L'ange sur le toit de Russell Banks

L'ange sur le toit de Russell Banks
( The angel on the roof)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Nouvelles

Critiqué par Jules, le 17 mai 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 12 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (974ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 8 068  (depuis Novembre 2007)

Une merveille !

J'attendais le nouveau livre de Russell Banks avec une certaine impatience… Je n’ai vraiment pas été déçu !.
Il nous donne ici neuf nouvelles et une introduction des plus instructives. C'est la première nouvelle qui donne son titre au livre et, malgré son indiscutable aspect symbolique et fort, ce n'est pas celle que j'ai préférée.
Des êtres bousculés par la vie, par des divorces successifs, des conditions de travail difficiles et parfois précaires, l'alcool ou les mystérieux engrenages du hasard. Ces personnages sont vrais, durs, tendres, cachent des plaies enfouies bien au fond d’eux, mais qui vivent toujours et ne demandent qu'à ressortir.
Chaque nouvelle est excellente, mais j'aimerais en épingler quelques-unes unes.
Divorcé pour la troisième fois, Vann ne cesse de penser à sa seconde épouse. Il travaille comme contremaître sur un très gros chantier. Le plus grand des hasards va le placer à quelques mètres d’elle, après des années.
Un homme d’une cinquantaine d'années entre dans un bar restaurant. Installée à une grande table, toute une famille fête l'anniversaire d’une femme de quatre vingt ans. Il se rend compte qu’il l'a connue trente ans plus tôt. Il lui fera le plus beau des cadeaux…
Un professeur d’université fait un détour pour aller voir la maison de son enfance. De terribles souvenirs vont le bousculer. Jamais je n’ai compris à ce point les liens qui unissent celui qui est battu à celui qui bat et pourquoi celui qui a été battu risque fort de battre à son tour !…
Russell Banks connaît très bien ce sujet, ayant été souvent battu par un père alcoolique. Des pages terribles de vérité !…
Quant à la dernière, « La soirée homard », je vous la laisse découvrir… Les terribles pulsions qui peuvent s’accumuler en nous suite à un accident ou une circonstance particulière.
Outre des personnages très forts, Russell Banks nous donne ici le portrait, réaliste, d'une certaine Amérique, ainsi qu'une analyse profonde des distorsions qui peuvent surgir dans les rapports humains.

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Les éditions

  • L'ange sur le toit [Texte imprimé], nouvelles Russell Banks trad. de l'américain par Pierre Furlan
    de Banks, Russell Furlan, Pierre (Traducteur)
    Actes Sud / Lettres anglo-américaines (Arles).
    ISBN : 9782742730889 ; 16,90 € ; 01/02/2001 ; 206 p. ; Broché
  • L'ange sur le toit [Texte imprimé] Russell Banks trad. de l'américain par Pierre Furlan
    de Banks, Russell Furlan, Pierre (Traducteur)
    J'ai lu / J'ai lu
    ISBN : 9782290323601 ; 4,50 € ; 01/10/2004 ; 156 p. ; Poche
  • L'ange sur le toit [Texte imprimé], nouvelles Russell Banks trad. de l'américain par Pierre Furlan
    de Banks, Russell Furlan, Pierre (Traducteur)
    Actes Sud / Babel (Arles)
    ISBN : 9782742738472 ; 7,48 € ; 04/06/2002 ; 207 p. ; Poche
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L'ange était distrait...

6 étoiles

Critique de Myrco (village de l'Orne, Inscrite le 11 juin 2011, 75 ans) - 25 janvier 2015

Je suis tombée par hasard sur ce recueil de nouvelles de Russel Banks, pensant que ce pourrait être une bonne opportunité pour aborder cet auteur dans l'attente d'être en mesure de consacrer plus de temps à ses grands romans.

