Shelton
avatar 23/08/2021 @ 18:32:45
Samedi 21 août

L’été c’est fait pour lire et il est vrai que j’aime particulièrement lire les ouvrages en lien avec mes lieux de villégiature. Ce n’est pas du tout automatique ni incontournable, seulement un petit bonus que je m’accorde de temps en temps. Pour moi c’est une façon de s’immerger un peu plus dans l’histoire et cette incarnation peut être plus ou moins forte…

Par exemple, il y a deux jours, en marchant le long des rives de l’Odet, j’ai vu des sportifs s’entrainer en aviron. Je n’avais pas de livre sous la main mais immédiatement j’ai pensé à mon amie Zelba et son magnifique album BD « Dans le même bateau » sans pour autant prendre place à bord car avec mon poids c’eut été « Dans la même galère » ou un remake du « Titanic »…

Là, je suis en pays bigouden et c’est très naturellement que je suis entrain de lire le roman policier de Pierre Pouchairet, « Vie et mort d’une légende bigoudène ». C’était comme une évidence, lire le roman après un bon bain dans l’Océan vivifiant… Au passage, rappelons que cette série « Les trois brestoises » est bien de qualité et qu’elle dépasse le niveau moyen de certains polars régionaux.

Occasion pour moi de revenir aussi sur ces éditions du Palémon qui se sont spécialisées dans le roman policier se déroulant en Bretagne. Il ne s’agit pas de la seule maison éditant des polars bretons, mais j’ai le sentiment qu’ici, c’est le cas jusqu’à maintenant, on fait un véritable effort éditorial pour soigner la qualité des textes, des objets… Attention, cela ne signifie pas que tous les romans seraient du même niveau. Comme toujours, s’il y en de bien meilleurs, il y en a des moins bons. C’est ainsi, surtout dans les séries, il y a des hauts et des bas… Les auteurs sont des êtres humains comme les autres !

Il est évident que Jean Failler, le romancier créateur de Mary Lester, n’a pas écrit cinquante chefs d’œuvre, il faut être réaliste. Par contre j’avoue sans mal que j’apprécie de retrouver régulièrement cette policière dont les enquêtes se déroulent dans toute la Bretagne. Je suis finalement assez content que la tentative d’adaptation pour la télévision n’ait pas fonctionné car je trouve que c’est par la lecture que l’évocation des lieux fonctionne le mieux. Je sais que Jean Failler a toujours aimé aller s’immerger lui-même dans les lieux cadres de ses romans, lui qui n’aime pas voyager… Le résultat est toujours à la hauteur même quand l’intrigue policière est plus faible, ce qui lui arrive, bien sûr !

Je n’ai pas encore lu le dernier, « En secret à Belle-Île », mais il est dans mon sac estival et je vais le lire tout prochainement même si cette année il n’y aura pas d’escale sur Belle-Île… On ne peut pas passer partout tous les ans… Il faut rester raisonnable !

D’ailleurs, dans quelques jours ce sera une pause dans les Landes et je compte bien y trouver un roman, policier ou pas, adapté à la situation géographique d’autant plus que je ne connais pas beaucoup ce département !

Alors n’hésitez pas, si vous vous déplacez, à lire les auteurs locaux… et si vous restez chez vous, quelle qu’en soit le motif, voyagez par la lecture sans modération car, dans tous les cas, l’été c’est fait pour lire !

Bonne lecture à toutes et à tous !

Shelton
avatar 27/08/2021 @ 18:51:07
Dimanche 22 août

L’été c’est fait pour lire et j’avoue souvent chercher des livres en fonction de mes activités, de mes déplacements, de mes rencontres… Donc, quand je passe à Lourdes, j’ai tendance à chercher un ouvrage plutôt religieux. Seulement, voilà, je l’avoue, l’Eglise me questionne beaucoup depuis qu’elle a décidé d’être contre le mariage pour tous… d’autant plus qu’elle n’est pas non plus toujours à la hauteur pour défendre les migrants, les malades du covid ou les victimes des différentes guerres… Du coup, j’ai décidé de vous parler de deux personnes que j’aime beaucoup, que j’ai rencontrées plusieurs fois, interviewées, lues, bref, deux hommes qui sans être des maitres sont quand même des repères pour moi : Eugen Drewermann et Jacques Gaillot !

Je l’avoue, j’ai eu quelques scrupules à vous proposer cet ouvrage en lecture, « Dialogue sur le parvis »… Pas pour des raisons théologiques ou ecclésiales – il s’agit de deux hommes rejetés chacun d’une façon différente par l’église officielle de Rome – mais tout simplement parce que chaque fois que l’on parle d’un de ces deux hommes, on plonge dans un regard médiatique simplificateur sans jamais écouter ce qu’ils disent. Or, ce que je souhaiterais, pour une fois, c’est que leurs paroles soient lues, entendues, avant que chacun puisse se faire une idée de la question… Quelle question ? Drewermann et Gaillot peuvent-ils nous apporter des éléments constructifs pour nos vies ? Oui, je refuse définitivement les débats autour de leur appartenance à l’église, au christianisme ou à je ne sais quelle école de pensée ou de psychanalyse. Cela ne nous concerne pas, tandis que nos vies…

L’ouvrage est composé de quatre parties toutes importantes qu’il faut savoir prendre le temps de lire. Tout commence avec une présentation générale de Jean-Pierre Bagot. Ce dernier est un prêtre qui a toujours pris ses responsabilités, qui a assumé son humanité sans se poser trop de questions et que j’ai rencontré plus d’une fois, lui aussi, ce qui me permet d’affirmer qu’en plus il cuisine bien, preuve d’un humanisme certain ! Il présente ces deux rebelles, ces deux voix qui osent parler aux hommes de leur réalité tout en donnant un Jésus accessible et profondément humain. Est-ce pour autant hérétique comme certains le clament en demandant la tête du théologien et/ou de l’évêque ?

Ce qui est pertinent, dans cette première partie, est le rappel d’une situation paradoxale que j’ai connue à l’époque puisque je suis un de ceux qui ont couvert deux des déplacements en France d’Eugen Drewermann : beaucoup de théologiens, de prêtres, de journalistes, le condamnaient, le commentaient et le conspuaient sans jamais l’avoir lu ! Etonnant, non ? A l’inverse, ceux qui avaient pris le temps de le lire, Jacques Gaillot en faisait partie, ne souhaitaient que le rencontrer pour mieux le comprendre, dans ses motivations et son fonctionnement. C’est pour cela que nous ne pouvions que voir, un jour, la rencontre des deux rebelles de l’église catholique…

Quand on rentre dans le contenu des trois rencontres entre les deux hommes, une chose saute aux yeux immédiatement : ces deux grandes âmes ne souhaitent qu’une seule chose, aller au contact des autres, soulager la misère humaine, redonner de l’espérance. Aucune volonté de convaincre, de convertir, de forcer, de condamner. Seulement, comme Jésus, leur modèle, aider l’humanité à vivre !

C’est vrai que l’on sort petit de cette lecture tant on est impressionné par la grandeur humaine de ces deux hommes. On est aussi surpris – le mot est petit – devant la bassesse des institutions qui les ont bafoués, rejetés, méprisés…

L’un est en retraite après avoir été titulaire de l’évêché de Partenia. Abandonné par ses frères évêques mais jamais par les fidèles désireux d’une église plus juste et humaine, plus soucieuse des pauvres et des exclus, il a montré un chemin périlleux mais certainement chrétien. Le second, théologien condamné par l’église catholique, « suspens a divinis » (http://fr.wikipedia.org/wiki/…, pour ceux qui ont besoin de savoir de quoi il s’agit) depuis 1991, continue d’être un thérapeute apprécié et vit sa foi jusqu’au bout dans la non-violence, dans le respect des autres et un engagement politique dans la gauche allemande…

Ce petit ouvrage, malheureusement introuvable aujourd’hui, du moins dans les librairies, permettra de mieux les comprendre et redonnera de l’espérance à ceux qui, parfois, désespèrent de cette église officielle…

Quelques phrases, glanées au fil des pages, pour vous donner le ton :

« Je crois en effet qu’on ne peut pas construire l’église du Christ sur le rejet, sur l’exclusion : elle se bâtit toujours dans le dialogue, la recherche commune, la collaboration, en se tournant vers l’avenir. » Jacques Gaillot

« … car nous ne faisions rien d’autre que ce que l’église de Jésus Christ est appelée à faire : se tourner vers les exclus. » Eugen Drewermann

Alors, que dire de plus ? Que cet ouvrage est à rechercher et lire, bien sûr ! Mais, surtout, que pour les gens de bonne volonté – et il en a quand même sur cette planète – les injonctions ecclésiales et institutionnelles n’on pas d’importance. Il faut rester fidèle à ses valeurs, ses pensées, sa volonté !

