Shelton
avatar 08/07/2022 @ 09:05:57
Vendredi 8 juillet 2022

L’été c’est fait pour lire et les plus gros ouvrages ne sont pas systématiquement les meilleurs. D’ailleurs, un de mes professeurs de lettres disait toujours que le plus difficile, pour un romancier ou un poète, est de faire court, beau, humain…

Alors, puisque nous avons fêté cette année avec faste, comme on aime bien le faire en France, un anniversaire concernant Molière, il m’est venu l’envie de rendre hommage à ces écrivains du XVII° siècle, ceux que nous apprenions jadis à l’école quand on nous disait avec certitude que le Roi Soleil, le plus grand roi de France, avait autour de lui les plus beaux écrivains de l’humanité… Non, ne souriez pas, j’ai réellement entendu cela en classe… Bon, heureusement, tous les enseignants d’histoire et français n’affirmaient pas la même chose… Mais quand même…

D’ailleurs, pour être complet, comme je l’ai déjà expliqué par ailleurs, on m’a demandé de réaliser plusieurs conférences sur des auteurs du XVII° siècle ce qui a stimulé mes actions de recherche, de relecture, sur ces auteurs qui, je l’avoue, m’ont quand même apporté de nombreuses satisfactions… C’est surprenant de constater que pour parler de Pascal, Racine ou La Fontaine, il nous faut toujours des excuses, des justifications… Quel bonheur, cet anniversaire !

Aujourd’hui, c’est de La Fontaine que je souhaiterais vous parler pour vous donne envie de relire une ou deux de ces belles fables que l’on nous obligeait à apprendre et réciter parfois alors même que nous n’en comprenions pas le sens… Passons…

Jean de La Fontaine s’est effectivement invité très tôt chez moi, au sens propre comme au sens figuré, car nous avions le fablier illustré par Benjamin Rabier à la maison et que ma mère, inconsciente de sa valeur ou par envie de nous enrichir culturellement parlant, nous laissait prendre l’ouvrage en mains dès que nous le souhaitions… Je pense qu’elle a du le regretter quand elle a constaté que nous en avions découpé quelques illustrations…

Je ne me souviens plus si j’avais été le premier à découper ou pas, mais je sais sans aucun doute que ces dessins m’ont touché puis accompagné durant toute ma vie. Chaque fois que j’entends une fable, je me souviens de ces magnifiques dessins de celui que je considère comme l’un des meilleurs illustrateurs des Fables de La Fontaine. J’ai du me racheter une modeste réédition, mais le charme agit toujours et je crois que ce sera bien pour la vie…

Pourtant, avouons-le, les Fables sont très moralisatrices, un peu pénibles à lire et si elles n’étaient pas peuplées d’un bestiaire fascinant, je crois qu’on les aurait oubliées depuis longtemps… Imaginez un monsieur au quatrième étage de l’immeuble, avec un camembert à la main et une jeune femme au pied de son bloc. Il veut faire le beau, parle avec les mains et fait tomber son fromage… En bas, sauvant le royal met de l’écrasement total, la passante le saisit au vil et rentre chez elle le partager avec ses enfants… Bien sûr, je m’égare un peu mais ce qui est certain c’est que cigogne, renard, loup et autre lion ou chien rendent ces histoires fascinantes et que chacun d’entre nous en a retenu certainement quelques unes dans sa mémoire… Alors, si nous en relisions quelques-unes cet été ?

Même s’il est difficile de trouver une version complète illustrée par Benjamin Rabier, il existe de très nombreuses versions illustrées disponibles, neuves ou d’occasion, et après chacun se fera son opinion, sur le texte comme sur l’illustration… Je persiste et signe, pour moi c’est bien Benjamin Rabier le meilleur (et n’oubliez surtout pas de relire aussi un Gédéon le canard pendant que vous y êtes !). Dans tous les cas, convoquez cet été, puisque l’été c’est fait pur lire, toutes ces fables qui rappellerons quelques évènements récents… Je pense à l’humanité malade de la Covid, Perette qui se voyait premier ministre, les états loups dévorant leurs voisins moutons et autres que vous saurez bien reconnaitre !

Alors joyeuse lecture jubilatoire !

Shelton
avatar 09/07/2022 @ 09:57:38
Samedi 9 juillet 2022

L’été c’est fait pour lire et c’est souvent l’occasion, à travers une belle lecture, d’apprendre ou conforter ses souvenirs sur un point particulier, qu’il soit scientifique, littéraire, philosophique ou même métaphysique… Aujourd’hui, n’allons peut-être pas si loin et restons-en à l’histoire, celle de l’Indochine française, ou, plus exactement, à la fin de cette Indochine française !

Nous allons le faire avec la série Indochine de Jean-Pierre Pécau et Maza, une série BD de qualité même si nous allons rapidement modérer le point de référence historique. En effet, j’ai eu le plaisir d’interviewer Jean-Pierre Pécau, le scénariste, et je lui avais demandé si la vie de ce personnage, Baverel, était bien réelle… Il m’avait répondu assez longuement et je me permets de vous donner en substance le contenu de cet entretien : Baverel est un militaire français qui a inspiré cette série Indochine. Il a bien existé puisqu’il s’agit d’un oncle de Pécau. Seulement cet homme avait tendance à raconter tellement d’aventures différentes que Jean-Pierre et ses cousins finissaient par douter de la véracité de certains faits… Il n’était pas mythomane le Baverel, il exagérait juste en racontant, emporté par son élan…

Alors, Jean-Pierre Pécau en a profité pour inventer un personnage fantasque, hyper rapide à se décider et plongé dans cette Indochine en pleine guerre coloniale (ou de décolonisation en fonction de la façon de l’observer). Certaines choses sont probablement véridiques, d’autres romanesques mais toujours dans un tableau dont le fond est rigoureusement historique. La fresque BD donne un ton sérieux et le pauvre Baverel est confronté à une armée mal à l’aise, des espions américains qui préparent le « après les Français », des colons perdus qui ne savent pas comment ils vont pouvoir s’en sortir, des truands qui cherchent encore à faire fortune avant de partir et beaucoup de pauvres gens qui ont peur…

Comme Baverel est un pilote formé dans l’armée de l’air française, tête brulée et prêt à toutes les missions possibles, le dessinateur de la série, Maza, spécialiste de la BD aéronautique, va s’en donner à cœur joie et Pécau lui offre même des hélicoptères en bonus quand Baverel passe de l’avion de chasse à l’hélico… Les séquences en l’air sont très agréables à lire, on s’y croirait presque…

Mais, comme Baverel est aussi musicien, joueur de guitare, on voit un militaire le jour devenir musicien auxiliaire de boite de nuit et même se lâcher un soir en compagnie du prince Norodom Sihanouk, musicien lui-aussi (par ailleurs roi, bien sûr !). Ce côté artiste donne une humanité particulière à ce pilote qui, finalement, peut passer d’un avion de combat au bras d’une fille en quelques heures sans oublier d’une scène de night club à un bar où il ne consommait pas que de l’eau et pas avec modération…

Finalement, Jean-Pierre Pécau transforme son oncle en tête brûlée (ce qu’il était peut-être) comme il y en avait de nombreuses dans cette armée coloniale française, en particulier à cause de la Légion étrangère et de tous les supplétifs qu’elle avait attirés…

Dans cette série (3 albums de parus sur quatre prévus), il n’y a aucune nostalgie d’un « temps heureux des colonies » car tous ceux qui participent à cette « guerre » semblent subir une situation qui les entraine directement dans l’enfer, enfer de la guerre en premier mais aussi inhumanité de la colonisation qui apparait bien dans les albums…

Alors, puisque l’été c’est fait pour lire, il s’agit bien d’une bonne série qui a défaut d’être strictement historique est bien une histoire humaine sur fond historique !

Bonne lecture à toutes et à tous !

Saint Jean-Baptiste 09/07/2022 @ 11:03:02
Vendredi 8 juillet 2022

Jean de La Fontaine (...) nous avions le fablier illustré par Benjamin Rabier à la maison .

Même s’il est difficile de trouver une version complète illustrée par Benjamin Rabier,
La première édition de ce merveilleux livre date de 1906 chez Jules Tallandier. Celui qui la possède, possède un trésor. Mais il y a eu une réédition en 2003 chez Tallandier Editions. On devrait pouvoir la trouver sans trop de difficultés.
Shelton, suggère discrètement à tes petits-enfants de te l’offrir pour ton anniversaire. En échange, tu leur feras la lecture…
;-))

Shelton
avatar 09/07/2022 @ 12:47:25
Quelle belle idée !

