Savonarole de Pierre Antonetti
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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Enigmatique…
Hieronimo Savonarole est ce frère dominicain qui sévit à Florence au XV° siècle. Personnage révoltant, certes, mais qui aura eu un mérite : dénoncer les abus de l’Eglise et de la société florentine de son époque. Rigoriste qui ne connaît aucune nuance, dès le début de sa vocation il fera étalage de ses aspirations. « En fait, son idéal était de s’anéantir dans la volonté de Dieu, de mourir au monde, de s’abîmer dans la mortification de la chair et dans la méditation des mystères de la foi du Dieu mort sur la croix entre les larrons.»
Impressionnés par sa foi entière doublée d’un talent d’orateur hors du commun, les pères dominicains lui font monter rapidement monter les échelons de la hiérarchie. Le voilà donc enchaînant sermon sur sermon, appuyant ses dires par des visions, séduisant les foules (plusieurs milliers d’ouailles par messe !). Il y dénonce, de la part de l’Eglise, la simonie, les mœurs indignes des papes (l’un a douze enfants…) et de la part des florentins, la richesse, les intérêts vestimentaires, la délinquance juvénile (effectivement effarante à cette époque), le jeu, et péché d’entre les péchés : la sodomie (très répandue). Pour lui, « l’Eglise est corrompue dans son peuple et ses bergers ; les vices ne connaissent plus aucune retenue et notamment ceux de la chair ». On peut affirmer qu’à ce niveau-là, ses sermons apporteront un assainissement certain, un ordre bienvenu dans une société qui semblait n’avoir aucune limite.
Malheureusement, il ne fait pas dans la nuance, notre Savonarole. Le prédicateur se transforme bientôt en pseudo-prophète (manipulateur ?), annonçant les pires catastrophes pour Florence si sa population ne se tourne pas vers Dieu. En outre, il ne se limite plus au domaine strictement religieux mais entend se mêler de politique, défenseur d’une vraie démocratie. Bien entendu, une telle influence ne plaît pas à tout le monde. Ses ennemis ne se comptent plus mais il sait également se protéger, notamment à travers une amitié avec le roi de France, Charles VIII. Le Saint-Siège, vertement pris à partie dans les sermons, est inquiet. Néanmoins, le pape choisit, tactiquement, de ne pas affronter directement Savonarole, mais plutôt de déguiser sa rage sous les aspects d’une invitation cordiale à Rome. Savonarole, pas dupe, refuse.
Le succès lui monte-t-il à la tête ou voit-il dans l’ascendant qu’il exerce sur le peuple l’occasion de ramener les pécheurs à Dieu ? Toujours est-il que ses excès ne connaissent plus de limite : invitation à la délation, punition de la sodomie par le bûcher, ignorance de l’interdiction papale de continuer ses sermons. Frappé d’excommunication, il ira jusqu’à réfuter l’autorité du pape. Comme on s’y attend depuis le début, son rigorisme, son intransigeance, ses jeux politiques vont le mener au bûcher. Il avait prédit sa mort, ne la craignant pas…
Livre qui n’est pas particulièrement bien écrit, mais intéressant, aux nombreuses références historiques.
Les éditions
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Savonarole de Pierre Antonetti
de Antonetti, Pierre
Perrin / Hors Collection
ISBN : 9782262015268 ; 22,71 € ; 03/03/1999 ; 302 p. ; Broché
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Le danger de l'extrémisme
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 23 février 2007
Nul doute que Savonarole a eu une influence plus que bénéfique sur les mœurs des Florentins de l’époque. Ses sermons et ses dénonciations des vices et des pratiques sexuelles honteuses, en particulier la sodomie, laissait une profonde impression sur ses auditeurs et ses prédictions de fléaux s’abattant sur Florence afin de punir les méchants prélats et les citoyens corrompus étaient prises au sérieux à un tel point qu’elles ont même fait fuir Léonard De Vinci en personne !
En effet, Savonarole oeuvrait pour une réforme en profondeur de l’Église qu’il disait corrompue jusqu’au plus haut degré (le pape !) et pour un changement radical de la vie à Florence, faisant fermer de nombreux établissements où le vice et le jeu sévissaient en maître. Il devient un personnage respecté et écouté d’une bonne partie des Florentins mais il a aussi des ennemis dont Pierre de Médicis, chassé de la ville et plusieurs libertins qui ne veulent pas renoncer à leur mode de vie dissolue.
Mais comme tous les extrémistes, la gloire de Savonarole fut suivie d’une chute brutale. En effet, plus on s’élève au-dessus de la masse, plus la chute est pénible. Il finira sur le bûcher avec deux de ses plus fidèles compagnons. Encore aujourd’hui, de nombreux Florentins le révèrent comme un saint.
Un livre très instructif et qui dresse un portrait saisissant des mœurs de l’époque et surtout des luttes de pouvoir dont la hiérarchie ecclésiastique était parsemée Une époque troublée où l’immense pouvoir de la religion amenait des excès de sainteté irréalistes suivis de périodes de débauches débridés. Le retour du balancier…
La fin de Savonarole est pitoyable. Abandonné de tous, torturé, il doit renier toute l’œuvre d’une vie et avouer que ses intérêts personnels et sa soif de pouvoir dictaient sa conduite depuis le début. La première partie du livre est quelques peu ardue à lire mais la deuxième est passionnante !
Extraordinaire Savonarole
Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 8 octobre 2005
Il avait côtoyé au couvent san Marco le grand Fra Angelico, dont les fresques ornent encore les murs des cellules. Mysticisme pictural de l'un, fanatisme de l'autre, Florence en toile de fond... quelle époque extraordinaire!
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