Il y a une magie dans ce poème de Rimbaud...
Une vraie magie, inexplicable.
Non, pas inexplicable... innommable (allez! je me sauve avant que Provis rapplique!)
Bonjour...
"Langue bourgogne de soleil flagellé
Langue qui lèche ton pays aux dunes insomnieuses
Chevelure
Langue lanières de fouet
Langages
Dénoués sur tes épaules
Entrelacés
Sur tes seins
Écriture qui t'écrit
Avec des lettres stylets
Te nie
Avec des signes tisons
Vêtement qui te dévêt
....
J'ouvre
Les lèvres de ta nuit
Humides ravines
Échos
Latence d'être:
Blancheur
Soudaines d'eau
Déchaînée"
Octavio Paz (Maithuna - Extraits - Versant Est, 1969)
"Langue bourgogne de soleil flagellé
Langue qui lèche ton pays aux dunes insomnieuses
Chevelure
Langue lanières de fouet
Langages
Dénoués sur tes épaules
Entrelacés
Sur tes seins
Écriture qui t'écrit
Avec des lettres stylets
Te nie
Avec des signes tisons
Vêtement qui te dévêt
....
J'ouvre
Les lèvres de ta nuit
Humides ravines
Échos
Latence d'être:
Blancheur
Soudaines d'eau
Déchaînée"
Octavio Paz (Maithuna - Extraits - Versant Est, 1969)
Luc Bérimont
Bientôt je n'aurai plus de voix
Bientôt je n'aurai plus de voix
Disait le voiturier
Bientôt je n'aurai plus de chats
Disait le châtaignier
Bientôt je n'aurai plus de rats
Disait le râtelier
Bientôt je n'aurai plus de poux
Disait le poulailler
Bientôt je n'aurai plus de rampe
Disait le rempailleur
Mais tous ceux qui ne disaient rien
Tous ceux-là n'en pensaient pas moins.
Bientôt je n'aurai plus de voix
Bientôt je n'aurai plus de voix
Disait le voiturier
Bientôt je n'aurai plus de chats
Disait le châtaignier
Bientôt je n'aurai plus de rats
Disait le râtelier
Bientôt je n'aurai plus de poux
Disait le poulailler
Bientôt je n'aurai plus de rampe
Disait le rempailleur
Mais tous ceux qui ne disaient rien
Tous ceux-là n'en pensaient pas moins.
Jean Tardieu
L’éternel enfant
Grand plaisir grand merci
Merci mille fois merci
A bientôt Mais non Mais si
Ce n’est rien je vous en prie.
A Dimanche à Lundi
A Mardi à Mercredi
C’est cela: plutôt Vendredi
Le matin, je veux dire à midi
Dès l’aurore avant la nuit.
Sans façon c’est par ici
Trop aimable. Bonne nuit.
L’éternel enfant
Grand plaisir grand merci
Merci mille fois merci
A bientôt Mais non Mais si
Ce n’est rien je vous en prie.
A Dimanche à Lundi
A Mardi à Mercredi
C’est cela: plutôt Vendredi
Le matin, je veux dire à midi
Dès l’aurore avant la nuit.
Sans façon c’est par ici
Trop aimable. Bonne nuit.
Claude Roy
Bestiaire des animaux à l'aise dans leur peau
Très oiseaux les oiseaux sont très sûrs d'être oiseaux
L'écureuil sait très bien son métier d'écureuil
Les chevaux dans leur peau de cheval sont chevaux
Le lézard sait par coeur l'art de vivre en lézard
La fourrure du chat tient le chat tout entier
Le renard est renard tout le long de l'année
Le poisson est dans l'eau comme un poisson dans l'eau
Mais moi je m'évapore et me perds et me trouve
et ne suis jamais sûr d'être ce que je suis.
