Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure,
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà
Pareil à la
Feuille morte.
Chanson d'automne, Paul Verlaine, appris en CE2 (8-9 ans)
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure,
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà
Pareil à la
Feuille morte.
Chanson d'automne, Paul Verlaine, appris en CE2 (8-9 ans)
Bien placés bien choisis
quelques mots font une poésie
les mots il suffit qu’on les aime
pour écrire un poème
on ne sait pas toujours ce qu’on dit
lorsque naît la poésie
faut ensuite rechercher le thème
pour intituler le poème
mais d’autres fois on pleure on rit
en écrivant la poésie
ça a toujours kékchose d’extrème
un poème
Un poème de Raymond Queneau
quelques mots font une poésie
les mots il suffit qu’on les aime
pour écrire un poème
on ne sait pas toujours ce qu’on dit
lorsque naît la poésie
faut ensuite rechercher le thème
pour intituler le poème
mais d’autres fois on pleure on rit
en écrivant la poésie
ça a toujours kékchose d’extrème
un poème
Un poème de Raymond Queneau
un afflux sans repos
ni distance
une prise d'œil
invisible
mais une fois pris
l'œil
noyé
dans le fatras
réel
d'où ne monte aucun chant
le besoin de saisir
insiste
on s'englue
dans le voir brusque
œil blet
il n'y a pas deux mondes
mais moins d'espoir
Antoine Emaz, K.-O., p.13
ni distance
une prise d'œil
invisible
mais une fois pris
l'œil
noyé
dans le fatras
réel
d'où ne monte aucun chant
le besoin de saisir
insiste
on s'englue
dans le voir brusque
œil blet
il n'y a pas deux mondes
mais moins d'espoir
Antoine Emaz, K.-O., p.13
"Je suis un homme mort..."
Je suis un homme mort depuis plusieurs années ;
Mes os sont recouverts par les roses fanées.
(Charles Cros)
Je suis un homme mort depuis plusieurs années ;
Mes os sont recouverts par les roses fanées.
(Charles Cros)
Phantasma
J’ai rêvé l’archipel parfumé, montagneux,
Perdu dans une mer inconnue et profonde
Où le naufrage nous a jetés tous les deux
Oubliés loin des lois qui régissent le monde.
Sur le sable étendue en l’or de tes cheveux,
Des cheveux qui te font comme une tombe blonde,
Je te ranime au son nouveau de mes aveux
Que ne répéteront ni la plage ni l’onde.
C’est un rêve. Ton âme est un oiseau qui fuit
Vers les horizons clairs de rubis, d’émeraudes,
Et mon âme abattue est un oiseau de nuit.
Pour te soumettre, proie exquise, à mon ennui
Et pour te dompter, blanche, en mes étreintes chaudes,
Tous les pays sont trop habités aujourd’hui.
(Charles Cros)
J’ai rêvé l’archipel parfumé, montagneux,
Perdu dans une mer inconnue et profonde
Où le naufrage nous a jetés tous les deux
Oubliés loin des lois qui régissent le monde.
Sur le sable étendue en l’or de tes cheveux,
Des cheveux qui te font comme une tombe blonde,
Je te ranime au son nouveau de mes aveux
Que ne répéteront ni la plage ni l’onde.
C’est un rêve. Ton âme est un oiseau qui fuit
Vers les horizons clairs de rubis, d’émeraudes,
Et mon âme abattue est un oiseau de nuit.
Pour te soumettre, proie exquise, à mon ennui
Et pour te dompter, blanche, en mes étreintes chaudes,
Tous les pays sont trop habités aujourd’hui.
(Charles Cros)
"Moi, je vis la vie à côté..."
Moi, je vis la vie à côté,
Pleurant alors que c’est la fête.
Les gens disent : « Comme il est bête ! »
En somme, je suis mal coté.
J’allume du feu dans l’été,
Dans l’usine je suis poète ;
Pour les pitres je fais la quête.
Qu’importe ! J’aime la beauté.
Beauté des pays et des femmes,
Beauté des vers, beauté des flammes,
Beauté du bien, beauté du mal.
