Le Sixième Sens:
De flairer la Mort partout, ça frappe mon sens olfactif,
Ca m'fiche des nausées dans l'cou et des puanteurs dans l'pif,
Car ça chlingue et ça pue, ça se sent, la charogne,
Ca se sent qu'on zigouille et qu'on tue et qu'on cogne,
Mais le Monde enrhumé assiste à la séance,
Se bouche les naseaux et perd son premier sens!
De zieuter la Mort partout, ça frappe mon sens oculaire,
Ca me transforme en hibou aux pupilles hospitalières,
Car ça s'mate et ça s'lorgne et ça s'voit, la charogne,
Ca se voit qu'on zigouille et qu'on tue et qu'on cogne,
Mais le Monde bigleux assiste à la séance,
Se bouche les lampions et perd son deuxième sens!
D'esgourder la Mort partout, ça frappe mon sens auditif,
Ca m'dilate les feuilles de chou et ça m'rend l'tympan convulsif,
Car ça s'ouït, ça s'écoute, ça s'entend, la charogne,
Ca s'entend qu'on zigouille et qu'on tue et qu'on cogne,
Mais le Monde sourdingue assiste à la séance,
Se bouche les étiquettes et perd son troisième sens!
D'grignoter la Mort partout, ça frappe mon sens gustatif,
Ca m'met les crocs en cachous et la bave en vomitif,
Car ça s'goûte, ça se taste, ça s'déguste, la charogne,
Ca s'déguste qu'on zigouille et qu'on tue et qu'on cogne,
Mais le Monde sans goût assiste à la séance,
Se bouche la ganache, perd son quatrième sens!
De tâter la Mort partout, ça frappe mon sens touchatif,
Ca m'fiche les bras en saindoux et les pognes en boules de suif,
Car ça s'touche, ça s'titille, ça s'tripote, la charogne,
Ca s'tripote qu'on zigouille et qu'on tue et qu'on cogne,
Mais le Monde manchot assiste à la séance,
Se bouche les menottes et perd son cinquième sens,
Mais le Monde en torpeur s'endort à la séance
Bien assis sur son cœur, assis sur son bon sens!
Henri Tachan
De flairer la Mort partout, ça frappe mon sens olfactif,
Ca m'fiche des nausées dans l'cou et des puanteurs dans l'pif,
Car ça chlingue et ça pue, ça se sent, la charogne,
Ca se sent qu'on zigouille et qu'on tue et qu'on cogne,
Mais le Monde enrhumé assiste à la séance,
Se bouche les naseaux et perd son premier sens!
De zieuter la Mort partout, ça frappe mon sens oculaire,
Ca me transforme en hibou aux pupilles hospitalières,
Car ça s'mate et ça s'lorgne et ça s'voit, la charogne,
Ca se voit qu'on zigouille et qu'on tue et qu'on cogne,
Mais le Monde bigleux assiste à la séance,
Se bouche les lampions et perd son deuxième sens!
D'esgourder la Mort partout, ça frappe mon sens auditif,
Ca m'dilate les feuilles de chou et ça m'rend l'tympan convulsif,
Car ça s'ouït, ça s'écoute, ça s'entend, la charogne,
Ca s'entend qu'on zigouille et qu'on tue et qu'on cogne,
Mais le Monde sourdingue assiste à la séance,
Se bouche les étiquettes et perd son troisième sens!
D'grignoter la Mort partout, ça frappe mon sens gustatif,
Ca m'met les crocs en cachous et la bave en vomitif,
Car ça s'goûte, ça se taste, ça s'déguste, la charogne,
Ca s'déguste qu'on zigouille et qu'on tue et qu'on cogne,
Mais le Monde sans goût assiste à la séance,
Se bouche la ganache, perd son quatrième sens!
De tâter la Mort partout, ça frappe mon sens touchatif,
Ca m'fiche les bras en saindoux et les pognes en boules de suif,
Car ça s'touche, ça s'titille, ça s'tripote, la charogne,
Ca s'tripote qu'on zigouille et qu'on tue et qu'on cogne,
Mais le Monde manchot assiste à la séance,
Se bouche les menottes et perd son cinquième sens,
Mais le Monde en torpeur s'endort à la séance
Bien assis sur son cœur, assis sur son bon sens!
