Donatien
avatar 02/03/2009 @ 20:55:45
CLAIR DE LUNE

(Alain borne 1915-1962 -"Poète de la transparence et de l'innocence du monde")



Des jeunes filles
dans les prés d'argent
tournent sans musique

Une mare est là
où baigne la lune trouée de crapauds
dont l'orchestre pleure
la douce pavane
d'un temps très ancien.

Chante là chante pour ces robes blanches
qui couvrent des vierges et des rêves
ton amour déçu.

-------------

Revedunjour
03/03/2009 @ 08:06:34
Puisque le printemps frappe à la porte...

Le printemps-Théophile Gautier

Tandis qu'à leurs oeuvres perverses
Les hommes courent,haletants,
Mars,qui rit malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.

Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement,lorsque tout dort,
Il repasse des collerettes
Et cisèle des boutons d'or.

Dans le verger et dans la vigne,
Il s'en va,furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l'amandier.

La Nature,au lit,se repose.
Lui descend au jardin désert
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.

Tout en composant des solfèges,
Qu'aux merles il siffle à mi-voix,
Il sème au pré les perce-neige
Et les violettes au bois.

Sur le cresson de la fontaine,
Ou le cerf boit,l'oreille au guet,
De sa main cachée,il égrène
Les grelots d'argent du muguet.

Sous l'herbe,pour que tu la cueilles,
Il met la fraise au teint vermeil
Et te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil.

Puis,lorsque sa besogne est faite
Et que son règne va finir,
Au seuil d'Avril,tournant la tête,
Il dit:"Printemps,tu peux venir!".

Revedunjour
03/03/2009 @ 08:16:35
Ça me fait rire, quel coïncidence, parce que justement ce matin j'ai lu la version de Georges Perec dans La disparition. Ce n'est pas aussi beau que Rimbaud, mais ça a le mérite de refaire le poème sans la lettre "e", ce qui n'est pas rien:

Je ne "crois" guère aux coîncidences,Nance...plutôt aux synchronicités...J'ai toujours pensé qu'il n'y avait pas de "hasard"...juste des instants "synchrones" entre certains individus..une sorte de "symbiosmose" mentale à l'instant T...

Vocalisations

A noir, (Un blanc), I roux, U safran, O azur:
Nous saurons au jour dit ta vocalisation:
A, noir carcan poilu d'un scintillant morpion
Qui bombinait autour d'un nidoral impur,

Caps obscurs; qui, cristal du brouillard ou du Khan,
Harpons du fjord hautain, Rois Blancs, frissons d'anis?
I, carmins, sang vomi, riant ainsi qu'un lis
Dans un courroux ou dans un alcool mortifiant;

U, scintillations, rond divins du flot marin,
Paix du pâtis tissu d'animaux, paix du fin
Sillon qu'un fol savoir aux grands fronts imprima;

O, finitif clairon aux accords d'aiguisoir,
Soupirs ahurissant Nadir ou Nirvâna:
O l'omicron, rayon violin dans son Voir!


Et,là,je me dis:"Bravissimo!"!!:(
Wouah!Tu peux deviner pourquoi je dois faire comme P!!!Relaxing,relaxing!!!
Mais,à moins de me donner un coup de massue sur la tête...je ne vois pas comment faire!
Parce que te parler du roman de Perec..alors que tu le lis!:(
Dodo,dodo,go and relax in bed!
Biz!
(j'adore ton poème:il est quand même "vachement" doué pour le réécrire dans son style..!)

Revedunjour
03/03/2009 @ 13:12:07
Enfant,j'ai quelquefois..(extrait-4eme époque)--A.de Lamartine

