Curieuse cette reflexion de Camus. Mais n'est-elle pas totalement exact dans les faits ? Ou se situerait le "sens" si Dieu existait ? Il ne permettrait pas les horreurs en même temps que les bontés ? On attend toujours...:-)
A quoi correspondrait donc le fait de donner un sens à la vie ? Serait-ce Vivre en ayant conscience de vivre, ce qui jusqu'á présent n'est permis que grâce à un cerveau qui n'a pas dit son dernier mot...?
A quoi correspondrait donc le fait de donner un sens à la vie ? Serait-ce Vivre en ayant conscience de vivre, ce qui jusqu'á présent n'est permis que grâce à un cerveau qui n'a pas dit son dernier mot...?
J’aime beaucoup cette réflexion d’Albert Camus : « si Dieu n’existe pas, on peut tout aussi bien enfourner des Juifs dans des fours crématoires que passer sa vie à soigner les lépreux, rien n’a de sens ».
Je trouve ça très juste. Sans Dieu, c’est difficile de trouver un sens à la vie, surtout si on croit que, sans Dieu, la conscience n’existe pas autrement que sous forme de matière.
Je n'aime pas cette citation, pour beaucoup de raisons. Si j'étais croyant au lieu d'agnostique, je la trouverais vexante pour Dieu, qui se voit réduit à un rôle de flic ou de juge. Si j'étais athée, je la trouverais blessante, parce que poussée un peu, elle pourrait signifier qu'un athée n'a aucune éthique. Mais comme je suis agnostique, il n'y a aucune raison de me vexer :o)
à Piero : Ahah c'est un autre problème à ajouter à l'actif de cet étrange organe décidément ! Je t'en prie.
Albert Camus : « si Dieu n’existe pas, on peut tout aussi bien enfourner des Juifs dans des fours crématoires que passer sa vie à soigner les lépreux, rien n’a de sens ».Moi je trouve que cette réflexion de Camus est assez juste mais peut être remise en question.
Je n'aime pas cette citation (dixit Le Rat)
Lors d’un échange de lettres entre Umberto Eco et le cardinal de Milan Martini, la question était posée : « en quoi croit celui qui ne croit pas ?»
Le cardinal Martini se demande ce qui pousse un athée à défendre une juste cause, comme la guerre contre le nazisme, par exemple, jusqu’à mourir pour cette cause.
Eco, qui est athée, dit : « l’homme a besoin pour exister d’être regardé par un autre » (j’ai trouvé ça très curieux). Ce qui, selon lui, implique une éthique réciproque.
Le cardinal Martini constate que le croyant et le non-croyant, à partir de références différentes, ont conscience d’un Mystère commun et éprouvent le même besoin d’Espérance en un avenir meilleur qui les pousse tous deux à une certaine éthique.
Cet échange de lettres a été recueilli dans un livre paru en 1995 et critiqué sur CL :
https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/11744
Malheureusement je l’ai perdu. Enfin, je l’ai prêté, ça revient au même… Parce que je l’aurais relu volontiers. Il examinait la question mais, si je me souviens bien, sans vraiment donner la réponse.
Le cardinal Martini se demande ce qui pousse un athée à défendre une juste cause, comme la guerre contre le nazisme, par exemple, jusqu’à mourir pour cette cause.
Eco, qui est athée, dit : « l’homme a besoin pour exister d’être regardé par un autre » (j’ai trouvé ça très curieux). Ce qui, selon lui, implique une éthique réciproque.
à SJB : je te comprends parfaitement : beaucoup d'athées disent qu'ils ont de l'éthique, mais cette éthique semble toujours circoncise au rapport de l'homme aux autres.
Pour peu qu'il ne fasse de mal à personne, l'homme est "clean". Il lui suffit d'être seul, même pour quelques instants, et par cette échappée facile plus aucune force morale n'aurait plus de prise sur lui.
Tu as raison de trouver cela étrange.