Et comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture à toutes et à tous !!!

Shelton
avatar 28/08/2021 @ 10:10:44
Lundi 23 août

L’été c’est fait pour lire et aussi, parfois, pour se souvenir… Chaque année des auteurs disparaissent et l’été est une occasion plus apaisée pour réveiller notre mémoire. Un auteur dont on parle encore, que l’on dévore avec passion ou dont on offre les livres est encore vivant avec nous… Cet été, le 19 août 2021 pour être précis, Raoul Cauvin, un très grand scénariste de bandes dessinées, est décédé. Il était gravement malade et il avait lui-même annoncé en mai dernier qu’il était atteint d’une maladie incurable et qu’il n’avait plus que quelques semaines ou mois à vivre…

Je n’ai découvert Raoul Cauvin que fort tard dans ma vie de lecteur car il « sévissait » essentiellement dans le journal Spirou que je ne lisais pas. Jeune, j’ai été formé à la bande dessinée par le journal Pilote, puis un peu avec le magazine Tintin. J’ignorais donc, sans aucune mauvaise volonté, les séries phares de Spirou comme Gaston Lagaffe, Spirou ou Buck Danny. Je suis donc passé à côté des séries de Raoul Cauvin : Les Tuniques bleues, Sammy, Cupidon, Les paparazzi, Les femmes en blanc, Pierre Tombal, Les psy, L’Agent 212 et Cédric…

Dire que jamais je n’en avais eu en main serait sans doute excessif mais, en fait, je n’ai aucun souvenir de ces lectures avant les années quatre-vingt-dix… Puis, je l’avoue, j’ai du lire mon premier album de Pierre Tombal (dessin de Marc Hardy) et à partir de là, Raoul Cauvin a commencé à exister pour moi sans que je découvre ce qu’il avait fait avant pour autant… C’est à ce moment-là que j’ai aussi découvert Cédric (dessin de Laudec) que je considère comme une très bonne série pour la jeunesse, une série que j’ai beaucoup utilisée dans mes interventions sur la bande dessinée en classes d’école élémentaire.

Pour moi, Raoul Cauvin sait raconter des histoires au grand public et ce n’est pas un défaut. C’est, au contraire, une grande qualité. Il part toujours de la vie quotidienne, donc rien de très surprenant et original. Il travaille ses gags avec beaucoup de précision, il construit ses histoires longues avec professionnalisme et ses personnages sont à la fois réalistes et burlesques ce qui en fait des êtres attachants, drôles et profondément humains. Souvent, ceux qui le lisent trop vite passent à côté et prennent cela pour de l’humour facile… En fait, je crois que c’est le contraire, son humour est délicat car il cache du beaucoup plus profond, du moins dans les séries que je connais, et il aborde, l’air de rien de nombreux sujets graves comme la vie, la mort, la maladie, l’éducation, la violence, la liberté, la crédibilité des adultes, la guerre et l’antimilitarisme…

En fait, je pense qu’il ne faut pas faire de Raoul Cauvin un sous-auteur ou clown de service. C’est un scénariste qui a beaucoup écrit et donc obligatoirement tout chez lui n’est pas du même niveau mais c’est surtout un auteur à redécouvrir en prenant le temps d’écouter ce qu’il nous dit, en laissant ses personnages vivre devant nous. Ce n’est pas non plus le plus grand et profond des auteurs de bandes dessinées de notre temps mais il restera un de ceux qui ont marqué notre époque et sa bande dessinée, un des auteurs les plus lus par la jeunesse dans la dernière décennie du vingtième siècle et un auteur qui avait trouvé le ton juste pour aborder la mort avec la jeunesse ! Oui, relisez Pierre Tombal et vous comprendrez ce dont je veux parler…

Alors, certains trouveront que je ne parle pas assez de la série Les Tuniques bleues, mais c’est une série que je n’ai découvert que très tard et dont je ne suis pas assez lecteur pour être à la hauteur du sujet donc je laisse les spécialistes le faire de façon beaucoup plus pertinente ! Mais je me souviens d’une exposition à Angoulême, il y a quelques années (en 2010 si mes souvenirs sont bons) et de la lecture de certains albums… quand même !

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, si vous voulez découvrir Raoul Cauvin, vous avez le choix, un très grand choix… Donc, bonne lecture !

Shelton
avatar 30/08/2021 @ 16:14:45
Mardi 24 août

L’été c’est fait pour lire mais comme c’est aussi l’occasion d’une multitude d’autres activités j’avoue être un peu en retard dans la publication de mes chroniques livres estivales… Qu’à cela ne tienne, je vais reprendre le rythme maintenant que les véritables vacances sont terminées…

Puisque la rentrée scolaire/universitaire pointe son nez et que je ne voudrais pas sembler m’en désintéresser moi qui, pendant des années, me suis occupé d’étudiants, il m’a paru important de parler aujourd’hui de mathématique !

Tout d’abord, question presque existentielle, doit-on dire mathématiques ou mathématique ? En fait, les deux existent et ne signifient pas strictement la même chose. Les mathématiques ce sont les sciences qui touchent aux êtres abstraits comme les nombres, la géométrie, les fonctions, les statistiques, les espaces, les probabilités… Tandis que la mathématique est l’ensemble de ces domaines réunis en un tout cohérent… Bon, je sais bien que pour beaucoup, avec un s ou sans s, c’est juste l’enfer ! Je viens donc de perdre 62% de mon lectorat habituel…

Quand j’étais beaucoup plus jeune, vers l’âge de 9/10 ans, mathématique signifiait pour moi un domaine où je me sentais bien… C’était même une sorte de paradis et c’était d’autant plus vrai que j’avais beaucoup de mal avec la lecture… Je me rattrapais avec les chiffres, les schémas, les formules… C’est ainsi que pour mon anniversaire de 10 ans, je me fis offrir par ma grand-mère maternelle, les deux premiers volumes de « Mathématique moderne » de Georges Papy.

Tiens, j’en entends bougonner certains… Oui, la mathématique moderne n’a pas une très bonne réputation en France. Je peux comprendre certaines réticences, il n’en demeure pas moins que pour moi ce fut une véritable révélation et que cela m’a sauvé ma mise durant mes premières années de scolarité, au collège en particulier. Certains d’ailleurs s’étonneront qu’un enfant de 10 ans puisse se passionner pour la multiplication scalaire ou les changements de repères, mais en fait cette « nouvelle » pédagogie de Papy me convenait parfaitement et elle m’a permis par la suite de me consacrer totalement à la lecture sans travailler trop ce domaine mathématique où j’avais pris un peu d’avance…

En fait, je ne suis pas un grand passionné de mathématique et très vite la chimie et la physique m’ont paru plus indispensables, les différents secteurs mathématiques ne me servant qu’à avancer dans ce domaine des sciences concrètes… bien réelles…Je n’ai jamais eu l’occasion de continuer d’avance avec Papy qui a quand même écrit quatre autres ouvrages après les deux que j’avais, je me contentais jusqu’à la fin de mes études des manuels scolaires classiques… Mais j’ai gardé avec moi ces deux premiers volumes, je les ouvre régulièrement et j’aime me lancer dans quelques-uns des exercices proposés… En particulier durant les vacances…

Pour ceux qui aiment les mathématiques comme la mathématique, je vous signale aussi un très bon ouvrage de vulgarisation, « Pythagore à la plage, les nombres dans un transat », de Jean-Paul Delahaye, universitaire renommé. C’est une très bonne façon de vous initier au nombre d’or, aux nombres premiers, à son théorème, bien sûr, mais aussi aux suites, à d’autres théories et, surtout, à la vision du monde de Pythagore car pour lui la mathématique était une sorte de philosophie…

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture à toutes et tous !

