Pour peut-être mettre un terme à tout ça et dans un soucis de clarté, je recopie ici un MP que je viens d'envoyer (j'y vais pas à pas, n'y voyais pas de condescendance, j'essaye seulement d'être clair) :
Ce n'est vraiment pas compliqué cette histoire.
ETAPE 1
Regarde : j'ouvre au hasard Là-bas de Huysmans, parce que je l'ai sous la main.
"- Des prêtres ! non, un seul, et quel prêtre ! fit remarquer Carhaix."
Bon. Dans cette phrase (écrite par Huysmans), on est d'accord que c'est Carhaix (le personnage) qui parle, pas Huysmans (l'auteur).
ETAPE 2
Maintenant admettons que dans le roman, Carhaix ne parle pas mais écrive. On aurait quelque chose comme :
"Tartampion lut la note que Carhaix avait écrite : 'Des prêtres ! non, un seul, et quel prêtre !'."
Nous somme toujours d'accord que cette note ("Des prêtres ! non, un seul, et quel prêtre !"), c'est Carhaix qui l'a écrite.
ETAPE 3
Maintenant, non content de la retranscrire dans un roman, publions-la.
Et voilà ! Nous avons publié une note dont Carhaix est l'auteur.
Le post-exotisme c'est pareil.
Ce n'est vraiment pas compliqué cette histoire.
ETAPE 1
Regarde : j'ouvre au hasard Là-bas de Huysmans, parce que je l'ai sous la main.
"- Des prêtres ! non, un seul, et quel prêtre ! fit remarquer Carhaix."
Bon. Dans cette phrase (écrite par Huysmans), on est d'accord que c'est Carhaix (le personnage) qui parle, pas Huysmans (l'auteur).
ETAPE 2
Maintenant admettons que dans le roman, Carhaix ne parle pas mais écrive. On aurait quelque chose comme :
"Tartampion lut la note que Carhaix avait écrite : 'Des prêtres ! non, un seul, et quel prêtre !'."
Nous somme toujours d'accord que cette note ("Des prêtres ! non, un seul, et quel prêtre !"), c'est Carhaix qui l'a écrite.
ETAPE 3
Maintenant, non content de la retranscrire dans un roman, publions-la.
Et voilà ! Nous avons publié une note dont Carhaix est l'auteur.
Le post-exotisme c'est pareil.
Complètement, oui. Tu ne vas pas me faire croire que ça ne t'a pas fait rire, quand même ???
Alors si tu l'as lu, j'adore le "Bardo or not Bardo est comique" !!
Si certains d'entre vous veulent avoir une idée du comique selon Feint, précipitez-vous. C'est ... inénarrable !!!
Ce pourrait être simplement le plaisir compulsif de publication, hors esprit de gain financier ...Il suffit de publier chez trois éditeurs différents, c'est ce que tout le monde fait.
Sauf qu'on n'a pas du tout besoin de changer de nom pour publier plus, quelle drôle d'idée !
Il faut peut-être quand même que l'Editeur accepte le risque financier de publier 3 ouvrages du même auteur en temps rapproché ?
Non, je ne trouve pas mon idée si drôle que cela ...
tout le monde ... Ah oui ?
Pour peut-être mettre un terme à tout ça et dans un soucis de clarté, je recopie ici un MP que je viens d'envoyer (j'y vais pas à pas, n'y voyais pas de condescendance, j'essaye seulement d'être clair) :
Ce n'est vraiment pas compliqué cette histoire.
ETAPE 1
Regarde : j'ouvre au hasard Là-bas de Huysmans, parce que je l'ai sous la main.
"- Des prêtres ! non, un seul, et quel prêtre ! fit remarquer Carhaix."
Bon. Dans cette phrase (écrite par Huysmans), on est d'accord que c'est Carhaix (le personnage) qui parle, pas Huysmans (l'auteur).
ETAPE 2
Maintenant admettons que dans le roman, Carhaix ne parle pas mais écrive. On aurait quelque chose comme :
"Tartampion lut la note que Carhaix avait écrite : 'Des prêtres ! non, un seul, et quel prêtre !'."
Nous somme toujours d'accord que cette note ("Des prêtres ! non, un seul, et quel prêtre !"), c'est Carhaix qui l'a écrite.
ETAPE 3
Maintenant, non content de la retranscrire dans un roman, publions-la.
