CANTIQUE PAÏEN
Je suis parti sans savoir où
Comme une graine qu'un vent fou
Enlève et transporte :
A la ville où je suis allé
J'ai langui comme un brin de blé
Dans la friche morte
Notre Dame des Sillons!
Ma bonne Sainte Vierge, à moi !
Dont les anges sont les grillons
O Terre! Je reviens vers toi !
J'ai dit bonjour à bien des gens
Mais ces hommes étaient méchants
Comme moi sans doute.
L'amour m'a fait saigner un jour
Et puis j'ai fait saigner l'Amour
Au long de ma route.
Je suis descendu bien souvent
Jusqu'au cabaret où l'on vend
L'ivresse trop brève;
J'ai fixé le ciel étoilé
Mais le ciel, hélas! m'a semblé
Trop haut pour mon rêve.
Las de chercher là-haut, là-bas
Tout ce que je n'y trouve pas
Je reviens vers celle
Dont le sang coule dans mon sang
Et dont le grand coeur caressant
Aujourd'hui m'appelle.
Au doux terroir où je suis né
Je reviens pour me prosterner
Devant les miracles
De celle dont les champs sans fin
De notre pain de notre vin
Sont les tabernacles.
Je reviens parmi les guérets
Pour gonfler de son souffle frais
Ma poitrine infâme,
Et pour sentir, au seuil du soir,
Son âme, comme un reposoir
S'offrir à mon âme.
Je reviens, ayant rejeté
Mes noirs tourments de révolté
Mes haines de Jacques,
Pour que sa Grâce arrive en moi
Comme le dieu que l'on reçoit
Quand on fait ses Pâques.
Gaston Couté
Je suis parti sans savoir où
Comme une graine qu'un vent fou
Enlève et transporte :
A la ville où je suis allé
J'ai langui comme un brin de blé
Dans la friche morte
Notre Dame des Sillons!
Ma bonne Sainte Vierge, à moi !
Dont les anges sont les grillons
O Terre! Je reviens vers toi !
J'ai dit bonjour à bien des gens
Mais ces hommes étaient méchants
Comme moi sans doute.
L'amour m'a fait saigner un jour
Et puis j'ai fait saigner l'Amour
Au long de ma route.
Je suis descendu bien souvent
Jusqu'au cabaret où l'on vend
L'ivresse trop brève;
J'ai fixé le ciel étoilé
Mais le ciel, hélas! m'a semblé
Trop haut pour mon rêve.
Las de chercher là-haut, là-bas
Tout ce que je n'y trouve pas
Je reviens vers celle
Dont le sang coule dans mon sang
Et dont le grand coeur caressant
Aujourd'hui m'appelle.
Au doux terroir où je suis né
Je reviens pour me prosterner
Devant les miracles
De celle dont les champs sans fin
De notre pain de notre vin
Sont les tabernacles.
Je reviens parmi les guérets
Pour gonfler de son souffle frais
Ma poitrine infâme,
Et pour sentir, au seuil du soir,
Son âme, comme un reposoir
S'offrir à mon âme.
Je reviens, ayant rejeté
Mes noirs tourments de révolté
Mes haines de Jacques,
Pour que sa Grâce arrive en moi
Comme le dieu que l'on reçoit
Quand on fait ses Pâques.
Gaston Couté
Tu sais, je sais, tu sais
qu'inévitablement un jour, tu sais
la vie, la vie bénie, tu sais,
un jour nous trahira.
Tu sais, je sais, tu sais
qu'irrémédiablement en nous, tu sais
la vie dans tes yeux, dans les miens,
peu à peu s'éteindra.
Tu sais, je sais, tu sais
qu'irrémédiablement pour nous, tu sais
la vie comme un parfum léger,
un jour s'effacera.
Tu sais, je sais, tu sais
qu'inexorablement, comme une fleur séchée,
comme un oiseau meurtri,
de nos mains s'envolera.
Et ce jour-là tu sais,
qu'irrésistiblement nos âmes enlacées,
renaîtront à la vie,
comme un matin d'été.
