L'ange sur le toit de Russell Banks
( The angel on the roof)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Nouvelles
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Une merveille !
J'attendais le nouveau livre de Russell Banks avec une certaine impatience… Je n’ai vraiment pas été déçu !.
Il nous donne ici neuf nouvelles et une introduction des plus instructives. C'est la première nouvelle qui donne son titre au livre et, malgré son indiscutable aspect symbolique et fort, ce n'est pas celle que j'ai préférée.
Des êtres bousculés par la vie, par des divorces successifs, des conditions de travail difficiles et parfois précaires, l'alcool ou les mystérieux engrenages du hasard. Ces personnages sont vrais, durs, tendres, cachent des plaies enfouies bien au fond d’eux, mais qui vivent toujours et ne demandent qu'à ressortir.
Chaque nouvelle est excellente, mais j'aimerais en épingler quelques-unes unes.
Divorcé pour la troisième fois, Vann ne cesse de penser à sa seconde épouse. Il travaille comme contremaître sur un très gros chantier. Le plus grand des hasards va le placer à quelques mètres d’elle, après des années.
Un homme d’une cinquantaine d'années entre dans un bar restaurant. Installée à une grande table, toute une famille fête l'anniversaire d’une femme de quatre vingt ans. Il se rend compte qu’il l'a connue trente ans plus tôt. Il lui fera le plus beau des cadeaux…
Un professeur d’université fait un détour pour aller voir la maison de son enfance. De terribles souvenirs vont le bousculer. Jamais je n’ai compris à ce point les liens qui unissent celui qui est battu à celui qui bat et pourquoi celui qui a été battu risque fort de battre à son tour !…
Russell Banks connaît très bien ce sujet, ayant été souvent battu par un père alcoolique. Des pages terribles de vérité !…
Quant à la dernière, « La soirée homard », je vous la laisse découvrir… Les terribles pulsions qui peuvent s’accumuler en nous suite à un accident ou une circonstance particulière.
Outre des personnages très forts, Russell Banks nous donne ici le portrait, réaliste, d'une certaine Amérique, ainsi qu'une analyse profonde des distorsions qui peuvent surgir dans les rapports humains.
Les éditions
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L'ange sur le toit [Texte imprimé], nouvelles Russell Banks trad. de l'américain par Pierre Furlan
de Banks, Russell Furlan, Pierre (Traducteur)
Actes Sud / Lettres anglo-américaines (Arles).
ISBN : 9782742730889 ; 16,90 € ; 01/02/2001 ; 206 p. ; Broché -
L'ange sur le toit [Texte imprimé] Russell Banks trad. de l'américain par Pierre Furlan
de Banks, Russell Furlan, Pierre (Traducteur)
J'ai lu / J'ai lu
ISBN : 9782290323601 ; 4,50 € ; 01/10/2004 ; 156 p. ; Poche -
L'ange sur le toit [Texte imprimé], nouvelles Russell Banks trad. de l'américain par Pierre Furlan
de Banks, Russell Furlan, Pierre (Traducteur)
Actes Sud / Babel (Arles)
ISBN : 9782742738472 ; 7,48 € ; 04/06/2002 ; 207 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (11)
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L'ange était distrait...
Critique de Myrco (village de l'Orne, Inscrite le 11 juin 2011, 75 ans) - 25 janvier 2015
Ce recueil s'ouvre sur un petit texte autobiographique "En guise d'introduction", référence aux histoires, avérées mensongères, que lui ont racontées ses parents, histoires qu'il met en parallèle avec les siennes, toutes se rejoignant, selon lui, dans l'expression d'un appel profond qui tient en deux mots :"aimez-moi!".
Quant à cet "ange sur le toit", j'ai cru comprendre qu'il était une sorte de médiateur virtuel, garant du passage de la communication entre celui qui raconte et celui à qui l'histoire est destinée, figure incarnée d'une certaine manière, je suppose, au travers du personnage de la première de ces nouvelles, Djinn, pauvre fou,"sans doute le vrai visage de l'amour", dont le regard porté sur les autres les transforme un moment en "sujets aimés", et dont le sort, passé ce moment de grâce, ne rencontrera en dehors du narrateur, que cruelle indifférence...