Enfant,j'ai quelquefois passé des jours entiers
Au jardin,dans les prés,dans quelques verts sentiers
Creusés sur les coteaux par les boeufs du village,
Tout voilés d'aubépine et de mûre sauvage,
Mon chien auprès de moi,mon livre dans la main,
M'arrêtant sans fatigue et marchant sans chemin,
Tantôt lisant,tantôt écorçant quelque tige,
Suivant d'un oeil distrait l'insecte qui voltige,
L'eau qui coule au soleil en petits diamants,
Ou l'oreille clouée à des bourdonnements;
Puis,choisissant un gîte à l'abri d'une haie,
Comme un lièvre tapi qu'un aboiement effraie,
Ou couché dans le pré,dont les gramens en fleurs
Me noyaient dans un lit de mystère et d'odeurs,
Et recourbaient sur moi des rideaux d'ombre obscure,
Je reprenais de l'oeil et du coeur ma lecture.
C'était quelque poète au sympathique accent,
Qui révèle à l'esprit ce que le coeur pressent;
Hommes prédestinés,mystérieuses vies,
Dont tous les sentiments coulent en mélodies,
Que l'on aime à porter avec soi dans les bois,
Comme on aime un écho qui répond à nos voix!
Ou bien c'était encor quelque touchante histoire
D'amour et de malheur,triste et bien dure à croire:
Virginie arrachée à son frère,et partant,
Et la mer la jetant morte au coeur qui l'attend!
Je la mouillais de pleurs et je marquais le livre,
Et je fermais les yeux et je m'écoutais vivre;
Je sentais dans mon sein monter comme une mer
De sentiment doux,fort,triste,amoureux,amer,
D'images de la vie et de vagues pensées
Sur les flots de mon âme indolemment bercées,
Doux fantômes d'amour dont j'étais créateur,
Drames mystérieux et dont j'étais l'acteur!
Puis,comme des brouillards après une tempête,
Tous ces drames conçus et joués dans ma tête
Se brouillaient,se croisaient,l'un l'autre s'effaçaient;
Mes pensers soulevés comme un flot s'affaissaient;
Les gouttes se séchaient au bord de ma paupière,
Mon âme transparente absorbait la lumière,
Et,sereine et brillante avec l'heure et le lieu,
D'un élan naturel se soulevait à Dieu,
Tout finissait en lui comme tout y commence,
Et mon coeur apaisé s'y perdait en silence;
Et je passais ainsi,sans m'en apercevoir,
Tout un long jour d'été,de l'aube jusqu'au soir,
Sans que la moindre chose intime,extérieure,
M'en indiquât la fuite,et sans connaître l'heure
Qu'au soleil qui changeait de pente dans les cieux,
Au jour plus pâlissant sur mon livre ou mes yeux,
Au serein qui des fleurs humectait les calices:
Car un long jour n'était qu'une heure de délices!

Nance
avatar 03/03/2009 @ 18:50:26
Puisque le printemps frappe à la porte...

Pas ici! ;-)

Donatien
avatar 04/03/2009 @ 08:50:30
JE NE SERAI


Je ne serai
que quand tu seras mienne

Je t'attends pour devenir moi.

Mon désir qui m'empêche de parler
interdit mon poème.

Les mots sont rauques
à tant te chercher
mais quelle transparence leur viendra
lorsqu'ils couleront sur tes seins!

(Alain Borne -1964)

Revedunjour
04/03/2009 @ 18:36:02
J'aime beaucoup les poèmes que tu postes,Donatien.
Toujours très expressifs et portant au rêve..

Revedunjour
04/03/2009 @ 18:42:29
Le rêve bleu-Aragon(dédié à Man Ray)

Les rayons de mes yeux se brisent
La sueur de mon front s'élève dans le ciel
Je tourne les mains vers les petits oiseaux
Ils sont juste en train de voler des cerises
Je prends des épingles sur la pelote
D'épingles
J'en fais cadeau le long des boulevards
A tous les revers de pardessus
Je saute d'un refuge à l'autre
J'éclabousse de rire les passants
Devinez qui je suis Pour tout dire
Je porte une lettre à la poste
Des chaussettes qui rappellent parfois les grands espaces polaires
Devinez devinez
Je suis le Bon Roi Dagobert

;)

Revedunjour
04/03/2009 @ 18:52:57
La bataille du poème(dans "Le sang de la liberté-Poésies politiques d'Amérique Centrale")
Julio Fausto Aguilera

Avec un poème,
c'est vrai,
tu ne chasses pas un tyran.
Avec un poème tu n'apportes ni pain ni toit
à l'enfant vagabond,
ni remèdes
au paysan malade.
Surtout,tu ne peux pas le faire à l'instant même.

Mais..Nous allons voir.

Un poème
bien né et vigoureux,
et un autre plus enflammé,
et un autre plus vigilant,
er un autre poème plus fort et plus véridique,
donnent vie
à un rêve qu'ils ont cueilli tout tendre,
et ce rêve de beaucoup d'hommes,une fois nourri,
devient une conscience,
et cette conscience,une passion,un désir angoissé...

Jusqu'au jour ou,tout
-rêve,conscience,désir-,
s'organise,compact...
et alors
vient le cri,
et le poing,
et la conquête...

Dans l'effigie de la conquête
brille un diadème:le poème.