Shelton
avatar 30/08/2021 @ 16:20:39
Mercredi 25 août

L’été c’est fait pour lire et lire, même avec beaucoup de plaisir et bonheur, n’est en rien incompatible avec réfléchir, s’instruire et mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons… Pour cela, aussi souvent que possible, écartons-nous des livres complexes, abscons ou réservés à une élite qui se croit seule autorisée à aborder les sujets graves… Prenons donc une excellente bande dessinée, accessible à tous ou presque et parlons femme, liberté, folie, reportage, journalisme, démocratie… Oui, il s’agit d’envoyer du lourd à travers d’innocentes bulles du neuvième art…

C’est donc la bande dessinée « Nellie Bly, dans l’antre de la folie » de Virginie Ollagnier (scénariste) et Carole Maurel (dessinatrice) que je vous invite à ouvrir et découvrir dès maintenant ! Tout d’abord, soyons précis et clairs, Nellie Bly est une femme qui a réellement existé. De son véritable nom, Elizabeth Jane Cochrane, elle est née en 1864 et elle est décédée en 1922. Femme de caractère, elle fut l’une des premières femmes journaliste et on la considère comme l’une des pionnières du journalisme d’investigation (reportage clandestin, reportage sous couverture…). Voilà pour quelques éléments biographiques avant d’entrer dans le vif du sujet en compagnie de nos deux autrices…

On pourrait dire que nos deux bédéistes n’ont pas cherché à faire un ouvrage militant et engagé, et du coup le message qu’elle nous livre est très fort, on pourrait presque dire qu’il est à la hauteur des engagements de Nellie Bly elle-même… En fait, je serais tenté d’affirmer, même si je n’en ai pas discuté avec elles, qu’elles ont d’abord fait de la bande dessinée : elles nous racontent un épisode de la vie de Nellie Bly, c'est-à-dire les dix jours qu’elle a vécus dans une institution se faisant passer pour folle de façon à raconter comment ces femmes étaient traitées. Il s’agissait bien d’une infiltration journalistique… et ce n’était pas sans risque ! Elles ont donc, nos deux autrices, plutôt fait de la bande dessinée historique.

Mais pour que l’on comprenne bien l’histoire de Nellie, elles ont été obligées de faire des retours dans le passé pour que l’on intègre bien qui était Nellie, la difficulté d’une femme qui veut être journaliste, la condescendance des journalistes hommes, la façon dont étaient considérées les femmes à cette époque et l’appréhension de la folie par une population masculine médicale et/ou politique qui croyait tout savoir… Nellie était à la fois précurseur, une exploratrice, une féministe, une ardente chercheuse de vérité… Bref, il s’agissait d’une femme héroïque digne de la bande dessinée que Virginie et Carole lui ont construite !

Que vous dire de plus ? Qu’il est important de lire cette bande dessinée, c’est une évidence ! Qu’il faut la faire lire à tous ceux qui veulent devenir journaliste, c’est une certitude ! Qu’il faut surtout la faire lire aux jeunes garçons qui croient trop souvent que l’héroïsme est masculin, ce serait salutaire ! Qu’il faut la mettre dans les mains de ceux et celles qui croient encore que la bande dessinée est un sous art narratif, ce serait peut-être le moyen de faire changer le regard sur la bédé !

En attendant, comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture à toutes et à tous !!!

Shelton
avatar 31/08/2021 @ 19:22:18
Jeudi 26 août

L’été c’est fait pour lire et dans certains cas pour rattraper son retard de lecture ! Imaginez que je n’ai découvert la série « Les trois brestoises » qu’en mai dernier alors que la série voyait son 7ème ouvrage sortir aux éditions Palémon… Donc, me voici arrivé au tome 6, « Vie et mort d’une légende bigoudène », un roman policier de Pierre Pouchairet que j’ai lu en Pays Bigouden et en limites… Oui, il faut être précis sur cette question délicate… Quand je suis allongé sur le sable de la plage de Sainte-Marine, je suis bien chez les Bigoudens. Tandis que lorsque je suis dans mon fauteuil à Bénodet, je n’y suis plus… Détails direz-vous ? Allez savoir, quand il s’agit d’un roman en pays bigouden, tout est possible et je ne voudrais vexer personne !

La deuxième chose que je souhaiterais aborder avant de parler du roman policier à proprement dit, c’est le thème même du roman, la musique en Pays Bigouden dans les années 60/70. En effet, l’auteur du roman ne se contente pas de faire mourir un chanteur de cette époque bénie, il prend le temps de raconter comment ce petit territoire est devenu un repère musical. Il le fait à partir d’une documentation solide et surprenante donnant un éclairage totalement nouveau pour le néophyte sur ce territoire, cette période, la musique rock, la pop anglaise et la variété française… C’est réellement passionnant ! J’oserais même dire que rien que cela mérite le détour à moins que vous ne préfériez lire les ouvrages spécialisés dont Pierre Pouchairet donne la liste en fin de roman…A vous de choisir !

Venons-en, maintenant, au roman policier lui-même. En fait, on va avoir trois éléments d’histoire qui vont se dérouler en parallèle avant de s’unir d’une certaine façon. On a un nouvel officier qui débarque à Brest sous les ordres de Léanne Vallauri, commandante de la Police Judiciaire du Finistère.

Puis, nous avons une histoire de drogue qui s’est échouée sur la plage, qui a été récupérée par un truand, un trafic qui se met en place et un certain indic de Léanne qui refait parler de lui, le fameux Guénolé Le Gall…

Enfin, il faut bien un cadavre dans un polar et ce sera le musicien, chanteur, compositeur Robert Letourneur, sauvagement assassiné dans son domicile à Penmarch. Là, je vous le confirme, on est bien en Pays Bigouden.

Dans son enquête sur la mort de cette légende bigoudène, Léanne va être obligée de comprendre qui fut cette vedette, comment il fonctionnait, avec qui… D’où les nombreux éléments véridiques qui se glissent dans le roman. Mais cela ne suffira pas pour trouver le coupable et il faudra qu’elle soit bien aidée par la Gendarmerie (et son fameux colonel Erwan Caroff), par deux spécialistes informatiques car sur le « dark » il s’en passe des choses… et ses deux amies de toujours, la médecin légiste et la psy… Bref, tout le monde s’y met et je ne peux pas vous en dire beaucoup plus sans prendre le risque de briser le suspense pourtant admirablement bien construit !

Pierre Pouchairet continue de m’enchanter avec ses romans policiers, bien écrits, bien construits et que le lecteur a bien du mal à reposer même quand la nuit est fortement avancée… Certains pourraient dire, sans trop exagérer, qu’il s’agit bien d’une écriture potentiellement addictive !!!

Bon, il ne m’en reste plus qu’un à lire avant la fin de l’été, je devrais y arriver sans trop de mal malgré mon plan de lecture très chargé !

Mais comme l’été c’est fait pour lire, très bonne lecture !

Shelton
avatar 03/09/2021 @ 09:02:54
Vendredi 27 août

L’été c’est fait pour lire et comme je l’affirme souvent, de façon assez forte, on a bien le droit de lire ce qui nous fait plaisir, quand on veut et où on veut ! C’est ainsi que j’entends le bonheur du lecteur ! Ainsi donc, alors que j’aime énormément lire les essais, les biographies, la poésie, les ouvrages scientifiques, les grands romans du XIX° siècle, j’aime aussi dévorer les adaptations en bande dessinée de certains romans de notre époque même quand certains les cataloguent un peu trop rapidement en romans faciles, histoires à l’eau de rose ou romances en tout genre… C’est ainsi, on ne se refait pas à 65 ans, on assume !

En rentrant de vacances, j’ai donc découvert la bande dessinée « L’île des oubliés » de Roger Seiter (scénario) et Fred Vervisch (dessin), une histoire adaptée du roman de Victoria Hislop. Je ne connaissais ni le roman ni la romancière et donc je me suis laissé prendre par le récit sans aucun a priori ! Je ne savais donc pas que Victoria Hislop était une femme de lettres anglaise, que ce roman était son premier, qu’il datait de 2005 (2012 pour la traduction française) et qu’il avait été un succès de librairie… J’ignorais donc aussi que le roman avait été adapté à la télévision grecque et que l’ensemble avait provoqué sur l’île de Spinalonga (qui existe donc bien réellement) un afflux énorme de touristes venus visiter les lieux du roman… C’est ainsi, j’ignore beaucoup de choses et je l’avoue bien humblement !