Et voilà ! Nous avons publié une note dont Carhaix est l'auteur.
Le post-exotisme c'est pareil.
D'ailleurs Bouvard, puis Pécuchet avaient en leur temps adopté la même méthode. Leurs écrits n'ont pas trop perduré, c'est dommage, mais, quelque part ce sont les précurseurs du ... comment déjà ? ... ah oui, post exotisme !
tout le monde ... Ah oui ?Tous les auteurs qui publient trois livres en un an, j'imagine. Moi, par exemple. Mais c'est courant.
(Et Piero: on ne doit pas lire "pour" qui que ce soit, je pense, même pour Feint! ;-)
C'est gentil Piero mais Sissi a raison. Si tu le lis il faut que ce soit d'abord pour ton plaisir.
Eh mais comment veux-tu que je le lise pour le plaisir ! Le plaisir ne pourra venir (ou pas) que pendant la lecture. Si j'ai écrit «pour Feint » c'est par gaminerie :-)
Si j'ai écrit «pour Feint » c'est par gaminerie :-)Alors comme ça d'accord !
On en apprend des choses, en vous lisant ! Cette littérature post-exotique, je n’en avais jamais entendu parler. Comme quoi, il est utile de fréquenter un forum de littérature ! (smile) Même si ce concept de post-exotisme fait porter les nerfs, les neurones et le sang des forumeurs de CL à un haut niveau d’irritation post-exotiste ! Bref, ça porte à réfléchir car c’est la première fois que je lis un tel truc. Mais ça ne me convainc pas vraiment. D’après moi, j’ai toujours vu les choses ainsi : Un écrivain qui fait parler et agir ses personnages dans ses romans fait agir et parler ses différentes parties de sa pensée, dans lesquelles il a catégorisé les personnages de ses romans. Il s’est construit ainsi une idée de tel personnage, comment il est, quel est son caractère, ses habitudes de langage, son histoire personnelle, ses espoirs, ses désirs, ses peurs… Ainsi, les personnages apparaissent différents aux yeux du lecteurs, qui voient bien qu’ils ont des personnes différentes aux ressorts internes différents. Mais ces personnages, qui sont fictifs car sortis de l’imagination de l’auteur, qui les a inventés avec tous les détails intrinsèques dont il a été capable, n’en restent pas moins des créations d’un seul et même esprit.
Ainsi, pour reprendre l’exemple de Swann et de Legrandin, c’est bien Proust qui les a inventés, avec tous leurs caractéristiques psychologiques et physiques et les fait agir et parler dans tel milieu, tel environnement avec leurs ressorts propres. Maintenant, imaginons que Proust ait décidé que Swann et Legrandin aient écrits leurs propres bouquins, qu’il aurait fait mettre dans la Recherche ou publier à part. Chacun des deux, Swann et Legrandin, auraient donc écrits leur livre toujours selon les mêmes caractéristiques personnels que Proust leur a attribué (car Swann et Legrandin sont des personnages de fiction et sans Proust, ils n’aurait jamais existé dans un bouquin, c’est Proust seul qui les a fait être et exister, d’abord dans son esprit, puis dans l’esprit des lecteurs de la Recherche). Ces deux livres donc auraient été différents car Swann et Legrandin sont différents, les thèmes qu’ils auraient abordés, le style, la construction de leurs récits différents. Mais ces deux romans, aucun d’eux n’auraient pu les écrire, puisqu’ils sont eux-mêmes une fiction. Ils auraient eu besoin que Proust leur prête sa plume, sa voix, son esprit, son propre pouvoir créateur pour faire naître ces romans.
Il en est ainsi, d’après ce que je comprends, de même pour Volodine et les livres écrits sous les noms de Bassmann, et des deux autres cités. Volodine a écrit des livres sous son nom propre et également les livres sous d’autres noms, qui sont ceux des personnages de ses romans à qui il a donné vie et pensées. Mais ces personnages et les livres que ces personnages ont écrit restent toujours une création de Volodine. Exactement comme dans l’exemple supposé des livres écrits par Swann et Legrandin, en réalité par Proust.
Cela me paraît être du bon sens commun.
Aussi est-il difficile de comprendre quand vous affirmez qu’un personnage de roman peut avoir une vie distincte de celle de son auteur et écrire par lui-même ses propres romans sous son propre nom.
