Bluewitch
avatar 31/12/2010 @ 11:48:57
Un peu de poésie contemporaine : voici un extrait de "La nuit des singes" de Julia Musté (ed. Maelstrom RéEvolution).


« (…) d’ailleurs c’est bleu déjà
trop de large et un point bleu
là-bas
en ligne de rêve
il faut croire
la moindre respiration
pour en faire un combat
trop de force trop de vie
quelque part dans tes jambes
toi perdue sur lagune
bientôt dans la nuit
s’enfonce dans le sable l’errante(…) »

« (…) bleu c’est singe bleu c’est mal
et toutes les larmes à venir
un tourbillon d’eaux profondes
quand la mer soufflera naufrage
c’est classique c’est creux
c’est ténèbres et puis après
tout sera comme ça
dans la noyade finale
parce que c’est mon tour
le bleu c’est mon tour
et je te suis »

JEyre

avatar 01/01/2011 @ 14:26:48
XXIX - Une Charogne

Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux:
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,


Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.


Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint;


Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.


Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.


Tout cela descendait, montait comme une vague
Ou s'élançait en pétillant
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.


Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.


Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.


Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.


- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion!


Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Apres les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.


Alors, ô ma beauté! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés!


Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire

Avada

avatar 01/01/2011 @ 19:15:40
Superbe poème JEyre. J'adore cette strophe :

Tout cela descendait, montait comme une vague
Ou s'élançait en pétillant
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Si on remplace grâce par glace, on croirait lire du Ronsard ^^ :
Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces /glaces,
Apres les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.


Par contre je n'ai jamais été très sûre de la façon dont il fallait interpréter la dernière strophe.

Alors, ô ma beauté! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés!

JEyre

avatar 02/01/2011 @ 09:59:31
Indice pour Antinea :

"Battant des ailes et fendant le ciel,
les rapides colombes attelées à ton char
te menaient autour
de la sombre terre."

Pas tricher sur google Madame !

JEyre

avatar 02/01/2011 @ 10:20:42
Superbe poème JEyre.

Par contre je n'ai jamais été très sûre de la façon dont il fallait interpréter la dernière strophe.

Alors, ô ma beauté! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés!



A partir du laid, de la décomposition, de la puanteur, créer une composition lumineuse, colorée, vivante, mêlant la mort et la sensualité, la vermine et l’amour…

Avada, je trouve aussi ce poème d'une grande beauté, cette capacité qu’a le poète de transcender la mort, et ce cynisme…

Moi aussi je ne sais pas exactement comment interpréter la fin, même si je le « ressens » !

Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés!

Laventuriere 09/01/2011 @ 04:19:50
L'albatros-Charles Baudelaire

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Laventuriere 09/01/2011 @ 04:25:03
Plus je suis tourmenté...

Plus je suis tourmenté, plus je me sens heureux
Plus je suis assailli, et plus je me renforce,
Plus j'ay de poursuyvans, plus s'augmente ma force,
Plus je suis au combat, plus je suis courageux.

Et plus je suis vaincu, plus suis-je audacieux :
Un coup d'estoc receu ne me sert que d'amorce,
Et pour un coup de lance, une chute, une estorce,
Un coup de coustelas, je n'en suis que de mieux.

Car le seul souvenir de celle que j'honore
Me guarit de ce mal, et d'un plus grand encore,
Et fussé-je au danger de la mort encourir;

Mais si je suis attainct d'une seule estincelle
Qui sorte des beaux yeux ou d'un ris de la Belle,
Alors perdant le cueur je suis prest de mourir.

J.Grévin

Nance
avatar 09/01/2011 @ 04:42:44
Je découvre plusieurs poètes que j'ignorais.

Laventuriere 09/01/2011 @ 11:52:11
Je découvre plusieurs poètes que j'ignorais.


Et point n'ai-je osé...
Jusqu'au jour d'hui,
Poser,ici,
De Louise Labbé
Mon préféré...