Et je pense que toi comme moi, en tant que chrétiens, nous pouvons difficilement nous contenter d'une éthique aussi peu anthropologique, c'est-à-dire aussi peu intéressée à la nature même de l'homme. Je pense que même l'homme seul sur une île, abandonné de tous, est concerné par les questions du bien et du mal, parce que cela tient à sa nature.
circoncise
circonscrite haha ;-)
beaucoup d'athées disent qu'ils ont de l'éthique, mais cette éthique semble toujours circoncise au rapport de l'homme aux autres.
Pour peu qu'il ne fasse de mal à personne, l'homme est "clean". Il lui suffit d'être seul, même pour quelques instants, et par cette échappée facile plus aucune force morale n'aurait plus de prise sur lui.
Tu as raison de trouver cela étrange.
Et je pense que toi comme moi, en tant que chrétiens, nous pouvons difficilement nous contenter d'une éthique aussi peu anthropologique, c'est-à-dire aussi peu intéressée à la nature même de l'homme. Je pense que même l'homme seul sur une île, abandonné de tous, est concerné par les questions du bien et du mal, parce que cela tient à sa nature.
Euh... Là je ne peux pas laisser passer ces propos sans réagir. Ces propos laissent supposer qu'il y aurait une éthique supérieure, celle des croyants et une inférieure celle des athées. Si pour un athée, la morale se résume, à, comme chantait Brassens, pour "celui qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint, se borner à ne pas trop emmerder ses voisins", ce n'est déjà pas si mal, et beaucoup de croyants dans le monde ne le font pas. Je ne prendrai même pas les exemples de Daesch ou de Boko Haram.
Par ailleurs, je pense qu'un athée, m^me sur une île déserte, est aussi capable qu'un croyant d'avoir, par exemple, une attitude responsable vis-à-vis de l'environnement. Il fera peut-être moins de paters et d'avés, mais je doute que si Dieu existe, il y attache beaucoup d'importance.
beaucoup d'athées disent qu'ils ont de l'éthique, mais cette éthique semble toujours circoncise au rapport de l'homme aux autres.@Le rat
Pour peu qu'il ne fasse de mal à personne, l'homme est "clean". Il lui suffit d'être seul, même pour quelques instants, et par cette échappée facile plus aucune force morale n'aurait plus de prise sur lui.
Tu as raison de trouver cela étrange.
Et je pense que toi comme moi, en tant que chrétiens, nous pouvons difficilement nous contenter d'une éthique aussi peu anthropologique, c'est-à-dire aussi peu intéressée à la nature même de l'homme. Je pense que même l'homme seul sur une île, abandonné de tous, est concerné par les questions du bien et du mal, parce que cela tient à sa nature.
Euh... Là je ne peux pas laisser passer ces propos sans réagir. Ces propos laissent supposer qu'il y aurait une éthique supérieure, celle des croyants et une inférieure celle des athées.
tu m'as devancé.
C'est peut-être que l'éthique n'est tout simplement pas à relier à aucune religion...
Je ne vois vraiment pas comment Martin peut soutenir que les non chrétiens auraient une "ethique aussi peu anthropologique" ??
Personnellement j'ai plutôt le sentiment que le chrétien dehumanise l'homme pour le remettre entre les mains d'un Dieu qui le culpabilisera ou non selon des règles édictées...Il ressent cet "oeil" qui le surveille, oeil qui existe aussi chez le non croyant ou autre mais qui vient du plus profond de son...moi.
Je ne vois vraiment pas comment Martin peut soutenir que les non chrétiens auraient une "ethique aussi peu anthropologique" ??
Personnellement j'ai plutôt le sentiment que le chrétien dehumanise l'homme pour le remettre entre les mains d'un Dieu qui le culpabilisera ou non selon des règles édictées...Il ressent cet "oeil" qui le surveille, oeil qui existe aussi chez le non croyant ou autre mais qui vient du plus profond de son...moi.