Ce recueil s'ouvre sur un petit texte autobiographique "En guise d'introduction", référence aux histoires, avérées mensongères, que lui ont racontées ses parents, histoires qu'il met en parallèle avec les siennes, toutes se rejoignant, selon lui, dans l'expression d'un appel profond qui tient en deux mots :"aimez-moi!".
Quant à cet "ange sur le toit", j'ai cru comprendre qu'il était une sorte de médiateur virtuel, garant du passage de la communication entre celui qui raconte et celui à qui l'histoire est destinée, figure incarnée d'une certaine manière, je suppose, au travers du personnage de la première de ces nouvelles, Djinn, pauvre fou,"sans doute le vrai visage de l'amour", dont le regard porté sur les autres les transforme un moment en "sujets aimés", et dont le sort, passé ce moment de grâce, ne rencontrera en dehors du narrateur, que cruelle indifférence...
Je dois dire que cette nouvelle m'a laissée perplexe, tout comme celle qui conclut le recueil et dans laquelle une jeune femme libère des pulsions violentes suite à la conjonction de circonstances qui auront joué un rôle de détonateur.
Ces deux textes présentent en commun une violence, un décalage par rapport à la vie quotidienne qui les font se démarquer des autres, plus en demi-teintes et inscrits dans la banalité de la vie.

Beaucoup plus évident m'apparaît le fil conducteur qui relie ces dernières entre elles: retour presque toujours douloureux sur le passé, délitement d'une relation d'amour entre deux êtres (père/fille, époux...),souvenir d'une fracture familiale qui vous obsède et à laquelle on tente de donner un sens plus supportable...
Avec beaucoup de subtilité et de sensibilité, Russel Banks parvient à saisir ces moments de vie où ses personnages, à la "faveur" d'un incident anodin ou plus grave, d'une circonstance particulière, prennent conscience de ce qu'ils ont gâché et perdu, de ce qu'ils n'ont pas su voir ou comprendre et qui dès lors, les renvoie à leur solitude, à leur amertume ou, dans le meilleur des cas à la nostalgie de ce qui n'est plus.
Si Russel Banks nous parle intimement de lui, de son enfance, de l'obsession de la figure paternelle et des traumatismes subis, plus encore, il nous parle de nous. Ses personnages, souvent parvenus à maturité ou même à l'aube de la vieillesse se trouvent brusquement confrontés à un sentiment de gâchis, de frustration, face à leurs erreurs, leurs manques, leur aveuglement...

Si dans l'ensemble, je n'ai pas été séduite, sans doute faut-il en chercher la raison, non dans la qualité objective de l'œuvre, mais plus dans ma résistance personnelle à ce type de littérature qui justement nous renvoie trop à nous-mêmes (ce qui ne manquera pas de constituer au contraire un attrait pour certains), à un passé que l'on ne saurait plus modifier désormais et qu'il ne sert plus à rien de remuer: "le temps est venu, le temps est passé, le temps ne reviendra jamais...". Déprimant !

Le point de non-retour

7 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 11 mars 2006

De jolies choses déjà racontées sur ce recueil. Courtes nouvelles, tranches de vie avec un fil conducteur, la déconstruction de duos. Que ce soit celui de Teddy et sa mère Emily qui se défait au fur et à mesure que la mémoire révèle ses secrets. Ou celui de Vann et Irène qu'un coma sépare à jamais tout en les réunissant pour toujours. Djinn et ce travailleur au Katonga qui feront étrangement connaissance... Chaque texte présente une association d'âmes et de pensées, des parcours du quotidien qui se terminent parfois de manière abrupte et dramatique. Avec dans chaque nouvelle un point de non-retour pas tout le temps identifiable mais pourtant perceptible en y regardant de plus près. Que ce soit un mensonge sur lequel il est impossible de revenir (formidable premier texte "En guise d'introduction" dans lequel Banks parle avec amour de sa mère et des histoires qu'elle lui inventait), une parole qui aurait dû être prononcée ou un être qui se raccroche à des chimères qui finissent par reprendre leur liberté. Il y a un peu de nous dans chacun de ces personnages et c'est sans doute ce qui nous les rend si proches et si attachants.

Cependant, je préfère Russell Banks sur la longueur, dans ses romans. Parce qu'il a le temps de laisser libre cours à sa plume, d'explorer les âmes en détails, de scruter les êtres dans ce qu'ils ont de profonds. La longueur lui offre un terrain de jeu qu'il utilise à merveille. La nouvelle me laisse un petit goût de trop peu qui me convient moins. Même si cela n'enlève rien au talent de Russell Banks.

Expert en relations humaines

8 étoiles

Critique de Montgomery (Auxerre, Inscrit le 16 novembre 2005, 52 ans) - 30 novembre 2005

Je découvre Russell Banks, son style, ses obsessions. Le plus marquant pour moi à la lecture de ce recueil de nouvelles: le talent de l'auteur à dresser en quelques lignes des portraits psychologiques subtils, souvent d'hommes mûrs chahutés par la vie.