Je est un autre, mais cet autre dépend du bon vouloir du Je pour exister sur le papier. L’autonomie de l’autre par rapport au Je qui l’a créé ne serait-il pas illusoire de fait ? Sinon, bien sûr, un personnage d’un roman peut écrire un autre roman de sa plume propre, mais seulement parce que l’auteur, créateur du personnage l’aura décidé, jamais le personnage lui-même, qui n’a pas d’existence propre.
Sinon par simple jeu littéraire : un auteur, Volodine, décide que ses personnages (Bassmann, Draeger, d’autres) vivent dans un autre monde autre que le sien, et qu’ils peuvent même écrire leurs propres histoires, qui arrivent dans leur monde à eux. Il se mettra donc à écrire des romans correspondants à l’idée qu’il se fait de ces personnages, en essayant de se mettre à leur place, en s’immergeant en imagination dans le monde qu’il a inventé pour ses personnages. Il a pu les écrire et a même décidé de les publier ! Ca, c’est une idée ! Comme si Proust avait écrit les romans qu’il s’est imaginé que pourraient écrire Swann et Legrandin puis les auraient publiés sous le nom de Swann et Legrandin. En expliquant les choses sous cette forme, cela est bien compréhensible et raisonnable, et acceptable que de dire : Non, ce n’est pas Volodine qui a écrit tel livre, c’est Bassmann voyons ! C’est quelque chose qu’il n’est pas aisé à se mettre d’accord avec vous, vous en conviendrez ! Du moins, si j’ai bien compris ce qu’est le post-exotisme.
Alors je vous pose la question, pour essayer de comprendre votre raisonnement : qu’est-ce qui vous fait croire à la réalité de ce concept du post-exotisme ? Qu’est-ce qui vous fait croire que c’est le narrateur qui écrit quand il parle des clochers de Martinville et non pas Proust lui-même ? A moins que vous n’y croyez pas vous-même, que vous savez très bien que c’est Proust qui écrit et fait parler le narrateur, que vous voulez seulement dire que c’est le narrateur qui parle mais pas hors de la présence de Proust, que le narrateur peut parler et même écrire et même tout un roman et même la publier « pour de vrai » dans notre monde (et le sien aussi) mais jamais en dehors de la seule décision de Proust. Ou que c’est Carhaix qui a écrit cette note (sous la plume de Huysmans) et qu’elle a été publié par Huysmans.
En bref, qu’est-ce que le post-exotisme ?
Je m’excuse de faire aussi long et peut-être plus à tempo. Je reste quand même dans les droites lignes de la littérature !
Ainsi, pour reprendre l’exemple de Swann et de Legrandin, c’est bien Proust qui les a inventés, avec tous leurs caractéristiques psychologiques et physiques et les fait agir et parler dans tel milieu, tel environnement avec leurs ressorts propres. Maintenant, imaginons que Proust ait décidé que Swann et Legrandin aient écrits leurs propres bouquins, qu’il aurait fait mettre dans la Recherche ou publier à part. Chacun des deux, Swann et Legrandin, auraient donc écrits leur livre toujours selon les mêmes caractéristiques personnels que Proust leur a attribué (car Swann et Legrandin sont des personnages de fiction et sans Proust, ils n’aurait jamais existé dans un bouquin, c’est Proust seul qui les a fait être et exister, d’abord dans son esprit, puis dans l’esprit des lecteurs de la Recherche). Ces deux livres donc auraient été différents car Swann et Legrandin sont différents, les thèmes qu’ils auraient abordés, le style, la construction de leurs récits différents. Mais ces deux romans, aucun d’eux n’auraient pu les écrire, puisqu’ils sont eux-mêmes une fiction. Ils auraient eu besoin que Proust leur prête sa plume, sa voix, son esprit, son propre pouvoir créateur pour faire naître ces romans.
Il en est ainsi, d’après ce que je comprends, de même pour Volodine et les livres écrits sous les noms de Bassmann, et des deux autres cités. Volodine a écrit des livres sous son nom propre et également les livres sous d’autres noms, qui sont ceux des personnages de ses romans à qui il a donné vie et pensées. Mais ces personnages et les livres que ces personnages ont écrit restent toujours une création de Volodine. Exactement comme dans l’exemple supposé des livres écrits par Swann et Legrandin, en réalité par Proust.
