croire en la démence ainsi qu’en une foi !
Sur ce roc carié que détraque la mer,
Vieillir, triste rêveur de l’escarpé domaine,
Les chairs mortes, l’espérance en allée,
A rebours de la vie immense et désolée ;
N’entendre plus se taire, en sa maison d’ébène,
Qu’un silence de fer dont auraient peur les morts ;
Traîner de longs pas lourds en de sourds corridors ;
Voir se suivre toujours les mêmes heures,
Sans espérer en des heures meilleures ;
pour à jamais clore telle fenêtre ;
Tel signe au loin ! – un présage vient d’apparaître ;
Autour des vieux salons, aimer les sièges vides
Et les chambres dont les grands lits ont vu mourir
Et chaque soir, sentir, les doigts livides,
La déraison sous ses tempes mûrir.
Sur ce roc carié que ruine la mer,
Dites, serai-je seul enfin avec la mer,
Dites, serai-je seul enfin avec mon âme ?
Et puis mourir – , redevenir rien.
Être quelqu’un qui plus ne se souvient
Et qui s’en va sans glas qui sonne,
Sans cierge en main ni sans personne,
Sans que sache celui qui passe,
Joyeux et clair dans la bonace,
Que le nocturne et angoissant domaine
En deuil de sa maison d’ébène,
Où plus ne brûle aucun flambeau,
Renferme un mort et son tombeau.
Emile Verhaeren "Les Flambeaux noirs"
Liberté
Je relève d’un pays où personne ne règne,
Traversé de crevasses et d’oiseaux.
La main trace l’avenir, le cœur ses extrêmes,
Un appel lui donne voiles, une grimace le ternit.
Je relève d’un pays sans fanion, sans amarre,
La mort a ses sentences comme ailleurs;
Demain, son étendue; le printemps, ses preuves.
Il s’y trouve partout d’endroit où se tenir.
Andrée Chedid
Je relève d’un pays où personne ne règne,
Traversé de crevasses et d’oiseaux.
La main trace l’avenir, le cœur ses extrêmes,
Un appel lui donne voiles, une grimace le ternit.
Je relève d’un pays sans fanion, sans amarre,
La mort a ses sentences comme ailleurs;
Demain, son étendue; le printemps, ses preuves.
Il s’y trouve partout d’endroit où se tenir.
Andrée Chedid
Le voyage délivré
Il n’y a pas de murs
Je te le dis Il n’y a pas de murs
Où nous sommes je chante et je demeure
Où nous sommes le présent est sans âge
Si je m’éveille avec l’aurore
Tu es déjà en ma vie
Où nous sommes les sources se délient
L’ancre n’est pas du voyage
Je te le dis.
Andrée Chedid
Il n’y a pas de murs
Je te le dis Il n’y a pas de murs
Où nous sommes je chante et je demeure
Où nous sommes le présent est sans âge
Si je m’éveille avec l’aurore
Tu es déjà en ma vie
Où nous sommes les sources se délient
L’ancre n’est pas du voyage
Je te le dis.
Andrée Chedid
La fleur d’orage
Mes amis, la peine est de ce monde;
La peine est de ce monde, je le sais bien.
Comment deviner, sur la fragile branche,
Le nom des saisons à venir?
La peine est de ce monde, ô mes amis que j’aime,
Mais chaque fleur d’orage porte la graine de demain.
Andrée Chedid
Mes amis, la peine est de ce monde;
La peine est de ce monde, je le sais bien.
Comment deviner, sur la fragile branche,
Le nom des saisons à venir?
La peine est de ce monde, ô mes amis que j’aime,
Mais chaque fleur d’orage porte la graine de demain.
Andrée Chedid
"Mais chaque fleur d’orage porte la graine de demain."
:-))))
:-))))
Métamorphoses I
Invente tes métamorphoses
Il est toujours temps de dépister l’éclair
De t’arracher aux paroles stagnantes
D’abreuver le cœur drainé par trop de soifs
D’écarter l’écorce pour surprendre le noyau
Des confins de la terre et du ciel
Jusqu’aux menées de l’âme
Il n’y a pas de grille à la poursuite
Ni aux fictions.