Henri Tachan
Les Lettres D'amour
Les lettres d'amour,
Sur beau papier bleu,
Ecrites, quatre jours,
Quatre jours sur deux,
Pour quelque princesse
De quatorze années,
Pour quelque déesse
En boutons d'acné
Plus tard, bien plus tard,
Quand la Vie commence,
Quand tombent les feuilles
Et les dents de lait,
Au premier regard,
A la première danse,
Au premier clin d'œil,
A la première plaie...
Ces lettres d'extase,
Du premier aveu,
Et de pauvres phrases
A la queue leu leu,
On se les rappelle,
On en rit beaucoup,
On les amoncelle,
On les porte au clou!
Les lettres d'un jour,
Les lettres postiches,
Les lettres d'atours,
Les lettres qui trichent,
Pour quelque héritière
Venue d'Amérique,
Pour quelque épicière
Dans l'arrière-boutique,
Plus tard, bien plus tard,
Quand la Vie est là,
Quand poussent, deux par deux,
Les dents de sagesse,
Et qu'on redémarre,
Avec celle-là,
Une vie à deux
Pleine de tendresse...
Ces lettres sournoises,
D'un trop sale enjeu,
Et de périphrases,
Tirées par les ch'veux,
On se les rappelle,
On en rit beaucoup,
On les amoncelle,
On les porte au clou!
Les lettres d'amour,
Les lettres jaunies,
Sous ruban d'velours
Papiers d'Arménie,
Pour tous ces amours
D'une pauvre vie,
Pour tous ces toujours,
Mille fois redits,
Plus tard, bien plus tard,
Au dernier carat,
Quand la main soupire,
Que la Vie s'en va,
Lorsque le regard
Jamais ne pourra,
Jamais plus relire
Tous ces trésors-là...
Ces simples voyelles
Mises bout à bout,
On se les rappelle,
On les pleure beaucoup,
On les amoncelle,
Tout autour de nous,
En fleurs immortelles,
En derniers bijoux!
Henri Tachan
Les lettres d'amour,
Sur beau papier bleu,
Ecrites, quatre jours,
Quatre jours sur deux,
Pour quelque princesse
De quatorze années,
Pour quelque déesse
En boutons d'acné
Plus tard, bien plus tard,
Quand la Vie commence,
Quand tombent les feuilles
Et les dents de lait,
Au premier regard,
A la première danse,
Au premier clin d'œil,
A la première plaie...
Ces lettres d'extase,
Du premier aveu,
Et de pauvres phrases
A la queue leu leu,
On se les rappelle,
On en rit beaucoup,
On les amoncelle,
On les porte au clou!
Les lettres d'un jour,
Les lettres postiches,
Les lettres d'atours,
Les lettres qui trichent,
Pour quelque héritière
Venue d'Amérique,
Pour quelque épicière
Dans l'arrière-boutique,
Plus tard, bien plus tard,
Quand la Vie est là,
Quand poussent, deux par deux,
Les dents de sagesse,
Et qu'on redémarre,
Avec celle-là,
Une vie à deux
Pleine de tendresse...
Ces lettres sournoises,
D'un trop sale enjeu,
Et de périphrases,
Tirées par les ch'veux,
On se les rappelle,
On en rit beaucoup,
On les amoncelle,
On les porte au clou!
Les lettres d'amour,
Les lettres jaunies,
Sous ruban d'velours
Papiers d'Arménie,
Pour tous ces amours
D'une pauvre vie,
Pour tous ces toujours,
Mille fois redits,
Plus tard, bien plus tard,
Au dernier carat,
Quand la main soupire,
Que la Vie s'en va,
Lorsque le regard
Jamais ne pourra,
Jamais plus relire
Tous ces trésors-là...
Ces simples voyelles
Mises bout à bout,
On se les rappelle,
On les pleure beaucoup,
On les amoncelle,
Tout autour de nous,
En fleurs immortelles,
En derniers bijoux!
Henri Tachan
Le Baiser (II)
Comme une ville qui s’allume
Et que le vent vient d’embraser,
Tout mon cœur brûle et se consume,
J’ai soif, oh ! j’ai soif d’un baiser.