Cela me paraît être du bon sens commun.
Aussi est-il difficile de comprendre quand vous affirmez qu’un personnage de roman peut avoir une vie distincte de celle de son auteur et écrire par lui-même ses propres romans sous son propre nom.
Je est un autre, mais cet autre dépend du bon vouloir du Je pour exister sur le papier. L’autonomie de l’autre par rapport au Je qui l’a créé ne serait-il pas illusoire de fait ? Sinon, bien sûr, un personnage d’un roman peut écrire un autre roman de sa plume propre, mais seulement parce que l’auteur, créateur du personnage l’aura décidé, jamais le personnage lui-même, qui n’a pas d’existence propre.
Sinon par simple jeu littéraire : un auteur, Volodine, décide que ses personnages (Bassmann, Draeger, d’autres) vivent dans un autre monde autre que le sien, et qu’ils peuvent même écrire leurs propres histoires, qui arrivent dans leur monde à eux. Il se mettra donc à écrire des romans correspondants à l’idée qu’il se fait de ces personnages, en essayant de se mettre à leur place, en s’immergeant en imagination dans le monde qu’il a inventé pour ses personnages. Il a pu les écrire et a même décidé de les publier ! Ca, c’est une idée ! Comme si Proust avait écrit les romans qu’il s’est imaginé que pourraient écrire Swann et Legrandin puis les auraient publiés sous le nom de Swann et Legrandin. En expliquant les choses sous cette forme, cela est bien compréhensible et raisonnable, et acceptable que de dire : Non, ce n’est pas Volodine qui a écrit tel livre, c’est Bassmann voyons ! C’est quelque chose qu’il n’est pas aisé à se mettre d’accord avec vous, vous en conviendrez ! Du moins, si j’ai bien compris ce qu’est le post-exotisme.
Alors je vous pose la question, pour essayer de comprendre votre raisonnement : qu’est-ce qui vous fait croire à la réalité de ce concept du post-exotisme ? Qu’est-ce qui vous fait croire que c’est le narrateur qui écrit quand il parle des clochers de Martinville et non pas Proust lui-même ? A moins que vous n’y croyez pas vous-même, que vous savez très bien que c’est Proust qui écrit et fait parler le narrateur, que vous voulez seulement dire que c’est le narrateur qui parle mais pas hors de la présence de Proust, que le narrateur peut parler et même écrire et même tout un roman et même la publier « pour de vrai » dans notre monde (et le sien aussi) mais jamais en dehors de la seule décision de Proust. Ou que c’est Carhaix qui a écrit cette note (sous la plume de Huysmans) et qu’elle a été publié par Huysmans.
En bref, qu’est-ce que le post-exotisme ?
Je m’excuse de faire aussi long et peut-être plus à tempo. Je reste quand même dans les droites lignes de la littérature !
C'est un ensemble littéraire, imaginé par une seule personne physique, qui fait parler différentes voix d'écrivains issus d'un univers de fiction différent du nôtre (même s'il présente certaines ressemblances). Ces voix sont pourvues d'une identité, évidemment fictive, et certains de ces écrivains ont leurs livres publiés sous leur nom, et avec leur propre éditeur. Ces personnages sont des hétéronymes, comme les hétéronymes de Pessoa dont toute l'oeuvre est écrite sous d'autres identités que la sienne (à l'exception du Banquier anarchiste, il me semble).
En bref, qu’est-ce que le post-exotisme ?
Voilà, et pour compléter, je dirais que, de la façon dont je vois les choses, si les personnages naissent d'un désir de l'auteur, très vite, ils lui échappent et acquièrent même à ses yeux une existence propre. C'est un rapport mère/fils : il nait dans le corps de son auteur mais de plus en plus et à mesure qu'il vit, il s'en échappe. Si bien qu'à la fin, la destinée d'un personnage, comme celle de n'importe quelle personne, est beaucoup plus dictée par un jeu de causes et de conséquences que par la volonté de l'auteur dans la tête de qui ils ont commencé à exister.
Ah Cedélor quelle belle façon de décortiquer les idées !