Bestiaire des animaux à l'aise dans leur peau
Très oiseaux les oiseaux sont très sûrs d'être oiseaux
L'écureuil sait très bien son métier d'écureuil
Les chevaux dans leur peau de cheval sont chevaux
Le lézard sait par coeur l'art de vivre en lézard
La fourrure du chat tient le chat tout entier
Le renard est renard tout le long de l'année
Le poisson est dans l'eau comme un poisson dans l'eau
Mais moi je m'évapore et me perds et me trouve
et ne suis jamais sûr d'être ce que je suis.
Jean Rousselot
On n’est pas n’importe qui
Quand tu rencontres un arbre dans la rue, dis-lui bonjour
sans attendre qu’il te salue. C’est distrait, les arbres.
Si c’est un vieux, dis-lui "Monsieur". De toute façon,
appelle-le par son nom : Chêne, Bouleau, Sapin, Tilleul...
Il y sera sensible.
Au besoin, aide-le à traverser. Les arbres,
ça n’est pas encore habitué à toutes nos autos.
Même chose avec les fleurs, les oiseaux, les poissons;
appelle-les par leur nom de famille. On n’est pas n’importe qui !
Si tu veux être tout à fait gentil, dis "Madame la Rose"
à l’églantine ; on oublie un peu trop qu’elle y a droit.
On n’est pas n’importe qui
Quand tu rencontres un arbre dans la rue, dis-lui bonjour
sans attendre qu’il te salue. C’est distrait, les arbres.
Si c’est un vieux, dis-lui "Monsieur". De toute façon,
appelle-le par son nom : Chêne, Bouleau, Sapin, Tilleul...
Il y sera sensible.
Au besoin, aide-le à traverser. Les arbres,
ça n’est pas encore habitué à toutes nos autos.
Même chose avec les fleurs, les oiseaux, les poissons;
appelle-les par leur nom de famille. On n’est pas n’importe qui !
Si tu veux être tout à fait gentil, dis "Madame la Rose"
à l’églantine ; on oublie un peu trop qu’elle y a droit.
Daniel Peynaud
Sans doute poème
Ma très toute petite flamme,
Mon aujourd'hui d'après-demain,
Mon caillou qui dort dans le pain
pour lui donner le poids d'une âme.
Abeille captive du songe,
Commencement d'éternité,
Soleil prisonnier d'une orange,
Balbutiement de clarté.
Je fais vite, je me dépêche,
je veux t'écrire tout cela,
je veux t'étoiler la tendresse
et que ça n'en finisse pas.
Écoute mon coeur comme il bat!
Écoute mon coeur comme il bat!
Sans doute poème
Ma très toute petite flamme,
Mon aujourd'hui d'après-demain,
Mon caillou qui dort dans le pain
pour lui donner le poids d'une âme.
Abeille captive du songe,
Commencement d'éternité,
Soleil prisonnier d'une orange,
Balbutiement de clarté.
Je fais vite, je me dépêche,
je veux t'écrire tout cela,
je veux t'étoiler la tendresse
et que ça n'en finisse pas.
Écoute mon coeur comme il bat!
Écoute mon coeur comme il bat!
Géo Norge
Les chaises
C’est une chaise qui a créé le monde : au commencement, il n’y avait que des chaises. Elles s’ennuyaient. Faisons-nous un homme, dit une chaise, un homme qui posera son séant sur notre siège, qui s’appuiera contre notre dossier, qui nous changera de place, qui nous polira, nous cirera, nous caressera. Cette chaise-là pensa l’homme si fortement que l’homme fut. Et l’homme, enfant de la chaise, vit de plus en plus assis.
Les chaises
C’est une chaise qui a créé le monde : au commencement, il n’y avait que des chaises. Elles s’ennuyaient. Faisons-nous un homme, dit une chaise, un homme qui posera son séant sur notre siège, qui s’appuiera contre notre dossier, qui nous changera de place, qui nous polira, nous cirera, nous caressera. Cette chaise-là pensa l’homme si fortement que l’homme fut. Et l’homme, enfant de la chaise, vit de plus en plus assis.