Tu sais, je sais, tu sais.
Jacques Douai
qu'inévitablement un jour, tu sais
la vie, la vie bénie, tu sais,
un jour nous trahira.
Tu sais, je sais, tu sais
qu'irrémédiablement en nous, tu sais
la vie dans tes yeux, dans les miens,
peu à peu s'éteindra.
Tu sais, je sais, tu sais
qu'irrémédiablement pour nous, tu sais
la vie comme un parfum léger,
un jour s'effacera.
Tu sais, je sais, tu sais
qu'inexorablement, comme une fleur séchée,
comme un oiseau meurtri,
de nos mains s'envolera.
Et ce jour-là tu sais,
qu'irrésistiblement nos âmes enlacées,
renaîtront à la vie,
comme un matin d'été.
Tu sais, je sais, tu sais.
Jacques Douai
L'AMOUR QUI S' FOUT DE TOUT
Le gas était un tâcheron
N'ayant que ses bras pour fortune ;
La fille : celle du patron,
Un gros fermier de la commune.
Ils s'aimaient tous deux tant et plus.
Ecoutez ça, les bonnes gens
Petits de coeur et gros d'argent !
L'Amour, ça se fout des écus !
Lorsqu'ils s'en revenaient du bal
Par les minuits clairs d'assemblée,
Au risque d'un procès-verbal,
Ils faisaient de larges roulées
Au plein des blés profonds et droits,
Ecoutez ça, les bonnes gens
Qu'un bicorne rend grelottants !
L'Amour, ça se fout de la Loi !
Un jour, furent tous deux prier
Elle : son père ! Et lui : son maître !
De les laisser se marier.
Mais le vieux les envoya paître ;
Lors, ils prirent la clé des champs.
Ecoutez ça, les bonnes gens
Qui respectez les cheveux blancs !
L'Amour, ça se fout des parents !
S'en furent dans quelque cité,
Loin des labours et des jachères ;
Passèrent ensemble un été,
Puis, tout d'un coup, ils se fâchèrent
Et se quittèrent bêtement.
Ecoutez ça, les bonnes gens
Mariés, cocus et contents !
L'Amour, ça se fout des amants !
Gaston Couté
Le gas était un tâcheron
N'ayant que ses bras pour fortune ;
La fille : celle du patron,
Un gros fermier de la commune.
Ils s'aimaient tous deux tant et plus.
Ecoutez ça, les bonnes gens
Petits de coeur et gros d'argent !
L'Amour, ça se fout des écus !
Lorsqu'ils s'en revenaient du bal
Par les minuits clairs d'assemblée,
Au risque d'un procès-verbal,
Ils faisaient de larges roulées
Au plein des blés profonds et droits,
Ecoutez ça, les bonnes gens
Qu'un bicorne rend grelottants !
L'Amour, ça se fout de la Loi !
Un jour, furent tous deux prier
Elle : son père ! Et lui : son maître !
De les laisser se marier.
Mais le vieux les envoya paître ;
Lors, ils prirent la clé des champs.
Ecoutez ça, les bonnes gens
Qui respectez les cheveux blancs !
L'Amour, ça se fout des parents !
S'en furent dans quelque cité,
Loin des labours et des jachères ;
Passèrent ensemble un été,
Puis, tout d'un coup, ils se fâchèrent
Et se quittèrent bêtement.
Ecoutez ça, les bonnes gens
Mariés, cocus et contents !
L'Amour, ça se fout des amants !
Gaston Couté
J'adore Gaston Couté!
Pieronnelle, ta petite histoire émouvante sur conv et bad m'a rappelé un poème apprit à l'école :
Alfred de VIGNY (1797-1863)
La mort du loup
I
Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.
Nous marchions sans parler, dans l'humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. -- Ni le bois, ni la plaine
Ne poussait un soupir dans les airs ; Seulement
La girouette en deuil criait au firmament ;
Car le vent élevé bien au dessus des terres,
N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d'en-bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
Rien ne bruissait donc, lorsque baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête
A regardé le sable en s'y couchant ; Bientôt,
Lui que jamais ici on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçait la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux,
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions pas à pas en écartant les branches.
Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,
J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse ;
Mais les enfants du loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,
Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa louve reposait comme celle de marbre
Qu'adorait les romains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
II
J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l'attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux la belle et sombre veuve
Ne l'eût pas laissé seul subir la grande épreuve ;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l'homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.
Hélas ! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,
Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes !
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C'est vous qui le savez, sublimes animaux !
A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse
Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.
- Ah ! je t'ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur !
Il disait : " Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
Gémir, pleurer, prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler,
Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. "
Alfred de VIGNY (1797-1863)
La mort du loup
I
Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.
Nous marchions sans parler, dans l'humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. -- Ni le bois, ni la plaine
Ne poussait un soupir dans les airs ; Seulement
La girouette en deuil criait au firmament ;
Car le vent élevé bien au dessus des terres,
N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d'en-bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
Rien ne bruissait donc, lorsque baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête
A regardé le sable en s'y couchant ; Bientôt,
Lui que jamais ici on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçait la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux,
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions pas à pas en écartant les branches.
Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,
J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse ;
Mais les enfants du loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,
Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa louve reposait comme celle de marbre
Qu'adorait les romains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
II
J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l'attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux la belle et sombre veuve
Ne l'eût pas laissé seul subir la grande épreuve ;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l'homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.
Hélas ! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,
Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes !
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C'est vous qui le savez, sublimes animaux !
A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse
Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.
- Ah ! je t'ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur !
Il disait : " Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
Gémir, pleurer, prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler,
Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. "
Magnifique poème Jane! Merci!
"A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse
Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse."
Oh que oui!
"A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse
Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse."
Oh que oui!
Magnifique Jeyre , moi aussi je l'ai apprise à l'école ... j'ai eu grand plaisir à le relire en entier ; merci !
je la refais :
Magnifique , Jeyre ! moi aussi je l'ai apprise à l'école ... j'ai eu grand plaisir à la relire en entier ; merci !
Magnifique , Jeyre ! moi aussi je l'ai apprise à l'école ... j'ai eu grand plaisir à la relire en entier ; merci !
Ici
la nuit tarde à se dire
les nuages
tâtonnent dans les gris
la mer a cessé de tisser
le linceul des vents
elle a fui
ravie par des rêves hauturiers
des ganivelles cavalent dans les dunes
refusant les mauvais conseils du sable
échappée vers cette nuit qui tarde
à frapper les trois coups
C'étaient
ciels bousculés plages insomnieuses
et dunes inquiètes
sous le ressac des oyats
piétinant leur fuite
c'était
un temps besogneux
à taquiner les vieilles croyances
à dégriser la mer
et à lui arracher des aveux
c'était
un hiver cambré
où les sentiers s'envolaient
sous les rafales de pluies
la lumière mise à distance
par ce gris questionnant la nuit
et l'ombre percluse des palissades
radotant à chaque ration de vent
ses douleurs
sa mémoire menue
c'était
Alain Le Beuze dans "Brasure" chez Apogée
Pendant que je tapais ce poème, le dernier morceau de jour s'est enfui.
Ce poème a le don de me remettre devant le jour qui fuyait, tant de fois vu, sur une immense plage avec, derrière moi, les oyats, les ganivelles, et devant, souvent, au-dessus de cette mer fuyante, tous ces gris qui s'apprêtaient à devenir invisibles dans le noir.
Magie de l'écriture qui permet de trouver une émotion intacte.
la nuit tarde à se dire
les nuages
tâtonnent dans les gris
la mer a cessé de tisser
le linceul des vents
elle a fui
ravie par des rêves hauturiers
des ganivelles cavalent dans les dunes
refusant les mauvais conseils du sable
échappée vers cette nuit qui tarde
à frapper les trois coups
C'étaient
ciels bousculés plages insomnieuses
et dunes inquiètes
sous le ressac des oyats
piétinant leur fuite
c'était
un temps besogneux
à taquiner les vieilles croyances
à dégriser la mer
et à lui arracher des aveux
c'était
un hiver cambré
où les sentiers s'envolaient
sous les rafales de pluies
la lumière mise à distance
par ce gris questionnant la nuit
et l'ombre percluse des palissades
radotant à chaque ration de vent
ses douleurs
sa mémoire menue
c'était
Alain Le Beuze dans "Brasure" chez Apogée
Pendant que je tapais ce poème, le dernier morceau de jour s'est enfui.