Baiser de la bouche et des lèvres
Où notre amour vient se poser,
Plein de délices et de fièvres,
Ah ! j’ai soif, j’ai soif d’un baiser !
Baiser multiplié que l’homme
Ne pourra jamais épuiser,
Ô toi, que tout mon être nomme,
J’ai soif, oui, j’ai soif d’un baiser.
Fruit doux où la lèvre s’amuse,
Beau fruit qui rit de s’écraser,
Qu’il se donne ou qu’il se refuse,
Je veux vivre pour ce baiser.
Baiser d’amour qui règne et sonne
Au cœur battant à se briser,
Qu’il se refuse ou qu’il se donne,
Je veux mourir de ce baiser.
Germain Nouveau
Comme une ville qui s’allume
Et que le vent vient d’embraser,
Tout mon cœur brûle et se consume,
J’ai soif, oh ! j’ai soif d’un baiser.
Baiser de la bouche et des lèvres
Où notre amour vient se poser,
Plein de délices et de fièvres,
Ah ! j’ai soif, j’ai soif d’un baiser !
Baiser multiplié que l’homme
Ne pourra jamais épuiser,
Ô toi, que tout mon être nomme,
J’ai soif, oui, j’ai soif d’un baiser.
Fruit doux où la lèvre s’amuse,
Beau fruit qui rit de s’écraser,
Qu’il se donne ou qu’il se refuse,
Je veux vivre pour ce baiser.
Baiser d’amour qui règne et sonne
Au cœur battant à se briser,
Qu’il se refuse ou qu’il se donne,
Je veux mourir de ce baiser.
Germain Nouveau
Après un poème comme celui là on laisse passer un blanc....:-))
Un voeu
décida de s'exaucer
Mais il fallait avant tout pour cela
devenir possibilité
Comment y parvenir cela n'était pas clair
Les voeux n'ont pas de limites
or le possible
obéit à des règles srictes
il est vérifiable
et n'a rien d'utopique
Le moment précis de l'accomplissement
devint le sujet d'une querelle d'érudits
En tout cas à cette époque
catégoriquement à tout jamais
tous les chiens cessèrent d'aboyer
Les avantages de cette
mutation
que rien n'expliquait, si ce n'est qu'elle venait d'un voeu
apparurent bientôt
Le silence qui s'imposa ainsi
abaissa la tension artérielle
le traumatisme de la petite enfance
disparut des statistiques
et de vieux ennemis
se serrèrent la main
Les cambrioleurs se réjouirent aussi
mais leur joie fut prématurée
car désormais les chiens
les mordaient tout de suite
Hélas dans leur élan les chiens mordaient
aussi des membres de la famille
et ne s'arrêtèrent même pas
devant
le grand gourou Grammaswami
Les amis des bêtes manifestèrent
ce qui mit en rage
les protecteurs de l'être humain
Finalement, les hommes se mirent eux aussi à mordre
furieusement ce qui passait à leur portée
que leur restait-il d'autre
chacun mordait chacun
et le monde redevint logique et compréhensible
Alfred Brendel
décida de s'exaucer
Mais il fallait avant tout pour cela
devenir possibilité
Comment y parvenir cela n'était pas clair
Les voeux n'ont pas de limites
or le possible
obéit à des règles srictes
il est vérifiable
et n'a rien d'utopique
Le moment précis de l'accomplissement
devint le sujet d'une querelle d'érudits
En tout cas à cette époque
catégoriquement à tout jamais
tous les chiens cessèrent d'aboyer
Les avantages de cette
mutation
que rien n'expliquait, si ce n'est qu'elle venait d'un voeu
apparurent bientôt
Le silence qui s'imposa ainsi
abaissa la tension artérielle
le traumatisme de la petite enfance
disparut des statistiques
et de vieux ennemis
se serrèrent la main
Les cambrioleurs se réjouirent aussi
mais leur joie fut prématurée
car désormais les chiens
les mordaient tout de suite
Hélas dans leur élan les chiens mordaient
aussi des membres de la famille
et ne s'arrêtèrent même pas
devant
le grand gourou Grammaswami
Les amis des bêtes manifestèrent
ce qui mit en rage