J’ai trop étudié les choses ;
Le temps marche d’un pas normal ;
Des roses, des roses, des roses !
(Charles Cros)
Moi, je vis la vie à côté,
Pleurant alors que c’est la fête.
Les gens disent : « Comme il est bête ! »
En somme, je suis mal coté.
J’allume du feu dans l’été,
Dans l’usine je suis poète ;
Pour les pitres je fais la quête.
Qu’importe ! J’aime la beauté.
Beauté des pays et des femmes,
Beauté des vers, beauté des flammes,
Beauté du bien, beauté du mal.
J’ai trop étudié les choses ;
Le temps marche d’un pas normal ;
Des roses, des roses, des roses !
(Charles Cros)
Le Hareng Saur
Il était un grand mur blanc - nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle - haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur - sec, sec, sec.
Il vient, tenant dans ses mains - sales, sales, sales,
Un marteau lourd, un grand clou - pointu, pointu, pointu,
Un peloton de ficelle - gros, gros, gros.
Alors il monte à l'échelle - haute, haute, haute,
Et plante le clou pointu - toc, toc, toc,
Tout en haut du grand mur blanc - nu, nu, nu.
Il laisse aller le marteau - qui tombe, qui tombe, qui tombe,
Attache au clou la ficelle - longue, longue, longue,
Et, au bout, le hareng saur - sec, sec, sec.
Il redescend de l'échelle - haute, haute, haute,
L'emporte avec le marteau - lourd, lourd, lourd,
Et puis, il s'en va ailleurs - loin, loin, loin.
Et, depuis, le hareng saur - sec, sec, sec,
Au bout de cette ficelle - longue, longue, longue,
Très lentement se balance - toujours, toujours, toujours.
J'ai composé cette histoire - simple, simple, simple,
Pour mettre en fureur les gens - graves, graves, graves,
Et amuser les enfants - petits, petits, petits.
Charles Cros (1842-1888)
Il était un grand mur blanc - nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle - haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur - sec, sec, sec.
Il vient, tenant dans ses mains - sales, sales, sales,
Un marteau lourd, un grand clou - pointu, pointu, pointu,
Un peloton de ficelle - gros, gros, gros.
Alors il monte à l'échelle - haute, haute, haute,
Et plante le clou pointu - toc, toc, toc,
Tout en haut du grand mur blanc - nu, nu, nu.
Il laisse aller le marteau - qui tombe, qui tombe, qui tombe,
Attache au clou la ficelle - longue, longue, longue,
Et, au bout, le hareng saur - sec, sec, sec.
Il redescend de l'échelle - haute, haute, haute,
L'emporte avec le marteau - lourd, lourd, lourd,
Et puis, il s'en va ailleurs - loin, loin, loin.
Et, depuis, le hareng saur - sec, sec, sec,
Au bout de cette ficelle - longue, longue, longue,
Très lentement se balance - toujours, toujours, toujours.
J'ai composé cette histoire - simple, simple, simple,
Pour mettre en fureur les gens - graves, graves, graves,
Et amuser les enfants - petits, petits, petits.
Charles Cros (1842-1888)
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?
0 bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie
0 le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui écœure.
Quoi ! nulle trahison ? ...
Ce deuil est sans raison.
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine!
Verlaine
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?
0 bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie
0 le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui écœure.
Quoi ! nulle trahison ? ...
Ce deuil est sans raison.
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine!
Verlaine
De profundis clamavi
J'implore ta pitié, Toi, l'unique que j'aime,
Du fond du gouffre obscur où mon coeur est tombé.
C'est un univers morne à l'horizon plombé,
Où nagent dans la nuit l'horreur et le blasphème ;
Un soleil sans chaleur plane au-dessus six mois,
Et les six autres mois la nuit couvre la terre ;
C'est un pays plus nu que la terre polaire ;
- Ni bêtes, ni ruisseaux, ni verdure, ni bois !
Or il n'est pas d'horreur au monde qui surpasse
La froide cruauté de ce soleil de glace
Et cette immense nuit semblable au vieux Chaos ;
Je jalouse le sort des plus vils animaux
Qui peuvent se plonger dans un sommeil stupide.
