Vers une aube radieuse de James Lee Burke

Vers une aube radieuse de James Lee Burke
( To the bright and shining sun)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Eireann 32, le 14 septembre 2005 (Lorient, Inscrit le 7 novembre 2004, 77 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 789ème position).
Visites : 6 048  (depuis Novembre 2007)

La vengeance est-elle un mal nécessaire ?

Un des premiers romans de Burke, plus de 15 ans avant la série des Robicheaux et qui a dû attendre 27 ans pour une traduction française.
Perry James vit dans une des régions les plus pauvres des Appalaches, dans le Kentucky, la mine est pratiquement le seul débouché pour un jeune comme lui. Mais c’est aussi une vie de misère, de lutte contre les compagnies de l’Est avec leurs hommes de main pour qui le meurtre n’est qu’une partie des méthodes d’intimidations. Les ouvriers syndiqués sont très mal vus, tabassés ou abattus, si nécessaire. Les mines en plein ciel ont ruiné toutes les terres cultivables, les compagnies logent les ouvriers, possèdent les seuls magasins, tenant les mineurs en quasi- dépendance. Sur les conseils de sa famille, Perry obtient une bourse, part étudier, il se montre brillant et souhaite devenir conducteur d’engins. Mais la vallée le rattrape, son père est grièvement blessé dans l’explosion criminelle de la salle de réunion du syndicat. Perry rentre chez lui, son retour ne plait pas à tout le monde. Son père meurt, les plus jeunes enfants sont retirés à la famille. Les mines sont en grève, Perry se fait livreur de whiskey de maïs de contrebande, mais les peines de prison sont lourdes et le jeu n’en vaut plus la chandelle. Restent les emplois journaliers à la mine, après une reprise du travail qui tournera à la confusion pour les travailleurs. Un soir, des voisins viennent chercher Perry, les trois hommes qui ont fait sauter la salle de réunion causant la mort de son père, sont prisonniers des mineurs ! ! ! ! !
Perry est un descendant de Franck James, mais il aimerait quitter ces mineurs rustres et sans avenir, l’école lui plait et il veut vivre en paix, mais est-ce possible ?
Un roman très noir, comme le charbon, comme les poumons et les crachats des mineurs, comme les âmes des habitants de cette vallée. Noire comme la terre de la région ou pratiquement plus rien ne pousse, sauf quelques congrégations religieuses plutôt loufoques.
Toujours une écriture très «Lyrique», des descriptions nombreuses et précises, mais qui n’alourdissent pas le texte. Et toujours cet amour de la nature et la dénonciation de l’action de l’humain contre cette même nature et contre lui-même et ses semblables également.

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Premier roman de James Lee Burke

9 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 5 décembre 2019

En 1970, James Lee Burke a 34 ans et il publie son premier roman Vers une aube radieuse, peut-être le seul (avec les recueils de nouvelles toutefois) qui ne soit pas purement un polar. Non, Vers une aube radieuse est plutôt un roman social, dans la veine d’un Les raisins de la colère, d’un très illustre prédécesseur, et qui décrit ici la condition des mineurs, travailleurs pauvres, dans les Appalaches (et plus précisément dans le Kentucky) dans les années 60-70.
James Lee Burke prend le biais de Perry James, très jeune homme de 16 ans, mais déjà écrasé par les responsabilités et la misère crasse dans ce coin paumé des Appalaches où le seul moyen de gagner (peu) d’argent est de descendre à la mine (et parfois n’en plus remonter). Son père est sur la touche (il a laissé sa santé dans la mine), il a des frères et sœurs plus jeunes, une mère qui se débrouille comme elle le peut. Ils doivent manger et … les USA ne sont pas précisément un Etat providence ! Pire, c’est un Etat gouverné avant tout par le profit, au mépris de toute humanité et où la frange de la loi est régulièrement piétinée. C’est un Etat violent, on le sait, et James Lee Burke ne se prive pas de nous le démontrer avec beaucoup de talent. Il n’a pas peur d’appeler un chat un chat et son style, plutôt flamboyant, en tout cas proche du lyrisme sitôt qu’il aborde les descriptions de la Nature, est déjà présent, tel que nous le retrouvons régulièrement avec bonheur dans tous les épisodes ultérieurs consacrés à Dave Robicheaux (et la Louisiane) ou Billy Bob Holland (et le Montana).
Il est étonnant pour cet auteur né au Texas et ayant essentiellement vécu entre Louisiane et Montana, que son premier roman ait pour cadre les Appalaches et le Kentucky ? Ca ne l’empêche pas de se montrer déjà grand amoureux des espaces américains.

»Le vallon où habitait Perry ressemblait à n’importe quel autre vallon de la chaîne du Cumberland. Un ruisseau déroulait ses méandres au sortir d’une faille dans la montagne sur son lit de galets lisses, et son cours grossissait des petits rus qui s’y jetaient, nés des sources sur les hauteurs des flancs de collines. Les parois du vallon s’élevaient droit jusque dans les nuages, avec leurs trous sombres à flanc, restes de l’époque où l’est du Kentucky était recouvert par une mer intérieure. Le long des pentes au-dessus du ruisseau s’élevaient de petits baraquements de trois pièces, la peinture vert et blanc cloquée en écailles, qui disposaient tous à l’identique d’un petit perron sous avant-toit à l’avant, d’une cheminée en pierre et d’un cabinet sur l’arrière, pareil à une boîte d’allumettes retournée. Le vallon était ce genre de lieu que le bureau de tourisme de l’Etat aurait volontiers photographié …/… n’était que de longues filées d’ordures s’étiraient depuis l’avant des baraquements sur la pente jusqu’au ruisseau, des carcasses de voitures – certaines retournées sur le toit et éventrées par le feu - …