François David
Questions d'amour
Est-ce que tu m'aimes?
Demande l'enfant
Tu m'aimes?
C'est sûr que tu m'aimes?
Et si je ferais des bêtises
Est-ce que tu m'aimerais encore?
Et si je serais pas ton enfant
Est-ce que tu m'aimerais toujours?
Et si je serais pas venu sur terre
Est-ce que tu m'aurais aimé quand même?
Est-ce que tu m'aimes, dis?
Est-ce que tu m'aimes?
Questions d'amour
Est-ce que tu m'aimes?
Demande l'enfant
Tu m'aimes?
C'est sûr que tu m'aimes?
Et si je ferais des bêtises
Est-ce que tu m'aimerais encore?
Et si je serais pas ton enfant
Est-ce que tu m'aimerais toujours?
Et si je serais pas venu sur terre
Est-ce que tu m'aurais aimé quand même?
Est-ce que tu m'aimes, dis?
Est-ce que tu m'aimes?
Merci Nance pour ces petits morceaux de poésie
encore, encore....
encore, encore....
Quand au temple nous serons.... Pierre de Ronsard 1528 - 1585
Quand au temple nous serons
Agenouillés, nous ferons
Les dévots selon la guise
De ceux qui pour louer Dieu
Humbles se courbent au lieu
Le plus secret de l'église.
Mais quand au lit nous serons
Entrelacés, nous ferons
Les lascifs selon les guises
Des amants qui librement
Pratiquent folâtrement
Dans les draps cent mignardises.
Pourquoi donque, quand je veux
Ou mordre tes beaux cheveux,
Ou baiser ta bouche aimée,
Ou toucher à ton beau sein,
Contrefais-tu la nonnain
Dedans un cloître enfermée ?
Pour qui gardes-tu tes yeux
Et ton sein délicieux,
Ta joue et ta bouche belle ?
En veux-tu baiser Pluton
Là-bas, après que Charon
T'aura mise en sa nacelle ?
Après ton dernier trépas,
Grêle, tu n'auras là-bas
Qu'une bouchette blêmie ;
Et quand mort, je te verrais
Aux Ombres je n'avouerais
Que jadis tu fus m'amie.
Ton test n'aura plus de peau,
Ni ton visage si beau
N'aura veines ni artères :
Tu n'auras plus que les dents
Telles qu'on les voit dedans
Les têtes des cimeteres.
Donque, tandis que tu vis,
Change, maîtresse, d'avis,
Et ne m'épargne ta bouche :
Incontinent tu mourras,
Lors tu te repentiras
De m'avoir été farouche.
Ah, je meurs ! Ah, baise-moi !
Ah, maîtresse, approche-toi !
Tu fuis comme faon qui tremble.
Au moins souffre que ma main
S'ébatte un peu dans ton sein,
Ou plus bas, si bon te semble.
Quand au temple nous serons
Agenouillés, nous ferons
Les dévots selon la guise
De ceux qui pour louer Dieu
Humbles se courbent au lieu
Le plus secret de l'église.
Mais quand au lit nous serons
Entrelacés, nous ferons
Les lascifs selon les guises
Des amants qui librement
Pratiquent folâtrement
Dans les draps cent mignardises.
Pourquoi donque, quand je veux
Ou mordre tes beaux cheveux,
Ou baiser ta bouche aimée,
Ou toucher à ton beau sein,
Contrefais-tu la nonnain
Dedans un cloître enfermée ?
Pour qui gardes-tu tes yeux
Et ton sein délicieux,
Ta joue et ta bouche belle ?
En veux-tu baiser Pluton
Là-bas, après que Charon
T'aura mise en sa nacelle ?
Après ton dernier trépas,
Grêle, tu n'auras là-bas
Qu'une bouchette blêmie ;
Et quand mort, je te verrais
Aux Ombres je n'avouerais
Que jadis tu fus m'amie.