Tant l'écheveau du temps lentement se dévide !
Charles Baudelaire
J'implore ta pitié, Toi, l'unique que j'aime,
Du fond du gouffre obscur où mon coeur est tombé.
C'est un univers morne à l'horizon plombé,
Où nagent dans la nuit l'horreur et le blasphème ;
Un soleil sans chaleur plane au-dessus six mois,
Et les six autres mois la nuit couvre la terre ;
C'est un pays plus nu que la terre polaire ;
- Ni bêtes, ni ruisseaux, ni verdure, ni bois !
Or il n'est pas d'horreur au monde qui surpasse
La froide cruauté de ce soleil de glace
Et cette immense nuit semblable au vieux Chaos ;
Je jalouse le sort des plus vils animaux
Qui peuvent se plonger dans un sommeil stupide.
Tant l'écheveau du temps lentement se dévide !
Charles Baudelaire
Murs, ville,
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort.
Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit !
La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.
La rumeur approche.
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit ;
Comme un bruit de foule,
Qui tonne et qui roule,
Et tantôt s'écroule,
Et tantôt grandit,
Dieu ! la voix sépulcrale
Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond.
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.
C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant !
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau, lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.
Ils sont tout près ! - Tenons fermée
Cette salle, où nous les narguons.
Quel bruit dehors ! Hideuse armée
De vampires et de dragons !
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée
Tremble, à déraciner ses gonds !
Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure !
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon !
Prophète ! si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs !
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs !
Ils sont passés ! - Leur cohorte
S'envole, et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés !
De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle,
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.
D'étranges syllabes
Nous viennent encor ;
Ainsi, des arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.
Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leurs pas ;
Leur essaim gronde
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.
Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord ;
C'est la plainte,
Presque éteinte,
D'une sainte
Pour un mort.
On doute
La nuit...
J'écoute -
Tout fuit,
Tout passe
L'espace
Efface
Le bruit.
Aaaah, Les Djinns, de Victor Hugo... J'adore cette structure, et cette vague de violence qui va crescendo.
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort.
Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit !
La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.
La rumeur approche.
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit ;
Comme un bruit de foule,
Qui tonne et qui roule,
Et tantôt s'écroule,
Et tantôt grandit,
Dieu ! la voix sépulcrale
Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond.
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.
C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant !
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau, lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.
Ils sont tout près ! - Tenons fermée
Cette salle, où nous les narguons.
Quel bruit dehors ! Hideuse armée
De vampires et de dragons !
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée
Tremble, à déraciner ses gonds !
Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure !
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon !
Prophète ! si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs !
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs !
Ils sont passés ! - Leur cohorte
S'envole, et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés !
De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle,
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.
D'étranges syllabes
Nous viennent encor ;
Ainsi, des arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.
Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leurs pas ;
Leur essaim gronde
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.
Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord ;
C'est la plainte,
Presque éteinte,
D'une sainte
Pour un mort.
On doute
La nuit...
J'écoute -
Tout fuit,
Tout passe
L'espace
Efface
Le bruit.
Aaaah, Les Djinns, de Victor Hugo... J'adore cette structure, et cette vague de violence qui va crescendo.
C'est un beau crescendo en effet.
Il faudrait que je lise les "Poèmes retrouvés" de Guillaume Apollinaire, je remets toujours ça a plus tard, pourtant je lis son poème "Mardi gras" des tonnes de fois.
Mardi gras
Guillaume Apollinaire
Dans le jour vert, mauve ou rose
Sur lequel plane un ciel d'ennui
Dans la nuit
Où passent les pierrots couronnés de roses
Fantômes pâles qui rôdent en la nuit
Nuit plus étoilée que les nuits habituelles
Stellée de gemmes au scintillement pâle
(Perle, opale
Émeraude et spinelle)
Courent en chantant, Arlequins, Colombines
Polichinelles au nez crochu
Mousquetaires, marquises, diablotines
Sous une pluie multicolore; et s'illumine
La ville en fête et jouent mirlitons, mandolines
Tandis qu'au loin le roi déchu
Le roi des fous est brûlé par son peuple, las !