En tant qu'athée ces propos me font évidemment bondir! Point n'est besoin d'avoir une religion pour avoir une morale! J'ai connu et je connais beaucoup de chrétiens qui n'en sont guère pourvus. Et qu'on ne me dise pas que ce ne sont pas de vrais chrétiens ou alors dans ce cas qu'on admette que beaucoup qui se revendiquent de cette religion sont de faux chrétiens y compris dans les rangs du clergé!
Je n'adhère pas pour autant à la réponse d.'Eco qui voudrait si j'ai bien compris que l'on n'existe que dans le regard des autres et que de ce fait l'athée qui a une morale ne l'a .qu'en fonction de l'image qu'il peut renvoyer;Je trouve cela assez consternant comme façon de voir et je ne m'y reconnais absolument pas. Ce qu'on appelle le bien et le mal (notions que certains réfutent) sont dans tout, y compris dans la nature de l'homme. mais en proportions très variables et cela n'a rien à voir avec une quelconque soumission aux préceptes d'une religion..
Je n'adhère pas pour autant à la réponse d.'Eco qui voudrait si j'ai bien compris que l'on n'existe que dans le regard des autres et que de ce fait l'athée qui a une morale ne l'a .qu'en fonction de l'image qu'il peut renvoyer;Je trouve cela assez consternant comme façon de voir et je ne m'y reconnais absolument pas. Ce qu'on appelle le bien et le mal (notions que certains réfutent) sont dans tout, y compris dans la nature de l'homme. mais en proportions très variables et cela n'a rien à voir avec une quelconque soumission aux préceptes d'une religion..
Quant à la question du Bien et du Mal...
Et je pense que toi comme moi, en tant que chrétiens, nous pouvons difficilement nous contenter d'une éthique aussi peu anthropologique, c'est-à-dire aussi peu intéressée à la nature même de l'homme. Je pense que même l'homme seul sur une île, abandonné de tous, est concerné par les questions du bien et du mal, parce que cela tient à sa nature.
On ne s'est jamais autant massacrés que pour ces raisons, le Mal étant toujours en face. Et singulièrement lorsqu'on a Dieu à ses côtés. Comme le résume Pierre Desproges : L'ennemi est bête : il croit que c'est nous l'ennemi, alors que c'est lui !”
Sur une île déserte, je me poserais sûrement des questions de survie à plus ou moins long terme. Et je traiterais cela par des questions d'efficacité ou pas, de bon ou de mauvais, mais pas de Bien ou de Mal. Mais ça tient sans doute à ma condition misérablement a-religieuse.
Camus a répondu lui-même à la question de la nécessité de l'existence de Dieu pour avoir une éthique, en mettant en scène dans "la Peste", Tarrou, un athée communiste, et le catholique docteur Rieux, qui tous deux se dévouent sans compter pour sauver les malades. Le docteur Rieux explique à Tarrou que le bien qu'il fait, il le fait pour Dieu et Tarrou lui rétorque que, comme pour lui, Dieu n'existe pas, il doit prendre particulièrement soin des hommes, pour tenter de leur apporter ce qu'ils ne reçoivent pas, à cause de son inexistence.
Ça me fait penser à Jacques Brel : "et moi, qui étais le plus fier, je me prenais pour moi."
Ça me fait penser à Jacques Brel : "et moi, qui étais le plus fier, je me prenais pour moi."
Euh... Là je ne peux pas laisser passer ces propos sans réagir. Ces propos laissent supposer qu'il y aurait une éthique supérieure, celle des croyants et une inférieure celle des athées. Si pour un athée, la morale se résume, à, comme chantait Brassens, pour "celui qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint, se borner à ne pas trop emmerder ses voisins", ce n'est déjà pas si mal, et beaucoup de croyants dans le monde ne le font pas.
à Myrco (pour le début de ton com) et Le Rat : Il est clair que beaucoup de chrétiens se comportent mal et beaucoup d'athées font preuve de rectitude.