Dans un style parfois nonchalant, toujours efficace, Russel Banks rend compte de la complexité des relations affectives entretenues par ses personnages, de leur fragilité (voir "Moments privilégiés", "Assistée" ou encore "Juste une vache") mais aussi de leur permanence (voir "Le Maure" ou "Les plaines d'Abraham").

Anatomiste de la rupture entre les êtres, Russel Banks nous apprend , en insistant sur les moments clefs, que ce qui nous lie les uns aux autres est d'une grande fragilité. Ses nouvelles sonnent comme autant de leçons de vie.

Cynisme et tendresse

9 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 8 avril 2005

Le premier texte de ce recueil de nouvelles n’en est pas une à proprement parler. Intitulé « En guise d’introduction », le narrateur en est Russell Banks lui-même, parlant à la première personne. Il évoque ses parents avec tendresse et sensibilité : sa mère raconte (invente ?) des histoires extraordinaires où elle côtoie des personnes célèbres ; son père, lui, ne raconte pas (n’invente pas?) d’épisodes, sauf un, probablement pour se faire aimer de son fils (« Son histoire était une prière, comme toutes les bonnes histoires »).

Et effectivement, ce livre est une collection de prières en ceci qu’elles essaient de toucher le lecteur du bout du doigt, de l’effleurer avec des mots, sans le brutaliser, sans lui livrer la clé. De nouvelle en nouvelle, les similitudes sont nombreuses. Les hommes sont divorcés, plusieurs fois même et ils affectionnent la bouteille. Quant aux femmes, c’est différent : elles sont tantôt manipulées, tantôt capables d’actes définitifs. L’univers décrit par Banks est traversé de violence, latente ou exprimée. Mais dans chaque histoire, un personnage contre-balance les manquements des autres. Comme quoi, le monde n’est ni noir ni blanc… Il reviendra au lecteur de voir la coupe à moitié vide ou à moitié pleine.

« Djinn » est la nouvelle qui m’a le plus marquée. Un Américain atterri au Katonga pour affaires y fait la rencontre d’un être mystérieux, dépenaillé, au regard fixe, considéré comme un fou inoffensif. Ce regard met le narrateur profondément mal à l’aise au point qu’il évite l’endroit où il serait susceptible de croiser à nouveau le djinn. Et pourtant, il le verra une dernière fois, dans des circonstances terribles qui achèveront d’ébranler le narrateur.

Je termine en citant la quatrième de couverture : « Le monde est un endroit glacé auquel Russell Banks, dans une empathie chaleureuse, s’emploie à offrir la possibilité d’une rédemption. »

Choc ! ... encore !

10 étoiles

Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 2 mars 2004

Ma première rencontre avec Banks a eu lieu en octobre, l’année passée, au travers de ses Continents à la Dérive. J’en étais resté soufflé, sous le choc pendant quelques instants et avec des images et des phrases me traversant la tête pendant des jours… C’est un euphémisme que de dire que j’ai aimé.

Je termine à l’instant son Ange sur le Toit et à nouveau cette étrange sensation m’envahit, je suis resté ballant, la bouche entr’ouverte, le cerveau perdu, le choc de ces phrases résonnant encore au sein de mes neurones et le son de ces mots se répercutant entre les tiroirs de ma mémoire…

Ces neuf nouvelles sont noires et tragiques, profondes et denses, reflets à peine esquissés d’une réalité qui se veut plus dure encore. La vie de tous les jours que Banks nous décrit est celle de couples ordinaires, de jeunes, de vieux, … Tous ont des blessures, tous sans exception portent leur croix, tous sans exception vivent une vie qui n’aurait pas été la leur si… Et tous, à un moment donné, ressentent une cassure, ils se rendent compte que cette vie qu’ils sont occupés de vivre ne leur correspond pas, le miroir de leur âme se brise en mille éclats et tous se retrouvent les yeux dans les yeux avec leur propre eux-mêmes ainsi révélé, mille fois, avec mille paires d’yeux qui les regardent au travers des mille éclats de leur vie brisée. Le « pourquoi » ne se pose même pas, ils ne cherchent pas de réponse, ils ne cherchent pas d’excuse, pas de faux-fuyants, ils sont devant un fait accompli et s’énoncent clairement une réalité : leur vie leur est passée à côté !

Dur !