Hélas! Carnaval, le roi Carnaval flambe!
Le roi flambe!
Chansons! Feux de Bengale
Champagne! Dithyrambe!
Le roi Carnaval flambe
Et le canon là-bas tonne son glas.
Et la lune, veilleuse d'or pâle
Éclairant la nuit stellée de gemmes pâles
(Rubis, Émeraude, Opale)
Semble la lampe merveilleuse
De quelque gigantesque Aladin
La Lampe éclairant dans le jardin
Les arbres dont les fruits sont pierres précieuses
(Perles, rubis, émeraudes, opales)
Et meurt le bruit
Et meurt la nuit
Et point le jour, le jour pâle.
Il faudrait que je lise les "Poèmes retrouvés" de Guillaume Apollinaire, je remets toujours ça a plus tard, pourtant je lis son poème "Mardi gras" des tonnes de fois.
Mardi gras
Guillaume Apollinaire
Dans le jour vert, mauve ou rose
Sur lequel plane un ciel d'ennui
Dans la nuit
Où passent les pierrots couronnés de roses
Fantômes pâles qui rôdent en la nuit
Nuit plus étoilée que les nuits habituelles
Stellée de gemmes au scintillement pâle
(Perle, opale
Émeraude et spinelle)
Courent en chantant, Arlequins, Colombines
Polichinelles au nez crochu
Mousquetaires, marquises, diablotines
Sous une pluie multicolore; et s'illumine
La ville en fête et jouent mirlitons, mandolines
Tandis qu'au loin le roi déchu
Le roi des fous est brûlé par son peuple, las !
Hélas! Carnaval, le roi Carnaval flambe!
Le roi flambe!
Chansons! Feux de Bengale
Champagne! Dithyrambe!
Le roi Carnaval flambe
Et le canon là-bas tonne son glas.
Et la lune, veilleuse d'or pâle
Éclairant la nuit stellée de gemmes pâles
(Rubis, Émeraude, Opale)
Semble la lampe merveilleuse
De quelque gigantesque Aladin
La Lampe éclairant dans le jardin
Les arbres dont les fruits sont pierres précieuses
(Perles, rubis, émeraudes, opales)
Et meurt le bruit
Et meurt la nuit
Et point le jour, le jour pâle.
A Porto j'ai trouvé des chais et à boire aussi
Le pèlerinage que j'ai fait n'est ni à Dieu ni à un acheteur, c'est du passé.
Me reste d'une librairie une édition portugaise d'un recueil de Mallarmé souligné par Pessoa.
Un sonnet parmi tant d'autres pour l'habilitation d'Edgar Poe, à défaut d'une stèle.
Le tombeau d'Edgar Poe
Tel qu'en lui-même enfin l'éternité le change
Le poète suscite, avec son glaive nu,
Son siècle épouvanté de n'avoir pas connu
Que la mort triomphait dans cette voix étrange
Eux, comme un vil sursaut d'hydres oyant jadis l'ange,
Donner un sens plus pur aux mots de la tribu
Proclamèrent très haut le sortilège bu
Dans le flot sans honneur obscur de quelque noir mélange
Du sol et de la nue hostile, ô griefs,
Si notre idée avec ne sculpte un bas-relief
Dont la tombe de Poe toute éblouissante s'orne
Calme bloc ici-bas chu d'un désastre obscur
Que ce granit au moins montre à jamais sa borne
Aux noirs vols du blasphème dans le futur.
Il en a écrit de plus beaux c'est sûr, mais signe la défense d'un grand homme, qui a fini injurié et bafoué.
Le pèlerinage que j'ai fait n'est ni à Dieu ni à un acheteur, c'est du passé.
Me reste d'une librairie une édition portugaise d'un recueil de Mallarmé souligné par Pessoa.
Un sonnet parmi tant d'autres pour l'habilitation d'Edgar Poe, à défaut d'une stèle.