Mais on pourrait aussi bien dire que bien des écologistes continuent à acheter de la viande bon marché en grande surface ou des produits contenant de l'huile de palme. Personnellement, c'est mon cas, je suis écologiste et me revendique comme tel, et je ne peux que constater les discordances flagrantes entre mon comportement et mes opinions.
Cependant cela n'invalide pas l'idéal écologiste, cela remet simplement en cause la faiblesse de ma nature humaine ou mes difficultés à intégrer ma cause à mon mode de vie.
Pour l'éthique, c'est pareil ; il est bien possible que les grands moralistes aient été bien hypocrites ; et que des nihilistes se soient abstenus de bien des crimes. Cela ne fait que confirmer ce que le Christ a dit : l'esprit est prompt mais la chair est faible.
Cela étant dit, cette remarque (sur les contradictions entre les idées et les actes) n'a pas vraiment rapport avec le sujet car je ne parle pas des comportements moraux, mais de la nature de la morale en tant qu'ensemble de préceptes.
C'est peut-être que l'éthique n'est tout simplement pas à relier à aucune religion...
Je ne vois vraiment pas comment Martin peut soutenir que les non chrétiens auraient une "ethique aussi peu anthropologique" ??
Personnellement j'ai plutôt le sentiment que le chrétien dehumanise l'homme pour le remettre entre les mains d'un Dieu qui le culpabilisera ou non selon des règles édictées...Il ressent cet "oeil" qui le surveille, oeil qui existe aussi chez le non croyant ou autre mais qui vient du plus profond de son...moi.
Bien cela paraît curieux, mais je ne suis pas en désaccord fondamental avec toi : moi aussi je trouve que les athées ont substitué leur propre conscience (leur "moi") à ce qui pour les chrétiens était le jugement de Dieu. Je trouve que c'est une analyse juste. Mais du même coup, elle introduit une contradiction : si c'est le "moi" qui décide ce qui est bien et ce qui est mal, alors il faut avoir toute confiance dans la rectitude de son propre jugement, sous peine de faire le mal. C'est avoir une singulière confiance en soi-même.
Et c'est là que j'accuse les athées de ne pas faire preuve d'anthropologie : ils oublient à quel point l'homme est faillible, et je ne comprends pas pourquoi ils ne cherchent pas à chercher un modèle d'imitation, EXTERIEUR à eux mêmes. Chez les chrétiens, c'est le Christ : le beau livre de Thomas a Kempis a pour titre "l'imitation de Jésus Christ", ce qui est assez clair : pour ceux qui ne voient plus clair dans leur "moi", contentez-vous de suivre une lanterne dans la grotte : et c'est Jésus.
Je n'adhère pas pour autant à la réponse d.'Eco qui voudrait si j'ai bien compris que l'on n'existe que dans le regard des autres et que de ce fait l'athée qui a une morale ne l'a .qu'en fonction de l'image qu'il peut renvoyer;Je trouve cela assez consternant comme façon de voir et je ne m'y reconnais absolument pas. Ce qu'on appelle le bien et le mal (notions que certains réfutent) sont dans tout, y compris dans la nature de l'homme. mais en proportions très variables et cela n'a rien à voir avec une quelconque soumission aux préceptes d'une religion..
à Myrco (pour la fin de ton com) :
Eco cherche les origines de la Morale dans un système où il n'y a pas de Dieu pour juger, c'est-à-dire pas de point de repère moral extérieur à l'homme. Il se situe sur un point intellectuel et ne fait qu'admettre ce dont Bruno et Spinoza, les deux premiers vrais athées, s'étaient aperçu : en philosophie, Dieu est l'assignation d'une finalité aux choses (pour des raisons symétriques à l'argument de la cause première que j'évoquais plus haut : c'est, là encore, de la métaphysique), et si on le retire du système, il devient absurde de parler de bien et de mal (les "certains" dont tu parles, ce sont en fait les athées qui ont la force d'aller au bout de leur idée) ; aussi la barrière éthique, celle qui nous pousse dans le sens du bien, et nous retient d'aller vers le mal, n'est plus qu'une barrière psychologique sans fondement intellectuel. C'est pourquoi il pousse jusqu'à son point le plus choquant ce qui résulte de l'athéisme ; mais il ne veut pas dire que les athées en arriveraient à un tel résultat dans leur vie pratique ; car il leur reste encore l'empathie qui ne souffre aucunement de cela. Mais c'est une vision, plus restrictive de la morale, hélas.