les protecteurs de l'être humain
Finalement, les hommes se mirent eux aussi à mordre
furieusement ce qui passait à leur portée
que leur restait-il d'autre
chacun mordait chacun
et le monde redevint logique et compréhensible
Alfred Brendel
Trois bouquets de fleurs auprès du lit parmi les livres
La paix qui s'installe ici à cause de toi
Le premier bouquet pour l'enfant que nous ne ferons pas
Le second pour le chant des hommes dont nous sommes séparés
Le troisième parce que tu m'aimes, des œillets
Trois bouquets de fleurs auprès du lit parmi les livres
Un jour nous cesserons de fuir ô mon enfant
Un jour nous nous retrouverons, je te dirai : tu as vieilli
Sur une berge triste dans le limon tu es belle et transie
Compagnons, recouvrez notre amour de vos voix humaines
Manteau des révoltes, manteau de laine, celle que j'aime a froid
La paix qui s'installe ici à cause de toi
Le premier bouquet pour l'enfant que nous ne ferons pas
Le second pour le chant des hommes dont nous sommes séparés
Le troisième parce que tu m'aimes, des œillets
Trois bouquets de fleurs auprès du lit parmi les livres
Un jour nous cesserons de fuir ô mon enfant
Un jour nous nous retrouverons, je te dirai : tu as vieilli
Sur une berge triste dans le limon tu es belle et transie
Compagnons, recouvrez notre amour de vos voix humaines
Manteau des révoltes, manteau de laine, celle que j'aime a froid
Oh c'est bien beau Berthus!
mais de qui?
mais de qui?
Oh c'est bien beau Berthus!
mais de qui?
ah! mince j'ai oublié d'écrire l'auteur !!! Jacques Bertin, of course !
Paroles d’un Amant
Au courant de l’amour lorsque je m’abandonne,
Dans le torrent divin quand je plonge enivré,
Et presse éperdument sur mon sein qui frissonne
Un être idolâtre.
Je sais que je n’étreins qu’une forme fragile,
Qu’elle peut à l’instant se glacer sous ma main,
Que ce cœur tout à moi, fait de flamme et d’argile,
Sera cendre demain ;
Qu’il n’en sortira rien, rien, pas une étincelle
Qui s’élance et remonte à son foyer lointain :
Un peu de terre en hâte, une pierre qu’on scelle,
Et tout est bien éteint.
Et l’on viendrait serein, à cette heure dernière,
Quand des restes humains le souffle a déserté,
Devant ces froids débris, devant cette poussière
Parler d’éternité !
L’éternité ! Quelle est cette étrange menace ?
A l’amant qui gémit, sous son deuil écrase,
Pourquoi jeter ce mot qui terrifie et glace
Un cœur déjà brisé ?
Quoi ! le ciel, en dépit de la fosse profonde,
S’ouvrirait à l’objet de mon amour jaloux ?
C’est assez d’un tombeau, je ne veux pas d’un monde
Se dressant entre nous.
On me répond en vain pour calmer mes alarmes !
« L’être dont sans pitié la mort te sépara,
Ce ciel que tu maudis, dans le trouble et les larmes,
Le ciel te le rendra. »
Me le rendre, grand Dieu ! mais ceint d’une auréole,
Rempli d’autres pensers, brûlant d’une autre ardeur,
N’ayant plus rien en soi de cette chère idole
Qui vivait sur mon cœur !
Ah! j’aime mieux cent fois que tout meure avec elle,
Ne pas la retrouver, ne jamais la revoir ;
La douleur qui me navre est certes moins cruelle
Que votre affreux espoir.
Tant que je sens encor, sous ma moindre caresse,
Un sein vivant frémir et battre à coups pressés,
Qu’au-dessus du néant un même flot d’ivresse
Nous soulève enlacés,
Sans regret inutile et sans plaintes amères,
Par la réalité je me laisse ravir.
Non, mon cœur ne s’est pas jeté sur des chimères :
Il sait où s’assouvir.
Qu’ai-je affaire vraiment de votre là-haut morne,
Moi qui ne suis qu’élan, que tendresse et transports ?