Le post exotisme semble être une croyance littéraire et dans ce sens se justifie. Feint et Stavro veulent y croire et expliquent parfaitement leur point de vue et on peut ou non se laisser convaincre ; mais point de vérité donc point d'imbéciles qui ne comprendraient pas...L'intérêt c'est de savoir qu'il existe un procédé littéraire et d'avoir des personnes pour l'expliquer avec conviction et sans suffisance. Et que si on n'y adhère pas on est pas forcément des ignares qui refusent de se cultiver.
Le post exotisme semble être une croyance littéraire et dans ce sens se justifie. Feint et Stavro veulent y croire et expliquent parfaitement leur point de vue et on peut ou non se laisser convaincre ; mais point de vérité donc point d'imbéciles qui ne comprendraient pas...L'intérêt c'est de savoir qu'il existe un procédé littéraire et d'avoir des personnes pour l'expliquer avec conviction et sans suffisance. Et que si on n'y adhère pas on est pas forcément des ignares qui refusent de se cultiver.
"Il en est ainsi, d’après ce que je comprends, de même pour Volodine et les livres écrits sous les noms de Bassmann, et des deux autres cités. Volodine a écrit des livres sous son nom propre et également les livres sous d’autres noms, qui sont ceux des personnages de ses romans à qui il a donné vie et pensées. Mais ces personnages et les livres que ces personnages ont écrit restent toujours une création de Volodine."
Oh mais ce serait relativement simple si Draeger, Bassman et Kronauer étaient des personnages de ses romans ... Mais ce n'est pas le cas. En aucune manière. Ce sont juste d'autres pseudos. Désolé.
Oh mais ce serait relativement simple si Draeger, Bassman et Kronauer étaient des personnages de ses romans ... Mais ce n'est pas le cas. En aucune manière. Ce sont juste d'autres pseudos. Désolé.
in Wikipédia, à la rubrique "post exotisme"
"Le post-exotisme est un mot forgé par Antoine Volodine au tournant des années 1990. À cette époque, quelques critiques s’interrogeaient sur le domaine littéraire auquel appartenait son œuvre. Il avait publié quatre romans dans la collection "Présence du Futur" et souhaitait ne pas être rangé dans la science-fiction. Il commençait à publier aux éditions de Minuit, et tenait à affirmer qu’il n’avait pas rejoint le minimalisme ni l’écriture blanche des auteurs qui l’entouraient. Le terme post-exotisme a été choisi pour exprimer un décalage, il s’agissait de dire une impossibilité de se reconnaître dans les catégories existantes. Toutefois, à l’origine, Antoine Volodine prétend ne pas avoir longuement pesé ce terme, et l’avoir considéré comme un intitulé vide, qui était destiné à prendre son sens au fur et à mesure qu’il serait rempli par des livres."
"Le post-exotisme est un mot forgé par Antoine Volodine au tournant des années 1990. À cette époque, quelques critiques s’interrogeaient sur le domaine littéraire auquel appartenait son œuvre. Il avait publié quatre romans dans la collection "Présence du Futur" et souhaitait ne pas être rangé dans la science-fiction. Il commençait à publier aux éditions de Minuit, et tenait à affirmer qu’il n’avait pas rejoint le minimalisme ni l’écriture blanche des auteurs qui l’entouraient. Le terme post-exotisme a été choisi pour exprimer un décalage, il s’agissait de dire une impossibilité de se reconnaître dans les catégories existantes. Toutefois, à l’origine, Antoine Volodine prétend ne pas avoir longuement pesé ce terme, et l’avoir considéré comme un intitulé vide, qui était destiné à prendre son sens au fur et à mesure qu’il serait rempli par des livres."
de Jean Daniel Chevrier dans "Mémoire on line"
"Là où des textes contemporains affrontent l'Histoire de face, à la recherche d'une vérité qui semble définitivement vouée à l'échec, Volodine choisit une posture particulière, et refuse toute référence au réel. Le concept d'une littérature post-exotique ou d'écrivains post-exotiques questionne d'abord sur son origine. Comment considérer le post-exotisme ? Doit-on en faire un genre littéraire, une case remplie uniquement des oeuvres de Volodine ? Et dans ce cas, puisque par définition le genre littéraire n'est pas une propriété privée, peut-on imaginer que d'autres auteurs - des auteurs bien réels - s'approprient le genre et écrivent des oeuvres post-exotiques ?