Shelton
avatar 10/07/2022 @ 06:54:01
Dimanche 10 juillet 2022

L’été c’est fait pour lire et j’adore glisser dans mes lectures estivales de bons romans policiers et même, parfois, certains thrillers. Ce n’est pas nécessairement mes romans préférés mais j’apprécie, surtout quand ils sont bien écrits, trembler un peu le soir, après une belle journée ensoleillée… Alors, place à « La souricière » de Danielle Thiéry…

Je me souviens très bien de la première fois où j’ai interviewé Danielle Thiéry lors d’un salon du livre à Metz. Elle était au début de sa carrière d’autrice après avoir été la première femme divisionnaire de l’histoire de la police française… Son travail de romancière était encore un peu en devenir mais elle était prête à aller au bout d’elle-même… Je dis bien romancière car elle ne fait pas que pondre des romans basés sur des souvenirs d’enquêtes. Elle a créé de véritables personnages, profonds, humains, marqués par leur histoire, leur vécu… Elle construit des intrigues de qualité en mettant en scène des criminels très crédibles… Son écriture de qualité, vive et cruelle, crue et sanglante, permet au lecteur, même quand il résiste, d’être entrainé dans les bas-fonds du crime… Et c’est une rude épreuve, certes volontaire (après tout on n’est pas obligé de lire Danielle Thiéry), et le lecteur en sort toujours profondément marqué et pour longtemps…

C’est pour ces raisons que j’ai été heureux de retrouver son héroïne principale, la commissaire Edwige Marion dans ce roman « La souricière ». Difficile, pour ne pas dire délicat voire impossible, de vous donner des éléments trop précis sans détruire le mécanisme diabolique du suspense créé par la romancière. On peut dire quand même qu’au départ il y a un violeur en série qui se suicide en prison. Il ne s’agit pas d’un banal fait divers car cet évènement va plonger Valentine Cara, capitaine de police proche d’Edwige, dans une spirale dramatique et surprenante… Et l’affaire, vous l’avez bien deviné est des plus complexes…

C’est un peu comme si un piège incroyable, avec les préméditations d’un esprit torturé, se refermait inexorablement sur l’équipe de Marion… Comme s’il n’y avait rien à faire pour y échapper… Comme si chaque membre de son équipe de se faisait un malin plaisir à aggraver la situation par des comportements borderline ou inadaptés… Bref, quand tout se ligue contre vous…

En même temps, la commissaire Marion a de la ressource ! Oui, certes, mais cela va être chaud… très chaud !

Dans les points forts de ce roman, on peut citer la très bonne connaissance du système policier par l’autrice ce qui permet de suivre avec précision l’enquête… La qualité de l’écriture qui rend chaque scène précise, vivante, réaliste et… du coup, parfaitement insoutenable, ne nous voilons pas la face… En même temps, je vous aurai prévenu, il s’agit bien d’un thriller, roman qui est là pour nous faire trembler de peur…

Enfin, la connaissance de l’ancien Plais de Justice permet à la romancière de nous faire descendre aux enfers et ce qui importera ce sera bien d’en revenir !

Il s’agit donc d’un excellent roman, à ne commencer que si vous pouvez raisonnablement vous priver de sommeil une nuit car si c’est la veille de partir en grande randonnée, il vaudra mieux reporter cette lecture de quelques jours… Enfin, ce n’est que mon humble avis !

Je ne peux donc que vous souhaiter, puisque l’été c’est fait pour lire, une très bonne lecture et une belle, très belle et très angoissante nuit blanche !

Frunny
avatar 10/07/2022 @ 09:06:11
Jeudi 23 juin 2022

L’été c’est fait pour lire et j’ai envie aujourd’hui d’ouvrir un petit chapitre sur les contes, une sorte de thème qui sera récurent cet été car je crois que l’on ne parle pas assez des contes aujourd’hui, que l’on n’en raconte pas assez le soir devant la cheminée, que l’on oublie cette sagesse ancestrale car il s’agit bien de cela…

Mais, d’une part les cheminées ont presque disparu de nos jours et on n’arrête pas de dire à ceux qui en ont encore une que c’est mauvais pour la planète… D’autre part, les récits du soir on été remplacés par les histoires de la télévision et j’inclus là aussi les séries visionnées via les plateformes… Enfin, pour ceux qui sont restés fidèles aux livres, on voit les versions de Walt Disney supplanter les contes traditionnels… Quelle tristesse !

Aussi, en ce début d’été, je vous propose un livre, un vrai en papier, pour redécouvrir le conte et sa richesse. Pour cela, on oubliera les essais trop complexes comme celui de Bettelheim, Psychanalyse des contes de fées. Je ne veux pas enlever de la valeur aux sciences humaines, loin de là, mais je préfère me faire accompagner au pays des contes par une personne qui les aime, les lit, s’en souvient… Ouvrons donc « Et à la fin ils meurent, la sale vérité sur les contes de fées ». Que l’on ne se méprenne pas, il ne s’agit pas de dévaloriser les contes mais bien de les redécouvrir pour les adorer !

Lou Lubie, une autrice de bande dessinée, originaire de l’île de la Réunion, une jeune femme bercée depuis toujours par les livres de contes qui l’accompagnent depuis le premier « il était une fois… » entendu enfant, décide de tout remettre à plat pour mesurer la force des contes, surtout ceux dans leur version originale. Pour cela elle propose une « sorte » de bande dessinée, certains diront un roman graphique, d’autres une thèse illustrée ou encore même un essai en images… En fait, il s’agit bien d’une bande dessinée car il s’agit d’une histoire – en l’occurrence celle du conte dans l’humanité – racontée avec du texte – et il est excellent – et du dessin – un graphisme parfaitement narratif. Donc, pas de doute, nous sommes bien dans une bande dessinée !

L’ouvrage – oui, en fait, n’en déplaise à certains, une bande dessinée est bien un livre, un ouvrage, une œuvre – est structuré avec rigueur : des éléments explicatifs, des exemples, de nouveau des explications, thèses ou suppositions, et encore des exemples… On aura donc des récits de contes dans leur version la plus ancienne, mais aussi des réflexions pertinentes sur le conte, les personnages, les récits, l’écriture, les modifications dans le temps… Parfois, on va redécouvrir un conte et sa cruauté (ou, plus exactement, son actualité adulte car le conte n’est définitivement pas fait pour les enfants !), parfois elle nous pointe du doigt le moralisme excessif d’une époque, d’un auteur… Enfin, elle va même nous offrir un bonus final, l’adaptation en BD d’un conte qu’elle avait écrit dans sa jeunesse… Que du bonheur !

Quand on arrive à la fin, on n’a qu’une seule envie, relire et même lire à voix haute à ses petits enfants (car même si le conte est pour adultes, on ne doit pas prendre les enfants pour des demeurés incapables de comprendre une histoire… Non, mais !) Et c’est ce que nous ferons cet été car l’été c’est fait pour lire et que nous devons, indiscutablement, redonner au conte toute sa place… Je n’ose pas vous garantir que cela nous mettrait à l’abri de la bêtise humaine mais… Qui sait ?

Ne soyez donc pas surpris de retrouver régulièrement cet été un petit conte par ci ou par là, y compris en bande dessinée parfois…

Bonne lecture à tous !



Le conte dit par un « conteur «  professionnel est une expérience unique!

Frunny
avatar 10/07/2022 @ 09:10:35
Lundi 4 juillet 2022

L’été c’est fait pour lire, indiscutablement, mais on ne va pas négliger non plus que l’été c’est aussi l’occasion de visiter, de se déplacer, de vivre de nouvelles expériences de toute nature… Et c’est justement après une expérience vécue l’année dernière avec certains de mes petits enfants que j’ai choisi de présenter aujourd’hui trois livres qui avaient été réunis en un seul par France Loisirs en 2011 et que l’on peut encore trouver séparément aujourd’hui aux éditions du Seuil… Il s’agit de L’univers, Les origines de l’homme et La préhistoire expliqués à mes petits-enfants…

Il y a donc un an je suis parti pour le Dino-Zoo, un parc d’attraction situé en Bourgogne-Franche-Comté, à Charbonnières-les-sapins, dans le Jura. Ce parc permet de voir un certain nombre de dinosaures en grandeur nature, dans la nature, avec des panneaux plutôt très bien faits qui précisent leur habitat, leur alimentation, l’époque à laquelle ils vivaient… Et c’est bien sur ce dernier point que je voudrais revenir…

Car le parc présente aussi, sur un chemin différent des dinosaures, une sorte de fresque grandeur nature aussi de l’apparition de l’homme avec ses différents ancêtres… Seulement, voilà, le jeune enfant a bien du mal à comprendre le gouffre temporel qui sépare les dinosaures et l’homme… Pensez-vous, ils ont disparu quelques 65 millions d’années, une durée inexplicable aux enfants, avant que l’homme fasse son apparition sur Terre… Il est donc temps de remettre les choses en place et comme le sujet est assez complexe, rien de tel qu’un bon livre, ou, ici, trois livres !