Andrée Chedid
Invente tes métamorphoses
Il est toujours temps de dépister l’éclair
De t’arracher aux paroles stagnantes
D’abreuver le cœur drainé par trop de soifs
D’écarter l’écorce pour surprendre le noyau
Des confins de la terre et du ciel
Jusqu’aux menées de l’âme
Il n’y a pas de grille à la poursuite
Ni aux fictions.
Andrée Chedid
Métamorphoses II
Où est l’homme
En ce vacarme
En cette lande crevassée ?
Sa voix se perd
Parmi les stridences
Sur sa toile impénétrable
Les fils se sont usés
Quelle main peut le saisir encore
Quel langage le traduire
Quel oeil le fixer ?
Seuls des fragments d’images
Surgissent du repaire des ombres
Écartent de funestes fagots
Infiltrent quelques lueurs
Métamorphosent quelques paroles
En brasiers.
Andrée Chedid
Où est l’homme
En ce vacarme
En cette lande crevassée ?
Sa voix se perd
Parmi les stridences
Sur sa toile impénétrable
Les fils se sont usés
Quelle main peut le saisir encore
Quel langage le traduire
Quel oeil le fixer ?
Seuls des fragments d’images
Surgissent du repaire des ombres
Écartent de funestes fagots
Infiltrent quelques lueurs
Métamorphosent quelques paroles
En brasiers.
Andrée Chedid
Métamorphoses III
L’homme décline puis se recrée
Loin des preuves et des ruines
De chantiers en chantiers
Sous le tain sous l’écorce
Il s’extrait du chaos
Il retisse des jardins
Pour goûter à l’avenir
A sa flore fugitive
A ses grappes éphémères
Et au chant des matins.
Andrée Chedid
L’homme décline puis se recrée
Loin des preuves et des ruines
De chantiers en chantiers
Sous le tain sous l’écorce
Il s’extrait du chaos
Il retisse des jardins
Pour goûter à l’avenir
A sa flore fugitive
A ses grappes éphémères
Et au chant des matins.
Andrée Chedid
Au revers des façades
Je déterre ta face
Enfouie dans l’argile
Dans ta prunelle je déchiffre
Les patiences de l’amour
En ta bouche de silences
Je dissous les trophées
J’explore racines et vents
M’évertuant à te traduire
Loin des masques d’orgueil
Et du geste déguisé
Je te découvre
Au revers des façades
Et des tournures du monde
Loin des courses aux mirages
A rebours du mépris
Je mesure ta place
A l’aulne de l’univers
J’évalue l’exploit
Sur les balances du temps
Tu es ce qui demeure
Quand l’ornement s’éteint.
André Chedid
Je déterre ta face
Enfouie dans l’argile
Dans ta prunelle je déchiffre
Les patiences de l’amour
En ta bouche de silences
Je dissous les trophées
J’explore racines et vents
M’évertuant à te traduire
Loin des masques d’orgueil
Et du geste déguisé
Je te découvre
Au revers des façades
Et des tournures du monde
Loin des courses aux mirages
A rebours du mépris
Je mesure ta place
A l’aulne de l’univers
J’évalue l’exploit
Sur les balances du temps
Tu es ce qui demeure
Quand l’ornement s’éteint.
André Chedid
Le muscle de l'espoir
J'ai traversé des seuils, rencontré le partage
j'imaginais des sons des saveurs des reflets
j'inventais une durée par-delà tout naufrage
J'ai gravé l'avenir dans la moelle du passé
Je réduisais les murs
Transperçais les enceintes
J'ai aimanté les mots
J'ai dansé le silence
Sur les nervures du temps
J'ai comblé d'herbes
Les gouffres les brèches les failles
Enroulé de soleils la spirale des nuits
Au versant des carnages
J'ai sauvegardé l'oiseau.
André Chedid
J'ai traversé des seuils, rencontré le partage
j'imaginais des sons des saveurs des reflets
j'inventais une durée par-delà tout naufrage
J'ai gravé l'avenir dans la moelle du passé
Je réduisais les murs
Transperçais les enceintes
J'ai aimanté les mots
J'ai dansé le silence
Sur les nervures du temps
J'ai comblé d'herbes
Les gouffres les brèches les failles
Enroulé de soleils la spirale des nuits
Au versant des carnages
J'ai sauvegardé l'oiseau.
André Chedid
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