Il convient d'interroger l'origine du terme « post-exotique ». Dans un entretien publié dans Le matricule des Anges, Volodine déclarait à propos de la naissance du terme même :
Au départ un terme en -isme a été choisi, à peu près au hasard pour affirmer que je ne me situais pas dans les catégories littéraires où l'on voulait, tant bien que mal, me faire rentrer9(*).
Volodine, inclassable selon une taxinomie générique traditionnelle, s'autoproclame, « écrivain post-exotique » afin d'échapper à un étiquetage qu'il refuse. Cependant, la volonté de regrouper ses oeuvres sous un terme générique est bien présente ; vouloir échapper au classement traditionnel, ne veut pas dire, refuser une étiquette. Volodine, non étiqueté conventionnellement, est associé tout de même à un genre, ou du moins à ce qui ressemble à un genre : il est bien question d'auteurs post-exotiques et de littérature post-exotique. Voici ce qu'il déclare en 2001, à l'occasion d'un colloque à Bari :
J'ai inventé ce nom qui sonne très bien, qui sonne scientifique (...) j'ai été conduit à rassembler mes romans sous une étiquette fantaisiste qui avait l'avantage d'être vide et de pouvoir être remplie par des textes qui allaient lui donner un sens10(*).
Ce sont donc les textes qui font le genre. C'est une façon d'échapper à la tyrannie taxinomique de la généricité évoquée par Marielle Macé :
"Là où des textes contemporains affrontent l'Histoire de face, à la recherche d'une vérité qui semble définitivement vouée à l'échec, Volodine choisit une posture particulière, et refuse toute référence au réel. Le concept d'une littérature post-exotique ou d'écrivains post-exotiques questionne d'abord sur son origine. Comment considérer le post-exotisme ? Doit-on en faire un genre littéraire, une case remplie uniquement des oeuvres de Volodine ? Et dans ce cas, puisque par définition le genre littéraire n'est pas une propriété privée, peut-on imaginer que d'autres auteurs - des auteurs bien réels - s'approprient le genre et écrivent des oeuvres post-exotiques ?
Il convient d'interroger l'origine du terme « post-exotique ». Dans un entretien publié dans Le matricule des Anges, Volodine déclarait à propos de la naissance du terme même :
Au départ un terme en -isme a été choisi, à peu près au hasard pour affirmer que je ne me situais pas dans les catégories littéraires où l'on voulait, tant bien que mal, me faire rentrer9(*).
Volodine, inclassable selon une taxinomie générique traditionnelle, s'autoproclame, « écrivain post-exotique » afin d'échapper à un étiquetage qu'il refuse. Cependant, la volonté de regrouper ses oeuvres sous un terme générique est bien présente ; vouloir échapper au classement traditionnel, ne veut pas dire, refuser une étiquette. Volodine, non étiqueté conventionnellement, est associé tout de même à un genre, ou du moins à ce qui ressemble à un genre : il est bien question d'auteurs post-exotiques et de littérature post-exotique. Voici ce qu'il déclare en 2001, à l'occasion d'un colloque à Bari :
J'ai inventé ce nom qui sonne très bien, qui sonne scientifique (...) j'ai été conduit à rassembler mes romans sous une étiquette fantaisiste qui avait l'avantage d'être vide et de pouvoir être remplie par des textes qui allaient lui donner un sens10(*).
Ce sont donc les textes qui font le genre. C'est une façon d'échapper à la tyrannie taxinomique de la généricité évoquée par Marielle Macé :
"Il en est ainsi, d’après ce que je comprends, de même pour Volodine et les livres écrits sous les noms de Bassmann, et des deux autres cités. Volodine a écrit des livres sous son nom propre et également les livres sous d’autres noms, qui sont ceux des personnages de ses romans à qui il a donné vie et pensées. Mais ces personnages et les livres que ces personnages ont écrit restent toujours une création de Volodine."
Oh mais ce serait relativement simple si Draeger, Bassman et Kronauer étaient des personnages de ses romans ... Mais ce n'est pas le cas. En aucune manière.
Mais qu'importe qu'il n'y ait pas de roman originel desquels ils seraient sortis ? Il y a une oeuvre de fiction puisqu'ils ont été inventés. Quand un enfant se rêve un frère ou un ami imaginaire, il a bel et bien inventé un personnage qui n'est pas lui. Pas besoin d'écrire pour ça !
in "Le Magazine littéraire", à propos de "Danse avec Nathan Golshem"
"Caché derrière son alter ego Lutz Bassmann, Antoine Volodine raconte la longue marche annuelle de Djennifer vers Nathan, lequel possède aussi plusieurs identités.
