Feint

avatar 07/10/2013 @ 13:18:35
C'est curieux, je sais que j'ai lu étant jeune "l'Education sentimentale" mais je serai incapable de dire ce que j'en pense
Je l'ai relu récemment avec le même plaisir qu'autrefois, et même avec l'impression de lire le dernier roman français.

Pieronnelle

avatar 07/10/2013 @ 13:31:00
Oui c'est vrai, j'ai lu les premières pages et j'ai eu la même impression.

Pieronnelle

avatar 11/10/2013 @ 12:35:29
Oh là là quelle surprise avec "l'Education sentimentale" ! Autant j'aime toujours l'écriture et ce style effectivement bien moderne pour l'époque autant je m'ennuie à mourir ! Les personnages ne m’intéressent pas du tout , ce qu'ils font aussi...Du coup je suis allée voir dans le "Coeur simple" de Flaubert pour vérifier si mon interêt pour lui n'avait pas changé. Non non, j'aime toujours autant ce "Coeur simple" ; c'est donc bien le thème et les personnages de "l'Education" qui m'ennuient profondément , j'ai le sentiment de subir leurs vies que je trouve inintéressantes. Trop de descriptions, que d'habitude j'adore, qui à chaque fois ne mènent nulle part. Même si c'est une critique d'un milieu et de comportements il faut arriver à s'attacher un peu aux personnages ; c'est la première fois que ça m'arrive ; En fait peut-être qu'une nouvelle aurait été suffisante. Même si on n'aime pas trop le personnage de Emma Bovary on arrive à la comprendre, là les personnages m'échappent.

Feint

avatar 11/10/2013 @ 18:24:49
Mais Flaubert ne se lit ni pour le thème ni pour la vie des personnages puisqu'il raconte surtout une absence d'histoire (c'est aussi pour ça qu'à mes yeux l'histoire du roman français s'arrête là). C'est comme si le roman était une longue antiphrase, une sorte de récit entièrement ironique mais qui réclame une lecture aux aguets. Le passage que j'évoquais plus haut, à propos de l'ombrelle "de Madame Arnoux", je l'ai étudié avec mes élèves de 3e parce qu'il était dans leur manuel. Eh bien dans les questions proposées par le manuel, il n'y avait rien sur les indices disposés par l'auteur pour inciter le lecteur à mettre en doute le point de vue de Frédéric, qui ne comprend rien à la scène dont il l'un des protagonistes - et je soupçonne fort les auteurs du manuel de n'avoir vu que par les yeux de Frédéric (ce qui est une faute professionnelle évidemment, mais j'en ai vu de pires).
Cette étude était très intéressante avec de jeunes lecteurs qui bien sûr au départ lisaient eux aussi le texte du seul point de vue de Frédéric et ne comprenaient pas le "singulier sourire" d'Arnoux face à Frédéric désolé d'avoir brisé l'ombrelle ; car après les avoir incités à chercher les indices non concordants, à la manière d'une enquête de police, ils finissaient par comprendre (plus ou moins vite) ce qui se passait vraiment - et du coup ils en ressortaient carrément épatés par Flaubert (et convaincus qu'il leur faudrait attendre encore quelques années avant de le lire tout seul).

Feint

avatar 11/10/2013 @ 18:26:15
"dont il EST l'un des protagonistes"

Pieronnelle

avatar 11/10/2013 @ 20:07:32
Ah mais tout ce que tu dis me convainc complètement sur Flaubert. Je comprends bien qu'il ne s'agit pas vraiment d'un roman. C'est clair qu'on est tenté, dés la présentation des personnages, de rechercher une intrigue, un moment où il va y avoir un rebondissement et nous faire entrer justement dans cette intrigue, et on poursuit, on poursuit, on se laisse prendre par le style et à ces scènes qui se succèdent mais...il faut quand même y trouver un autre intérêt que littéraire. Je veux bien qu'il n'y ait pas de roman mais les personnages ont quand même leurs rôles. Frédéric est fade, il est comme un fantôme qui circule dans des décors auxquels Flaubert accorde plus d'importance. J'ai bien remarqué le sourire d'Arnoux c'était comme un point d'éclairage d'un seul coup dans la scène apparemment banale. En fait il n'y a rien de banal chez Flaubert contrairement aux apparences. C'est vrai c'est comme une enquête au coeur de cette histoire qui n'en n'est pas une mais je me suis ennuyée ; il me faut un minimum d'empathie ou de détestation ; peut-être est-ce parce que j'ai lu dernièrement plein de romans ou des récits engagés ; ce n'était sans doute pas le bon moment pour cette Education sentimentale ; mais en me replongeant dans le "Coeur simple" j'avais du mal à le quitter...

Lobe
avatar 20/10/2013 @ 16:47:17
J'ai trouvé Pierre et Jean dans la bibliothèque de ma cousine, ça va être ma prochaine lecture de métro/bus (avec parfois des prolongations dans la rue, un œil sur le livre, l'autre qui veille aux obstacles). Bon, L'Education sentimentale en revanche même s'il est aussi dans sa bibliothèque, je passe mon tour...

Pieronnelle

avatar 20/10/2013 @ 17:25:38
Après Alice Munro moi aussi ma prochaine lecture sera Pierre et Jean.
Lobe, j'espère que je n'y suis pour rien concernant L'Education sentimentale, ce n'est que mon impression qui a peut-être été déformée par mes autres lectures...