Le premier d’Hubert Reeves – mais on n’est pas obligé de les utiliser dans l’ordre – permet de comprendre la création de l’univers et sa réalité d’aujourd’hui. L’auteur parle aux enfants mais pour bien des béotiens que nous sommes on va dire que c’est à notre niveau de compréhension. Par exemple, il y a quelques semaines, on a vu des spécialistes s’émerveiller sur la première image d’un trou noir alors qu’aucun journaliste n’était capable d’expliquer clairement de quoi il s’agissait. Là, l’explication est accessible et ça fait du bien…

Dans le second ouvrage, Pascal Picq va se centrer sur l’apparition de l’homme, un sujet qui semble difficile au premier abord et qu’il traite avec talent, expertise, pédagogie… Là encore, c’est très accessible. Bien sûr, il ne pouvait pas en être autrement, on rencontrera Lucy, une de nos grandes ancêtres mais on comprendra surtout ce qu’est un homme, un singe mais pas n’importe quel singe… et, là, ça devient passionnant !

Enfin, dans le troisième ouvrage, on va se plonger dans la Préhistoire, un domaine extraordinaire, un monde à découvrir… Et l’une des premières questions posées par les petits-enfants de Jean Clottes porte sur les dinosaures ce qui permet à l’auteur d’expliquer que l’ère des dinosaures n’a rien à voir avec la Préhistoire des humains…

Alors, que vous alliez cet été dans un parc de dinosaures, comme moi l’année dernière, que vous visitiez une réplique de grotte paléolithique comme celle de la grotte Chauvet ou que vous marchiez au milieu des mégalithes à Carnac, ces trois livres vous donneront la possibilité de trouver les mots adaptés aux plus jeunes… Ils vous aideront à comprendre aussi…

Et, le soir venu, exceptionnellement, vous ne lirez pas, vous vous poserez sous la voute céleste et vous raconterez à vos petits-enfants comment l’univers est devenu cette merveille… Mais, comme l’été c’est fait pour lire, comme vous devez préparer ces rencontres avec les plus jeunes de vos familles, je ne peux que vous souhaiter bonne lecture !



Je ne sais pas pourquoi mais depuis quelques années l’engouement pour les dinosaures et la préhistoire d’une manière générale refont surface…

Frunny
avatar 10/07/2022 @ 09:14:27
Mercredi 6 juillet 2022

L’été c’est fait pour lire et j’aime bien relire l’été des ouvrages qui m’ont enchanté durant ma jeunesse… Une façon de revenir en arrière avec des émotions de lecteur que l’on est heureux de retrouver… Et on n’est pas obligé de se contenter des nouveautés quand il s’agit de choisir un livre à lire ou relire ! C’est ainsi… Quand j’étais beaucoup plus jeune, j’ai beaucoup apprécié Maurice Leblanc et son Arsène Lupin est devenu une sorte d’ami…

Arsène Lupin est un personnage que j’ai découvert au lycée sans que je sois capable de me souvenir de l’année exacte. Par contre je me souviens des deux premiers titres lus qui m’ont fait aimer le personnage : L’aiguille creuse et La comtesse de Cagliostro. Le premier m’a beaucoup marqué car je trouvais là un beau roman d’énigme – ma passion – mais aussi un texte léger et drôle ce qui me convenait parfaitement à l’époque… Le second est plus grave et j’ai appris à l’aimer plus tard quand j’ai relu tous les romans dans l’ordre… Mais c’est une toute autre histoire !

Arsène Lupin est né en 1905 et Maurice Leblanc créait là un mythe sans s’en rendre compte. Son personnage était à la fois épris de liberté, un peu anarchiste mais pas trop violent, voleur mais jamais un assassin, un personnage qui va vivre l’histoire du pays pour finir assez patriote au moment de la Grande guerre… C’est un personnage populaire capable de plaire aux femmes, séduire les intellectuels, fasciner les jeunes, tourner en ridicule les forces de l’ordre mais qui parfois les met sur la bonne piste, respecte sa nourrice, est fidèle en amitié… Bref, il a presque toutes les qualités ! On va même se souvenir que la revue littéraire Europe lui consacrera en 1979 un numéro spécial…

Si ses grands romans sont restés très populaires, comme « Le bouchon de cristal » ou « 813 », on a parfois tendance à oublier certaines nouvelles qui, pourtant, sont la base même des feuilletons télévisés consacrés à ce personnage hors-norme, remis au goût du jour récemment par l’incarnation d’Omar Sy dans la version de Netflix. S’il s’agit d’une adaptation libre, l’esprit initial est bien là…

Dans ce magnifique album que je vous invite à découvrir, nous avons le texte de Maurice Leblanc, « Arsène Lupin, gentleman cambrioleur », recueil de nouvelles à l’origine du mythe, parues à partir de 1905 dans « Je sais tout ». Les nouvelles sortent en recueil en 1907. C’est aussi un texte fondateur car on sent que Maurice Leblanc veut que son personnage se distingue de celui de Sir Arthur Conan Doyle… d’où ce Herlock Sholmès qui arrive trop tard…

Cet album est aussi un ouvrage illustré. Ce n’est pas une adaptation graphique ou bédé, juste un livre majestueusement illustré (et ce n’est surtout pas un reproche !). C’est Vincent Mallié qui dessine et il ne s’agit pas d’un simple ensemble de dessins. Nous sommes dans l’immersion graphique, dans le grand plongeon dans un univers, celui de Maurice Leblanc… Dans une époque, le début du vingtième siècle… C’est tout simplement époustouflant, extraordinaire, sublime…

Il y a des dessins pleine page et même sur deux pages que l’on peut admirer sans même lire le texte. C’est magique, ça fonctionne à plein… Il y a aussi des dessins plus petits, beaucoup plus proches de la bande dessinée et cela rappelle que Vincent Mallié est aussi dessinateur de bande dessinée et qu’il vient d’ailleurs de signer un remarquable « Ténébreuse » sur un scénario de Hubert, ce grand scénariste disparu il y a peu…

Je ne sais pas encore si le dessinateur voudra continuer ce travail d’illustration des aventures d’Arsène Lupin mais s’il continue, je n’exclus pas de relire tout Maurice Leblanc au gré des versions de Vincent Mallié. Cela fera de bons moments de lecture, un petit nuage de nostalgie, une promenade dans cet univers du feuilleton, une immersion dans la littérature populaire et un grand voyage artistique qu’aucun lecteur ne pourra regretter !

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, comme certains ne se souviennent pas de ce premier recueil d’aventures d’Arsène Lupin, comme ces illustrations sont sublimes… Bonne lecture estivale !



Avec Hugo Duminil Copin, la France vient de décrocher la médaille Fields 2022 …

Shelton
avatar 11/07/2022 @ 07:46:25
Lundi 11 juillet 2022

L’été c’est fait pour lire mais c’est aussi, ne l’oublions pas, un temps spécifique pour le jeu et, en particulier le jeu en famille ! D’ailleurs, ne nous trompons pas, le jeu est une activité humaine remarquable, spécifique, étonnante, constructive des personnalités, éducatives aussi, culturelle et je pourrais ainsi prolonger la liste presque à l’infini !

Mais le jeu est aussi une façon de passer le temps, de se laisser aller, de se vider la tête… et sous cet angle, avons-le, l’image du jeu est moins resplendissante. Le jeu devient alors la porte ouverte à la paresse, mère de tous les vices comme on me disait lors de ma jeunesse…

Comme je n’ai pas envie de vous plonger dans l’enfer de la fainéantise, comme je ne suis pas là pour vous pousser à meubler votre ennui, je vous propose deux ouvrages pour prendre le jeu au sérieux, ou du moins, faire de lui une activité humaine à part entière ! Par le jeu, le je commence à exister…

Dans le petit opus « Jeux de table, de taverne et de dès médiévaux », Julie Bastien nous propose de naviguer à travers des jeux présents au Moyen-âge et même si certains spécialistes mettent en doute certains jeux qu’elle y présente, j’avoue que l’ouvrage reste de qualité si on prend l’ensemble pour de la vulgarisation et non comme une somme exhaustive ou d’expertise sur la question… Après tout, si le jeu est bien expliqué, si on peut le reproduire en famille, qu’importe qu’il fut pratiqué au Moyen-âge, à la Renaissance ou au dix-neuvième siècle… Non ?

Seulement, voilà, nous ne trouvons là aucune trace du fameux jeu gallois, le cul de chouette ! Or, je suis certain que c’est que vous cherchiez cet été pour animer vos soirées familiales… Ah, le cul de chouette ! Rappelez-vous les explications diaboliques du chevalier Perceval dans la série TV Kaamelott… C’était irrésistible !

Alors, me direz-vous, Kaamelott est-elle une série qui se déroule au Moyen-âge ? Il ne faudrait pas trop reprocher à Julie Bastien de l’avoir oublié car il s’agit probablement, enfin même sûrement, d’une invention d’Astier et de sa bande et, donc, pas d’un fait historique… Il n’en demeure pas moins que certains se sont amusés à reconstruire les règles de ce jeu de dès en partant de toutes les explications de Perceval, de ses dialogues avec Arthur, lui aussi gros joueur… Et le résultat n’est pas si simple…

Caroline de Hugo, autrice d’un excellent petit livre sur les jeux de hasard, nous propose d’y jouer. Elle précise bien dès le départ que le jeu appartient à la catégorie « jeu difficile ». Donc, ne prévoyez pas d’y jouer avec les enfants un soir en rentrant de la plage… Commencez par une soirée entre adultes et de préférence entre fans de la série comme cela si vous n’arrivez pas à jouer, vous en rigolerez de bon cœur à gorge déployée…

Le matériel est simple, il suffit de trois dès et d’être au moins deux pour le nombre de joueurs. Il faut arriver à 343 points et là, vous prenez immédiatement papier et crayon car vous n’allez pas pouvoir retenir tout de tête… Prévoyez aussi une bonne bouteille car rien que pour absorber toutes les règles, il faudra un peu de liquide pour que ça glisse bien… Avec modération, bien sûr !