En 1998, Antoine Volodine publia un manifeste Le Post-exotisme en dix leçons, leçon onze, éd. Gallimard, où, pour faire rire et inquiéter, pour narguer la postérité et embobiner le chaland, il invente un mode et un monde dit « post-exotique », peuplé d’une ribambelle de citoyens improbables, à demi survivants, qu’il réveille à l’occasion pour écrire sous leur nom, comme ici ce Lutz Bassmann qui ne dormait que d’un oeil, après trois livres chez Verdier. On ne dénonce personne : Volodine organisa lui-même en 2010 ce coming out de Polichinelle en publiant simultanément trois ouvrages chez trois éditeurs sous trois signatures différentes, peut-être avec l’idée de ratisser plus large, avec pour résultat l’éparpillement d’un lectorat conquis qui ne demande qu’à rester groupé sous la mitraille."
"Caché derrière son alter ego Lutz Bassmann, Antoine Volodine raconte la longue marche annuelle de Djennifer vers Nathan, lequel possède aussi plusieurs identités.
En 1998, Antoine Volodine publia un manifeste Le Post-exotisme en dix leçons, leçon onze, éd. Gallimard, où, pour faire rire et inquiéter, pour narguer la postérité et embobiner le chaland, il invente un mode et un monde dit « post-exotique », peuplé d’une ribambelle de citoyens improbables, à demi survivants, qu’il réveille à l’occasion pour écrire sous leur nom, comme ici ce Lutz Bassmann qui ne dormait que d’un oeil, après trois livres chez Verdier. On ne dénonce personne : Volodine organisa lui-même en 2010 ce coming out de Polichinelle en publiant simultanément trois ouvrages chez trois éditeurs sous trois signatures différentes, peut-être avec l’idée de ratisser plus large, avec pour résultat l’éparpillement d’un lectorat conquis qui ne demande qu’à rester groupé sous la mitraille."
Oh mais ce serait relativement simple si Draeger, Bassman et Kronauer étaient des personnages de ses romans ... Mais ce n'est pas le cas. En aucune manière. Ce sont juste d'autres pseudos. Désolé.Un personnage, c'est un être de fiction auquel on donne une identité. Mais c'est aussi une notion floue et très protéiforme, surtout quand on sort du roman (la plupart des livres de Volodine ne sont pas des romans). Je comprends que ça te déplaise car dans tes critiques tu renâcles sur tout ce qui te paraît non conforme, ça m'avait frappé quand tu avais parlé de tics d'écriture à propos du style de Morgiève dans Cheval, que je t'avais conseillé.
in "Le Magazine littéraire", à propos de "Danse avec Nathan Golshem"Tiens, ça fait quinze ans que je n'ai pas ouvert le Magazine littéraire ; c'est sympa de me rappeler pourquoi.
"Caché derrière son alter ego Lutz Bassmann, Antoine Volodine raconte la longue marche annuelle de Djennifer vers Nathan, lequel possède aussi plusieurs identités.
En 1998, Antoine Volodine publia un manifeste Le Post-exotisme en dix leçons, leçon onze, éd. Gallimard, où, pour faire rire et inquiéter, pour narguer la postérité et embobiner le chaland, il invente un mode et un monde dit « post-exotique », peuplé d’une ribambelle de citoyens improbables, à demi survivants, qu’il réveille à l’occasion pour écrire sous leur nom, comme ici ce Lutz Bassmann qui ne dormait que d’un oeil, après trois livres chez Verdier. On ne dénonce personne : Volodine organisa lui-même en 2010 ce coming out de Polichinelle en publiant simultanément trois ouvrages chez trois éditeurs sous trois signatures différentes, peut-être avec l’idée de ratisser plus large, avec pour résultat l’éparpillement d’un lectorat conquis qui ne demande qu’à rester groupé sous la mitraille."
Merci pour toutes ces explications.
C'est la bibliothécaire qui, la première, a fait devant moi l'association Bassmann / Volodine quand je lui ai demandé si Danse avec Nathan Golshem pourrait être éligible aux prochains achats.