Ton test n'aura plus de peau,
Ni ton visage si beau
N'aura veines ni artères :
Tu n'auras plus que les dents
Telles qu'on les voit dedans
Les têtes des cimeteres.
Donque, tandis que tu vis,
Change, maîtresse, d'avis,
Et ne m'épargne ta bouche :
Incontinent tu mourras,
Lors tu te repentiras
De m'avoir été farouche.
Ah, je meurs ! Ah, baise-moi !
Ah, maîtresse, approche-toi !
Tu fuis comme faon qui tremble.
Au moins souffre que ma main
S'ébatte un peu dans ton sein,
Ou plus bas, si bon te semble.
Je découvre avec quelques amis Kabyles les poèmes de Marguerite Taos Amrouche qui sont vraiment très beaux. Il est dommage que nous ayons totalement oublié cette grande dame des lettres françaises, la première algérienne (née en Tunisie) à publier en français. J'ai laissé, sur ce site, mes impressions de lecture sur son roman "Jacinthe noire" .
Je découvre avec quelques amis Kabyles les poèmes de Marguerite Taos Amrouche qui sont vraiment très beaux. Il est dommage que nous ayons totalement oublié cette grande dame des lettres françaises, la première algérienne (née en Tunisie) à publier en français. J'ai laissé, sur ce site, mes impressions de lecture sur son roman "Jacinthe noire" .
Tu nous fais envie...
Peux-tu nous faire découvrir certains de ces poèmes ?
Boris Vian
Tout a été dit cent fois
Tout a été dit cent fois
Et beaucoup mieux que par moi
Aussi quand j'écris des vers
C'est que ça m'amuse
C'est que ça m'amuse
C'est que ça m'amuse et je vous chie au nez.
Tout a été dit cent fois
Tout a été dit cent fois
Et beaucoup mieux que par moi
Aussi quand j'écris des vers
C'est que ça m'amuse
C'est que ça m'amuse
C'est que ça m'amuse et je vous chie au nez.
Valery Larbaud
A. O. Barnabooth: Poésies
Nuit dans le port
Le visage vaporisé au Portugal
(Oh, vivre dans cette odeur d'orange en brouillard frais !)
À genoux sur le divan de la cabine obscure
— J'ai tourné les boutons des branches électriques —
À travers le hublot rond et clair, découpant la nuit,
J’épie la ville.
C’est bien cela ; c’est bien cela. Je reconnais
L’avenue des casinos et des cafés éblouissants,
Avec la perspective de ses blocs de lumière, blancs
À travers les rideaux pendants des palmiers sombres.
Voici les façades éclairées des hôtels immenses,
Les restaurants rayonnant sur les trottoirs, sous les arcades,
Et les grilles dorées des jardins de la Résidence.
Je connais encore tous les coins de cette ville africaine :
Voici les Postes, et la gare du Sud, et je sais aussi
Le chemin que je prendrais pour aller au débarcadère
À tel ou tel magasin, hôtel ou théâtre ;
Et tout cela est au bout de cette ondulation bleue d’eau calme
Où vacillent les reflets des feux du yacht...
Quelques mois ensoleillés de ma vie sont encore là
(Tels que le souvenir me les représentait, à Londres),
Ils sont là de nouveau, et réels, devant moi,
Comme une grande boîte pleine de jouets sur le lit d’un enfant malade...
Je reverrais aussi des gens que j’ai connus
Sans les aimer ; et qui sont pour moi bien moins
Que les palmiers et les fontaines de la ville ;
Ces gens qui ne voyagent pas, mais qui restent
Près de leurs excréments sans jamais s’ennuyer,
Je reverrais leurs têtes un temps oubliées, et eux
Continuant leur vie étroite, leurs idées et leurs affaires
Comme s’ils n’avaient pas vécu depuis mon départ...