Mélancolique et réél.

9 étoiles

Critique de Tophiv (Reignier (Fr), Inscrit le 13 juillet 2001, 49 ans) - 18 juillet 2002

J'ai découvert Russell Banks avec ce livre. Les nouvelles de ce recueil ont toutes un petit parfum de mélancolie et de tristesse mais sans être totalement "noire". Les personnages sont touchants et tous sont si bien décrits que l'on a vraiment l'impression que Banks nous parle de personnes réelles qu'il a côtoyées.
Il nous parle des difficultés de communication, de compréhension entre hommes et femmes, parents et enfants, blancs et noirs. Il nous rappelle combien certains actes peuvent peser sur notre passé. Tous ses "héros" ont un peu été cassés par la vie, beaucoup sont divorcés et seuls, quelques-uns boivent, mais tous regrettent de n'avoir pas mieux compris leur prochain.
Mes deux nouvelles préférées sont "Djinn" et "la visite". La première nous raconte les voyages d'un cadre américain à une usine de sa multinationale délocalisée en Afrique. La seconde suit un homme qui retourne dans la maison de son enfance. Il se remémore le divorce de ses parents et la violence de son père ... (cf critique principale de Jules)
Bref, un auteur intéressant même si je ne lirais pas plusieurs de ses livres à la suite de peur de devenir un peu "morose"!
Note : Russell Banks fait partie du parlement des écrivains. CF site web suivant :
http://www.autodafe.org/fr/
"AUTODAFE a pour vocation de réactiver l'échange, aujourd'hui entravé par la censure mais aussi par l'hégémonie des médias, entre écrivains des cinq continents. Cette revue associe les écrivains qui jouissent d'une large audience et ceux qu'on fait taire par la censure, la prison ou les menaces.
Au-delà des individus, AUTODAFE entend donner la parole aux peuples et aux expériences frappés de mutisme, aux cultures qui s'effacent, aux langues menacées de disparition."
Très intéressant et instructif ! Les textes proposés permettent vraiment de mieux appréhender certaines réalités qui peuvent parfois nous paraître lointaines.

Le monde comme il peut-être

9 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 9 janvier 2002

Le destin des hommes comme il peut être: dirigé par des hasards, bousculé par des détails, bouleversé par une rencontre inopportune ou inopinée, mais aussi modifié par l'action des autres, par le poids d'une éducation... Pour moi, le côté passionnant de ces nouvelles est venu de la justesse des observations, de la finesse des sentiments exprimés, de la confrontation contre le destin aveugle. J'avoue ne pas chercher nécessairement des livres qualifiés de "passionnants" au sens "thriller" du mot. "L'Etranger" est-il passionnant ? Pas vraiment, mais quel livre !...L'univers de la nouvelle est aussi assez différent de celui du roman et je connais beaucoup d'excellents lecteurs qui ne l'apprécient que très relativement. Mes romans favoris de Banks sont "Affliction", "De beaux lendemains" et "Pourfendeur de nuages" Il est impossible de comparer Philip Roth, Auster et Banks. Ils sont trop différents. Comme il n'est pas possible de comparer McInerney, Salter, Salinger, Harrison, McCarthy, Easton Ellis, Tristan Egolf, Colum McCann. Là réside toute la richesse de la littérature américaine contemporaine et une de ses différences d'avec la littérature française d'aujourd'hui. Là où la littérature française semble, à mes yeux, s'embourber dans une certaine monotonie de style et de genre, dans une certaine légèreté et facilité, la littérature américaine est bien plus puissante, variée, directe. Elle ne s'enlise pas dans un monde surprotégé, aseptisé. L'homme y est encore confronté aux grands drames de sa condition d'insecte dans un univers qui le dépasse totalement.

des gouttes d'eau

8 étoiles

Critique de Zoom (Bruxelles, Inscrite le 18 juillet 2001, 70 ans) - 8 janvier 2002

J'ai découvert Russel Banks par ce livre : il me donne envie d'en lire d'autres .
Ces nouvelles sont comme des arrêts sur image .
Elles figent un moment simple de la vie, alourdi inopinément par un passé souvent enfoui dans la conscience, mais latent, que quelque geste perdu ou remarque amère vient réveiller et faire gronder jusqu'à une prise de conscience brutale.
Chaque nouvelle est une petite goutte qui fait déborder un vase...Et cette goutte n'est bien souvent qu'une gouttelette . Mais quelle inondation !
Ainsi bousculent des évènements anodins, ainsi basculent des vies. Ces moments de vie sont racontés avec une sensibilité très particulière et très riche. C'est un beau livre, pas passionnant, mais beau.

et bien voilà!