L’Amérique dans toute sa splendeur … et sa déchéance parfois.
Le roman est violent (comme tous ceux de James Lee Burke) mais ne referme pas totalement la possibilité de l’espoir. Surtout, il ne referme pas l’actualité de la lutte si l’on veut s’en sortir dans ce pays.
Un beau personnage que ce Perry James et un bel écrivain que notre James Lee Burke !

mauvaise mine

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 21 septembre 2014

Un roman social, noir, très noir, qui place James Lee Burke au rang des grands auteurs (Jack London, John Steinbeck, Harper Lee,…) inspirés par la misère d’une classe populaire broyée par une oligarchie politico-financière sourde aux intérêts du plus grand nombre. Il décrit, avec une minutie naturaliste, la lente dérive de Perry James, jeune mineur des Appalaches sur qui repose, après la mort du père, la survie d’une famille au bord de la famine. Dans une société où le port d’une arme est considéré comme un acte honorable, la moindre étincelle peut faire d’un homme un tueur, surtout lorsqu’il a faim, et soif, l’alcool n’arrangeant rien, bien entendu. Ne cherchez pas un quelconque message d’espoir dans les trois cent et quelques pages de "Vers une aube radieuse", un titre à l’ironie bien amère. Ce roman, publié pour la première fois en 1970, avant que l’auteur ne se tourne définitivement vers le roman policier, nous prend aux tripes et nous plonge dans l’univers d’une Amérique largement ignorée des médias.

... et cela se passe encore de nos jours !

9 étoiles

Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 22 août 2008

Voilà un roman comme je les aime : une parfaite représentation d’un drame social décrit avec rigueur, maturité et dans un style impeccable !

Je ne reviendrai pas sur l’histoire du livre déjà commentée, mais je me permettrai un avis sur le ressenti éprouvé face à ces vies quelque peu gâchées : bon sang, dire que cela se passait ainsi dans les années 70, années qui m’ont vu naître ! Et tout au long du livre, cette même réflexion me trottait en tête, on parle de ce qui se passait il y a à peine une trentaine d’années, aux Etats-Unis ! Alors que ceux-ci avaient déjà envoyé un homme sur la lune, d’autres crevaient de faim, de peur, de maladie au fond du trou, dans des mines ! Diantre ! Oh, il n’y a point de naïveté de ma part, loin de là, mais je suis si bien entré dans ce roman qu’il en a pris une dimension de plus, une certaine forme d’intimité qui a magnifié les sensations perçues. Et cela est dû en grande partie, je suppose, au style parfaitement accompli de Burke.

Bref, vous l’aurez compris, si vous êtes comme moi allergique à l’eau de rose, en voilà la parfaite réfutation.

Quelle tête de mule, ce Perry !

8 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 4 août 2008

Perry n’a que 16 ans, mais doit déjà affronter des soucis d’adulte. La compagnie minière qui l’emploie sous-paie ses travailleurs et le syndicat lance une grève sans merci. Les deux camps sont responsables de bastonnades, d’explosions et de meurtres. Le livre s’ouvre d’ailleurs sur une de ces situations. Perry et trois acolytes sont sur le point de faire exploser une mine, ainsi que le garde qui la surveille (dégât collatéral d’après les trois autres). Des tracas bien lourds pour un adolescent au « bon fond »…

J’ai rarement vu quelqu’un avoir autant de chance dans son malheur : beaucoup de perches tendues, de bons conseils avisés, de gens bienveillants qui cherchent le bien de Perry et de sa famille. Par exemple, cette personne qui lui parle des Job Corps. Cette perche-là, il va la prendre et se retrouver en Caroline du Nord, enrôlé dans un programme organisé par l’Etat qui permet aux hommes de faire des études tout en apprenant un métier et en recevant un salaire. C’est là que l’intelligence de Perry va se manifester. Ile apprend vite, très vite. A lire et à écrire bien sûr, mais aussi à conduire des engins lourds (bulldozers, pelleteuses, …), à rester à l’écart des bagarres. Il ne rechigne pas devant l’effort, accepte les punitions lorsqu’elles sont justifiées.

Mais son bon sens connaît une limite : son entêtement. Qu’est-ce qu’il peut être « tiestû » ! Lorsqu’il a une idée en tête, rien ni personne ne peut l’en dissuader, pas même son père mourant. Car malheureusement, la route vers l’aube radieuse est encore longue… Perry est rappelé à la maison : l’école où quelques syndiqués s’étaient réunis a été dynamitée, blessant mortellement son papa. Il rentre par le premier avion et malgré le désaccord exprimé par son père dans son dernier souffle, quitte les Job Corps et se jure deux choses : régler leur compte aux trois meurtriers qui ont fait sauter l’école et faire vivre sa mère et ses frères et sœurs sur son salaire de mineur. Or, la mine est fermée… Il va de déconvenues en frustrations, assiste, révolté, au placement de ses trois plus jeunes frères et sœurs par l’assistance sociale. La colère, l’indignation montent encore de quelques degrés.

Une spirale vers le haut suivie d’une chute vertigineuse. Burke, à nouveau, brosse une personnalité multiple, qu’on admire à certains moments et à laquelle on a envie de botter le train à d’autres. Très belle écriture, qui plus est…

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