Au bout d’une heure, vous n’aurez pas encore commencé la partie mais vous serez probablement un peu plus familier avec la chouette, son cul, la velute, la chouette velute, la soufflette, la suite, le sirotage, le néant, la grelottine, la boucliette, le civet et même le civet siroté… et si vous n’avez toujours rien compris prévoyez l’année prochaine un petit séjour dans une auberge galloise au Moyen-âge pour apprendre le jeu des experts eux-mêmes, vous savez, ceux qui n’ont jamais réussi à apprendre le jeu aux saxons… Après tout, les délires de la fiction sont là pour nous faire rêver !

Et, puisque l’été c’est fait pour lire, ces deux petits ouvrages vous permettront indiscutablement de passer du bon temps en famille avec quelques dès… Bonne lecture et bon jeu !

Shelton
avatar 12/07/2022 @ 06:19:51
Mardi 12 juillet 2022

L’été c’est fait pour lire mais cette période estivale est aussi un temps que beaucoup réservent au voyage et à la découverte de nouveaux espaces. Certes, on peut concilier avec réussite et bonheur les deux actions et c’est ce que je vous invite à tenter aujourd’hui… Ce fut le cas quand j’ai lu avec plaisir une biographie de Frédéric II de Prusse sur la route de Berlin, quand j’ai approfondi ma connaissance des Cathares en séjournant à Albi ou, enfin, quand j’ai découvert la vie de Stanislas, duc de Lorraine, avant de visiter son château de Lunéville…

Il y a quelques années, lors d’un séjour en Macédoine – à l’époque on devait dire « Ancienne république de Macédoine de Yougoslavie » pour ne pas vexer les Grecs qui pensaient être les seuls propriétaires du mot « Macédoine » et donc de son roi et empereur Alexandre le Grand – nous étions allés visiter le village de Pella, dans le nord de la Grèce, dans la région « Macédoine » des Grecs… C’est dans ce village de Pella que l’on peut visiter différentes ruines présentées comme le village natal d’Alexandre le Grand. En arpentant ce village et ses vieilles pierres, je réalisais assez vite que je ne savais pas grand-chose de cet homme dont le nom est resté célèbre. Aujourd’hui, si on demande de citer quelques grands personnages de l’histoire, on entend généralement Alexandre, César et Napoléon !

Or, pendant des années, je n’ai pas trouvé de bonnes biographies. Il y en avait bien quelques unes mais soit pas disponibles, soit inaccessibles car réservées aux experts. Alors, j’avais fini par oublier Pella, la Macédoine et la statue spectaculaire d’Alexandre trônant à Thessalonique… Mais, il y a quelques semaines, lors d’un passage à Paris, j’ai trouvé d’occasion une biographie « Alexandre » de Paul Faure, un archéologue que je ne connaissais pas du tout. Sans le comparer à un aventurier du septième art, il est important de dire que cet intellectuel universitaire a passé près de trente étés à marcher sur les pas de ces antiques personnages dont il racontait la vie à ses étudiants le reste de l’année… Pour nous, aujourd’hui, il nous reste ses ouvrages dont ce « Alexandre » (Paul Faure est décédé en 2007).

Alors, justement, ouvrons cet ouvrage qui va nous permettre de faire le tri entre la légende et l’Histoire. Cette différence n’est jamais simple mais dans le cas d’Alexandre elle est cruciale : en effet, sur ce pauvre Alexandre, on n’a que peu d’éléments factuels, authentifiables, scientifiques… Le biographe, pour nous aider à y voir clair, propose une division de l’ouvrage éclairante : les faits, l’homme, le héros, l’antihéros, le divin, le symbole et le bâtisseur… Du coup, on fait le tour du personnage sous toutes ses formes !

Dans les faits, on découvre la naissance d’Alexandre, le nom de sa mère, Olympias et l’homosexualité d’Alexandre… D’ailleurs, le mot est à manier avec précaution car nous sommes chez les Grecs antiques où le mot n’a probablement pas le même sens qu’aujourd’hui chez nous. Disons donc qu’Alexandre a un amant, Héphaïstion. Il l’aime profondément… et cet amour durera jusqu’à la mort durant la partie guerrière de la vie d’Alexandre !

La vie d’Alexandre le Grand est somme toute assez courte. Il est né en 356 avant Jésus Christ, son père Philippe a été assassiné en 336, en 331 la ville d’Alexandrie est fondée, entre 327 et 325, Alexandre mène une grande campagne militaire qui le pousse jusqu’en Inde et en 324 il voit mourir dans ses bras ce cher Héphaïstion. Lui-même, il meurt en 323 avant notre ère, à Babylone…

Paul Faure va construire des regards sur Alexandre comme s’il écrivait une biographie mosaïque ou polyphonique : la voix de l’historien, celle du psychologue, celle du moraliste, celle de l’archéologue, celle du théologien… Tous ces regards construisent progressivement un portait de l’homme-dieu, de l’empereur constructeur, de l’aventurier amoureux…

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, belle occasion de découvrir ce grand de l’histoire… et si vous passez cet été par Pella, dans la Macédoine grecque, n’oubliez pas une petite pause à l’ombre de Bucéphale !

Shelton
avatar 13/07/2022 @ 08:15:09
Mercredi 13 juillet 2022

L’été c’est fait pour lire, pour cuisiner aussi ! Alors, je sais bien qu’aujourd’hui quand vous cherchez une recette vous prenez votre téléphone ou votre ordinateur et que vous trouvez instantanément une multitude de vidéos-tuto pour réaliser vos plats préférés, de l’œuf en meurette jusqu’à la poule au pot en passant par une matelote d’anguille… Mais, le saviez-vous, il existe encore des livres de cuisine…

Le livre de cuisine est pour moi un ouvrage magnifique qui ouvre tous les possibles, qui permet le rêve, le voyage, la dégustation, la surprise… Bref, il s’agirait presque du livre idéal pour les vacances !

Les dernières années confinées ont permis à tout un chacun de retrouver le chemin des fourneaux avec patience, méthodologie et plaisir… Patience car nous avions soudainement plus de temps disponible… Méthodologie car nous avons repris l’apprentissage d’un certain nombre de recettes que l’on était entrain d’oublier… Plaisir, car après quatre heures de télétravail, nous changions de registre en dégustant en famille un bon petit plat mitonné des familles… Comme m’a dit une de mes petite fille, quatre ans à ce moment-là : « Merci Papy pour ce bon petit plat ! »…

Comme nos mamans et grand-mères ne nous ont pas laissé de cahiers de recettes, je parle pour le plus grand nombre car il y a bien eu quelques exceptions, c’est bien le livre qui nous permet de redécouvrir la richesse gastronomique de nos territoires, régions et autres petits pays… Or, contrairement à des idées reçues, de nombreux petits ouvrages sont disponibles et faciles à utiliser ! Certains proposent même un plongeon dans la cuisine d’antan sans nous forcer la main pour cuisiner des heures entières pour obtenir un résultat médiocre… Je pense là en particulier à ces magnifiques photos en couleur qui nous font rêver et qui ne sont jamais confirmées dans nos plats et assiettes…

Pour commencer donc dans le très simple et pourtant agréable et délicieux, je vous propose ces petits ouvrages qui se construisent autour d’un produit, d’un aliment, d’une sauce… Il y a ainsi des petits opus proposant des déclinaisons avec la Savora, le Kiri, la Vache qui rit, le Spéculos, les Coquillettes… Certes, certains seront peut-être agacés de voir des marques surfer sur la vague de la redécouverte de notre patrimoine mais quand c’est pour le bonne cause, pas d’hésitation, je fonce ! Dans ma jeunesse, la Savora, condiment doux et épicé, était bien présente et j’ai apprécié de redécouvrir des plats l’utilisant… Mais, aujourd’hui, j’ai choisi un autre domaine, les condiments et aromates d’Alsace…

En effet, cuisinant souvent à la maison, j’ai privé mon épouse alsacienne d’un produit de sa jeunesse, la Raifort. Une modeste racine râpée qui se trouve dotée selon les uns ou les autres, de façon prouvée ou non, de qualités extraordinaires… Il se dit par exemple que le raifort serait deux fois plus concentré en vitamine C que le citron… Mais il serait aussi régulateur de la tension, diurétique et les Grecs anciens le considéraient même comme aphrodisiaque !