Valadon
avatar 09/01/2011 @ 12:09:37
Bonjour à tous

Je ne sais pas si l'anglais est le bienvenu...mais j'aime tellement ce poème !

somewhere i have never travelled,gladly beyond
by E. E. Cummings

somewhere i have never travelled,gladly beyond
any experience,your eyes have their silence:
in your most frail gesture are things which enclose me,
or which i cannot touch because they are too near

your slightest look easily will unclose me
though i have closed myself as fingers,
you open always petal by petal myself as Spring opens
(touching skilfully,mysteriously)her first rose

or if your wish be to close me, i and
my life will shut very beautifully ,suddenly,
as when the heart of this flower imagines
the snow carefully everywhere descending;

nothing which we are to perceive in this world equals
the power of your intense fragility:whose texture
compels me with the color of its countries,
rendering death and forever with each breathing

(i do not know what it is about you that closes
and opens;only something in me understands
the voice of your eyes is deeper than all roses)
nobody,not even the rain,has such small hands

Virgile

avatar 09/01/2011 @ 12:31:02
Yep,
l'anglais ne me dérange pas perso, le titre du forum c'est quand même "les poèmes que vous aimez", il n'y a pas de distinction de langue (mais bon si tu as une bonne traduction aussi en plus n'hésite pas à l'ajouter, ce sera encore mieux ^^).

Laventuriere 11/01/2011 @ 04:25:58
Pour nos amis..loin,là-bas..si proches..

Louis-Honoré FRÉCHETTE (1839-1908)

Janvier

La tempête a cessé. L'éther vif et limpide
A jeté sur le fleuve un tapis d'argent clair,
Où l'ardent patineur au jarret intrépide
Glisse, un reflet de flamme à son soulier de fer.

La promeneuse, loin de son boudoir tépide,
Bravant sous les peaux d'ours les morsures de l'air,
Au son des grelots d'or de son cheval rapide,
À nos yeux éblouis passe comme un éclair.

Et puis, pendant les nuits froidement idéales,
Quand, au ciel, des milliers d'aurores boréales
Battent de l'aile ainsi que d'étranges oiseaux,

Dans les salons ambrés, nouveaux temples d'idoles,
Aux accords de l'orchestre, au feu des girandoles,
Le quadrille joyeux déroule ses réseaux !

Laventuriere 11/01/2011 @ 04:27:58
Allez..ma poétesse préférée..

Louise LABÉ (1524-1566)

Depuis qu'Amour cruel empoisonna

Depuis qu'Amour cruel empoisonna
Premièrement de son feu ma poitrine,
Toujours brûlai de sa fureur divine,
Qui un seul jour mon coeur n'abandonna.

Quelque travail, dont assez me donna,
Quelque menace et prochaine ruine,
Quelque penser de mort qui tout termine,
De rien mon coeur ardent ne s'étonna.

Tant plus qu'Amour nous vient fort assaillir,
Plus il nous fait nos forces recueillir,
Et toujours frais en ses combats fait être ;

Mais ce n'est pas qu'en rien nous favorise,
Cil qui les Dieux et les hommes méprise,
Mais pour plus fort contre les forts paraître.

Laventuriere 11/01/2011 @ 04:31:20
Alphonse ALLAIS (1854-1905)

Complainte amoureuse

Oui dès l'instant que je vous vis
Beauté féroce, vous me plûtes
De l'amour qu'en vos yeux je pris
Sur-le-champ vous vous aperçûtes
Ah ! Fallait-il que je vous visse
Fallait-il que vous me plussiez
Qu'ingénument je vous le disse
Qu'avec orgueil vous vous tussiez
Fallait-il que je vous aimasse
Que vous me désespérassiez
Et qu'enfin je m'opiniâtrasse
Et que je vous idolâtrasse
Pour que vous m'assassinassiez

Laventuriere 12/01/2011 @ 04:55:03
Fenêtre -
une joue pour l’ombre,
une pour le soleil.



La nuit ne traîne ses branches
afin de les étaler comme lit pour ses passions
que si elles se mélangent aux pavots de champs
labourés par la lune.
Telle est la maxime initiale qu’énonce
la bouche de la fenêtre.