Revedunjour
05/03/2009 @ 09:36:37
De Edward Estlin Cummings in"Selected poems"

quelle liberté n'est pas le simple mieux de quelque pire
mais souffle oui que la crainte jamais ne nie?
immense notre pur et entier et vivant amour
dont le sort est beauté et son destin de croître

la haine va-t-elle bouleverser le sage?le doute aveugler le brave?
le masque porte-t-il le visage?les chants ne sont-ils plus que parole?
ici les plus jeunes êtres d'encore plus jeunes êtres se conçoivent
ici est la musique de la musique et le jour du jour

des mondes vont-ils s'effondrer?chacun était un gant
mais je suis et tu es réel l'une ou l'autre main
est à vendre quand?pourtoujours c'est donner
et nous sommes au maintenant même du pourtoujours

ni une première rose n'explose mais doit nous grandir
entiers et vrais et infinis et immédiats nous

Revedunjour
06/03/2009 @ 05:34:06
Extrait de "La crosse en l'air"--J.Prévert

Il veut parler
il veut crier hurler gueuler
gueuler
mais ce n'est pas pour lui tout seul qu'il
veut gueuler c'est pour ses camarades
du monde entier
pour ses camarades charpentiers en fer
qui fabriquent les maisons de la porte
Champerret pour ses camarades
cimentiers..ses camarades égoutiers...
camarades surmenés...camarades
pêcheurs de Douarnenez...camarades
exploités.....
camarades mal payés...camarades
vidangeurs...camarades humiliés...
camarades chinois des rizières d
Chine...camarades affamés...
camarades paysans du Danube...
camarades torturés...camarades de
Belleville...de Grenelle et de Mexico...

Revedunjour
06/03/2009 @ 05:38:22
Le fantôme de l'honnête"--Aragon

Quand on a peiné tout le jour
Fait son devoir gagné son pain
Tour à tour
On est bienheureux de trouver son coin
Pour dormir jusqu'au lendemain
Afin de peiner son pain tout le jour
Gagner son devoir et perdre son tour
Coin-coin


Qui n'a pas son petit canard
Son petit pain
Son petit lupanar
Son petit bonheur son petit soleil
Son petit sommeil
Coin-coin

Revedunjour
06/03/2009 @ 05:45:47
(At least but non the last...)

"La prière d'un paien"--Baudelaire

Ah!ne ralentis pas tes flammes;
Réchauffe mon coeur engourdi,
Volupté,torture des âmes!
Diva! supplicem exaudi!

Déesse dans l'air répandue,
Flamme dans notre souterrain!
Exauce une âme morfondue,
Qui te consacre un chant d'airain.

Volupté,sois toujours ma reine!
Prends le masque d'une sirène
Faite de chair et de velours,

Ou verse-moi tes sommeils lourds
Dans le vin informe et mystique,
Volupté,fantôme élastique!

Ludmilla
avatar 09/03/2009 @ 21:09:48
Et un sourire

La nuit n'est jamais complète
Il y a toujours puisque je le dis
Puisque je l'affirme
Au bout du chagrin une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler faim à satisfaire
Un cœur généreux
Une main tendue une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie la vie à se partager

Paul Eluard

Dirlandaise

avatar 18/03/2009 @ 17:10:41
Pourquoi naître dans la douleur ?
Pourquoi faire mal à vos mères ?
Pourquoi saluer la lumière
Des buées de vos premiers pleurs ?...
Que vient faire tout ce qui meurt ?
Pourquoi le temps, pourquoi l'espace ?
Et si vous êtes à vos places
Pourquoi la vie est-elle ailleurs ?

Pourquoi naître comme des bêtes
Mais sans goût de ce qui vous plaît ?...
Pourquoi perdre vos dents de lait ?
N'êtes-vous pas ce que vous êtes ?...

Pourquoi faut-il que nous montions
Vers une âme que nous aurions ?...
Qui sait de quoi la vie est veuve ?...
De quel droit nous mettre à l'épreuve ?
Et pourquoi même la question ?...

Dans l'escalier sans dimensions
Sans palier ni porte ni pente
Où le hasard nous a liés
Quel feu peut nous signifier
La montée ou la redescente ?
Quelle eau nous rêve ou nous enfante
Tristes anges scaphandriers ?

August Strindberg (Le Songe)

Donatien
avatar 27/03/2009 @ 10:00:43
L'inquiétude

Elle attend, se lève, se mire
puis elle attend, se lève, se mire
attend, se lève, se mire
dans un miroir blanc
où ses seins blancs
pointent, se noient, et se retrouvent.

Paul Nougé.

Dirlandaise

avatar 31/03/2009 @ 01:58:12
Nés sous les nuages du ciel
chassés par les éclairs d'Indra
en bas, sur la terre poussiéreuse…
La balle des champs a sali nos pieds,
la poussière des grands-routes,
les fumées des villes.
Nous avons dû supporter
mauvaises haleines,
vapeurs de vin et de cuisine…
Nous sommes allés sur l’immense mer
pour aérer nos poumons,
agiter nos ailes,
et nettoyer nos pieds.
Indra, maître du ciel,
Ecoute-nous !
Ecoute quand nous soupirons !
Non, la terre n’est pas pure.
La vie n’est pas bonne,
les hommes ne sont pas méchants
ils ne sont pas bons non plus.
Ils vivent comme ils peuvent
le jour qui leur échoit.
Les fils de la poussière errent dans la poussière,
nés de la poussière
et poussière ils seront.
Ils eurent des pieds pour marteler le sol,
mais pas d’ailes.
S’ils sont devenus poussiéreux
est-ce leur faute
ou bien la tienne ?