Alors, si vous suivez ce petit ouvrage, si vous achetez avant un petit bocal de Raifort, vous allez vous ouvrir les portes des rillettes de thon au Raifort, de la tapenade au Raifort, du veloute de topinambours au Raifort, de la carpe au raifort… Bref, il y en a pour tous les goûts, on n’a pas oublié ceux qui aiment le porc et les végétariens… Bref, que du bonheur !

Il y a même des produits pour l’apéro comme le cocktail « raifortissimo », apéritif sans alcool ou les macarons au Raifort… Oui, on peut décliner le Raifort du début du repas jusqu’à la fin (ou presque !)… et comme c’est bon pour la santé, aucune hésitation !

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, n’hésitez pas à chercher et trouver l’ouvrage qui vous conviendra le mieux, qui vous réveillera les papilles et les souvenirs… Cacolac, jambon cru d’Aoste, spaghetti Panzani ou, comme moi, tout simplement les Condiments et aromates d’Alsace aux éditions Le Verger… Bonne lecture et belle dégustation !

Shelton
avatar 14/07/2022 @ 08:46:28
Jeudi 14 juillet 2022

L’été c’est fait pour lire, relire et parfois aussi réfléchir car les lectures poussent à la réflexion… Non ? Si, bien sûr, même si on n’a pas toujours envie de se prendre la tête, surtout en plein été, les pieds dans le lac ou la tête à l’ombre d’un grand chêne… Alors, parlons histoire !

Souvent, on entend parler de « roman national » ou de « récit national » et il ne s’agit pas de la vision de Poutine sur l’histoire de l’Ukraine. Car si Poutine réécrit volontiers l’histoire de la Grande Russie, nous, les Français, avons bien joué à cela aussi. Même si on peut affirmer que le récit national existe de tout temps, dans toutes les nations, nous allons nous focaliser sur la seconde partie du dix-neuvième siècle en France. Il ne s’agit pas d’une guerre idéologique spécifique contre une époque mais bien de comprendre le phénomène à une période où, à cause de l’école obligatoire et des livres scolaires édités en grand nombre, le phénomène va durablement marquer les esprits…

De façon à ne pas être trop long, je vais simplifier et aller à l’essentiel, je m’en excuse par avance…

Il faut comprendre que la France unie n’existe pas au dix-neuvième siècle. Elle sort affaiblie et divisée par la Révolution et Napoléon, elle subit la révolution industrielle de façon violente et le progrès et les sciences viennent révolutionner la vie quotidienne sans laisser de véritables choix à tout un chacun… Humainement, c’est une période assez complexe à vivre… Et je ne veux pas parler de la condition des femmes et des enfants dont un grand nombre sont condamnés à un travail avilissant…

Quand la République triomphe, après le Second Empire – et ce fut de justesse ! – il a fallu pérenniser cette République et unir le Peuple français. Les Français vivaient en régions, avec traditions, langues locales ou patois, sans trop savoir ce qu’était « être Français ». La langue française sera donc le ciment et son enseignement sera porté par l’école obligatoire. C’est aussi pour cela que les filles suivront cette enseignement car il fallait qu’elles soient inclues dans la pratique de cette langue…

Il fallait aussi créer – certains diront renforcer – l’unité nationale. La France venait de perdre l’Alsace-Lorraine et le but était de construire un système qui établisse de façon certaine que la France de tout temps existait, qu’elle était évidente, cohérente, culturelle, incontournable… « L’ablation » de l’Alsace- Lorraine était donc un crime, une action contre-nature… On a donc créé une sorte de mythe – la naissance de cette idée est antérieure à la guerre de 70 mais elle va prendre son essor après avec une diffusion générale – que l’on pourrait résumer avec cette expression « Nos ancêtres les gaulois ». Comme si les Gaulois était un peuple unifié et cohérent, comme si leur culture existait du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, comme si la culture Celte et Gauloise étaient les mêmes…

Bien sûr, pour être logique, on poursuit avec l’illusion de l’unité royale des Mérovingiens, l’existence d’un royaume de France dès le couronnement de Clovis (certains ajouteront dès sa conversion au catholicisme, ce dernier jouant longtemps le rôle de facilitateur de l’unité, ce qui est discutable aussi) et sans oublier les ennemis de la France, à commencer par ces méchants Germains, ceux qui ont osé s’emparer de l’Alsace-Lorraine !

Si vous voulez comprendre ce mécanisme national, il vous suffit de relire certains manuels de l’époque. Je pense par exemple à ce « Histoire nationale » de François Corréard, édité par Masson en 1884. Corréard était professeur au lycée Condorcet et son ouvrage est pétri de ce « roman national ».

Attention, que l’on ne s’y méprenne pas, il ne s’agit pas de dire que tout est faux et archi faux dans ce type d’ouvrages, mais bien de comprendre que créer artificiellement du lien entre certains évènements pour donner un sens qui est bien postérieur aux faits, ce n’est pas de l’Histoire ! Faire de Jeanne d’Arc l’héroïne capable de motiver les Français pour reprendre l’Alsace-Lorraine et la réintégrer dans la nation, c’est une manipulation de l’Histoire !

Il est d’ailleurs assez surprenant de voir cette pauvre Jeanne d’Arc tantôt portée par la République, tantôt héroïne catholique, tantôt militante d’extrême droite sans oublier régionale de l’étape en Lorraine ou à Orléans… Mais c’est un autre sujet…

Tout cela pour dire que Poutine n’est pas très original en récrivant l’histoire, toutes les époques ont pu voir ce phénomène depuis les Guerres de Religion, la colonisation, le trafic des esclaves, la Guerre de Sécession des Américains… et j’en passe et des meilleures !

L’Histoire est une science délicate qui est souvent détournée pour des raisons politiques et il faut toujours avoir cela en tête quand on retrace l’histoire d’un pays, d’une région, d’une ville ou d’un peuple… Et comme l’été c’est fait pour lire, bonne occasion de vous replonger dans l’Histoire, qu’elle soit de France, de l’Europe, du monde, de l’humanité…

Bonne lecture !

Shelton
avatar 15/07/2022 @ 07:09:06
Vendredi 15 juillet 2022

L’été c’est fait pour lire et, aussi, pour se laisser surprendre… L’autre jour, me promenant chez un soldeur, je trouve un roman de Rodolphe, Les petits meurtres. Le titre, je le connaissais bien car il s’agit d’une bande dessinée, Rodolphe au scénario, Maucler au dessin. Il s’agit d’une des enquêtes du commissaire Raffini, une série BD créée en 1980 par Rodolphe et Jacques Ferrandez. Mais je n’avais jamais lu un roman de Rodolphe d’où une certaine envie de commencer par une enquête du commissaire Raffini… Si tôt imaginé, sitôt fait ! Après tout, l’été c’est fait pour lire !

Immédiatement, j’ai été pris par une ambiance, une sorte de lenteur assumée de cette histoire policière qui se déroule dans la fin des années cinquante. A cette époque, on ne parle pas d’ADN, de prélèvement sur les scènes de crimes (en dehors des empreintes digitales relevées de façon presque artisanale), l’enquêteur ne peut pas enregistrer d’éléments probants dans la mémoire du téléphone portable, ni dans l’ordinateur laissé par erreur dans l’appartement… Rodolphe s’est tellement glissé dans cette époque qu’il décrit les meurtres comme on le faisait autrefois, pas à la façon des thrillers d’aujourd’hui… Pas le même tempo, par le même vocabulaire, pas la même crudité… Et on se laisse prendre et dépayser, on voyage dans cette France lointaine dont certains ne se souviennent pas et que d’autres n’ont pas connue. Tenez, quand on rentre en voiture vers Paris en partant de Fougères, comme il n’y a pas d’autoroute, on prend le temps de voir du pays, on cherche le petit resto sympa, on vit quoi !

Bon, comme on est quand même dans un roman policier, soyons clairs, il y aura bien des crimes, un criminel, une enquête, une arrestation, une condamnation… Oui, on peut même dire que le commissaire Raffini va en baver avec son équipe du Quai des orfèvres pour venir à bout de ce petit saligaud dont il a des raisons personnelles de lui en vouloir…

Il est très difficile de comparer Raffini à d’autres enquêteurs. Il y a peut-être un peu de Maigret mais avec un personnage plus fantasque, plus imprévisible, plus solitaire… Raffini est aussi plus sombre, plus poète d’une certaine façon, plus musical…

Sans tout vous révéler et en tentant de préserver le suspense construit par Rodolphe, on peut quand même vous dire qu’un certain nombre d’hommes âgés disparaissent des maisons de retraites dans lesquelles ils semblaient passer des jours heureux… Ils disparaissent sans laisser de traces, sans corps cachés dans les jardins de ces havres de paix, sans déclarations administratives… Le grand mystère !