Aucun pouvoir ne le domine -
est-ce pour cela que sa tête fourmille de fenêtres?


Non, les fenêtres ne sont pas muettes,
mais seule peut les entendre
l’oreille du silence.



Peut-être ses blessures sont-elles
les plus belles fenêtres
entre lui et le monde.


Fenêtre -
école pour éduquer l’horizon.


Jours -
caravanes de poussière
qui éternellement s’en vont et reviennent
dans le désert des fenêtres.

.

ADONIS

Laventuriere 12/01/2011 @ 04:57:55
Un de mes poètes préférés...comme un rêve éveillé,un enchantement à chaque mot...

En prison, sur la pierre de la fontaine
Yousouf l'Infortuné a dessiné son bateau.
Un prisonnier qui boit à la fontaine
Regarde la proue effilée du bateau
Glisser sur des mers sans murs.

Près de la fontaine un arbre tout blanc
Un prunier.

Ouvre encore une voile, Yousouf l'Infortuné
Attire vers toi le port où tu vas
Et arrache une branche au prunier
Pour que les pigeons de la prison suivent ton sillage.

Prends-moi aussi Yousouf
Sur ton bateau.
Mon bagage n'est pas lourd:
Un livre, un cahier et une photo.

Allons-nous-en, frère, allons-nous-en
Le monde vaut la peine d'être vu.

La mer s'est calmée
Rougeurs dans le ciel
C'est l'aurore
La nuit qui nous semblait infinie
Est finie.
Voici devant nous la Barcelone du Frente popular
Fini notre voyage
Amenez les voiles, l'ancre à la mer!
Les pigeons qui suivaient notre sillage
s'en retournent dire aux copains
que nous sommes arrivés à bon port.

Et Yousouf, envoyant un juron magnifique
Aux fers et aux murs de là-bas
Agite vers la ville qui nous fait face
Sa branche fleurie de prunier.
Mon regard va de lui à Barcelone:
Et sur la ville, là-bas, tout au fond
Je vois des flammes se tordre
là-bas je vois côte à côte
Lénine, Bakounine, Robespierre
et le paysan Mehmet qui gît à Doumloupinar...

C'est ainsi que Yousouf et moi
Passagers d'un bateau
Né de la fontaine d'une prison
Nous avons vu à Barcelone dans l'aurore
La liberté se battre en chair et en os
Nous l'avons regardée les yeux en flammes
Et comme la peau brune et chaude d'une femme
De nos mains d'hommes affamés
Nous avons touché la Liberté.

NAZIM HIKMET

Laventuriere 12/01/2011 @ 05:07:15
"Vingt poèmes d'amour"- Pablo Neruda

Presque en dehors du ciel, ancre entre deux montagnes,
le croissant de la lune.
Tournante, errante nuit, terrassière des yeux,
pour compter les étoiles dans la mare, en morceaux.


Elle est la croix de deuil entre mes sourcils, elle fuit.
Forge de métaux bleus, nuits de lutte cachée,
tourne mon coeur, et c'est un volant fou.
Fille venue de loin, apportée de si loin,
son regard est parfois un éclair sous le ciel.
Incessante complainte et tempête tourbillonnant dans sa furie,
au-dessus de mon coeur passe sans t'arrêter.
Détruis, disperse, emporte, ô vent des sépultures, ta racine assoupie.
De l'autre côté d'elle arrache les grands arbres.
Mais toi, épi, question de fumée, fille claire.
La fille née du vent et des feuilles illuminées.
Par-delà les montagnes nocturnes, lis blanc de l'incendie
ah! je ne peux rien dire! De toute chose elle était faite.


Couteau de l'anxiété qui partagea mon coeur
c'est l'heure de cheminer, sur un chemin sans son sourire.
Tempête, fossoyeur des cloches, trouble et nouvel essor de la tourmente,
Pourquoi la toucher, pourquoi l'attrister maintenant.