Le tombeau d'Edgar Poe
Tel qu'en lui-même enfin l'éternité le change
Le poète suscite, avec son glaive nu,
Son siècle épouvanté de n'avoir pas connu
Que la mort triomphait dans cette voix étrange
Eux, comme un vil sursaut d'hydres oyant jadis l'ange,
Donner un sens plus pur aux mots de la tribu
Proclamèrent très haut le sortilège bu
Dans le flot sans honneur obscur de quelque noir mélange
Du sol et de la nue hostile, ô griefs,
Si notre idée avec ne sculpte un bas-relief
Dont la tombe de Poe toute éblouissante s'orne
Calme bloc ici-bas chu d'un désastre obscur
Que ce granit au moins montre à jamais sa borne
Aux noirs vols du blasphème dans le futur.
Il en a écrit de plus beaux c'est sûr, mais signe la défense d'un grand homme, qui a fini injurié et bafoué.
Bonjour à tous, ceci est mon 1er post
Il meurt lentement
Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n'écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver
grâce à ses yeux.
Il meurt lentement
celui qui détruit son amour-propre,
celui qui ne se laisse jamais aider.
Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l'habitude
refaisant tous les jours les mêmes chemins,
celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer la couleur
de ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu
Il meurt lentement
celui qui évite la passion
et son tourbillon d'émotions
celles qui redonnent la lumière dans les yeux
et réparent les coeurs blessés
Il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap
lorsqu'il est malheureux
au travail ou en amour,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,
celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
n'a fui les conseils sensés.
Vis maintenant!
Risque-toi aujourd'hui!
Agis tout de suite!
Ne te laisse pas mourir lentement!
Ne te prive pas d'être heureux!
Pablo Neruda -
Il meurt lentement
Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n'écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver
grâce à ses yeux.
Il meurt lentement
celui qui détruit son amour-propre,
celui qui ne se laisse jamais aider.
Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l'habitude
refaisant tous les jours les mêmes chemins,
celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer la couleur
de ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu
Il meurt lentement
celui qui évite la passion
et son tourbillon d'émotions
celles qui redonnent la lumière dans les yeux
et réparent les coeurs blessés
Il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap
lorsqu'il est malheureux
au travail ou en amour,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,
celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
n'a fui les conseils sensés.
Vis maintenant!
Risque-toi aujourd'hui!
Agis tout de suite!
Ne te laisse pas mourir lentement!
Ne te prive pas d'être heureux!
Pablo Neruda -
Magnifique entrée sur le site, Soyotte ! Et soit la bienvenue parmi nous.
Ce poème avait déjà été donné par notre grande amie, l’inénarrable Allegra, elle me l’avait même dédicacé (soupirs… !) et, si ma mémoire est bonne, elle l’avait attribué à Einstein, ce qui ajoutait encore au charme...
Ce poème avait déjà été donné par notre grande amie, l’inénarrable Allegra, elle me l’avait même dédicacé (soupirs… !) et, si ma mémoire est bonne, elle l’avait attribué à Einstein, ce qui ajoutait encore au charme...
Merci pour ton accueil,
Je viens juste de prendre connaissance de ce forum et je n'ai pas eu encore le loisir de tout lire. Mais le plaisir n'est -il pas dans la lecture et relecture de textes qui nous chavirent?
amitiés
Je viens juste de prendre connaissance de ce forum et je n'ai pas eu encore le loisir de tout lire. Mais le plaisir n'est -il pas dans la lecture et relecture de textes qui nous chavirent?
amitiés
Je prends congé
Je prends congé, je rentre
chez moi, dans mes rêves,
je retourne en Patagonie
où le vent frappe les étables
où l'océan disperse la glace.
Je ne suis qu'un poète
et je vous aime tous,
je vais errant par le monde que j'aime :
dans ma patrie
on emprisonne les mineurs
et le soldat commande au juge.
Mais j'aime, moi, jusqu'aux racines
de mon petit pays si froid.
Si je devais mourir cent fois,
c'est là que je voudrais mourir
et si je devais naître cent fois
c'est là aussi que je veux naître
près de l'araucaria sauvage,
des bourrasques du vent du sud
et des cloches depuis peu acquises.
Qu'aucun de vous ne pense à moi.
Pensons plutôt à toute la terre,
frappons amoureusement sur la table.