Mon ciel est ici-bas, grand ouvert et sans borne ;
Je m’y lance, âme et corps.
Durer n’est rien. Nature, ô créatrice, ô mère !
Quand sous ton œil divin un couple s’est uni,
Qu’importe à leur amour qu’il se sache éphémère
S’il se sent infini ?
C’est une volupté, mais terrible et sublime,
De jeter dans le vide un regard éperdu,
Et l’on s’étreint plus fort lorsque sur un abîme
On se voit suspendu.
Quand la Mort serait là, quand l’attache invisible
Soudain se délierait qui nous retient encor,
Et quand je sentirais dans une angoisse horrible
M’échapper mon trésor,
Je ne faiblirais pas. Fort de ma douleur même,
Tout entier à l’adieu qui va nous séparer,
J’aurais assez d’amour en cet instant suprême
Pour ne rien espérer.
Louise Ackermann
Au courant de l’amour lorsque je m’abandonne,
Dans le torrent divin quand je plonge enivré,
Et presse éperdument sur mon sein qui frissonne
Un être idolâtre.
Je sais que je n’étreins qu’une forme fragile,
Qu’elle peut à l’instant se glacer sous ma main,
Que ce cœur tout à moi, fait de flamme et d’argile,
Sera cendre demain ;
Qu’il n’en sortira rien, rien, pas une étincelle
Qui s’élance et remonte à son foyer lointain :
Un peu de terre en hâte, une pierre qu’on scelle,
Et tout est bien éteint.
Et l’on viendrait serein, à cette heure dernière,
Quand des restes humains le souffle a déserté,
Devant ces froids débris, devant cette poussière
Parler d’éternité !
L’éternité ! Quelle est cette étrange menace ?
A l’amant qui gémit, sous son deuil écrase,
Pourquoi jeter ce mot qui terrifie et glace
Un cœur déjà brisé ?
Quoi ! le ciel, en dépit de la fosse profonde,
S’ouvrirait à l’objet de mon amour jaloux ?
C’est assez d’un tombeau, je ne veux pas d’un monde
Se dressant entre nous.
On me répond en vain pour calmer mes alarmes !
« L’être dont sans pitié la mort te sépara,
Ce ciel que tu maudis, dans le trouble et les larmes,
Le ciel te le rendra. »
Me le rendre, grand Dieu ! mais ceint d’une auréole,
Rempli d’autres pensers, brûlant d’une autre ardeur,
N’ayant plus rien en soi de cette chère idole
Qui vivait sur mon cœur !
Ah! j’aime mieux cent fois que tout meure avec elle,
Ne pas la retrouver, ne jamais la revoir ;
La douleur qui me navre est certes moins cruelle
Que votre affreux espoir.
Tant que je sens encor, sous ma moindre caresse,
Un sein vivant frémir et battre à coups pressés,
Qu’au-dessus du néant un même flot d’ivresse
Nous soulève enlacés,
Sans regret inutile et sans plaintes amères,
Par la réalité je me laisse ravir.
Non, mon cœur ne s’est pas jeté sur des chimères :
Il sait où s’assouvir.
Qu’ai-je affaire vraiment de votre là-haut morne,
Moi qui ne suis qu’élan, que tendresse et transports ?
Mon ciel est ici-bas, grand ouvert et sans borne ;
Je m’y lance, âme et corps.
Durer n’est rien. Nature, ô créatrice, ô mère !
Quand sous ton œil divin un couple s’est uni,
Qu’importe à leur amour qu’il se sache éphémère
S’il se sent infini ?
C’est une volupté, mais terrible et sublime,
De jeter dans le vide un regard éperdu,
Et l’on s’étreint plus fort lorsque sur un abîme
On se voit suspendu.
Quand la Mort serait là, quand l’attache invisible
Soudain se délierait qui nous retient encor,
Et quand je sentirais dans une angoisse horrible
M’échapper mon trésor,
Je ne faiblirais pas. Fort de ma douleur même,
Tout entier à l’adieu qui va nous séparer,
J’aurais assez d’amour en cet instant suprême
Pour ne rien espérer.