Dans cette histoire, telle que les auteurs de la bande dessinée la présentent – n’ayant pas lu le roman je ne ferai donc que référence à la bédé – on a plusieurs histoires en parallèle. Je m’explique. On a d’abord une femme, Alexis, qui à l’occasion de vacances en Crète va se rendre à Plaka, le village natal de sa mère, pour découvrir ses origines qu’elle ne connait pas ou presque pas. C’est classique, l’héroïne part chercher ses origines…

Moins classique, cette recherche la pousse vers l’île de Spinalonga où, de 1904 à 1957, il y eut une léproserie assez incroyable, souvenirs d’une époque cruelle où être lépreux signifiait être mis en dehors de la société… On y reviendra en détail ! Sur cette île, il y a aussi une forteresse et les restes d’une ville turque… Tout cela est abandonné depuis longtemps car quand on y mit les lépreux l’île s’est vidée et quand les lépreux ont été enlevés l’île a été abandonnée… Aujourd’hui, l’île n’est qu’une zone protégée et site touristique…

Alexis va donc découvrir que son arrière-grand-mère maternelle a eu la lèpre, a été « déportée » sur l’île où elle est morte… Déjà cela est un choc assez important et elle peut découvrir cette île abandonnée, ce village oublié où les lépreux avaient reconstruit une société, avec ses règles, ses us et aussi ses petits bonheurs…

Mais, une fois cette découverte digérée, Alexis va aussi plonger dans l’histoire de sa mère, de sa famille et il ne s’agit pas qu’une histoire de lèpre. Sans tout révéler de l’intrigue, on peut quand même dire qu’il y aura des histoires d’amour, de jalousie, de familles et de niveau social… On mesure au fur et à mesure que derrière cette discrimination sanitaire (la lèpre) il y a beaucoup d’autres tensions et préjugés qui viennent se greffer. On voit aussi des médecins qui loin des règles et lois en usage tentent de trouver des traitements, des usages préventifs, des modes de vie pour sauver physiquement et psychologiquement les malades de la lèpre… En fait, c’est tout simplement passionnant !

On a donc une très bonne bande dessinée, bien construite car le scénario est complet, pas de frustration due à un manque d’information. La narration graphique est solide, adaptée et bien agréable à suivre… Les éditions Philéas continuent de nous embarquer dans des adaptations de romans contemporains avec une réussite que je ne peux que saluer en attendant le prochain album de cette très bonne collection ! En attendant, puisque l’été c’est fait pour lire, et que malgré la rentrée nous sommes encore en été, je ne peux que vous souhaiter « bonne lecture » avec cette version de « L’île des oubliés ».

Shelton
avatar 03/09/2021 @ 09:03:31
Samedi 28 août

L’été c’est fait pour lire mais aussi réagir à certaines actualités que l’on reçoit avec un peu plus de recul que durant l’année… Aussi, il y a quelques jours j’ai entendu avec une certaine stupéfaction que le revolver dont la balle était sortie pour tuer Billy The Kid, à l'époque dite du Far West américain, venait de se vendre pour 6,03 millions de dollars. C’était à Los Angeles, ville de tous les excès dans le genre, et le montant est bien un record pour une arme à feu. Je me suis longuement interrogé sur l’utilité d’un tel achat, sur le sens porté par cette enchère record… d’autant plus que ce pistolet ou révolver ne peut probablement même plus tirer…

Cela pose aussi notre rapport à la mort, à la violence, à la marginalité… Pour un peu, je me serais mis à donner des leçons de morale aux Américains et à tous ceux qui sont voyeurs de la mort, curieux de ces fins tragiques… et blablabla… Quand soudain mes yeux sont tombés sur ma bibliothèque et j’ai vu, presque côte à côte quelques livres dont les titres mériteraient quelques réflexions, eux aussi… « L’assassinat d’Henri IV », « L’assassinat de Charles le Bon Comte de Flandres », « Régicides », « Vivre avec nos morts », « La mort des Grands Hommes », « Vie et mort de Jeanne d’Arc »… et je me suis dit qu’avant de critiquer les autres, il fallait peut-être réfléchir au besoin que nous avions de lire ce type d’ouvrages… Non ?

Alors, bien sûr, on a toujours une multitude d’excuses et de bonnes raisons : c’est que de l’histoire, c’est important de voir comment les grands penseurs sont morts, c’est le moment où tout est révélé… et quant à « Vivre avec nos mort », c’est juste écouter une grande penseuse juive et rabbin, nous parler de la place de la mort dans la vie juive… dès fois que cela nous donnerait des idées pour améliorer nos vies…

Pour ce qui est de l’histoire, argument que je trouve très recevable, c’est surtout le cas si l’étude de cette mort violente – celle de Billy the Kid peut en faire partie – permet de sortir d’une vision officielle pour expliquer des causes cachées de cette mort… Par exemple, est-ce que derrière Ravaillac, l’assassin d’Henri IV, il n’y aurait pas eu un complot pour étouffer et faire disparaitre le protestantisme ? Est-ce que les assassins de Charles le Bon ne souhaitaient pas tout simplement protéger leurs postes et revenus ? Est-ce que l’assassinat d’Henri III ne serait pas qu’un épiphénomène des Guerres de religion ? Bref, ce n’est pas la mort des personnages qui est au cœur de la réflexion mais bien le sens qu’elle porte… Ceci étant dit, tous ces ouvrages foisonnent de détails croustillants sur les derniers instants de ces morts, sur l’agonie de ces personnages historiques… Henri III était-il d’ailleurs réellement sur son pot au moment de son assassinat ?

Aujourd’hui, on sait que les numéros des grandes revues avec photos se vendent d’autant mieux qu’elles présentent des morts violentes… Kennedy et Lady Diana en ont fait l’illustration, c’est une certitude ! Et je n’ose vous parler en détail des photos horribles des cadavres – plus exactement des morceaux de cadavres – après le crash de l’avion sur Ermenonville et des nombreux Franciliens qui avaient décidé d’aller se promener dans la forêt en question quelques jours après le drame !

Donc, finalement, la vente de ce revolver particulier n’est pas si choquante que cela ou, plus exactement, elle n’est que le reflet d’un des aspects pas toujours très sympathique de la nature humaine : voyeuse et morbide… Après tout, cela ne nous permettrait-il pas de supporter la propre idée de notre mort ? Quand on regarde la mort des autres, on est encore vivant !

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, je vous invite à découvrir « L’assassinat de Charles le Bon Comte de Flandre » car il s’agit bien d’un excellent ouvrage de Laurent Feller sur une période que l’on ne connait pas beaucoup ? Ce brave homme est mort le 2 mars 1127 !

Bonne lecture à toutes et à tous !

Shelton
avatar 06/09/2021 @ 08:56:24
Oui, je sais je suis un peu en retard mais tout va rentrer prochainement dans l'ordre... Enfin, j'espère !

Shelton
avatar 07/09/2021 @ 08:01:11
Dimanche 29 septembre

L’été c’est fait pour lire et même si les jours raccourcissent sérieusement, nous sommes encore en été et il est bon de continuer à lire au soleil, et même pourquoi pas les pieds dans l‘eau ou dans l’herbe… Je viens de lire un album de bande dessinée d’une très grande qualité qui mérite plus qu’un détour… Oui, il faut le lire et le faire lire car notre période contemporaine mérite des ouvrages éclairants et salutaires et ce premier volume de « Madeleine, Résistante » appartient bien aux ouvrages de référence qu’il va falloir garder chez soi, offrir et partager avec le plus grand nombre…

En 1994, Madeleine Riffaud ne parlait jamais de son expérience dans le Résistance, probablement par pudeur comme si toutes les horreurs vécues à cette période-là ne méritaient pas d’entrer chez les gens… C’est Aubrac qui est venu chez elle et qui lui a demandé de témoigner et elle a fini par accepter…

Quelques années plus tard, en 2017, Jean-David Morvan va, un peu par hasard, tomber sur un reportage qui lui fait découvrir Madeleine. Elle a déjà plus de 90 ans, s’il veut la rencontrer, il faut faire vite… Je ne vous en dis pas plus car les auteurs de cette bande dessinée le racontent bien mieux et avec de beaux dessins… Ce qui est certain, c’est qu’après des réticences, Madeleine va se lancer à fond dans ce projet, accompagnée par Jean-David Morvan le scénariste, Eloïse de la Maison dans le rôle d’archiviste des entretiens et Dominique Bertail le dessinateur. Elle ouvre sa mémoire, ses archives et le fait sans aucune retenue un peu comme quand à 17 ans elle s’est engagée dans la Résistance…

Ce premier volet d’une trilogie, « La Rose dégoupillée », est en plus un magnifique album graphique. Le dessin de Dominique Bertail tout en bichromie est d’une qualité et d’une précision qui rendent la narration fluide et très agréable. La lecture dégage une émotion triple : la force du témoignage à la première personne, la narration graphique artistique et le ressenti des liens qui se sont noués entre les auteurs et Madeleine elle-même. On ne peut plus lâcher l’album dès que l’on est entré dans l’histoire…

Madeleine est une des dernières résistantes encore vivantes et au moment où certains utilisent à tort et à travers un langage marqué par cette Seconde Guerre mondiale – collabos, résistance, docteur Mengele, occupation, dictature… et j’en passe et des pires – il me semble salutaire de prendre conscience de ce que fut l’engagement d’une jeune femme de 17 ans, malade et amoureuse, dans la Résistance !