Ah! suivre le chemin qui s'éloigne de tout,
que ne fermeront pas la mort, l'hiver, l'angoisse
avec leurs yeux ouverts au coeur de la rosée

Laventuriere 13/01/2011 @ 04:39:00
Chantepleure.

Chantecaille fleur des rues
Chantepie fleur des bois
Chanteloup fleur des eaux
Chantamour fleur des nuits
Chantemort fleur des pois

Pleurivresse fruit de l'aube
Pleurétreinte fruit des yeux
Pleuraccueil fruit des mains
Pleurémoi fruit des lèvres
Pleurez-moi fruit du temps.

Robert DESNOS

Laventuriere 13/01/2011 @ 04:40:23
Nuits.

Femmes de grand air
Femmes de plein vent
Est-ce que la nuit est douce pour vous

Femmes de plein vent
Rôdeuses rencontrées à l'aube
Est-ce que la nuit ne vous déchire pas

Femmes de grand air
Laboureuses perdues dans les plaines
Est-ce que la nuit est une moisson pour vous

Femmes de plein vent
Marchandes de poissons aux mains crevassées
Est-ce que ta nuit coule vite pour vous

Femmes réveillées au petit jour
Femmes traînant au travail des pieds meurtris
Est-ce que la nuit est sans écho pour vous

La nuit est-elle douce ?
La nuit vous déchire-t-elle ?
Moissonnez-vous la nuit ?
La nuit coule-t-elle vite pour vous ?

Femmes de grand air
Femmes de plein vent
Femmes de la nuit de l'aube et du jour
Rôdeuses laboureuses poissonnières
Aimez-vous le plein air
Aimez-vous le grand vent ?

DESNOS

Pieronnelle

avatar 13/01/2011 @ 22:21:38
Ce n'est pas un poème mais plein de poésie :

Les mots dormaient.
Ils s'étaient posés sur les branches des arbres et ne bougeaient plus. Nous marchions doucement sur le sable pour ne pas les réveiller. Bêtement, je tendais l'oreille : j'aurai tant voulu surprendre leurs rêves. J'aimerais tellement savoir ce qui se passe dans la tête des mots. Bien sûr, je n'entendais rien. Rien que le grondement sourd du ressac. Là bas, derrière la colline. Et un vent léger. Peut être seulement le souffle de la planète Terre avançant dans la nuit.
Nous approchions d'un bâtiment qu'éclairait mal une croix rouge tremblotante.
- Voici l'hôpital, murmura Monsieur Henri.
Je frissonnai.
L'hôpital? Un hôpital pour les mots? Je n'arrivais pas à y croire. La honte m'envahit. Quelque chose me disait que, leurs souffrances, nous en étions, nous les humains, responsables.(...)
Il n'y a pas d'accueil ni d'infirmiers dans un hôpital de mots. Les couloirs étaient vides. Seules nous guidaient les lueurs bleues des veilleuses.Malgré nos précautions, nos semelles couinaient sur le sol.
Comme en réponse, un bruit très faible se fit entendre. Par deux fois. Un gémissement très doux. Il passait sous l'une des portes, telle une lettre qu'on glisse discrètement, pour ne pas déranger.(...)
Elle était là, immobile sur son lit, la petite phrase bien connue, trop connue :
JE T'AIME
Trois mots maigres et pâles, si pâles (...)
Il me sembla qu'elle nous souriait, la petite phrase.
Il me sembla qu'elle nous parlait :
-Je suis un peu fatiguée. Il parait que j'ai trop travaillé. Il faut que je me repose (...)
- C'est un peu dur la nuit. Le jour, les autres mots viennent me tenir compagnie.
-Ne parle plus? Repose-toi, tu nous a tant donné, reprends des forces, nous avons trop besoin de toi.
(...)
Je t'aime. Tout le monde dit et répète "je t'aime". Il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement, les mots s'usent. Et parfois, il est trop tard pour les sauver...

Erik Orsenna extrait de "La grammaire est une chanson douce"

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