Non, je n’irai pas à terre, et demain
Au lever du jour la « Jaba » lèvera l’ancre ;
En attendant je passerai cette nuit avec mon passé,
Près de mon passé vu par un trou
Comme dans les dioramas des foires.
A. O. Barnabooth: Poésies
Nuit dans le port
Le visage vaporisé au Portugal
(Oh, vivre dans cette odeur d'orange en brouillard frais !)
À genoux sur le divan de la cabine obscure
— J'ai tourné les boutons des branches électriques —
À travers le hublot rond et clair, découpant la nuit,
J’épie la ville.
C’est bien cela ; c’est bien cela. Je reconnais
L’avenue des casinos et des cafés éblouissants,
Avec la perspective de ses blocs de lumière, blancs
À travers les rideaux pendants des palmiers sombres.
Voici les façades éclairées des hôtels immenses,
Les restaurants rayonnant sur les trottoirs, sous les arcades,
Et les grilles dorées des jardins de la Résidence.
Je connais encore tous les coins de cette ville africaine :
Voici les Postes, et la gare du Sud, et je sais aussi
Le chemin que je prendrais pour aller au débarcadère
À tel ou tel magasin, hôtel ou théâtre ;
Et tout cela est au bout de cette ondulation bleue d’eau calme
Où vacillent les reflets des feux du yacht...
Quelques mois ensoleillés de ma vie sont encore là
(Tels que le souvenir me les représentait, à Londres),
Ils sont là de nouveau, et réels, devant moi,
Comme une grande boîte pleine de jouets sur le lit d’un enfant malade...
Je reverrais aussi des gens que j’ai connus
Sans les aimer ; et qui sont pour moi bien moins
Que les palmiers et les fontaines de la ville ;
Ces gens qui ne voyagent pas, mais qui restent
Près de leurs excréments sans jamais s’ennuyer,
Je reverrais leurs têtes un temps oubliées, et eux
Continuant leur vie étroite, leurs idées et leurs affaires
Comme s’ils n’avaient pas vécu depuis mon départ...
Non, je n’irai pas à terre, et demain
Au lever du jour la « Jaba » lèvera l’ancre ;
En attendant je passerai cette nuit avec mon passé,
Près de mon passé vu par un trou
Comme dans les dioramas des foires.
Pierre Béarn
Un rectangle
Un rectangle se voulait carré
ce qui l'obligeait à maigrir
il se mit à réfléchir
pour découvrir un procédé
capable de réajuster
la démesure de ses flancs...
Et le voilà glissant glissant
se retournant de droite à gauche
tant et tant, tant et tant et tant
qu'il ne parvint qu'à s'arrondir!
En découvrant qu'il était rond
le rectangle voulut mourir.
C'est pourtant beau d'être un ballon
lorsqu'on s'envole vers le ciel
mais s'il faut être honoré
par de violents coups de pieds
il vaut mieux rester carré.
Un rectangle
Un rectangle se voulait carré
ce qui l'obligeait à maigrir
il se mit à réfléchir
pour découvrir un procédé
capable de réajuster
la démesure de ses flancs...
Et le voilà glissant glissant
se retournant de droite à gauche
tant et tant, tant et tant et tant
qu'il ne parvint qu'à s'arrondir!
En découvrant qu'il était rond
le rectangle voulut mourir.
C'est pourtant beau d'être un ballon
lorsqu'on s'envole vers le ciel
mais s'il faut être honoré
par de violents coups de pieds
il vaut mieux rester carré.
Pour Garance et tous les poètes une poésie de Marguerite Taos Amrouche qu'elle chante car elle a écrit des romans, des poésies et elle a chanté :
Chant: Le cheminement de la Mort
La mort s'aborde avec courage
Et se regarde avec orgueil,
Le rire des ennemis est seul redoutable.
Je fuirai ce pays
Car ma souffrance est à son comble.
Encore que ma misère m'accompagne en exil.
Le cœur qui rêve de figues fraîches,
Que lui imposent les figues sèches ?