Aubrac voulait que Madeleine témoigne, elle l’avait déjà bien suivi dans cette voie mais avec la rencontre avec Jean-David Morvan et cette bande dessinée, un nouveau pas vient d’être franchi avec probablement un public lecteur qui va découvrir, au moins pour les plus jeunes, certains aspects d’un engagement humain qu’il ne connaissait pas ! Oui, la résistance n’était pas un jeu ni une mode !

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, je ne peux que vous inviter à découvrir ce petit bijou. Bonne lecture, que dis-je, très bonne lecture !

Shelton
avatar 07/09/2021 @ 08:01:59
Lundi 30 septembre

L’été c’est fait pour lire même si je sais bien que l’on peut lire toute l’année. Néanmoins, il y a quelques jours, au bord du lac de Laives, alors que le soleil brillait encore, je prenais plaisir à lire une bonne bande dessinée… Oui, la rentrée de la bande dessinée bat son plein et ce d’autant plus que certains titres avaient été retardés pour cause de pandémie. Il y a donc afflux de nouveautés dans les librairies…

Et c’est donc dans ce tsunami de bulles – beaucoup moins destructeur quand même que ceux qui sévissent dans l’Asie du Sud Est – que j’ai aperçu le retour de Bob Morane avec « Les 100 démons de l’Ombre Jaune ». Cet été, Henri Vernes nous quittait, et voilà qu’une nouveauté arrive avec une nouvelle équipe. En effet, je ne vais pas citer tous ceux qui se sont frottés à Bob Morane pour le faire vivre en dessin et je vais me contenter de citer celui que j’ai suivi du début à la fin, William Vance.

Mais pour cette nouvelle série, cette fois-ci, on trouve deux scénaristes pour remplacer Henri Vernes lui-même, deux hommes confirmés et expérimentés, deux qui dans leur jeunesse ont du lire avec passion les romans d’Henri Vernes… Il s’agit d’Eric Corbeyran et Christophe Bec ! Ils ont trouvé, enfin eux ou leur éditeur, un dessinateur qui dès le premier album trouve la bonne narration graphique, le bon trait… et c’est Paolo Grella que l’on avait découvert, du moins pour ma part, avec Le manuscrit interdit, il y a quelques années.

Je trouve que ce démarrage est très bon car en plongeant le lecteur à la période de la Guerre d’Indochine, les auteurs font coup double ou triple. D’une part, on se retrouve dans une période lointaine, historique, vintage et c’est beaucoup mieux que de vouloir aller sur le champ de l’espionnage déjà très exploité en bande dessinée… D’autre part, on retrouve un Bob Morane militaire, commandant et sur le point d’être largué en territoire ennemi (1954)… Enfin, en plongeant nos héros – Bob et Bill – en pleine guerre, on se retrouve dans l’aventure avec un A puissance trois, sans que l’on soit obligé de justifier quoi que ce soit …

Pour les habitués de cette série, de cette grande aventure permanente, mais vous l’avez compris en lisant le titre, on sera bien en opposition avec Mr Ming, l’Ombre Jaune. Car, vous le savez bien, il n’y a pas de grand héros sans un « méchant » à sa dimension… Donc, dès le départ, pas de faux semblants, on retrouve l’Ombre Jaune et il sera toujours temps de s’en séparer l’espace d’un album… Car, ne nous trompons pas, si les lecteurs sont au rendez-vous, nous sommes bien entrés dans une nouvelle série !

Attention, nous ne sommes pas dans une uchronie et il ne faut pas vous mettre à espérer que la France triomphe en Indochine et que le Vietnam devienne un territoire d’Outre Mer. Ici, les aventures de Bob Morane ne changent pas le cours de l’histoire et libres à vous de penser que cet épisode a pu exister… Après tout, pourquoi pas !

En attendant, je vous invite à ouvrir cet album qui n’est pas réservé aux garçons boutonneux en mal d’aventures, une histoire qui pourrait bien trouver un public plus large que les traditionnels amoureux de Bob Morane… Non, je ne parle pas des fans du groupe Indochine… Et pour les néophytes, n’hésitez pas à aller lire au moins un des romans d’Henri Vernes… Moi, j’aime !

Très bonne lecture à toutes et tous !!!

Shelton
avatar 07/09/2021 @ 10:52:37
Tellement pressé d'en terminer dans les temps que je me trompe dans le mois... Les deux dernières chroniques sont bien celles des 29 et 30 août... On y arrivera à septembre !!!

Shelton
avatar 09/09/2021 @ 08:14:40
Mardi 31 août

L’été c’est fait pour lire et c’est aussi l’occasion de se pencher sur certains évènements que l’on aurait tendance à minimiser voire oublier… Fukushima par exemple… Une centrale nucléaire japonaise, un tsunami, un tremblement de terre, une catastrophe… mais, finalement, si loin de nous que l’on oublie tout ou presque…

La construction humaine devait résister à tout, l’accident nucléaire était impossible ou presque… 11 mars 2011, un énorme séisme, le plus gros jamais enregistré au Japon. Le séisme stoppe la centrale nucléaire et on enregistre déjà des problèmes structurels. Moins d’une heure plus tard, un tsunami géant avec une vague d’une quinzaine de mètres de haut à l’endroit de la centrale… Les catastrophes s’enchainent, le refroidissement des réacteurs cesse, deux réacteurs entrent en fusion, des rejets nucléaires radioactifs sont libérés dans la nature, rejetés dans l’océan… Une des plus grosses catastrophes nucléaires, de même niveau que celle de Tchernobyl…

Mais dans cette bande dessinée, « Naoto », il ne va pas s’agir de raconter en détail tous les faits de cette catastrophe, cela a déjà été fait, y compris en BD. Ici, on va s’attacher à un personnage, Naoto Matsumuru, une personne qui est bien réelle. Il ne vivait pas très loin de la centrale, avait confiance dans le système comme beaucoup de Japonais. Il est fermier et va vivre tout d’abord le séisme comme un épiphénomène, il a l’habitude. Puis, il va comprendre que le tsunami a été ravageur et participe localement à la solidarité qui s’installe… Quand il va y avoir les explosions à la centrale…

Dans un premier temps, avec ses proches, il tente de fuir – comme ils en reçoivent l’ordre par les autorités – mais très vite il réalise que ce n’est pas possible de fuir ainsi. D’une part, ils sont rejetés car irradiés – comme s’ils en étaient responsables de cette situation – et d’autre part il comprend que tous les animaux, les siens mais ceux des autres, sont abandonnés sur place… Alors, avec courage ou/et inconscience, il décide de reprendre le chemin de chez lui et de rester dans la zone irradiée et interdite pour s’occuper des animaux encore vivants et il n’en manque pas !

Les auteurs nous racontent sa vie, ses doutes et ses craintes, les réactions des officiels… et même une visite chez le médecin qui mesure la radioactivité absorbée par cet homme hors du commun. Ils montrent que l’homme peut tenter d’être solidaire avec les animaux et la nature et qu’un tel comportement peut même transcender son humanité… Après tout, le plus humain du lot est peut-être celui qui reste sur place… Allez savoir ?

J’ai beaucoup apprécié ce récit qui, en plus d’être le témoignage sur un homme dans un drame, est aussi une narration fortement ancrée dans les légendes nippones ce qui rend le tout très profond, très solide, pétri d’humanisme… Bref, c’est presque un récit fondateur pour de nouvelles relations entre l’homme et la nature !