Mais le jour où Raffini se pointe dans la maison de retraite de son vieil oncle, il n’y est plus… Il a disparu sans laisser de trace… Enfin, si quelques tableaux car l’oncle peignait depuis son passage à la retraite…

Alors, je ne sais pas si le roman existait avant la bande dessinée, ou le contraire, mais ayant déjà lu l’album BD, j’ai eu un grand plaisir à lire, que dis-je, à vivre ce roman, cette enquête. C’est l’ambiance, le rythme, le caractère des personnages que j’ai le plus appréciés dans ce roman et cela prend largement le dessus sur l’énigme à proprement parler !

Mais, pour être complet, je reviendrai, dès la prochaine fois, sur la même histoire mais lue en bande dessinée, un album que j’ai relu pour l’occasion…

En attendant, n’hésitez pas à lire « Les petits meurtres » de Rodolphe, et comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture !

Shelton
avatar 15/07/2022 @ 10:11:52
Toujours le vendredi 15 juillet 2022...

L’été c’est fait pour lire et l’on a bien le droit d’avoir une chronique bonus aujourd’hui… Je vous ai parlé ce matin d’un roman de Rodolphe transformé en bédé (j’espère que les choses se sont bien passées dans ce sens…) et voilà maintenant la chronique que j’avais écrite sur un des albums de cette série BD… Je n’en change pas un mot…

Si mes renseignements ne sont pas trop mauvais, c’est en 1980 que naquit le commissaire Raffini. Ses créateurs étaient Rodolphe, à mon avis un grand scénariste – Trent, Kenya, La maison Dieu, Les abîmes du temps… – et Jacques Ferrandez, un auteur, dessinateur et scénariste, qui allait se révéler au grand public en 1994 avec Carnets d’Orient, magistrale série où il raconte l’histoire commune de la France et de l’Algérie. Ce premier album des enquêtes du commissaire Raffini portait le nom de « L’homme au bigos », il était en noir et blanc et il sera suivi de trois autres aventures. Mais Ferrandez, agenda trop plein ou lassitude, ne put pas continuer la série et c’est Christian Maucler qui reprit le dessin du commissaire Raffini…

J’ai toujours pensé que c’était une bonne série policière, avec un mélange entre intrigue solide, ambiance étouffante et fréquentation des limites du fantastique… Mais, soyons honnêtes, les ventes ne furent pas transcendantes, un petit éditeur tenta sa chance et on était sur le point d’oublier ce pauvre Raffini… quand soudain… Il nous revient…

En effet, j’ai eu l’agréable surprise de découvrir un nouvel album des enquêtes du fameux Raffini, chez Albin Michel, avec Rodolphe toujours fidèle au scénario et Maucler au dessin… alors sans plus tarder, je suis parti le retrouver…

Vingt-cinq ans après les débuts, nous retrouvons le commissaire Raffini dans… sa voiture, une fort belle traction Citroën. C’est la nuit, il fredonne un air connu… et il va finir dans le bas-côté… Pas trop de casse mais il lui va falloir passer un week-end morne et triste à Saint-Hilaire, un de ces bourgs dans la France profonde où il ne se passe jamais rien… Mais, cette fois, remarquez bien que Rodolphe a décidé qu’il se passerait quelque chose… La découverte d’un cadavre…

- Il semble s’être noyé…
- Peut-être mais il s’est quand même pris un bon coup derrière l’oreille…
- Il a pu se le faire en tombant ?
- Possible…
- Selon vous, Toubib, cette mort est naturelle ?
- Bien sûr ! Si on vous défonce le pariétal d’un coup de pioche ou de marteau, vous mourez, c’est naturel !

Le ton est donné et qu’importe si le médecin commet une légère erreur… d’ailleurs je ne vous en dirai pas plus, à vous de découvrir les fondements et ressorts de cette intrigue policière très bien ficelée… Mais rassurez-vous, il y aura les imbéciles, les traîtres, les « cornus », les aguicheuses, les sorciers… et un beau vieux corbeau, bien traditionnel. Bref, on se croirait dans un roman policier à la Simenon, c’est un peu un cliché et un raccourci mais c’est pourtant vrai…

L’ambiance est très importante, prenante et touchante, et je vous certifie qu’en fin d’album on se met à souhaiter qu’ils, le commissaire Raffini et le brigadier de Saint-Hilaire, ne découvrent rien pour que ça dure plus longtemps. Moi, parfois, je me sens tellement bien dans une histoire que je souhaite y rester, et c’est le cas dans ces eaux mortes…

Pour les grands lecteurs de bédés et amateurs de narration en images, vous aurez un dénouement de grande qualité, extase des yeux et grand moment de lecture… Je crois qu’il est important de dire que l’on souhaite une longue, très longue vie au commissaire Raffini qui fait un retour en force pour mon plus grand plaisir et j’espère que vous partagerez mon enthousiasme…

Tout cela était en 2005…

Pieronnelle

avatar 15/07/2022 @ 11:30:28
Vendredi 8 juillet 2022

L’été c’est fait pour lire et les plus gros ouvrages ne sont pas systématiquement les meilleurs. D’ailleurs, un de mes professeurs de lettres disait toujours que le plus difficile, pour un romancier ou un poète, est de faire court, beau, humain…

Alors, puisque nous avons fêté cette année avec faste, comme on aime bien le faire en France, un anniversaire concernant Molière, il m’est venu l’envie de rendre hommage à ces écrivains du XVII° siècle, ceux que nous apprenions jadis à l’école quand on nous disait avec certitude que le Roi Soleil, le plus grand roi de France, avait autour de lui les plus beaux écrivains de l’humanité… Non, ne souriez pas, j’ai réellement entendu cela en classe… Bon, heureusement, tous les enseignants d’histoire et français n’affirmaient pas la même chose… Mais quand même…

D’ailleurs, pour être complet, comme je l’ai déjà expliqué par ailleurs, on m’a demandé de réaliser plusieurs conférences sur des auteurs du XVII° siècle ce qui a stimulé mes actions de recherche, de relecture, sur ces auteurs qui, je l’avoue, m’ont quand même apporté de nombreuses satisfactions… C’est surprenant de constater que pour parler de Pascal, Racine ou La Fontaine, il nous faut toujours des excuses, des justifications… Quel bonheur, cet anniversaire !

Aujourd’hui, c’est de La Fontaine que je souhaiterais vous parler pour vous donne envie de relire une ou deux de ces belles fables que l’on nous obligeait à apprendre et réciter parfois alors même que nous n’en comprenions pas le sens… Passons…

Jean de La Fontaine s’est effectivement invité très tôt chez moi, au sens propre comme au sens figuré, car nous avions le fablier illustré par Benjamin Rabier à la maison et que ma mère, inconsciente de sa valeur ou par envie de nous enrichir culturellement parlant, nous laissait prendre l’ouvrage en mains dès que nous le souhaitions… Je pense qu’elle a du le regretter quand elle a constaté que nous en avions découpé quelques illustrations…

Je ne me souviens plus si j’avais été le premier à découper ou pas, mais je sais sans aucun doute que ces dessins m’ont touché puis accompagné durant toute ma vie. Chaque fois que j’entends une fable, je me souviens de ces magnifiques dessins de celui que je considère comme l’un des meilleurs illustrateurs des Fables de La Fontaine. J’ai du me racheter une modeste réédition, mais le charme agit toujours et je crois que ce sera bien pour la vie…

Pourtant, avouons-le, les Fables sont très moralisatrices, un peu pénibles à lire et si elles n’étaient pas peuplées d’un bestiaire fascinant, je crois qu’on les aurait oubliées depuis longtemps… Imaginez un monsieur au quatrième étage de l’immeuble, avec un camembert à la main et une jeune femme au pied de son bloc. Il veut faire le beau, parle avec les mains et fait tomber son fromage… En bas, sauvant le royal met de l’écrasement total, la passante le saisit au vil et rentre chez elle le partager avec ses enfants… Bien sûr, je m’égare un peu mais ce qui est certain c’est que cigogne, renard, loup et autre lion ou chien rendent ces histoires fascinantes et que chacun d’entre nous en a retenu certainement quelques unes dans sa mémoire… Alors, si nous en relisions quelques-unes cet été ?

Même s’il est difficile de trouver une version complète illustrée par Benjamin Rabier, il existe de très nombreuses versions illustrées disponibles, neuves ou d’occasion, et après chacun se fera son opinion, sur le texte comme sur l’illustration… Je persiste et signe, pour moi c’est bien Benjamin Rabier le meilleur (et n’oubliez surtout pas de relire aussi un Gédéon le canard pendant que vous y êtes !). Dans tous les cas, convoquez cet été, puisque l’été c’est fait pur lire, toutes ces fables qui rappellerons quelques évènements récents… Je pense à l’humanité malade de la Covid, Perette qui se voyait premier ministre, les états loups dévorant leurs voisins moutons et autres que vous saurez bien reconnaitre !

Alors joyeuse lecture jubilatoire !