Les propos d'autrui sont nocifs :
S'ils ne tuent pas, ils amoindrissent.
Qu'emporterons-nous des biens de la terre ?
Nous les laisserons à des héritiers,
Et nous nous en irons les mains nues
De ce monde éphémère.
Marguerite Taos Amrouche
Texte transmis par mon ami Hocine Lamriben qui veille sur la mémoire de la famille Amrouche notamment Marguerite Taos et son frère le poète Jean el Mouloub Amrouche.
Chant: Le cheminement de la Mort
La mort s'aborde avec courage
Et se regarde avec orgueil,
Le rire des ennemis est seul redoutable.
Je fuirai ce pays
Car ma souffrance est à son comble.
Encore que ma misère m'accompagne en exil.
Le cœur qui rêve de figues fraîches,
Que lui imposent les figues sèches ?
Les propos d'autrui sont nocifs :
S'ils ne tuent pas, ils amoindrissent.
Qu'emporterons-nous des biens de la terre ?
Nous les laisserons à des héritiers,
Et nous nous en irons les mains nues
De ce monde éphémère.
Marguerite Taos Amrouche
Texte transmis par mon ami Hocine Lamriben qui veille sur la mémoire de la famille Amrouche notamment Marguerite Taos et son frère le poète Jean el Mouloub Amrouche.
Pour Garance et tous les poètes une poésie de Marguerite Taos Amrouche qu'elle chante car elle a écrit des romans, des poésies et elle a chanté :
Chant: Le cheminement de la Mort
La mort s'aborde avec courage
Et se regarde avec orgueil,
Le rire des ennemis est seul redoutable.
Je fuirai ce pays
Car ma souffrance est à son comble.
Encore que ma misère m'accompagne en exil.
Le cœur qui rêve de figues fraîches,
Que lui imposent les figues sèches ?
Les propos d'autrui sont nocifs :
S'ils ne tuent pas, ils amoindrissent.
Qu'emporterons-nous des biens de la terre ?
Nous les laisserons à des héritiers,
Et nous nous en irons les mains nues
De ce monde éphémère.
Marguerite Taos Amrouche
Texte transmis par mon ami Hocine Lamriben qui veille sur la mémoire de la famille Amrouche notamment Marguerite Taos et son frère le poète Jean el Mouloub Amrouche.
Merci Dbz!
Tilman, c'est la première romancière algérienne d'expression française. Je l'ai découverte il y a peu et je participe, aux côtés de ses amis Kabyles, à la redécouverte de son oeuvre trop vite oubliée, peut-être parce qu'elle était à cheval sur les deux communautés algérienne et française quand elles étaient en guerre.
Pouvoir tout dire
Le tout est de tout dire et je manque de mots
Et je manque de temps et je manque d'audace
Je rêve et je dévide au hasard mes images
J'ai mal vécu et mal appris à parler clair
Tout dire les rochers la route et les pavés
Les rues et leurs passants les champs et les bergers
Le duvet du printemps la rouille de l'hiver
Le froid et la chaleur composant un seul fruit
Je veux montrer la foule et chaque homme en détail
Avec ce qui l'anime et qui le désespère
Et sous ses saisons d'homme tout ce qu'il éclaire
Son espoir et son sang son histoire et sa peine
Je veux montrer la foule immense divisée
Avec ce qui l'anime et qui le désespère
La foule cloisonnée comme en un cimetière
Ayant rompu ses murs ayant rompu ses maîtres
La famille des mains la famille des feuilles
Et l'animal errant sans personnalité
Le fleuve et la rosée fécondants et fertiles
La justice debout le bonheur bien planté