C’est aussi une histoire pleine d’espérance même si on sait qu’un jour où l’autre Naoto finira par souffrir et mourir de cette irradiation. En effet, Naoto va trouver l’amour, va avoir un enfant et il militera pour que l’humanité prenne conscience de ses responsabilités pour la nature, pour l’humanité… Naoto est peut-être entrain de participer à la construction d’un nouveau monde pour son fils…

Donc une belle bande dessinée, basée sur un fait réel, qui sans être argumentaire donnera à réfléchir à l’avenir de l’humanité…

Et comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture à tous de ce « Naoto » qui vient de sortir avec un scénario de Fabien Grolleau et le dessin très adapté d’Ewen Blain… A très vite !

Shelton
avatar 09/09/2021 @ 08:15:12
Mercredi 1er septembre

L’été c’est fait pour lire et j’avoue avoir lu avec un grand plaisir cette bande dessinée « reportage » ou « histoire politique » qui au premier abord aurait pu sembler sans grand intérêt… Pensez donc, une bande dessinée sur les négociations qui vont amener aux accords de Matignon en 1988…

Souvenez-vous, du moins pour ceux qui étaient déjà nés, il s’agissait de trouver un accord entre Kanaks et Caldoches pour éviter la guerre civile. Donc, en quelque sorte, d’une négociation pour commencer à sortir de la colonisation de cette terre lointaine dans l’Océan du Pacifique. Les accords de Matignon ont été approuvés par les Français lors d’un référendum et approuvés ensuite par les populations de Nouvelle-Calédonie (accords de Nouméa). Tout cela ne termine pas un processus mais le spectre de la guerre civile s’éloignait…

Pour réaliser ces négociations qui ont préparé les accords, Michel Rocard, Premier ministre, a envoyé sur place une délégation et c’est le travail de cette délégation que l’on va suivre dans cet album de très grande qualité… Attention, ici, on n’est pas dans de la fiction mais bien dans de la bande dessinée journalistique et historique si vous acceptez cette expression…

Le scénario est construit par Jean-Edouard Grésy qui est d’abord un universitaire devenu un adepte, un formateur et un accompagnant de tout ce qui est « médiation ». Il semble persuadé que négocier est toujours mieux que de s’affronter ! Ces négociations en Nouvelle Calédonie en sont pour lui l’illustration parfaite et il est convaincu que Michel Rocard a eu raison d’envoyer une délégation pour négocier et surtout que cette délégation, à partir de sa composition même, portait en elle-même tous les éléments indispensables à sa réussite. Et c’est ce qu’il va tenter de nous prouver tout au long de l’album.

Dans le scénario, il est accompagné par Pierre Makyo, un grand scénariste qui donne toujours beaucoup de place à la psychologie des personnages de son histoire et donc, ici, il a de quoi faire et il le fait très bien !

Pour le dessinateur de cette bande dessinée, Luca Casalanguida, le travail n’était pas si simple car tous les acteurs sont bien réels. Il a donc du s’appuyer sur un dossier photographique complet et le résultat est de qualité avec un graphisme réaliste en noir et blanc qui est séduisant, efficace et agréable à lire…

Je suis très content que la bande dessinée se mette à raconter ce type d’évènement et je suis convaincu que cela peut avoir un impact citoyen. Tous les hommes politiques, tous les acteurs publics ne sont pas de clowns et des marionnettes. Certains, dans des occasions particulières se révèlent grands, forts, efficaces, consciencieux, respectueux, défenseurs du bien commun… et c’est très réconfortant !

Heureux aussi de voir que dans ce domaine la bande dessinée peut mobiliser de véritables talents pour que le livre soit à la hauteur des faits et des acteurs réels. Cet album, « La solution pacifique » aurait pu être une petite lecture sans intérêt autre que de rappeler les faits et elle est au contraire une très bonne bande dessinée qu’il faut lire et faire lire !

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, comme nous sommes encore en été, bonne lecture à toutes et à tous !

Shelton
avatar 09/09/2021 @ 08:15:43
Jeudi 2 septembre

L’été c’est fait pour lire mais quand approche la célébration mémorielle des vingt ans du drame du 11 septembre, on peut choisir une lecture qui permette un travail constructif de mémoire. Alors, pour cela, j’aurais pu choisir un ouvrage journalistique. Il n’en manque pas mais j’avoue que ceux qui ont vécu les faits quasiment en direct avec les images de CNN n’ont pas besoin qu’on leur raconte encore, une fois de plus, le détail anxiogène de cette journée…

J’aurais pu choisir un ouvrage « complotiste », il n’en manque pas non plus. On vous aurait alors raconté avec mille détails incroyables que certains dirigeants américains avaient eux-mêmes sacrifié des membres de leur nation pour pouvoir déclencher une guerre contre Ben Laden… ou que ces attentats suicides n’avaient carrément pas existé du tout… Bref, cela ne me satisfaisait pas du tout !

Alors, j’ai choisi une uchronie en bande dessinée pour nous faire réfléchir beaucoup plus profondément à la géostratégie du Moyen Orient et de l’Asie Centrale. Comme la collection « Jour J » avait fait paraitre une très bonne trilogie « Le prince des ténèbres », en 2017 et comme les éditions Delcourt viennent d’en sortir une compilation en un volume, complétée par quelques pages d’explications, sous le titre « 11 septembre », j’ai décidé de prendre ce remarquable ouvrage pour évoquer cette période tragique…

Commençons bien par rappeler qu’une uchronie ne raconte pas la vérité historique. Ce n’est en aucun cas un récit de la journée du 11 septembre. Donc, pas la peine non plus de prendre appui sur cet ouvrage pour élaborer je ne sais quelle folie imaginaire et sans fondement réel… L’uchronie est une discipline historique, au moins reconnue aux Etats-Unis, qui permet de prendre un fait et de le changer pour étudier tout ce qui en découlerait en restant logique et cohérent. Prenons un exemple avec cette bande dessinée…

John O’Neill, agent du FBI qui a bien existé, a depuis 1966 alerté les autorités américaines sur la dangerosité d’un certain Ben Laden. On ne l’a pas toujours pris au sérieux mais on peut bien imaginer le contraire. Il a été pris au sérieux et finalement les Américains ont pu s’en débarrasser et les deux tours du World Trade Center n’ont pas été détruites… Mais quel intérêt à cela ? Pourquoi construire une telle histoire ? Et c’est bien là que tout devient passionnant… Avec ce récit surprenant au départ, Jean-Pierre Pécau le scénariste nous invite à découvrir qui fut réellement Ben Laden, pourquoi il finirait obligatoirement à se retourner contre les Etats-Unis qui, pourtant l’avaient un moment aidé et protégé. Il montre aussi toute l’ambigüité des haines entre Iran et Arabie Saoudite que nous ne savons pas mesurer et mettre en lumière avec nos relations avec ses deux pays et je dis bien « nos » relations car il ne s’agit pas que des Etats-Unis mais bien des Occidentaux dans leur ensemble…

Alors, dans la réalité, John O’Neill, surnommé « Prince des ténèbres », démissionnera le 23 août 2001, lassé de ne pas pouvoir faire entendre à ses supérieurs la nature des dangers qui approchent… Il va se reconvertir dans la sécurité des tours du World Trade Center, lieu qu’il rejoindra le 11 septembre 2001 et où il mourut dans un attentat qu’il avait vu venir…

Une telle lecture ne changera rien aux faits mais au moment où les Etats-Unis viennent de quitter l’Afghanistan en refaisant, du moins à mon avis, les mêmes erreurs de compréhension d’une géopolitique de l’Islam qu’ils ne comprennent toujours pas, je trouve que la lecture de cette uchronie est salutaire et jubilatoire à sa façon…

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture et à très vite !


Shelton
avatar 09/09/2021 @ 08:17:54
Vendredi 3 septembre

L’été c’est fait pour lire et j’appartiens depuis très longtemps aux lecteurs de bandes dessinées qui ne redoutent aucunement le traditionnel « A suivre », mieux qui le souhaitent et le cultivent. Quand nous étions jeunes – oui, autant vous dire on l’a bien été – nous avions rendez-vous une fois par semaine avec nos héros préférés, juste durant quelques pages, et nous devions attendre la suite des histoires la semaine d’après, puis encore celle d’après et ainsi de suite… Nous n’avions pas tous les mêmes magazines, certes, car il y avait Mickey, Spirou, Tintin, Pilote, Pif, Fripounet, Cœur vaillant et j’en oublie certainement beaucoup d’autres ! A cette époque, la bande dessinée se lisait essentiellement dans la presse jeunesse et nous n’avions que très peu d’album… On savait patienter !