Louise Ackermann
C'est cela l'important, dire "Je meurs", et le ressassant jusqu'à l'exaspération, sentir monter également intense l'exaspération devant ce qui, faisant mêlée, halète à l'autre bout de soi, et qu'on salue, sachant seulement que cela existe, à l'autre bout de soi.
Elle morte étendue dans ses plis laissant la mort envisager les plis qui la reçurent avant tout autre, qui l'embrassèrent avant que quelqu'un entre - quelque autre avec ses plis, entre. Les draps montrent partout le chemin de son corps, en haut, en bas; indiquant à son corps le chemin qu'il prend - le chemin caché sur son corps - Je sais que je suis important pour cela, dans la lumière. Que je ne le serai pas sans cela.
Cette maison n'accueille pas ceux qui ne la rident pas, ne l'usent pas, ne l'envahissent pas dans leur propre et intime voyage, de l'intimité lourde dans leurs jambes, laquelle transforma leur fatigue en conquête. A la longue les yeux se ferment et chaque membre, chaque extrémité du corps, va poser sa selle, l'ajuste au garrot de l'invisible et va son chemin, va alimenter sa faute, sa transparence, va transpirer derrière les meubles.
Des mots qui ne peuvent rien dire de ce qu'ils ont aimé, des mots qui ne se souviendraient que de la neige, des mots de la neige, des mots qui sont montés trop haut dans leur neige pour qu'on vienne les chercher, des mots qu'on ne viendra pas chercher, ici dans leur neige, sinon untel qui ne pourrait plus vivre sinon dans la neige. Un seul qui marche dans son langage, vers le Nord, vers les choses qui parlent le Nord de leur langage, devant lui.
Un seul dis-je, que devenu gris décrivait mais que désireux de s'éprendre du blanc suffirait seul à signifier, à construire, immobile, dans son futur. Car il serait prêt à bouger, il consentirait à faire un geste, pourvu que blanc, pourvu que fenêtre qu'il ferme continue l'entreprise, pour elle et contre lui, savoir,
de ne pas la briser parce qu'il tient son sexe de la main gauche, parce qu'il est malade il va et vient sur son sexe, lui dans la main, pour le rendre droit, rien que pour cela, c'est assez, c'est beaucoup, le plus souvent possible le plus vite possible, pour ne pas être toujours brisé dans sa tête, pour ne pas faire l'amour, s'il doit le faire encore, il doit, avec sa tête, mais avec son sexe droit, avec son sexe droit d'homme allé au nord des choses, au bout des choses pourvu que blanc, pourvu que ce soit sa main à elle qui ferme la fenêtre, cela suffirait seul à ce qu'il ait un avenir. Cela suffirait à ce qu'il s'endorme, qu'il s'endorme sans elle avec cela qu'elle est encore une fois, encore une fois qu'elle est la première fois lui et elle allés au nord des choses (elle au nord, lui au nord) lui d'abord et sans pudeur pour elle, pour l'avenir sans pudeur qu'elle est : son visage, sa bouche, son ventre. Mais c'est une façon de voir, de les appeler par leur nom, partout de les défendre et d'aimer leur proéminence.
A la troisième personne comme si j'avais touché quelque chose et ne sachant plus comment avancer ni pourquoi, mes veines, miraculeusement se sont refermées, et de nouveau j'avance : je meurs et cela m'impressionne.
Incipit de "Dire je meurs", Guy Viarre
Elle morte étendue dans ses plis laissant la mort envisager les plis qui la reçurent avant tout autre, qui l'embrassèrent avant que quelqu'un entre - quelque autre avec ses plis, entre. Les draps montrent partout le chemin de son corps, en haut, en bas; indiquant à son corps le chemin qu'il prend - le chemin caché sur son corps - Je sais que je suis important pour cela, dans la lumière. Que je ne le serai pas sans cela.
Cette maison n'accueille pas ceux qui ne la rident pas, ne l'usent pas, ne l'envahissent pas dans leur propre et intime voyage, de l'intimité lourde dans leurs jambes, laquelle transforma leur fatigue en conquête. A la longue les yeux se ferment et chaque membre, chaque extrémité du corps, va poser sa selle, l'ajuste au garrot de l'invisible et va son chemin, va alimenter sa faute, sa transparence, va transpirer derrière les meubles.