Quand j'étais enfant à l'école de la République :-) j'étais très très timide. La maîtresse nous avait demandé de choisir une fable de La Fontaine , de l'apprendre par coeur et de la réciter en classe. J'avais choisi Le Heron et je l'avais récité avec beaucoup d'expression en insistant sur le lon..g bec emmanché d'un lon..g cou, ce qui avait surpris et ravi la maîtresse ...cette fable fut pour moi le point de départ de mon long combat contre la timidité :-)
Vive La Fontaine !
Entre parenthèses il existe aussi d'autres fables du même auteur très très coquines...:-)

Shelton
avatar 16/07/2022 @ 08:12:11
Samedi 16 juillet 2022

L’été c’est fait pour lire et c’est aussi l’occasion de tenter de vous faire découvrir quelques bandes dessinées atypiques, vous savez celles qui ne ressemblent en rien aux souvenirs d’enfance que vous pourriez avoir dans ce domaine… Quand vous étiez jeunes, selon les générations, il y avait à la maison des Spirou, des Tintin, des Blake et Mortimer, des 4 As, des Ric Hochet, des Alix ou des Blueberry… Non seulement vous vous disputiez pour les lire avec vos frères et sœurs, mais en plus vous finissiez par croire que la bande dessinée n’était constituée que d’aventures, d’aventures et d’aventures ! Enfin, j’oublie volontairement les incursions humour avec Gaston, Cubitus et autres Schtroumpfs… Mais, figurez-vous que la bande dessinée n’est pas, n’est plus dirons certains, limitée à ces champs de réflexion, action et méditation… Il y a même de la bande dessinée qui s’ouvre à la philosophie, la psychologie, la théologie…

Pour aujourd’hui, limitons-nous à la philosophie et à une philosophe grecque – oui, une femme qui pense chez les Antiques – Hipparchia. Une bande dessinée qui raconte la vie d’une ou d’un philosophe ce n’est pas exceptionnel, ce n’est pas totalement une première, mais ce qui est très fort dans cet album – certains parleront de roman graphique – c’est que l’autrice, une néerlandaise, Barbara Stok, ne se limite pas à narrer une vie, elle ouvre totalement le champ philosophique et nous pousse à la réflexion… Il s’agit bien avec « La philosophe, le chien et le mariage » d’un ouvrage de philosophie à l’ancienne… Une forme de dialogue pluriel passionnant…

Réglons une question fondamentale : Hipparchia a réellement existé, son père l’avait ouverte à la réflexion philosophique, lui avait appris à lire, son frère a prolongé cette ouverture atypique pour une femme de l’époque et elle a été conquise par la pensée de Cratès, un cynique qu’elle finira par épouser… Ses idées sont radicales et ses réflexions politiques et sociales la rendent d’actualité d’une façon surprenante… La frugalité, le refus du superficiel, l’abandon des règles sociales étouffantes, le respect des autres… Tout pourrait bien en faire une égérie pour les temps moderne en pleine inquiétude pour l’avenir de la planète… Allez savoir ?

Pour la petite histoire – souvent ce type d’anecdotes permet de retenir l’essentiel – comme les femmes n’avaient pas d’existence légale, pas le droit de sortir de chez elle pour avoir une activité sociale, Hipparchia a été obligé de se déguiser en homme pour aller suivre l’enseignement de Cratès. C’est aussi cet enseignement qui va lui faire renoncer au mariage qui avait été arrangé mais qui ne lui aurait laissé aucune liberté or Hipparchia avait besoin de cette liberté, c’était un de ses moteurs…

Une fois libre, alors que sa famille se pensait déshonorée, elle alla trouver Crates et le demanda en mariage… Pour l’époque il s’agissait bien une folie multiple : une femme n’a pas à décider ce genre de chose, elle n’a pas à prendre d’initiative, Cratès vivait dans la rue et n’avait aucune fortune alors qu’Hipparchia venait d’une famille aisée… Bref, la pire des folies ! Cratès qui n’avait aucune envie matrimoniale particulière la regarda, se déshabilla en public et lui dit qu’il n’avait rien d’autre à lui donner que son corps… Elle le regarda, se dévêtit elle-aussi et l’accepta tel qu’il était… Ils vécurent ainsi ensemble dans la rue, eurent au moins deux enfants et continuèrent de philosopher…

Un certain nombre de questions restent là pour notre génération : comment assurer l’égalité entre homme et femme, comment vivre avec ce dont on a besoin et rien de plus, qu’est-ce que la propriété privée, qu’est-ce que l’héritage de la richesse, qu’est-ce que la justice sociale… Cratès de Thèbes a écrit plusieurs lettres qui ne nous sont pas parvenues, certains textes qu’on lui attribue ne sont probablement que des textes postérieurs à sa vie mais on connait grâce à d’autres philosophes certains aspects de sa pensée… On pense aujourd’hui que les Stoïciens lui doivent beaucoup, en particulier un certain Zénon de Kition…

Alors, il est grand temps de lire ces Stoïciens qui ont beaucoup à nous apprendre de Cléanthe à Marc-Aurèle en passant par Diogène Laërce, Cicéron, Sénèque… De quoi lire tout l’été sans aucun doute !

Alors bonne lecture !!!

Shelton
avatar 18/07/2022 @ 09:32:40
Dimanche 17 juillet 2022

L’été c’est fait pour lire et j’adore prendre un roman policier lié au lieu de ma villégiature estivale. Pour moi, c’est beaucoup mieux qu’un petit guide touristique car cela permet une sorte d’immersion dans un territoire, une prise de contact avec une population (attention, je ne prends pas tous les habitants du territoire donné pour des criminels !), un autre regard sur le lieu des vacances… Quand il s’agit d’un roman sur la Bretagne, la situation est un peu différente car la Bretagne est une de mes terres… En effet, pour ceux qui ne le sauraient pas encore (et je ne m’en cache absolument pas !), je suis le fruit de plusieurs terres : la Bretagne, la Lorraine, la Bourgogne et la Provence… Alors, un roman comme « Le gréement de Camaret » est beaucoup plus qu’un roman ancré dans mes souvenirs de vacances même si les Abers évoqués sont ceux des vacances avec mon grand-père, il y a bien longtemps…

Revenons à ce roman policier et, surtout, à son auteur, Firmin Le Bourhis. Il était de ces romanciers régionaux, auteurs de polars locaux mettant en valeur une région, que j’aime lire et dont je parle avec plaisir. Souvent on considère ces romanciers avec un peu de préjugés négatifs et, pourtant, ils méritent mieux… En tous cas c’est le cas de Firmin qui est un romancier, tout simplement…

En effet, sa série policière éditée chez Palémon, avec ses deux enquêteurs, Le Duigou et Bozzi, qui permet de voyager à travers toute la Bretagne, a trouvé son public dans toute la France... Oui, bien au-delà les "frontières" de la Bretagne !

Firmin Le Bourhis vivait à Concarneau où il avait transformé sa retraite en deuxième carrière, celle d'auteur de romans policiers. Il est décédé le 21 avril 2018 et ce roman, « Le gréement de Camaret », est le 33ème de la série, le dernier aussi...

L’action va se dérouler dans les Abers et si vous ne connaissez pas ce mot, on va commencer par là. Un aber, mot utilisé dans le Finistère nord, est une rivière qui se jette dans la mer (un fleuve côtier pour être précis) et dont l’estuaire est remonté par la mer formant à l’intérieur des terres comme une petite mer où les bateaux pouvaient se mettre à l’abri en cas de tempête… Il y en a trois principaux : l’aber Ildut, l’aber Benoît et l’aber Vrac’h…

Les romans de Firmin Le Bourhis peuvent sembler, au départ, assez secs, je veux dire par là que contrairement à certains romanciers policiers régionaux, il s’abstient de trop insister sur ses deux enquêteurs ou sur la région en tant que telle. Oui, bien sûr, la Bretagne est belle mais ce n’est pas l’essentiel. Ses enquêteurs sont les meilleurs, certes, mais l’enquête peut être lente, difficile, délicate… Ce qui compte c’est de donner au lecteur toutes les informations dont il a besoin pour comprendre la situation, résoudre lui-même l’énigme, voire même devancer les deux policiers dont la tâche n’est pas toujours facile…

Mais ce qui renforce la qualité de ces romans c’est que chaque fois que l’on rencontre une spécificité locale, par exemple le ramassage des algues, les fermes marines, la difficulté de la pêche… l’auteur nous livre de véritables informations et non pas seulement deux petites lignes prises sur Internet… Certes, vous n’allez pas devenir expert des abers, mais vous allez comprendre que cette petite région est très particulière…

Ah, désolé, je ne vous ai même pas parlé de l’énigme policière… En fait, un lundi matin, un colis est livré dans l’entreprise Copocral. Son président n’est pas là, la secrétaire est en congés et l’adjoint va récupérer ce qui semble être un photocopieur attendu… Bien sûr, vous l’avez deviné, ce photocopieur va exploser et le pauvre homme va perdre la vie… Qui était visé ? Pour quelles raisons ? Qui en voulait à Copocral, à son personnel, à son président ? Et nous voilà parti dans un très bon roman, agréable à lire et qui donne très envie de retourner très rapidement dans les abers de ma jeunesse…

Mais, à défaut de pouvoir y aller, comme l’été c’est fait pour lire, entrouvrez « Le gréement de Camaret » et vous passerez un très beau séjour dans le Finistère… Je précise aussi que Camaret n’est pas dans les abers, mais que l’on ira quand même y faire un tour… Mais je ne vous en dis pas plus !