Aussi, les séries avec des suites sans fin ou presque, cela ne nous fait pas peur quitte d’ailleurs à prendre l’entrainement d’une relecture régulière des albums passés en attendant les nouveautés… Tout cela pour dire que les séries à rallonge appartiennent bien à mon univers de lecture, comme la série Lady S par exemple dont le nouvel épisode vient de sortir, « Dans la gueule du Tigre ».

Cette série est née sous la plume de Jean Van Hamme et le dessin de Philippe Aymond. Ce dernier appartient aux bédéistes que je suis beaucoup et je l’ai lu dans « Canal choc », « AD Grand-Rivière », « Apocalypse mania », « Lady S » et « Les nouvelles aventures de Bruno Brazil ». J’ai même lu un one-shot, « Est-Ouest » !

Dans « Lady S », Jean Van Hamme a créé un personnage féminin, sorte d’alter ego de XIII, un personnage dont le lecteur n’arrive pas à percer entièrement l’identité… Qui est réellement cette femme ? C’est la question que nous avons tous en tête et généralement quand une piste se propose, il nous faut rapidement l’oublier ou la garder mais seulement partiellement… Depuis que Philippe Aymond a repris seul les rênes de la série, je trouve que le rythme est meilleur, que les histoires sont plus structurées et agréables à lire. Certes, on a un peu perdu la folie du scénariste mais ce fut pour moi un mieux certain… Je pense que Jean Van Hamme n’était plus aussi investi dans la série, enfin, c’est mon ressenti de lecteur…

On retrouve donc Lady S, Shania Rivkas, en vacances avec sa vieille tante Ivana qui commence un Alzheimer… Les deux femmes sont en Indonésie et Lady S va en profiter pour revoir son ancien ami Doug Adams… et à partir de là, il va falloir que je sois assez prudent dans ce que je vous livre comme informations pour ne pas détruire le suspense de cet album…

Pour les habitués de la série, pas de surprise, on est bien dans une histoire d’espionnage à laquelle Lady S est mêlée contre son gré, un peu par hasard… Comme on est en Indonésie, ce sera bien un jeu dangereux entre Américains et Chinois. On peut aussi dire sans trop briser le scénario qu’interviendra l’ami de lady S, Conrad… Dernière chose importante que je peux vous livrer sans risquer le lynchage sur la place publique, c’est que l’histoire est en un seul album et je sais que cette précision en réjouira certains !

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, comme nous sommes encore en été, belle occasion de découvrir cet album ou même de lire ou relire toute la série depuis le début !!!

Bonne et agréable lecture !

Shelton
avatar 09/09/2021 @ 08:19:59
Samedi 4 septembre

L’été c’est fait pour lire mais la fin de l’été est consacrée à la rentrée BD qui d’année en année devient de plus en plus volumineuse à l’instar de celle des romans, bien sûr. Mais, cette année, de toute évidence, il y a une sorte de rattrapage suite aux mois Covid. De nombreuses parutions ont été reportées et maintenant il y a comme une avalanche de sorties en librairie ! Je tente de lire beaucoup et je vous présente tout ce qui me parait de qualité (j’avoue que c’est excessivement relatif, personnel, suggestif et sans prétention… mais il faut bien faire un choix !) ou qui correspond totalement à mes goûts même si je sais qu’ils ne sont pas entièrement partagés !

C’est pour cela, qu’aujourd’hui, je viens vous parler de l’album hors série de cette belle histoire « Le dernier dragon » de Jean-Pierre Pécau dont trois albums sont déjà parus et dont je vous ai déjà parlé avec plaisir… Je ne sais pas ce qui a motivé l’écriture de cet album complémentaire mais j’ai le sentiment que le scénariste s’est rendu compte qu’il manquait peut-être des éléments pour parfaitement tout comprendre dans cette aventure, dans cet univers… Et le résultat est sublime, du moins à mon goût. J’aimais déjà la série mais cet épisode vient enrichir l’ensemble de très belle façon !

Alors, je le reconnais, pour aimer cette série ou cet album, il faut d’abord apprécier le fantastique et j’ai le sentiment que cela se perd aujourd’hui ce goût du fantastique… Le fantastique ce n’est pas une histoire dans laquelle le scénariste et le dessinateur jetteraient des dizaines de dragons, de monstres incroyables, de nains ou de gnomes, juste pour vous impressionner, vous faire peur ou vous faire jubiler devant certaines scènes de combat. Non, mille fois non !

Le fantastique c’est une histoire qui nous parle des hommes, de l’être humain, de l’humanité toute entière même si au premier abord on nous décrit des fées, des sorcières et des animaux imaginaires… En fin, imaginaires, c’est à voir ! Quand on voit des dessins de licornes dans des grottes préhistoriques, on finit par douter que tout cela est le fruit de l’imagination humaine, non ?

Revenons donc au fantastique : il s’agit bien d’une littérature qui a des objectifs à la limite du philosophique car elle nous parle d’un domaine profond, peut-être inaccessible par une autre voie et essentielle à l’humanité. Les contes – j’allais dire d’autrefois mais mes amis conteuses et conteurs m’en voudraient beaucoup – en font partie et tout le monde a bien compris depuis longtemps que le « méchant loup » n’était pas un simple canidé sauvage… Et il en est de même pour les fées, sirènes, korrigans, géants et autres vampires… Oui, tout cela vient nous éduquer, nous faire grandir, réfléchir… et, heureusement, nous amuser aussi !

Alors, ces dragons sont fascinants, ces sœurs spéciales qui s’en occupent ne le sont pas moins, leurs histoires sont passionnantes et nous rattachent à un Moyen-âge magique qui nous fait oublier quelque peu cette période pandémique tout en nous offrant des éclairages judicieux qui pourraient faire changer nos habitudes, nos mentalités… Bref, pour un peu, le fantastique deviendrait incontournable et devrait même être remboursé par la sécurité sociale ce qui ferait le bonheur des auteurs, des dessinateurs, des éditeurs et de tous les lecteurs !

Mais il ne faut pas croire au Père Noël, surtout en été puisque nous y sommes encore… alors, puisque l’été c’est fait pour lire, bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 09/09/2021 @ 18:11:21
Dimanche 5 septembre

L’été c’est fait pour lire et pourquoi ne pas profiter de ces derniers jours d’été pour lire des documentaires ou biographies sur les candidats potentiels à ces élections présidentielles qui approchent à grands pas… Je vous propose d’ouvrir, par exemple, « Xavier Bertrand, l’obstiné » de Ian Hamel. L’ouvrage vient de sortir mais, en fait, il s’agit d’un livre de 2010 complété et enrichi. Soyons donc déjà rassuré, il ne s’agit pas d’un livre de circonstance qui surgirait pour détruire une candidature. Il est bon de le préciser car je pense que les tirs vont fuser partout durant quelques mois… et pas des tirs d’avertissement, de semonce… Non, des tirs pour tuer net !

Deuxième précaution, je voudrais dire que je ne suis pas du camp de Mr Bertrand (d’ailleurs de quel camp est-il précisément, le sait-il lui-même ?) et que j’ai lu cet ouvrage sans arrière pensée avec juste en tête cette question : et s’il devenait président, à quoi faudrait-il s’attendre ? C’est un homme politique que je ne connais pas personnellement, d’une région que je ne fréquente pas trop, donc je dirais que c’est assez vierge d’idées préconçues que j’ai lu le texte de Ian Hamel que je ne connais que très peu par ailleurs…

J’ai donc tout découvert ou presque et je ne retiendrais que trois points pour être concis, trois éléments qui donnent un éclairage partiel et qui ne permettent pas de tout deviner d’un quinquennat potentiel… Potentiel seulement car on en a eu des présidents potentiels ces dernières décennies et je ne me lancerai pas dans les pronostics !