8 étoiles

Critique de Zoom (Bruxelles, Inscrite le 18 juillet 2001, 70 ans) - 16 décembre 2001

Je cherchais une idée de cadeau d'un auteur américain (pour moi) : j’avais noté ROTH, mais Jules est ici on ne peut plus convaincant et introduit même le suspens dans la critique. Super : merci Jules. Nous serons deux à le lire grâce à ta critique ! (je mets 4 étoiles en attendant de le lire)

Des histoires pour se faire aimer

9 étoiles

Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 15 décembre 2001

La mère de Russell Banks lui racontait qu'elle avait éconduit un acteur de cinéma des années quarante et qu'elle avait connu les personnages ayant inspiré "Peyton Place". Ses histoires étaient fausses. Si sa mère les inventait, c'était afin d'attirer l'attention de son fils car, pour Banks, la chose la plus difficile à dire à quelqu'un, c'est: "J'espère que vous m'aimerez sans raison particulière." " Son histoire, écrit aussi Banks dans son introduction, était une prière, comme toutes les bonnes histoires, mais elle est restée sans réponse. Celui à qui s'adressait la prière, pas moi, mais un ange sur le toit, n'écoutait pas."
Neuf nouvelles qui racontent des histoires touchantes d'humanité d'hommes et de femmes, pour la plupart entre deux âges, séparés, en manque d'une relation affective continue, d'un cocon familial, et qui n'ont plus guère à espérer pour la suite de leur vie que d'être acceptés pour ce qu'ils sont. Des émotions mal dégrossies, à fleur de peau, près de s'épancher, le plus souvent contrariées, refoulées par la vie comme elle va...
Un homme d'affaires en poste à l'étranger s'identifie à un pauvre diable jusqu'au point de frôler la mort. Une fille d'une trentaine d'années, accueillie par son père pour quelques jours, lui reproche de trop veiller sur elle, comme il a fait avec sa mère à elle. Sur le même thème, dans une autre nouvelle, c'est une mère qui regrette que son fils l'assiste dans sa vieillesse, agissant de la sorte avec elle comme son époux. Une vache qu'on a laissé échapper sera l'élément générateur de la séparation d'un couple. Un homme retrouve trente ans plus tard une femme avec qui il a connu une liaison alors qu'il était âgé de vingt et un ans et elle, de cinquante. "No‘l", le texte le plus bref est aussi le plus percutant; il raconte l'histoire d'un homme qui, en route pour le domicile de sa nouvelle compagne avec de nombreux cadeaux, reçoit, à la suite d'une malheureuse manoeuvre automobile, un coup de poing en pleine face et réalise que sa vie n'est qu'un ramassis de morceaux cassés. Dans "La soirée homard", une jeune fille confie au patron du restaurant qui l'emploie qu'elle a été frappée par la foudre; elle le tuera pour lui avoir révélé son secret. "Les plaines d'Abraham"" narre comment un homme, chargé de l'installation de la tuyauterie d'un hôpital, va, par erreur, entraîner le décès de son ex femme qui subit là une opération chirurgicale. Dans "Une visite", l'auteur reprend la parole pour nous confier, à l'occasion d'un retour au bar où son père l'emmena un soir avec l’interdiction d'en parler à sa mère, sa souffrance d'avoir perdu très tôt l'entourage conjoint d'un père et d'une mère.
Ce recueil constitue une excellente entrée en matière pour découvrir l'univers d'un des grands romanciers d'aujourd'hui.

Variations sur un même thème

7 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 3 juin 2001

La quarantaine, divorcé deux fois, porté sur l'alcool. Et puis quelque chose arrive; perte d'une vache, collision avec une voiture, ... et tout à coup il se rend compte qu'il est passé à coté de l'amour, qu'il est en train de rater sa vie.
Voila en gros ce que nous raconte (très bien) Russel Banks dans ces neuf nouvelles.
L'enthousiasme de Jules m'a fait acheter ce livre, je ne le regrette pas !

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  Mes excuses les plus sincères à Jules 2 Montgomery 2 décembre 2005 @ 09:32

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