Tu dis que le bien et le mal sont dans la nature de l'homme : or c'est précisément ce que je disais dans mon commentaire précédent, et je n'allais pas plus loin que ça ; une morale "anthropologique" (= nature de l'homme). c'est un peu comme si tu me mettais une claque pour me donner raison après, mais bref ;-) C'est Aristote (donc un non-chrétien), encore lui, qui a posé les bases de cette éthique anthropologique. Ce n'est pas de ma faute si les chrétiens ont intégré parfaitement les théories d'Aristote par la suite et l'ont fait correspondre à leur religion (d'où ma remarque sur moi, "en tant que chrétien"). Ce n'est que par circonstance historique : je n'ai pas dit que le christianisme avait le monopole de cette éthique aristotélicienne. Néanmoins cette éthique, en effet nécessite un Dieu, au sens philosophique et non religieux (j'en ai amplement parlé les pages précédentes) en tant que point de repère extérieur aux choses et aux hommes ; et un Dieu "intelligent" (avec mille guillemets) pour pouvoir assigner une finalité aux choses : ainsi atteindre cette finalité serait le Bien, ne pas l'atteindre serait le Mal.
Camus a répondu lui-même à la question de la nécessité de l'existence de Dieu pour avoir une éthique, en mettant en scène dans "la Peste",
Tu sais, je crois que Camus a été torturé par cette question. Tu penses à "La Peste", mais "La Chute" parle aussi de ce thème avec des conclusions qui semblent extrêmement pessimistes! C'est bien la preuve que ce débat est mérite qu'on s'y attarde.
Pour ajouter ma petite pierre à ce débat tellement complexe, j'ajouterais que ce que nous appelons 'le sens moral' existe aussi chez les mammifère intelligents (grands singes, cétacés, éléphants, loups etc).
Passionné d'éthologie, je ne cesse de m'émerveiller des découvertes actuelles concernant ces animaux, découvertes qui ne font que confirmer mon intuition. Dans ces espèces, il est fréquent qu'un individu âgé, handicapé, malade ou blessé, soit nourri et protégé par de plus jeunes, et pas toujours apparentés (mais souvent)..
Le primatologue Franz de Waal n'a plus aucun doute sur le sens moral des grands singes, quant à leur intelligence, elle ne restait plus à prouver. Ils auraient également le sens de l'humour (et oui, le rire n'est pas le propre de l'homme). Quand l'un d'eux tombe d'une hauteur dans son sommeil, les autres ricanent ' bruyamment, et le malheureux s'éloigne et évitant de regarder dans les yeux les témoins gênants... Ces anecdotes m'enchantent.
Passionné d'éthologie, je ne cesse de m'émerveiller des découvertes actuelles concernant ces animaux, découvertes qui ne font que confirmer mon intuition. Dans ces espèces, il est fréquent qu'un individu âgé, handicapé, malade ou blessé, soit nourri et protégé par de plus jeunes, et pas toujours apparentés (mais souvent)..
Le primatologue Franz de Waal n'a plus aucun doute sur le sens moral des grands singes, quant à leur intelligence, elle ne restait plus à prouver. Ils auraient également le sens de l'humour (et oui, le rire n'est pas le propre de l'homme). Quand l'un d'eux tombe d'une hauteur dans son sommeil, les autres ricanent ' bruyamment, et le malheureux s'éloigne et évitant de regarder dans les yeux les témoins gênants... Ces anecdotes m'enchantent.