Tout d’abord, Xavier Bertrand semble peu idéologue, il n’a pas une assise solide, à tel point que certains de ses amis (il faut toujours se méfier de ses amis !) pensent qu’il n’a pas d’idée, tout simplement. Les plus positifs le traiteront de pragmatique, les plus négatifs d’opportuniste, mais dans les deux cas cela limite le pronostic : libéral, ultra libéral, populiste, droitiste dur, gaulliste social… Presque chaque qualificatif pourrait être validé par un exemple de sa vie… Donc, prudence !

Le deuxième point concerne sa capacité d’écoute. Il semble écouter tout le monde mais n’entend personne… Il prête l’oreille mais reste à chaque fois sur son point de vue (pas son idée, je ne sais pas si vous voyez bien la différence). Donc, et c’est un reproche qui lui est fait par ceux qui l’entourent dans sa région des Hauts-de-France, il va d’un point à un autre, rencontre les acteurs socio-économiques, est en campagne depuis des mois mais avec des repères qui ne bougent pas, qu’il a en lui et on a le sentiment que rien ne peut le faire bouger, rien ne l’influence et que tout cela ne repose sur rien… Un rocher creux ? Allez savoir…

Enfin, troisième point que je voulais soulever, le nombre de témoignages qui reviennent sur sa difficulté à travailler en équipe… L’obstiné serait-il un grand solitaire, un égocentrique, un homme trop sûr de sa valeur, un personnage méprisant ses collaborateurs ?

Ian Hamel nous livre donc le portrait d’un faux doux, d’un gentil d’apparence, d’un homme qui depuis longtemps vise l’Elysée et qui semble vouloir s’en donner les moyens… Mais sera-t-il un bon président ? Je ne répondrai certainement pas après la lecture d’une biographie même si j’ai le sentiment que je ne suis pas prêt à lui accorder mon suffrage… Mais n’hésitez pas à lire ce genre de livre avant de faire trop confiance à certains candidats. Ian Hamel s’appuie pour son ouvrage sur de très nombreuses rencontres avec ceux qui sont autour de Xavier Bertrand, amis, familles, adversaires… et c’est passionnant !

Alors, comme l’été c’est fait pour lire n’hésitez pas à commencer à découvrir tous ces candidats potentiels avec les livres, les débats, les articles… Et donc, j’en ai encore beaucoup à lire pour faire le tour des potentiels de tous les camps !

Bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 09/09/2021 @ 18:12:13
Lundi 6 septembre

L’été c’est fait pour lire et comme vous le savez j’aime beaucoup lire les biographies historiques. Mais, qui dit biographies historiques ne dit pas nécessairement vie de roi, vie de reine ou vie de prince… La biographie, tout en restant solide, scientifique et parfois exigeante, peut concerner un écrivain, une autrice britannique, une femme de science, un sportif… Voilà pourquoi j’ai choisi de vous proposer aujourd’hui une biographie consacrée à « Agatha Christie », écrite par Marie-Hélène Baylac qui se penche avec délectation, si je puis me permettre, sur « Les mystères d’une vie »…

Marie-Hélène Baylac est une agrégée d’histoire qui a partagé son temps entre l’enseignement, la recherche et l’écriture. On lui doit, en particulier, une très belle biographie sur Hortense de Beauharnais. Mais, elle est connue aussi pour son penchant gastronomique qui l’a poussé à écrire et même faire des chroniques radio… Mais, n’y voyez aucun rapport avec la gastronomie, elle s’est aussi penchée sur Agatha Christie en commençant par son rapport avec les poisons… Continuant à creuser le sujet, elle finit en 2019 par publier une biographie que je trouve remarquable, accessible et complète !

Alors, me direz-vous, pourquoi lire une biographie sur le sujet alors que la reine Agatha nous a elle-même gratifié d’une « Autobiographie » ? La question est beaucoup trop simple ! Voyons… Une autobiographie cache toujours quelque chose, si une personne prend le soin d’écrire un tel ouvrage c’est pour couper l’herbe sous les pieds de ceux qui voudraient révéler des secrets inavouables… Je ne parle pas ici de ceux qui livrent quelques souvenirs mais bien de ceux qui écrivent leur vie et qui donnent au résultat le titre d’autobiographie…

Je ne sais pas réellement ce qu’Agatha Christie voulait cacher au monde de ses lecteurs… Son enfance somme toute banale ? Son engagement comme infirmière pendant la guerre ? Son divorce ? Son escapade mystérieuse de 1926 ? Son rapport à l’argent ? Sa façon d’écrire ? Sa passion pour le théâtre ? Son amour pour un homme plus jeune en seconde noce ? Bref, quand on regarde tout cela de loin et vite, on se demande bien si toute cette vie n’est pas finalement assez ordinaire…

Alors, les vrais secrets ne sont peut-être pas si importants que cela… Oui, elle a un coup de mou (comme on dit aujourd’hui) en 1926 sans que l’on sache exactement ce qui s’est passé dans sa tête… Une sorte de burn out après la mort de sa mère et l’annonce de son mari qui demande le divorce… Puis, il y a sa façon de vouloir cacher sous un pseudonyme (Mary Westmacott) ses romances qu’elle écrit en parallèle des romans policiers… Enfin, sa passion pour l’archéologie qui n’est pas simplement de l’amour pour son Max…

Mais si les secrets ne sont pas si importants que cela, la biographie est passionnante pour tous ceux qui ont lu les romans d’Agatha Christie et qui voient à quel moment de sa vie les choses apparaissent et se mettent en forme, comment elle travaillait, les textes qu’elle a écrits durant ses longs déplacements… Agatha Christie a eu à la fois une vie assez ordinaire mais aussi très surprenante par rapport à son époque, en particulier quand elle traverse l’Europe pour aller au Moyen-Orient en transport en commun…

Clairement, j’ai lu cette biographie comme un roman et j’ai trouvé que ce n’était pas du tout gênant d’avoir lu avant « Autobiographie ». Les deux ouvrages se complètent et s’enrichissent… et comme l’été c’est fait pour lire, comme il n’est pas encore terminé, vous avez même le temps de lire les deux ouvrages avant l’automne !!!

Alors bonne lecture à toutes et tous !

Shelton
avatar 10/09/2021 @ 21:07:29
Mardi 7 septembre

L’été c’est fait pour lire et, aussi, se promener au cœur des salons du livre… Bien sûr, si on vient arpenter les allées d’un salon du livre, si avant on a montré avec application son pass sanitaire, si on a ajusté son masque de protection et que l’on est prêt à transpirer à grosses gouttes ce n’est certainement pas parce que l’on hait le livre… Bien au contraire, on le dorlote, on le bichonne, on l’aime ce coquin de livre !!! Ce n’est plus du simple plaisir en le voyant au loin nous appeler du regard… C’est de la passion dévorante : ne dit-on pas « dévorer un livre » ?

Alors, oui, je le concède, poussés par la passion nous sommes allés passer un premier après-midi au Livre sur la place de Nancy… Nous y avons rencontré quelques amis (attachés de presse, auteurs, éditeurs…) et, surtout, nous y avons fait quelques belles rencontres… En effet, un salon n’est pas fait pour aller voir les célébrités ou les auteurs que l’on connait sur le bout des doigts, c’est avant toutes choses un lieu de rencontres, de découvertes, de surprises…

Mon épouse est ainsi tombée sous le charme du dessin surprenant de Camille Tisserand. Immédiatement, elle a réussi à m’entrainer dans cette chute vers le beau et le sublime… Dès lors, il ne nous restait plus qu’à découvrir un album pour enfant qui nous pourrions offrir à un de nos petits-fils passionnés de loups… On acheta donc « Loupiote », on fit faire une magnifique dédicace pour le lecteur en question et ce soir, je viens de dévorer cette belle histoire dont il semblerait bien que les auteurs (le scénario est de Catherine Latteux) aient réalisé une suite…

C’est donc une sorte de revisite de l’histoire de Mowgli mais avec quelques changements quand même… Une louve découvre une petite fille, elle la sauve du froid, la ramène chez elle… Plusieurs années après, elle découvre fortuitement que la petite fille est exploitée par une horrible marâtre… Et je ne vous dirai pas ce qui va advenir car vous découvrirez vous-même la suite de cette histoire…

C’est beau, délicat, fin, agréable à lire et quant à la réaction de mon petit fils amateur de loup, la réponse arrivera dés demain soir quand je lui aurai fait la lecture… Car l’été c’est fait pour lire et malgré la rentrée scolaire nous sommes bien encore en été… Donc bonne lecture à tous !

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