Nous les vents, les enfants de l’air,
nous portons la plainte des hommes,
nous as-tu entendus
dans la cheminée un soir d’automne,
dans la trappe du poêle,
dans la fente des fenêtres,
quand la pluie pleure sur les toits,
ou bien les soirs d’hiver,
dans la forêt de pins recouverte de neige,
ou sur la mer battue des vents
entendais-tu les lamentations, les plaintes
dans les voiles et les cordages...
C’est nous, les vents,
les enfants de l’air,
comme si des poitrines des hommes
que nous avons traversées
nous avions appris ces notes de souffrance…
Dans la chambre du malade, sur le champ de bataille
dans la chambre de l'enfant, surtout,
où pleurent les nouveaux-nés
qui crient, se lamentent
de la douleur d'exister.
C'est nous, les vents
qui sifflons et gémissons.
Malheur ! malheur ! malheur !

C'est nous, les vagues
qui berçons les vents
pour les endormir!
Verts berceaux, nous les vagues.
Nous sommes humides et salées,
comme les flammes du feu,
d'humides flammes.
Eteignant, brûlant,
provoquant, engendrant.
Nous, nous, les vagues
qui berçons les vents
pour les endormir!

II
Pourquoi es-tu né dans la douleur ?
Pourquoi fais-tu souffrir ta mère,
enfant des hommes, quand tu lui donnes
la joie de la maternité,
la plus grande de toutes les joies ?
Pourquoi t’éveilles-tu à la vie,
pourquoi salues-tu la lumière
par un cri de méchanceté et de douleur ?
Pourquoi ne souris-tu pas à la vie,
enfant des hommes, puisque la vie
doit être la joie elle-même ?
Pourquoi naissons-nous comme des animaux
nous de souche divine, et de la famille des hommes?
L’esprit exigeait pourtant un autre vêtement,
que celui-ci, de sang et de saleté!
L’image de Dieu doit-elle changer ses dents...

Et commence la course errante
sur les épines, les chardons et les ronces.
Est-il un chemin qui s'ouvre
il est déclaré interdit.
Cueilles-tu une fleur, vite, tu apprends
qu'elle appartient à un autre ;
un champ se tient-il en travers de ta route,
et tu dois poursuivre ton voyage
tu piétines des récoltes ;
d'autres piétinent alors les tiennes
pour faire moindre la différence!
Chaque joie dont tu profiteras
donnera de la peine à tous les autres
mais ta peine ne rendra heureux personne
car c'est chagrin pour chagrin !
Ainsi va ta route jusqu’à ta mort
et il en sera de même, malheureusement, pour les autres qui viendront!

III
C’est le moment de se quitter, et la fin approche ;
adieu, enfant des hommes, toi rêveur,
toi poète qui mieux que quiconque sait vivre ;
ailé, planant sur le monde,
tu plonges parfois dans la terre,
Pour l’effleurer, non y rester!

Maintenant, alors que je m’en vais... au moment de se quitter,
quand on se sépare d'un ami, d'un lieu
combien grandit le regret de ce qu'on a aimé
le remords de ce qu'on a brisé...
O, je sens maintenant toute la douleur d'être,
c’est donc cela, être un humain…
On regrette même ce qu’on n’estimait pas
on se repend même de ce qu'on n'a pas brisé...
On veut partir, et on veut rester…
Ainsi le cœur se brise, en deux parties,
et les sentiments sont écartelés, comme par des chevaux
de contradiction, d'indécision, de dissonance...

Adieu ! Dis à tes frères et sœurs que je me souviendrai d'eux
là où je vais, et leur plainte
je la porterai en ton nom devant le trône.
Adieu !

August Strindberg (Le Songe)

Martell
avatar 02/04/2009 @ 10:57:11
Ma compagne (extrait)

Cupidon l'a touchée
d'une flèche en or.
Dans son coeur brisé
La pointe blesse encore.

Nance
avatar 11/04/2009 @ 20:23:12
Je trouve ce poème vraiment triste, le contraste entre la vie (la nature) et la mort (le garçon).

Le dormeur du val
Arthur Rimbaud

C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent; où le soleil de la montagne fière,
Luit; C'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pale dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme:
Nature, berce-le chaudement: il a froid.

Les parfums ne font plus frissonner sa narine;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au coté droit.

Saint Jean-Baptiste 11/04/2009 @ 22:00:23
Il y a une magie dans ce poème de Rimbaud...
Une vraie magie, inexplicable.

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