On ne s'est jamais autant massacrés que pour ces raisons, le Mal étant toujours en face. Et singulièrement lorsqu'on a Dieu à ses côtés. Comme le résume Pierre Desproges : L'ennemi est bête : il croit que c'est nous l'ennemi, alors que c'est lui !”
Sur une île déserte, je me poserais sûrement des questions de survie à plus ou moins long terme. Et je traiterais cela par des questions d'efficacité ou pas, de bon ou de mauvais, mais pas de Bien ou de Mal. Mais ça tient sans doute à ma condition misérablement a-religieuse.
à Mino : ahah j'aime beaucoup cette phrase de Desproges ;-)
Mais concernant ta condition (a-religieuse, et selon toi misérable), je me reconnais un peu : moi aussi je me lasse rapidement des questions morales (est-ce bon de faire ceci ? ou plutôt cela ?) qui devant un cas pratique peuvent être assez étouffantes, et préfère raisonner en termes utilitaires. Mais contrairement à toi, je n'en ai jamais conclu que les questions morales n'avaient pas lieu d'être ; simplement elles sont adaptées à certaines situations et sont superflues dans d'autres. Parfois, elles apparaissent dans ma vie, une seconde. Alors je prends parti, avec ce que je crois être le plus fidèle à mes valeurs. Puis je redeviens comme avant.
Ici, je raisonne sur l'existence de la morale dans un cadre philosophique qui excluerait l'idée de Dieu. Je ne fais donc pas de moralisme, mais bien de la philosophie. Et je ne disais pas : la morale athée est inférieure à la morale chrétienne. Non, ce que j'ai sous-entendu fait intervenir des différences de nature et non de degré : je soupçonnais la morale athée de n'en être pas une, d'usurper ce nom. C'est une question qui mérite d'être posée.
C'est peut-être que l'éthique n'est tout simplement pas à relier à aucune religion...
Je ne vois vraiment pas comment Martin peut soutenir que les non chrétiens auraient une "ethique aussi peu anthropologique" ??
Personnellement j'ai plutôt le sentiment que le chrétien dehumanise l'homme pour le remettre entre les mains d'un Dieu qui le culpabilisera ou non selon des règles édictées...Il ressent cet "oeil" qui le surveille, oeil qui existe aussi chez le non croyant ou autre mais qui vient du plus profond de son...moi.
Bien cela paraît curieux, mais je ne suis pas en désaccord fondamental avec toi : moi aussi je trouve que les athées ont substitué leur propre conscience (leur "moi") à ce qui pour les chrétiens était le jugement de Dieu. Je trouve que c'est une analyse juste. Mais du même coup, elle introduit une contradiction : si c'est le "moi" qui décide ce qui est bien et ce qui est mal, alors il faut avoir toute confiance dans la rectitude de son propre jugement, sous peine de faire le mal. C'est avoir une singulière confiance en soi-même.
Et c'est là que j'accuse les athées de ne pas faire preuve d'anthropologie : ils oublient à quel point l'homme est faillible, et je ne comprends pas pourquoi ils ne cherchent pas à chercher un modèle d'imitation, EXTERIEUR à eux mêmes. Chez les chrétiens, c'est le Christ : le beau livre de Thomas a Kempis a pour titre "l'imitation de Jésus Christ", ce qui est assez clair : pour ceux qui ne voient plus clair dans leur "moi", contentez-vous de suivre une lanterne dans la grotte : et c'est Jésus.
Mais Martin Jésus EST un homme : -) et c'est d'ailleurs ce qui me permet d'avoir confiance en l'homme. Il est pour moi la représentation de l'homme bon. Vous chretiens ne voyaient en lui que Le Christ, le marthyr, la victime des hommes, et vous l'avez transcendé en le transformant en Dieu et vous êtes servi de lui par le glaive au mepris de tout humanisme alors que c'était bien son message "aimez-vous les uns les autres".