Je ne veux pas revoir le sang
imbiber le pain, les haricots noirs,
la musique: je veux que viennent
avec moi le mineur, la fillette,
l'avocat, le marin
et le fabricant de poupées,
Que nous allions au cinéma,
que nous sortions
boire le plus rouge des vins.
Je ne suis rien venu résoudre.
Je suis venu ici chanter
je suis venu
afin que tu chantes avec moi.
Pablo Neruda
( extrait de "El Canto General")
Je prends congé, je rentre
chez moi, dans mes rêves,
je retourne en Patagonie
où le vent frappe les étables
où l'océan disperse la glace.
Je ne suis qu'un poète
et je vous aime tous,
je vais errant par le monde que j'aime :
dans ma patrie
on emprisonne les mineurs
et le soldat commande au juge.
Mais j'aime, moi, jusqu'aux racines
de mon petit pays si froid.
Si je devais mourir cent fois,
c'est là que je voudrais mourir
et si je devais naître cent fois
c'est là aussi que je veux naître
près de l'araucaria sauvage,
des bourrasques du vent du sud
et des cloches depuis peu acquises.
Qu'aucun de vous ne pense à moi.
Pensons plutôt à toute la terre,
frappons amoureusement sur la table.
Je ne veux pas revoir le sang
imbiber le pain, les haricots noirs,
la musique: je veux que viennent
avec moi le mineur, la fillette,
l'avocat, le marin
et le fabricant de poupées,
Que nous allions au cinéma,
que nous sortions
boire le plus rouge des vins.
Je ne suis rien venu résoudre.
Je suis venu ici chanter
je suis venu
afin que tu chantes avec moi.
Pablo Neruda
( extrait de "El Canto General")
Mais le plaisir n'est -il pas dans la lecture et relecture de textes qui nous chavirent?
amitiés
Oui, oui, bien sûr Soyotte, tout le plaisir est là. Je ne connaissais pas ce Pablo Neruda, c’est vraiment excellent.
Vous parler ?
Vous parler ? Non. Je ne peux pas.
Je préfère souffrir comme une plante,
Comme l'oiseau qui ne dit rien sur le tilleul.
Ils attendent. C'est bien. Puisqu'ils ne sont pas las
D'attendre, j'attendrai, de cette même attente.
Ils souffrent seuls. On doit apprendre à souffrir seul.
Je ne veux pas d'indifférents prêts à sourire
Ni d'amis gémissants. Que nul ne vienne.
La plante ne dit rien. L'oiseau se tait. Que dire ?
Cette douleur est seule au monde, quoi qu'on veuille.
Elle n'est pas celle des autres, c'est la mienne.
Une feuille a son mal qu'ignore l'autre feuille.
Et le mal de l'oiseau, l'autre oiseau n'en sait rien.
On ne sait pas. On ne sait pas. Qui se ressemble ?
Et se ressemblât-on, qu'importe. Il me convient
De n'entendre ce soir nulle parole vaine.
J'attends - comme le font derrière la fenêtre
Le vieil arbre sans geste et le pinson muet...
Une goutte d'eau pure, un peu de vent, qui sait ?
Qu'attendent-ils ? Nous l'attendrons ensemble.
Le soleil leur a dit qu'il reviendrait, peut-être...
Sabine Sicaud
Vous parler ? Non. Je ne peux pas.
Je préfère souffrir comme une plante,
Comme l'oiseau qui ne dit rien sur le tilleul.
Ils attendent. C'est bien. Puisqu'ils ne sont pas las
D'attendre, j'attendrai, de cette même attente.
Ils souffrent seuls. On doit apprendre à souffrir seul.
Je ne veux pas d'indifférents prêts à sourire
Ni d'amis gémissants. Que nul ne vienne.
La plante ne dit rien. L'oiseau se tait. Que dire ?
Cette douleur est seule au monde, quoi qu'on veuille.
Elle n'est pas celle des autres, c'est la mienne.
Une feuille a son mal qu'ignore l'autre feuille.
Et le mal de l'oiseau, l'autre oiseau n'en sait rien.
On ne sait pas. On ne sait pas. Qui se ressemble ?
Et se ressemblât-on, qu'importe. Il me convient
De n'entendre ce soir nulle parole vaine.