Très belle lecture et bon voyage !

Shelton
avatar 18/07/2022 @ 09:42:24
Lundi 18 juillet 2022

L’été c’est fait pour lire et, pour moi, c’est aussi le temps heureux du grand-père qui prend le temps de lire à ses petits-enfants… Quand il y a de la tension, de l’activité non maitrisée, de la fatigue et que, soudain, une voix apaisée commence à dire : Il était une fois…

Certains peuvent croire que cette expression est surfaite mais par expérience je vous assure qu’elle est très efficace car elle signale à l’enfant que quelque chose va se passer, que l’imaginaire va s’ouvrir, que la féérie du récit va s’installer… C’est un signal, un rituel… Saint-Exupéry avait bien raison avec son dialogue sur l’amitié… On a besoin de rituel… Il était une fois…

Tous les livres ne commencent pas par « Il était une fois… » mais cela ne me gène aucunement de déformer quelque peu le texte pour commencer ainsi… je respecte le rituel et l’enfant s’y retrouve… « Il était une fois, en Iran, un vénérable chevalier qui avait établi son renom par maints exploits… ».

Ne criez pas immédiatement que ces mots sont trop difficiles pour des enfants ! Testez-les et vous constaterez que quand l’enfant ne comprend pas un mot, il est capable d’en demander le sens… Dans le cas contraire, prolongez la lecture et laissez l’enfant tomber dans la magie de la cour iranienne…. Moi, j’ai lu ce magnifique album, La légende de Zal, à un petit garçon de trois ans et demi et les questions ne furent pas très nombreuses, l’enchantement total et il eut envie de garder le livre pour dormir avec lui…

« Après mille baisers… » Pourquoi Papy ils se font mille baisers ? Ben, parce qu’ils s’aiment très fort ! Alors, il faut que je fasse mille baisers à Mamie ? Oui, pourquoi pas, mais tu n’es pas obligé de les compter ! Quand on aime, on ne compte pas !

Bon, revenons à notre histoire… Zal, le fils du chevalier va naître albinos et sa chevelure blanche entrainera quelques problèmes… Heureusement, un jour, tout finira bien et le jeune homme trouvera une princesse ne craindra pas cette particularité physique…

Cette histoire est tirée du Shahnameh, le livre des rois, grand poème épique qui raconte l’Iran depuis les origines jusqu’à l’islamisation… Ici, cet épisode est réécrit par Rafik Bougueroua – dont le métier est de réécrire des histoires d’y il y a belle lurette – et mis en dessin, couleurs et plus par Yann Damezin… Je dis « et plus » car le palais de Mihrab se déplie de façon édifiante et merveilleuse ! C’est d’ailleurs pour cela que je n’avais pas confié mon livre à ce petit fils séduit qui voulait dormir avec… Il y a quand même quelques limites à l’amour porté à mes petits-enfants…

Il s’agit d’un album grand format, avec de très beaux dessins en couleurs, avec un texte très bien écrit. L’enfant seul, surtout si vous avez déjà lu le livre à voix haute, pourra suivre l’histoire avec la version graphique sans aucun souci. Il peut intéresser les enfants à partir de 3/4 ans mais l’histoire reste pertinente pour les autres, y compris les adultes. Il parle d’une certaine façon de la différence, de nos réactions instantanées face à cette différence, mais aussi des regrets que nos réactions peuvent engendrer. Il parle de l’amour, de la parole donnée, du courage, de la vérité, de l’humanité, tout simplement…

Cette histoire nous dit aussi que les cultures de départ peuvent être différentes, les religions variées mais qu’il n’y a bien sur cette terre qu’une seule humanité ! Qu’on prenne le temps de se le dire, y compris cet été…

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, n’oubliez pas de lire à vos enfants, petits-enfants, neveux et nièces, et tous les autres aussi ! Bonne lecture !

Shelton
avatar 19/07/2022 @ 06:38:41
Mardi 19 juillet 2022

L’été c’est fait pour lire et je profite parfois de cette période pour faire des expériences textuelles… J’avais lu dans un magazine spécialisé que l’un des phénomènes de l’édition française était une certaine Marie-Bernadette Dupuy dont je n’avais jamais entendu parler avant cet article. Pouvais-je rester longtemps sans au moins lire un de ses romans ? C’est, bien sûr, dans les rayons d’occasion que j’ai commencé à chercher la perle rare pour découvrir cette romancière… Souvent, il s’agissait de saga familiale, genre qui ne me tente guère… Heureusement, un peu par hasard, j’ai trouvé deux volumes de compilations de nouvelles policières, Les enquêtes de Maud Delage. Neuf nouvelles longues, plus de 1300 pages, un véritable test pour découvrir Marie-Bernadette Dupuy et son style, son écriture, ses ambiances…

Cette lecture m’a laissé assez dubitatif, c'est-à-dire que les ressentis sont assez ambigus. La première chose à préciser c’est que j’ai lu les deux volumes assez rapidement et je n’ai pas du tout capitulé en cours de route. Force est donc de constater que c’était assez prenant sinon j’aurais refermé l’ouvrage en cours de route en le rendant rapidement au prochain lecteur de passage… Je disais « neuf nouvelles policières » et en fait il s’agit bien de nouvelles longues ou de romans courts plus que de nouvelles comme on en trouve aujourd’hui dans certains volumes. Chaque nouvelles fait plus de 100 pages quand même !

Deuxième remarque sur le genre de ces nouvelles… S’agit-il bien de nouvelles policières ? Là, j’ai plus de doutes. Certes dans certains cas on a bien un crime, une enquête, un coupable, un mobile… et on peut affirmer qu’il s’agit bien d’une histoire policière. Mais dans certains cas l’affaire est plus complexe et je pense que l’on devrait dire « histoires mystérieuses » tandis que pour certaines on est quasiment dans le fantastique ou l’étrange… Un peu comme si dans ces textes, la romancière se cherchait ou se testait : suis-je capable d’écrire un véritable roman policier ? Suis-je capable d’écrire un roman fantastique ? Et on a le sentiment qu’à l’issue de cette écriture expérimentale elle replongera définitivement dans la romance et la saga familiale…

Faut-il pour autant rejeter ces enquêtes ? Je ne pense pas car je suis quand même allé au bout de ces textes en prenant un certain plaisir malgré tout… Maud Delage arrive à Angoulême pour rejoindre le commissariat comme inspecteur stagiaire et elle va progresser dans cette unité où elle travaillera surtout avec des hommes… Qui dit jeune femme dans un milieu d’hommes dit potentialité d’histoire sentimentale… Je vous vois venir mais soyons clairs entre nous : il y a bien une histoire d’amour mais ne lisez certainement pas ces enquêtes pour cela car vous risqueriez d’être fort déçus…

Par contre ne croyez pas non plus que Maud est la plus forte et qu’elle sauve le commissariat à chaque enquête, ici c’est plutôt une affaire d’équipe et chacun apporte des éléments au collectif. Ne pensez pas que Maud incarne la raison à la Sherlock Holmes ou l’intuition féminine… Non, Maud n’est pas une brillante enquêtrice, elle apprend le métier, commet quelques erreurs qui la rendent humaine et crédible… Mais, et là on peut basculer dans l’irrationnel, très vite elle est attentive à l’ambiance des crimes, se croit même médium et sensible aux revenants… Bref, on quitte rapidement le polar classique…

Alors, me direz-vous, qu’est-ce qui vous a attiré ou plus exactement maintenu dans la lecture ? Deux choses somme toute assez fortes. Tout d’abord, le fait que les enquêtes se déroulent dans la région d’Angoulême. Je connais ce territoire car chaque année j’y vais pour le festival international de la bande dessinée, j’ai logé dans des villages différents et je retrouve ces lieux que j’aime beaucoup et que la romancière aime et fait vivre avec talent !

Enfin, les personnages sont bien décrits, les caractères sont pertinents, les ambiances fortes… et qu’importe si les enquêtes sont moyennes à condition de ne pas y chercher du polar classique ! Une lecture estivale surtout si vous n’avez jamais lu du Marie-Bernadette Dupuy… Moi, c’est fait !

Veneziano
avatar 19/07/2022 @ 07:44:38
J'ai prévu de lire :
- Le Grand monde, de Pierre Lemaitre,
- La Cause des livres, de Mona Ozouf,
- Paris au mois d'août, de René Fallet,
- L'Amour baroque, de René Fallet,
- 100 questions sur le bouddhisme, de Didier Trentenaire ;
- Un autre monde - L'Ers des dictateurs, d'Alain Frachon ;
- les oeuvres de Virginia Woolf.

Après, je ne sais pas encore dans quel ordre.

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