Le bonheur d'un enfant saurai-je le déduire
De sa poupée ou de sa balle ou du beau temps
Et le bonheur d'un homme aurai-je la vaillance
De la dire selon sa femme et ses enfants
Saurai-je mettre au clair l'amour et ses raisons
Sa tragédie de plomb sa comédie de paille
Les actes machinaux qui font le quotidien
Et les caresses qui le rendent éternel
Et pourrai-je jamais enchaîner la récolte
A l'engrais comme on fait du bien à la beauté
Pourrai-je comparer le besoin au désir
Et l'ordre mécanique à l'ordre du plaisir
Aurai-je assez de mots pour liquider la haine
Par la haine sous l'aile énorme des colères
Et montrer la victime écraser les bourreaux
Saurai-je colorer le mot révolution
L'or libre de l'aurore en des yeux sûrs d'eux-mêmes
Rien n'est semblable tout est neuf tout est précieux
J'entends des petits mots devenir des adages
L'intelligence est simple au-delà des souffrances
Contre saurai-je dire à quel point je suis contre
Les absurdes manies que noue la solitude
J'ai failli en mourir sans pouvoir me défendre
Comme en meurt un héros ligoté baîllonné
J'ai failli en être dissous corps cœur esprit
Sans formes et aussi avec toutes les formes
Dont on entoure pourriture et déchéance
Et complaisance et guerre indifférence et crime
Il s'en fallut de peu que mes frères me chassent
Je m'affirmais sans rien comprendre à leur combat
Je croyais prendre au présent plus qu'il ne possède
Mais je n'avais aucune idée du lendemain
Contre la fin de tout je dois ce que je suis
Aux hommes qui ont su ce que la vie contient
A tous les insurgés vérifiant leurs outils
Et vérifiant leur cœur et se serrant la main
Hommes continuement entre humains sans un pli
Un chant monte qui dit ce que toujours ont dit
Ceux qui dressaient notre avenir contre la mort
Contre les souterrains des nains et des déments
Pourrai-je dire enfin la porte s'est ouverte
De la cave où les fûts mettaient leur masse sombre
Sur la vigne où le vin captive le soleil
En employant les mots de vigneron lui-même
Les femmes sont taillées comme l'eau ou la pierre
Tendre ou trop entière dures ou légères
Les oiseaux passent au travers d'autres espaces
Un chien familier traîne en quête d'un vieil os
Minuit n'a plus d'écho que pour un très vieil homme
Qui gâche son trésor en des chansons banales
Même cette heure de la nuit n'est pas perdue
Je ne m'endormirai que si d'autres s'éveillent
Pourrai-je dire rien ne vaut que la jeunesse
En montrant le sillon de l'âge sur la joue
Rien ne vaut que la suite infinie des reflets
A partir de l'élan des graines et des fleurs
A partir d'un mot franc et des choses réelles
La confiance ira sans idée de retour
Je veux que l'on réponde avant que l'on questionne
Et nul ne parlera une langue étrangère
Et nul n'aura envie de piétiner un toit
D'incendier des villes d'entasser des morts
Car j'aurai tous les mots qui servent à construire
Et qui font croire au temps comme à la seule source
Il faudra rire mais on rira de santé
On rira d'être fraternel à tout moment
On sera bon avec les autres comme on l'est
Avec soi-même quand on s'aime d'être aimé
Les frissons délicats feront place à la houle
De la joie d'exister plus fraîche que la mer
Plus rien ne nous fera douter de ce poème
Que j'écris aujourd'hui pour effacer hier.