La religion, quelle qu'elle soit, a détourné la morale humaine. Elle se l'est appropriée pour en faire un pouvoir car elle a pré-supposé que les hommes n'étaient pas capables de s'en servir car ils avaient failli.
Oui l'homme est faillible, il doit lutter en permanence contre ce qu'on nomme le Mal (et qui porte préjudice à autrui), mais ce qui est clair, pour moi, c'est que la religion n'a jamais démontré qu'elle pouvait le rendre meilleur, au contraire.
Les dieux pourront s'effacer des cieux, il est bien possible que l'on ne s'en aperçoive pas, mais l'homme lui, comme le vivant (tel que le souligne Blue cat avec ses animaux) seront là en tant que tels et jusqu'à ce que la Nature en décide autrement (cher Spinoza ! ).
Hammourabi, Confucius, Ramsez II, (ou IV, je les confonds toujours) Boudha, Aristote, Gandi, Martin-Luther-King… et bien d’autres, même Mohamed quand il était à La Mecque, ont défini une morale de vie valable pour toute l’humanité.
Je viens de finir un livre sur la sagesse bantoue ; on y retrouve plus ou moins les mêmes enseignements – en plus terre à terre mais qu’importe ! il s’agit bien de la même morale.
Apparemment, et à en croire Blue Cat, cette « morale » existe aussi chez les animaux qui vivent en société.
Jésus a repris cette morale universelle. Il n’a rien inventé, il a seulement été un peu plus loin. Par exemple quand il a dit : aimez même vos ennemis, ne rendez par coups pour coups, etc.
Mais, pour les croyants, Jésus est Dieu. Et donc, pour les croyants, cette morale n’est plus à prendre ou a laisser. Cette morale est sacralisée. Elle a un sens.
Je pense que ce Camus a voulu dire c’est que, pour un non-croyant qui vit dans une société où les "gourous" l’ont persuadé qu’il fallait, pour le bien de l’humanité, enfourner les Juifs dans des fours crématoires, son devoir est de le faire de son mieux. Si ce non-croyant avait vécu dans une société où les gourous ont dit qu’il fallait soigner les lépreux, il soignera les lépreux… Peu importe, pense Camus, sans Dieu, rien n’a de sens.
Personnellement, j’ai tendance à être de son avis.
Je viens de finir un livre sur la sagesse bantoue ; on y retrouve plus ou moins les mêmes enseignements – en plus terre à terre mais qu’importe ! il s’agit bien de la même morale.
Apparemment, et à en croire Blue Cat, cette « morale » existe aussi chez les animaux qui vivent en société.
Jésus a repris cette morale universelle. Il n’a rien inventé, il a seulement été un peu plus loin. Par exemple quand il a dit : aimez même vos ennemis, ne rendez par coups pour coups, etc.
Mais, pour les croyants, Jésus est Dieu. Et donc, pour les croyants, cette morale n’est plus à prendre ou a laisser. Cette morale est sacralisée. Elle a un sens.
Je pense que ce Camus a voulu dire c’est que, pour un non-croyant qui vit dans une société où les "gourous" l’ont persuadé qu’il fallait, pour le bien de l’humanité, enfourner les Juifs dans des fours crématoires, son devoir est de le faire de son mieux. Si ce non-croyant avait vécu dans une société où les gourous ont dit qu’il fallait soigner les lépreux, il soignera les lépreux… Peu importe, pense Camus, sans Dieu, rien n’a de sens.
Personnellement, j’ai tendance à être de son avis.
Mais tu ne précises pas ce que tu entends par "sens". C'est comme une pièce qu'on jette en l'air et on ne sait de quel côté elle va tomber...
@SJB : Le code Hammourabi est primitif et cruel: œil pour œil, dent pour dent, et il n'a rien à voir avec Bouddha, Aristote ou m^me Jésus.