Feint

avatar 20/10/2013 @ 17:28:23
Bon, L'Education sentimentale en revanche même s'il est aussi dans sa bibliothèque, je passe mon tour...
Ça ne ferait pas plaisir à l'auteur de Pierre et Jean.

Ludmilla
avatar 23/10/2013 @ 19:50:15
"Pierre et Jean" que je viens de terminer.

Excellente lecture, même si, côté misogynie, ce n'est pas beaucoup mieux que "L'éducation sentimentale" : " L'amour de l'homme et de la femme est un pacte volontaire où celui qui faiblit n'est coupable que de perfidie: mais quand la femme est devenue mère, son devoir a grandi puisque la nature lui confie une race. Si elle succombe alors, elle est lâche, indigne et infâme."

Feint

avatar 23/10/2013 @ 20:00:54
Attention, cette citation, c'est le point de vue interne de Pierre.
(Cela dit c'est vrai qu'il y a parfois des relents de misogynie chez Maupassant.) En revanche, dans l'Education sentimentale, je n'en vois pas trace - sauf bien sûr chez les personnages masculins, qui sont difficiles à sauver.

Ludmilla
avatar 23/10/2013 @ 20:38:54
C'est vrai - et en phase avec l'époque.
Et ça ne m'a pas gênée dans "Pierre et Jean" contrairement à l'Education sentimentale, livre dans lequel je n'ai jamais "embarqué" (trop de références au contexte politique de l'époque que je ne connais pas bien).

Lobe
avatar 23/10/2013 @ 21:16:33
Oh, mais L'Education sentimentale, j'espère bien que je le lirai un jour! Seulement, il est trop gros pour le balader dans mon sac en permanence et ça me parait difficile d'en faire une lecture heurtée, sporadique... sauf à vouloir prendre des mois.

Lobe
avatar 01/11/2013 @ 14:45:55
"Pierre et Jean" que je viens de terminer.

Excellente lecture, même si, côté misogynie, ce n'est pas beaucoup mieux que "L'éducation sentimentale" : " L'amour de l'homme et de la femme est un pacte volontaire où celui qui faiblit n'est coupable que de perfidie: mais quand la femme est devenue mère, son devoir a grandi puisque la nature lui confie une race. Si elle succombe alors, elle est lâche, indigne et infâme."


Ah, oui, cette phrase, de la vraie poésie...
J'avance au rythme de mes trajets, et j'accroche. Sauf que j'ai un grave problème: je trouve le personnage de Pierre assez haïssable par certains aspects... mais je m'y reconnais. Oups.

Feint

avatar 01/11/2013 @ 17:50:16
je trouve le personnage de Pierre assez haïssable par certains aspects
Lui aussi.

Lobe
avatar 07/11/2013 @ 20:36:24
Ah oui, il est complètement déchiré par sa découverte, il la couve comme une fièvre, et puis... Je l'ai fini ce soir, je ne pensais pas que le dénouement serait aussi défavorable. Le portrait des deux frères est admirable: ils ont chacun leurs défauts, pourtant il m'a été impossible de fixer lequel était le plus à blâmer (s'il faut seulement en blâmer un!). Je me suis horriblement identifiée à plusieurs moments, et pas dans un sens très flatteur: au caractère un peu mollasson de Jean et au sentiment de déracinement de Pierre, qui génère colère et abattement. Pas en aussi fort, mais simplement Maupassant est un assez prodigieux peintre des relations et sentiments pour que ça aille droit au but. Robuste roman.

Feint

avatar 07/11/2013 @ 20:45:00
Ah oui, il est complètement déchiré par sa découverte, il la couve comme une fièvre, et puis... Je l'ai fini ce soir, je ne pensais pas que le dénouement serait aussi défavorable.
Il fait un bel écho au tout premier chapitre - qui d'ailleurs résume l'ensemble du roman de manière symbolique, avec la compétition des deux frères à la rame, l'avantage de Pierre puis de Jean, et bien sûr le salut au navire.

Myrco

avatar 14/12/2013 @ 14:47:04
Je viens de terminer Pierre et Jean que je n'avais finalement jamais lu.Un petit chef d'œuvre et quand je dis petit je me réfère seulement à la brièveté du récit. Beaucoup de finesse dans l'analyse psychologique et en particulier dans l'évolution des états d'âme de ce pauvre Pierre.Et quelle maëstria dans la manière dont Maupassant fait progresser le récit.Une vraie leçon d'écriture!
Voilà un classique accessible à tous dont il serait dommage de se priver.

Je suis un peu à la bourre pour "L'éducation sentimentale".Mais je vais quand même l'entamer (autres lectures en cours).Tant pis si je ne le termine pas avant le 31!

Sissi

avatar 14/12/2013 @ 18:42:46
Je crois que je vais me laisser tenter par une relecture de Pierre et Jean, qui a enchanté mon adolescence et qui a signé le début de mon (immense) amour pour Maupassant.

Pieronnelle

avatar 14/12/2013 @ 19:20:51
Tiens je vais le commencer aujourd'hui, je quitte mon Zweig "les très riches heures de l'humanité" pour quelques jours...

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