Ce poème a le don de me remettre devant le jour qui fuyait, tant de fois vu, sur une immense plage avec, derrière moi, les oyats, les ganivelles, et devant, souvent, au-dessus de cette mer fuyante, tous ces gris qui s'apprêtaient à devenir invisibles dans le noir.
Magie de l'écriture qui permet de trouver une émotion intacte.
Garance : tu m'arraches des larmes ...
Garance : tu m'arraches des larmes ...
Berthus, je pensais que pour pouvoir être ému par ce poème il fallait avoir vécu ces émotions; dis, où est-elle la mer qui t'émeut tant ?
Garance : tu m'arraches des larmes ...
Berthus, je pensais que pour pouvoir être ému par ce poème il fallait avoir vécu ces émotions; dis, où est-elle la mer qui t'émeut tant ?
elle est dans le bruit que fait le vent dans les sapins à la tombée du jour , dans la chaleur d'un poêle autour duquel je me chauffe les mains après avoir marché dans la neige, dans le silence de la maison après une journée bruyante, dans tout ce qui s'arrête ou finit ... pour mieux recommencer (peut être ?)
Alors donc la mer peut aussi ressembler à ça ?
Jusqu'à ce que tu l'écrives je l'ignorais.
Découverte d'aujourd'hui, merci :))
Jusqu'à ce que tu l'écrives je l'ignorais.
Découverte d'aujourd'hui, merci :))
Mon avatar de mars vous remercie.
Mon avatar de mars vous remercie.
mais quel plaisir pour moi de rendre hommage à Gaston Couté !
en fait, ce sont surtout ses chansons que j'ai chantées notamment "va danser" ! une chanson que j'adore ... (musique de Jacques Douai, il me semble)
non ! c'est Marcel Legay pour la musique et non Jacques Douai ! avec les plates excuses !
Va danser :
Au mois d'août en fauchant les blés,
On crevait de soif dans la plaine.
Le corps en feu je suis allé,
Boire à plat ventre à la fontaine.
L'eau froide m'a glacé les sangs,
Et je meurs par ce tendr' automne,
Où l'on danse devant la tonne,
Durant les beaux soirs finissants.
J'entends les violons, Marie,
Va petiote que j'aimais bien,
Moi je n'ai plus besoin de rien.
Va t'en danser à la frairie.
J'entends les violons, Marie.
Veux-tu bien me sécher ces pleurs,
Les pleurs enlaidissent les belles.
Mets ton joli bonnet à fleurs,
Et ton devantier de dentelle.
Rejoins la jeunesse du bourg,
Au bourg où l'amour les enivre,
Car si je meurs il te faut vivre,
Et l'on ne vit pas sans amour.
J'entends les violons, Marie.
Entre dans la ronde gaiement,
Choisis un beau gars dans la ronde,
Et donne-lui ton cœur aimant.
Qui resterait seul en ce monde.
Oui j'étais jaloux cet été,
Quand un autre t'avait suivie,
Mais on ne comprend bien la vie,
Que sur le point de la quitter.
J'entends les violons, Marie,
Va petiote que j'aimais bien,
Moi je n'ai plus besoin de rien.
Va t'en danser à la frairie,
J'entends les violons, Marie.
Après ça tu te marieras,
Et quand la moisson sera haute,
Avec ton homme aux rudes bras,
Moissonnant un jour côte à côte,
Vous viendrez peut-être à parler,
Émus de pitié grave et sobre,
De Jean qui mourut en octobre,
D'un mal pris en fauchant les blés.
J'entends les violons, Marie,
Va petiote que j'aimais bien,
Moi je n'ai plus besoin de rien.