J'attends - comme le font derrière la fenêtre
Le vieil arbre sans geste et le pinson muet...
Une goutte d'eau pure, un peu de vent, qui sait ?
Qu'attendent-ils ? Nous l'attendrons ensemble.
Le soleil leur a dit qu'il reviendrait, peut-être...
Sabine Sicaud
Le condor-Pablo Neruda
Je suis le condor et je plane
au-dessus de toi qui t'avances
et soudain dans un tournoiement
de vent,de plumes et de griffes,
sur toi je fonds et je t'enlève
-cyclone qui siffle,impétueux,
et tout de froid tourbillonnant.
Jusqu'à ma tour de neige,là
ou s'ouvre la nuit de mon antre,
je t'emporte et tu y vis seule
et ton corps se couvre de plumes
et tu te fais vol sur le monde,
immobile,dans la hauteur.
Condor femelle,élançons-nous
sur cette proie,rouge victime,
déchiquetons la vie qui passe
agitée de frémissements,
puis reprenons d'un seul élan,
ensemble,notre vol sauvage.
Je suis le condor et je plane
au-dessus de toi qui t'avances
et soudain dans un tournoiement
de vent,de plumes et de griffes,
sur toi je fonds et je t'enlève
-cyclone qui siffle,impétueux,
et tout de froid tourbillonnant.
Jusqu'à ma tour de neige,là
ou s'ouvre la nuit de mon antre,
je t'emporte et tu y vis seule
et ton corps se couvre de plumes
et tu te fais vol sur le monde,
immobile,dans la hauteur.
Condor femelle,élançons-nous
sur cette proie,rouge victime,
déchiquetons la vie qui passe
agitée de frémissements,
puis reprenons d'un seul élan,
ensemble,notre vol sauvage.
Les coeurs tendres(Jacques Brel)
Y en a qui ont le coeur si large
Qu'on y entre sans frapper
Y en a qui ont le coeur si large
Qu'on en voit que la moitié
Y en a qui ont le coeur si frêle
Qu'on le briserait du doigt
Y en a qui ont le coeur trop frêle
Pour vivre comme toi et moi
Z'ont plein de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
De peur de manquer l'heure
Qui conduit à Paris
Y en a qui ont le coeur si tendre
Qu'y reposent les mésanges
Y en a qui ont le coeur trop tendre
Moitié homme et moitié ange
Y en a qui ont le coeur si vaste
Qu'ils sont toujours en voyage
Y en a qui ont le coeur trop vaste
Pour se priver de mirages
Z'ont plein de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
D peur de manquer l'heure
Qui conduit à Paris
Y en a qui ont le coeur dehors
Et ne peuvent que l'offrir
L coeur tellement dehors
Qu'ils sont tous à s'en servir
Celui-là a le coeur dehors
Et si frêle et si tendre
Que maudits soient les arbres morts
Qui ne pourraient point l'entendre
A plein de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
De peur de manque l(heure
Qui conduit à Paris
Y en a qui ont le coeur si large
Qu'on y entre sans frapper
Y en a qui ont le coeur si large
Qu'on en voit que la moitié
Y en a qui ont le coeur si frêle
Qu'on le briserait du doigt
Y en a qui ont le coeur trop frêle
Pour vivre comme toi et moi
Z'ont plein de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
De peur de manquer l'heure
Qui conduit à Paris
Y en a qui ont le coeur si tendre
Qu'y reposent les mésanges
Y en a qui ont le coeur trop tendre
Moitié homme et moitié ange
Y en a qui ont le coeur si vaste
Qu'ils sont toujours en voyage
Y en a qui ont le coeur trop vaste
Pour se priver de mirages
Z'ont plein de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
D peur de manquer l'heure
Qui conduit à Paris
Y en a qui ont le coeur dehors
Et ne peuvent que l'offrir
L coeur tellement dehors
Qu'ils sont tous à s'en servir
Celui-là a le coeur dehors
Et si frêle et si tendre
Que maudits soient les arbres morts
Qui ne pourraient point l'entendre
A plein de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
De peur de manque l(heure
Qui conduit à Paris
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