Je dois dire que cette nouvelle m'a laissée perplexe, tout comme celle qui conclut le recueil et dans laquelle une jeune femme libère des pulsions violentes suite à la conjonction de circonstances qui auront joué un rôle de détonateur.
Ces deux textes présentent en commun une violence, un décalage par rapport à la vie quotidienne qui les font se démarquer des autres, plus en demi-teintes et inscrits dans la banalité de la vie.
Beaucoup plus évident m'apparaît le fil conducteur qui relie ces dernières entre elles: retour presque toujours douloureux sur le passé, délitement d'une relation d'amour entre deux êtres (père/fille, époux...),souvenir d'une fracture familiale qui vous obsède et à laquelle on tente de donner un sens plus supportable...
Avec beaucoup de subtilité et de sensibilité, Russel Banks parvient à saisir ces moments de vie où ses personnages, à la "faveur" d'un incident anodin ou plus grave, d'une circonstance particulière, prennent conscience de ce qu'ils ont gâché et perdu, de ce qu'ils n'ont pas su voir ou comprendre et qui dès lors, les renvoie à leur solitude, à leur amertume ou, dans le meilleur des cas à la nostalgie de ce qui n'est plus.
Si Russel Banks nous parle intimement de lui, de son enfance, de l'obsession de la figure paternelle et des traumatismes subis, plus encore, il nous parle de nous. Ses personnages, souvent parvenus à maturité ou même à l'aube de la vieillesse se trouvent brusquement confrontés à un sentiment de gâchis, de frustration, face à leurs erreurs, leurs manques, leur aveuglement...
Si dans l'ensemble, je n'ai pas été séduite, sans doute faut-il en chercher la raison, non dans la qualité objective de l'œuvre, mais plus dans ma résistance personnelle à ce type de littérature qui justement nous renvoie trop à nous-mêmes (ce qui ne manquera pas de constituer au contraire un attrait pour certains), à un passé que l'on ne saurait plus modifier désormais et qu'il ne sert plus à rien de remuer: "le temps est venu, le temps est passé, le temps ne reviendra jamais...". Déprimant !
Le point de non-retour
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 11 mars 2006
Cependant, je préfère Russell Banks sur la longueur, dans ses romans. Parce qu'il a le temps de laisser libre cours à sa plume, d'explorer les âmes en détails, de scruter les êtres dans ce qu'ils ont de profonds. La longueur lui offre un terrain de jeu qu'il utilise à merveille. La nouvelle me laisse un petit goût de trop peu qui me convient moins. Même si cela n'enlève rien au talent de Russell Banks.
Expert en relations humaines
Critique de Montgomery (Auxerre, Inscrit le 16 novembre 2005, 52 ans) - 30 novembre 2005
Dans un style parfois nonchalant, toujours efficace, Russel Banks rend compte de la complexité des relations affectives entretenues par ses personnages, de leur fragilité (voir "Moments privilégiés", "Assistée" ou encore "Juste une vache") mais aussi de leur permanence (voir "Le Maure" ou "Les plaines d'Abraham").
Anatomiste de la rupture entre les êtres, Russel Banks nous apprend , en insistant sur les moments clefs, que ce qui nous lie les uns aux autres est d'une grande fragilité. Ses nouvelles sonnent comme autant de leçons de vie.
Cynisme et tendresse
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 8 avril 2005
Et effectivement, ce livre est une collection de prières en ceci qu’elles essaient de toucher le lecteur du bout du doigt, de l’effleurer avec des mots, sans le brutaliser, sans lui livrer la clé. De nouvelle en nouvelle, les similitudes sont nombreuses. Les hommes sont divorcés, plusieurs fois même et ils affectionnent la bouteille. Quant aux femmes, c’est différent : elles sont tantôt manipulées, tantôt capables d’actes définitifs. L’univers décrit par Banks est traversé de violence, latente ou exprimée. Mais dans chaque histoire, un personnage contre-balance les manquements des autres. Comme quoi, le monde n’est ni noir ni blanc… Il reviendra au lecteur de voir la coupe à moitié vide ou à moitié pleine.