Des mots qui ne peuvent rien dire de ce qu'ils ont aimé, des mots qui ne se souviendraient que de la neige, des mots de la neige, des mots qui sont montés trop haut dans leur neige pour qu'on vienne les chercher, des mots qu'on ne viendra pas chercher, ici dans leur neige, sinon untel qui ne pourrait plus vivre sinon dans la neige. Un seul qui marche dans son langage, vers le Nord, vers les choses qui parlent le Nord de leur langage, devant lui.
Un seul dis-je, que devenu gris décrivait mais que désireux de s'éprendre du blanc suffirait seul à signifier, à construire, immobile, dans son futur. Car il serait prêt à bouger, il consentirait à faire un geste, pourvu que blanc, pourvu que fenêtre qu'il ferme continue l'entreprise, pour elle et contre lui, savoir,
de ne pas la briser parce qu'il tient son sexe de la main gauche, parce qu'il est malade il va et vient sur son sexe, lui dans la main, pour le rendre droit, rien que pour cela, c'est assez, c'est beaucoup, le plus souvent possible le plus vite possible, pour ne pas être toujours brisé dans sa tête, pour ne pas faire l'amour, s'il doit le faire encore, il doit, avec sa tête, mais avec son sexe droit, avec son sexe droit d'homme allé au nord des choses, au bout des choses pourvu que blanc, pourvu que ce soit sa main à elle qui ferme la fenêtre, cela suffirait seul à ce qu'il ait un avenir. Cela suffirait à ce qu'il s'endorme, qu'il s'endorme sans elle avec cela qu'elle est encore une fois, encore une fois qu'elle est la première fois lui et elle allés au nord des choses (elle au nord, lui au nord) lui d'abord et sans pudeur pour elle, pour l'avenir sans pudeur qu'elle est : son visage, sa bouche, son ventre. Mais c'est une façon de voir, de les appeler par leur nom, partout de les défendre et d'aimer leur proéminence.
A la troisième personne comme si j'avais touché quelque chose et ne sachant plus comment avancer ni pourquoi, mes veines, miraculeusement se sont refermées, et de nouveau j'avance : je meurs et cela m'impressionne.
Incipit de "Dire je meurs", Guy Viarre
Waouh! dans un genre différent ces deux poèmes sont très forts!
Merci messieurs!
Merci messieurs!
Waouh! dans un genre différent ces deux poèmes sont très forts!
Merci messieurs!
De rien Piero...
Waouh! dans un genre différent ces deux poèmes sont très forts!
Merci messieurs!
je n'aurais pas dit mieux ! j'apprécie énormément : merci
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Guy Viarre, voici un petit site avec quelques textes (dont des extraits de "Dire je meurs") :
http://kerys.free.fr/poetes/guyv.htm
http://kerys.free.fr/poetes/guyv.htm
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Guy Viarre, voici un petit site avec quelques textes (dont des extraits de "Dire je meurs") :
http://kerys.free.fr/poetes/guyv.htm
Merci Palorel...
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Guy Viarre, voici un petit site avec quelques textes (dont des extraits de "Dire je meurs") :
http://kerys.free.fr/poetes/guyv.htm
merci !
Merci !
Merci!
Et un sourire
La nuit n'est jamais complète
Il y a toujours puisque je le dis
Puisque je l'affirme
Au bout du chagrin une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler faim à satisfaire
Un cœur généreux
Une main tendue une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie la vie à se partager
Paul Eluard
La nuit n'est jamais complète
Il y a toujours puisque je le dis
Puisque je l'affirme
Au bout du chagrin une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler faim à satisfaire
Un cœur généreux
Une main tendue une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie la vie à se partager
Paul Eluard
Même si je l'ai déjà mis ici
Même si tout le monde le connait
Je ne résiste pas
Si
Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être que penseur ;
Si tu sais être dur, sans jamais être en rage,
Si tu sais être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral et pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois les Dieux la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme mon fils !
Rudyard Kipling
Même si tout le monde le connait
Je ne résiste pas
Si
Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être que penseur ;
Si tu sais être dur, sans jamais être en rage,
Si tu sais être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral et pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois les Dieux la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme mon fils !
Rudyard Kipling
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