J'ai abordé ce livre de façon neutre, sans me renseigner sur le post-exotisme et ses auteurs. C'est un parti pris assumé : ce qui m'intéressait, c'était le livre, pas forcément son environnement, de le lire avec une grille de lecture que je construirai au fur et à mesure, et pas une préconçue, influencée. Ce qui est rassurant, c'est que j'ai l'impression de ne pas être trop passée à côté, même si un certain nombre de choses m'ont échappées. Comme c'est mon exemplaire, j'essaierai de le relire avec ces nouvelles clés de compréhension. Et aussi en pensant à Sissi, en essayant de ne pas me laisser submerger par le sordide et en m'intéressant plus à l'amour. Mais je prends peut-être le problème à l'envers : peut-être que c'est l'amour de Nathan et Djénifer qui justifie de supporter le sordide de ce monde... à voir...
Même si je n'y ai pas adhéré, je pense sincèrement que Danse avec Nathan Golshem est un bon livre / livre qui mérite d'être lu. Qu'on aime ou pas, il est suffisamment original / différent de ce qu'on lit par ailleurs pour qu'on y consacre du temps. De ce fait, et même s'il s'agit de l'une de ces clés de compréhension, je trouve vraiment dommage que la seule chose qui est abordée ici est cette histoire d'hétéronymes. Danse avec Nathan Golshem, c'est quand même beaucoup plus que ça !
C'est la bibliothécaire qui, la première, a fait devant moi l'association Bassmann / Volodine quand je lui ai demandé si Danse avec Nathan Golshem pourrait être éligible aux prochains achats.
J'ai abordé ce livre de façon neutre, sans me renseigner sur le post-exotisme et ses auteurs. C'est un parti pris assumé : ce qui m'intéressait, c'était le livre, pas forcément son environnement, de le lire avec une grille de lecture que je construirai au fur et à mesure, et pas une préconçue, influencée. Ce qui est rassurant, c'est que j'ai l'impression de ne pas être trop passée à côté, même si un certain nombre de choses m'ont échappées. Comme c'est mon exemplaire, j'essaierai de le relire avec ces nouvelles clés de compréhension. Et aussi en pensant à Sissi, en essayant de ne pas me laisser submerger par le sordide et en m'intéressant plus à l'amour. Mais je prends peut-être le problème à l'envers : peut-être que c'est l'amour de Nathan et Djénifer qui justifie de supporter le sordide de ce monde... à voir...
Même si je n'y ai pas adhéré, je pense sincèrement que Danse avec Nathan Golshem est un bon livre / livre qui mérite d'être lu. Qu'on aime ou pas, il est suffisamment original / différent de ce qu'on lit par ailleurs pour qu'on y consacre du temps. De ce fait, et même s'il s'agit de l'une de ces clés de compréhension, je trouve vraiment dommage que la seule chose qui est abordée ici est cette histoire d'hétéronymes. Danse avec Nathan Golshem, c'est quand même beaucoup plus que ça !
Oh mais ce serait relativement simple si Draeger, Bassman et Kronauer étaient des personnages de ses romans ... Mais ce n'est pas le cas. En aucune manière. Ce sont juste d'autres pseudos. Désolé.
Un personnage, c'est un être de fiction auquel on donne une identité. Mais c'est aussi une notion floue et très protéiforme, surtout quand on sort du roman (la plupart des livres de Volodine ne sont pas des romans). Je comprends que ça te déplaise car dans tes critiques tu renâcles sur tout ce qui te paraît non conforme, ça m'avait frappé quand tu avais parlé de tics d'écriture à propos du style de Morgiève dans Cheval, que je t'avais conseillé.
Je viens de relire la critique en question, Feint. Oui, j'ai parlé de possibles "tics d'écriture", parce que je l'ai ressenti ainsi. Et ce n'est pas forcément un amour d'une "conformité" quelconque.
(d'ailleurs ça me fait penser que si je veux pouvoir vérifier s'il s'agit d'un procédé récurrent il me faudrait lire encore Richard Morgiève et ceci me fait maintenant penser qu'un ouvrage de lui par moi proposé pour les lectures du Prix CL n'a pas été sélectionné, dommage, ça me m'empêchera pas de lire "United colors of crime")
Donc, non, je ne crois pas amour de conformité. Simplement attentif à ce qui peut distinguer un ouvrage et ceci m'a paru particulièrement notable ...
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