Paul Eluard
Septembre 1950
Le tout est de tout dire et je manque de mots
Et je manque de temps et je manque d'audace
Je rêve et je dévide au hasard mes images
J'ai mal vécu et mal appris à parler clair
Tout dire les rochers la route et les pavés
Les rues et leurs passants les champs et les bergers
Le duvet du printemps la rouille de l'hiver
Le froid et la chaleur composant un seul fruit
Je veux montrer la foule et chaque homme en détail
Avec ce qui l'anime et qui le désespère
Et sous ses saisons d'homme tout ce qu'il éclaire
Son espoir et son sang son histoire et sa peine
Je veux montrer la foule immense divisée
Avec ce qui l'anime et qui le désespère
La foule cloisonnée comme en un cimetière
Ayant rompu ses murs ayant rompu ses maîtres
La famille des mains la famille des feuilles
Et l'animal errant sans personnalité
Le fleuve et la rosée fécondants et fertiles
La justice debout le bonheur bien planté
Le bonheur d'un enfant saurai-je le déduire
De sa poupée ou de sa balle ou du beau temps
Et le bonheur d'un homme aurai-je la vaillance
De la dire selon sa femme et ses enfants
Saurai-je mettre au clair l'amour et ses raisons
Sa tragédie de plomb sa comédie de paille
Les actes machinaux qui font le quotidien
Et les caresses qui le rendent éternel
Et pourrai-je jamais enchaîner la récolte
A l'engrais comme on fait du bien à la beauté
Pourrai-je comparer le besoin au désir
Et l'ordre mécanique à l'ordre du plaisir
Aurai-je assez de mots pour liquider la haine
Par la haine sous l'aile énorme des colères
Et montrer la victime écraser les bourreaux
Saurai-je colorer le mot révolution
L'or libre de l'aurore en des yeux sûrs d'eux-mêmes
Rien n'est semblable tout est neuf tout est précieux
J'entends des petits mots devenir des adages
L'intelligence est simple au-delà des souffrances
Contre saurai-je dire à quel point je suis contre
Les absurdes manies que noue la solitude
J'ai failli en mourir sans pouvoir me défendre
Comme en meurt un héros ligoté baîllonné
J'ai failli en être dissous corps cœur esprit
Sans formes et aussi avec toutes les formes
Dont on entoure pourriture et déchéance
Et complaisance et guerre indifférence et crime
Il s'en fallut de peu que mes frères me chassent
Je m'affirmais sans rien comprendre à leur combat
Je croyais prendre au présent plus qu'il ne possède
Mais je n'avais aucune idée du lendemain
Contre la fin de tout je dois ce que je suis
Aux hommes qui ont su ce que la vie contient
A tous les insurgés vérifiant leurs outils
Et vérifiant leur cœur et se serrant la main
Hommes continuement entre humains sans un pli
Un chant monte qui dit ce que toujours ont dit
Ceux qui dressaient notre avenir contre la mort
Contre les souterrains des nains et des déments
Pourrai-je dire enfin la porte s'est ouverte
De la cave où les fûts mettaient leur masse sombre
Sur la vigne où le vin captive le soleil
En employant les mots de vigneron lui-même
Les femmes sont taillées comme l'eau ou la pierre
Tendre ou trop entière dures ou légères
Les oiseaux passent au travers d'autres espaces
Un chien familier traîne en quête d'un vieil os
Minuit n'a plus d'écho que pour un très vieil homme
Qui gâche son trésor en des chansons banales
Même cette heure de la nuit n'est pas perdue
Je ne m'endormirai que si d'autres s'éveillent
Pourrai-je dire rien ne vaut que la jeunesse
En montrant le sillon de l'âge sur la joue
Rien ne vaut que la suite infinie des reflets
A partir de l'élan des graines et des fleurs
A partir d'un mot franc et des choses réelles
La confiance ira sans idée de retour
Je veux que l'on réponde avant que l'on questionne
Et nul ne parlera une langue étrangère
Et nul n'aura envie de piétiner un toit
D'incendier des villes d'entasser des morts
Car j'aurai tous les mots qui servent à construire
Et qui font croire au temps comme à la seule source
Il faudra rire mais on rira de santé
On rira d'être fraternel à tout moment
On sera bon avec les autres comme on l'est
Avec soi-même quand on s'aime d'être aimé
Les frissons délicats feront place à la houle
De la joie d'exister plus fraîche que la mer
Plus rien ne nous fera douter de ce poème
Que j'écris aujourd'hui pour effacer hier.
Paul Eluard
Septembre 1950
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