Va t'en danser à la frairie,
Entendant les violons, Marie.
Au mois d'août en fauchant les blés,
On crevait de soif dans la plaine.
Le corps en feu je suis allé,
Boire à plat ventre à la fontaine.
L'eau froide m'a glacé les sangs,
Et je meurs par ce tendr' automne,
Où l'on danse devant la tonne,
Durant les beaux soirs finissants.
J'entends les violons, Marie,
Va petiote que j'aimais bien,
Moi je n'ai plus besoin de rien.
Va t'en danser à la frairie.
J'entends les violons, Marie.
Veux-tu bien me sécher ces pleurs,
Les pleurs enlaidissent les belles.
Mets ton joli bonnet à fleurs,
Et ton devantier de dentelle.
Rejoins la jeunesse du bourg,
Au bourg où l'amour les enivre,
Car si je meurs il te faut vivre,
Et l'on ne vit pas sans amour.
J'entends les violons, Marie.
Entre dans la ronde gaiement,
Choisis un beau gars dans la ronde,
Et donne-lui ton cœur aimant.
Qui resterait seul en ce monde.
Oui j'étais jaloux cet été,
Quand un autre t'avait suivie,
Mais on ne comprend bien la vie,
Que sur le point de la quitter.
J'entends les violons, Marie,
Va petiote que j'aimais bien,
Moi je n'ai plus besoin de rien.
Va t'en danser à la frairie,
J'entends les violons, Marie.
Après ça tu te marieras,
Et quand la moisson sera haute,
Avec ton homme aux rudes bras,
Moissonnant un jour côte à côte,
Vous viendrez peut-être à parler,
Émus de pitié grave et sobre,
De Jean qui mourut en octobre,
D'un mal pris en fauchant les blés.
J'entends les violons, Marie,
Va petiote que j'aimais bien,
Moi je n'ai plus besoin de rien.
Va t'en danser à la frairie,
Entendant les violons, Marie.
J'ai beaucoup aimé Berthus
J'ai beaucoup aimé Berthus
et encore, tu ne m'as pas entendu la chanter :-))
"On tombe en passion
et rencontre
et sent la réticence
et sent qu'une syllabe peut écouler la parole entière
entre vérité et certitude,
ou bien seulement dans l'exquis frémissement du doute,
le verbe plus sceptique d'une traduction.
(...)
Un serpent n'a pas d'ombre
et pourtant, file
comme chute une tunique sous le désir
laissant, nue,
sa trace.
(...)
J'ai la formule
pour faire d'une orange un festin
du matin un éclat
du refus un pouvoir
d'un ravage une échelle.
Je l'oublie toujours.
(...)
Une caravane dessine une route
- sillage d'un vide.
Voir en de retournant
l'essentiel derrière soi,
qui propulse
vers l'arche d'or
où chacun va baisser la tête,
pour passer.
(...)
Aussi claire qu'une perle rare
perdre tout
sauf le milieu de la nacre,
un trou
que transpercera un fil
plus tard."
Séverine Daucourt-Fridriksson, dans la revue "Petite", extraits de "Cent fois rien".
et rencontre
et sent la réticence
et sent qu'une syllabe peut écouler la parole entière
entre vérité et certitude,
ou bien seulement dans l'exquis frémissement du doute,
le verbe plus sceptique d'une traduction.
(...)
Un serpent n'a pas d'ombre
et pourtant, file
comme chute une tunique sous le désir
laissant, nue,
sa trace.
(...)
J'ai la formule
pour faire d'une orange un festin
du matin un éclat
du refus un pouvoir
d'un ravage une échelle.
Je l'oublie toujours.
(...)
Une caravane dessine une route
- sillage d'un vide.
Voir en de retournant
l'essentiel derrière soi,
qui propulse
vers l'arche d'or
où chacun va baisser la tête,
pour passer.
(...)
Aussi claire qu'une perle rare
perdre tout
sauf le milieu de la nacre,
un trou
que transpercera un fil
plus tard."
Séverine Daucourt-Fridriksson, dans la revue "Petite", extraits de "Cent fois rien".
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