Quand, sur un plateau de télévision, on demandait à Yves Coppens s'il croyait en Dieu, il a répondu : "Pffff, qu'est-ce que ça veut dire, cette question? Je crois en la spiritualisation de l'homme."
Actuellement, le code d'Hammourabi n'est plus appliqué que par quelques intégristes religieux, qui appliquent la charia de façon obscurantiste et cruelle, et certainement pas par des athées (en tous cas, je n'en vois aucun exemple).
Je ne pense pas que Camus a voulu dire que
Sûrement pas. L'évolution de l'éthique humaine vers le mieux n'a rien à voir avec les religions, il suffit de voir comment, au cours de l’histoire, les chrétiens ont mal appliqué les principes évangéliques. Les cathares, les sorcières brûlées, les templiers assassinés les hérétiques massacrés peuvent en témoigner du fond de leur tombeau. Et quand je parle des guerres de religion, je ne critique pas que les catholiques, il suffit de voir encore de nos jours comment les bouddhistes traient les Rohingyas en Birmanie.
Par définition, les religions engendrent la violence, comme l'expliquent les deux citations ci-dessous, auxquelles j'adhère totalement.
"L’homme est un animal religieux. L’homme est le seul animal religieux. Il est le seul animal qui possède la religion Véritable – et même plusieurs. Il est le seul animal qui aime son voisin comme lui-même et qui lui tranche la gorge si sa théologie n’est pas correcte." (Mark Twain / 1835-1910 / Lettres de la Terre)
"Lorsque vous vous dites Indien, Musulman, Chrétien, Européen, ou autre chose, vous êtes violents. Savez-vous pourquoi ? C’est parce que vous vous séparez du reste de l’humanité, et cette séparation due à vos croyances, à votre nationalité, à vos traditions, engendre la violence" .(Jiddu Krishnamurti)
Quand, sur un plateau de télévision, on demandait à Yves Coppens s'il croyait en Dieu, il a répondu : "Pffff, qu'est-ce que ça veut dire, cette question? Je crois en la spiritualisation de l'homme."
Actuellement, le code d'Hammourabi n'est plus appliqué que par quelques intégristes religieux, qui appliquent la charia de façon obscurantiste et cruelle, et certainement pas par des athées (en tous cas, je n'en vois aucun exemple).
Je ne pense pas que Camus a voulu dire que
c’est que, pour un non-croyant qui vit dans une société où les "gourous" l’ont persuadé qu’il fallait, pour le bien de l’humanité, enfourner les Juifs dans des fours crématoires, son devoir est de le faire de son mieux.
Sûrement pas. L'évolution de l'éthique humaine vers le mieux n'a rien à voir avec les religions, il suffit de voir comment, au cours de l’histoire, les chrétiens ont mal appliqué les principes évangéliques. Les cathares, les sorcières brûlées, les templiers assassinés les hérétiques massacrés peuvent en témoigner du fond de leur tombeau. Et quand je parle des guerres de religion, je ne critique pas que les catholiques, il suffit de voir encore de nos jours comment les bouddhistes traient les Rohingyas en Birmanie.
Par définition, les religions engendrent la violence, comme l'expliquent les deux citations ci-dessous, auxquelles j'adhère totalement.
"L’homme est un animal religieux. L’homme est le seul animal religieux. Il est le seul animal qui possède la religion Véritable – et même plusieurs. Il est le seul animal qui aime son voisin comme lui-même et qui lui tranche la gorge si sa théologie n’est pas correcte." (Mark Twain / 1835-1910 / Lettres de la Terre)
"Lorsque vous vous dites Indien, Musulman, Chrétien, Européen, ou autre chose, vous êtes violents. Savez-vous pourquoi ? C’est parce que vous vous séparez du reste de l’humanité, et cette séparation due à vos croyances, à votre nationalité, à vos traditions, engendre la violence" .(Jiddu Krishnamurti)
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