« Djinn » est la nouvelle qui m’a le plus marquée. Un Américain atterri au Katonga pour affaires y fait la rencontre d’un être mystérieux, dépenaillé, au regard fixe, considéré comme un fou inoffensif. Ce regard met le narrateur profondément mal à l’aise au point qu’il évite l’endroit où il serait susceptible de croiser à nouveau le djinn. Et pourtant, il le verra une dernière fois, dans des circonstances terribles qui achèveront d’ébranler le narrateur.
Je termine en citant la quatrième de couverture : « Le monde est un endroit glacé auquel Russell Banks, dans une empathie chaleureuse, s’emploie à offrir la possibilité d’une rédemption. »
Choc ! ... encore !
Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 2 mars 2004
Je termine à l’instant son Ange sur le Toit et à nouveau cette étrange sensation m’envahit, je suis resté ballant, la bouche entr’ouverte, le cerveau perdu, le choc de ces phrases résonnant encore au sein de mes neurones et le son de ces mots se répercutant entre les tiroirs de ma mémoire…
Ces neuf nouvelles sont noires et tragiques, profondes et denses, reflets à peine esquissés d’une réalité qui se veut plus dure encore. La vie de tous les jours que Banks nous décrit est celle de couples ordinaires, de jeunes, de vieux, … Tous ont des blessures, tous sans exception portent leur croix, tous sans exception vivent une vie qui n’aurait pas été la leur si… Et tous, à un moment donné, ressentent une cassure, ils se rendent compte que cette vie qu’ils sont occupés de vivre ne leur correspond pas, le miroir de leur âme se brise en mille éclats et tous se retrouvent les yeux dans les yeux avec leur propre eux-mêmes ainsi révélé, mille fois, avec mille paires d’yeux qui les regardent au travers des mille éclats de leur vie brisée. Le « pourquoi » ne se pose même pas, ils ne cherchent pas de réponse, ils ne cherchent pas d’excuse, pas de faux-fuyants, ils sont devant un fait accompli et s’énoncent clairement une réalité : leur vie leur est passée à côté !
Dur !
Mélancolique et réél.
Critique de Tophiv (Reignier (Fr), Inscrit le 13 juillet 2001, 49 ans) - 18 juillet 2002
Il nous parle des difficultés de communication, de compréhension entre hommes et femmes, parents et enfants, blancs et noirs. Il nous rappelle combien certains actes peuvent peser sur notre passé. Tous ses "héros" ont un peu été cassés par la vie, beaucoup sont divorcés et seuls, quelques-uns boivent, mais tous regrettent de n'avoir pas mieux compris leur prochain.
Mes deux nouvelles préférées sont "Djinn" et "la visite". La première nous raconte les voyages d'un cadre américain à une usine de sa multinationale délocalisée en Afrique. La seconde suit un homme qui retourne dans la maison de son enfance. Il se remémore le divorce de ses parents et la violence de son père ... (cf critique principale de Jules)
Bref, un auteur intéressant même si je ne lirais pas plusieurs de ses livres à la suite de peur de devenir un peu "morose"!
Note : Russell Banks fait partie du parlement des écrivains. CF site web suivant :
http://www.autodafe.org/fr/
"AUTODAFE a pour vocation de réactiver l'échange, aujourd'hui entravé par la censure mais aussi par l'hégémonie des médias, entre écrivains des cinq continents. Cette revue associe les écrivains qui jouissent d'une large audience et ceux qu'on fait taire par la censure, la prison ou les menaces.
Au-delà des individus, AUTODAFE entend donner la parole aux peuples et aux expériences frappés de mutisme, aux cultures qui s'effacent, aux langues menacées de disparition."
Très intéressant et instructif ! Les textes proposés permettent vraiment de mieux appréhender certaines réalités qui peuvent parfois nous paraître lointaines.
Le monde comme il peut-être
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 9 janvier 2002
des gouttes d'eau
Critique de Zoom (Bruxelles, Inscrite le 18 juillet 2001, 70 ans) - 8 janvier 2002
Ces nouvelles sont comme des arrêts sur image .
Elles figent un moment simple de la vie, alourdi inopinément par un passé souvent enfoui dans la conscience, mais latent, que quelque geste perdu ou remarque amère vient réveiller et faire gronder jusqu'à une prise de conscience brutale.
Chaque nouvelle est une petite goutte qui fait déborder un vase...Et cette goutte n'est bien souvent qu'une gouttelette . Mais quelle inondation !
Ainsi bousculent des évènements anodins, ainsi basculent des vies. Ces moments de vie sont racontés avec une sensibilité très particulière et très riche. C'est un beau livre, pas passionnant, mais beau.
et bien voilà!
Critique de Zoom (Bruxelles, Inscrite le 18 juillet 2001, 70 ans) - 16 décembre 2001
Des histoires pour se faire aimer
Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 15 décembre 2001
Neuf nouvelles qui racontent des histoires touchantes d'humanité d'hommes et de femmes, pour la plupart entre deux âges, séparés, en manque d'une relation affective continue, d'un cocon familial, et qui n'ont plus guère à espérer pour la suite de leur vie que d'être acceptés pour ce qu'ils sont. Des émotions mal dégrossies, à fleur de peau, près de s'épancher, le plus souvent contrariées, refoulées par la vie comme elle va...
Un homme d'affaires en poste à l'étranger s'identifie à un pauvre diable jusqu'au point de frôler la mort. Une fille d'une trentaine d'années, accueillie par son père pour quelques jours, lui reproche de trop veiller sur elle, comme il a fait avec sa mère à elle. Sur le même thème, dans une autre nouvelle, c'est une mère qui regrette que son fils l'assiste dans sa vieillesse, agissant de la sorte avec elle comme son époux. Une vache qu'on a laissé échapper sera l'élément générateur de la séparation d'un couple. Un homme retrouve trente ans plus tard une femme avec qui il a connu une liaison alors qu'il était âgé de vingt et un ans et elle, de cinquante. "No‘l", le texte le plus bref est aussi le plus percutant; il raconte l'histoire d'un homme qui, en route pour le domicile de sa nouvelle compagne avec de nombreux cadeaux, reçoit, à la suite d'une malheureuse manoeuvre automobile, un coup de poing en pleine face et réalise que sa vie n'est qu'un ramassis de morceaux cassés. Dans "La soirée homard", une jeune fille confie au patron du restaurant qui l'emploie qu'elle a été frappée par la foudre; elle le tuera pour lui avoir révélé son secret. "Les plaines d'Abraham"" narre comment un homme, chargé de l'installation de la tuyauterie d'un hôpital, va, par erreur, entraîner le décès de son ex femme qui subit là une opération chirurgicale. Dans "Une visite", l'auteur reprend la parole pour nous confier, à l'occasion d'un retour au bar où son père l'emmena un soir avec l’interdiction d'en parler à sa mère, sa souffrance d'avoir perdu très tôt l'entourage conjoint d'un père et d'une mère.
Ce recueil constitue une excellente entrée en matière pour découvrir l'univers d'un des grands romanciers d'aujourd'hui.
Variations sur un même thème
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 3 juin 2001
Voila en gros ce que nous raconte (très bien) Russel Banks dans ces neuf nouvelles.
L'enthousiasme de Jules m'a fait acheter ce livre, je ne le regrette pas !
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Mes excuses les plus sincères à Jules | 2 | Montgomery | 2 décembre 2005 @ 09:32 |