Elagage max... de Eric Dejaeger

Elagage max... de Eric Dejaeger

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Kinbote, le 12 mai 2001 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 987ème position).
Discussion(s) : 2 (Voir »)
Visites : 5 214  (depuis Novembre 2007)

Un pro du raccourci

Voici un livre réjouissant qui nous donne cent courts textes à lire au gré de notre fantaisie, par ordre d’apparition ou par thèmes.
Grande saga de la SF, Culture générale, Causeries à toute heure, Petit intermède biographique, Une
approche de la poésie... sans compter ceux qui ne ressortissent à aucun genre, électrons libres de l’atome fissif Dejaegerien. Cent court textes qui doivent beaucoup (mais pas tout bien sûr) à Brautigan (« L'imitateur ») ou Bukowski (« La plouze à B ») mais aussi à Sternberg qui, s’adressant à l’auteur dans une lettre ouverte en guise de préface, lui dit : «
Tu m’as immédiatement fait penser à un pro du raccourci, un virtuose de l'ellipse, un rechercheur, non pas des fioritures ou des arabesques, mais plus simplement de la chute finale, du choc imprévu ou même de gag brutal. »
Comment après une telle invitation rester de bois et ne pas se précipiter tête la première sur ce chemin de textes en prenant toutefois garde de ne pas faire comme ce conducteur de vaisseau spatial du livre qui va de manière brutale découvrir de quoi sont faits les confins de l’univers ? Car Dejaeger est un lanceur d’histoires. Comme il les lance vite et bien, elles viennent se planter brutalement dans sur notre crâne et on reste un moment avec la tête dans les étoiles à essayer de reconstituer l'accident de la chute. Des histoires ébauchées vite résolues, c’est la loi du genre.
Pour exemples : des amoureux éclair
vivant d’amour et d'eau fraîche comprennent que c'est le début de la f… quand lui l'invite au restaurant ; un écrivain amer qui rencontre
aux chiottes un éditeur
va le. plumer ; un écolo supprime les membres de son entourage afin d'éliminer toute source de pollution; un corps qui fait défaut a une tête pourtant bien faite;
le narrateur qui fait un usage singulier et irrésistible de la poésie contre la violence; un chercheur qu'on ne trouvera pas; le type qui veut se suicider et découvre au
moment où il veut se confier de son intention qu'il n’a pas d’amis.
La couverture du livre est illustrée d’un superbe dessin-collage de François Nedonema d'après Roland Topor. Je ne résiste pas à vous livrer enfin
un
texte intitulé : L'influence de Marcel Proust.
« Il ne vivait que pour les heures oubliées, les instants disparus, les souvenirs envolés et les grains de sable concassés au marteau-piqueur du sablier temporel. Il fut tellement absorbé par sa recherche du temps perdu qu’il ne pensa jamais à mourir. Chaque semaine, une femme de ménage venait prendre les poussières et les toiles d'araignée de son avenir. »
A lire d'un trait, comme on étanche sa soif.

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Un autre Sternberg...

9 étoiles

Critique de MOPP (, Inscrit le 20 mars 2005, 87 ans) - 18 mars 2006

L'avouer to de go : j'ai lu ce recueil de textes courts d'un seul trait et j'y ai pris grand plaisir...

Une petite merveille ! Le journalier présenté avec une sauce piquante (la vie en classe, par exemple le registre de présences, les copies d'examens, ...), la science fiction avec son inventeur hors du commun, les jeux de mots inattendus, les chutes aux effets surprenants...

Maintenant j'ai envie de relire tout cela à tête reposée pour analyser la technique employée et combien efficace...

Cela vaut bien "le génie de Platon" qui m'a bien amusé...

Un livre à ne pas rater !

Bien élagué

10 étoiles

Critique de Le Moucheron (, Inscrit le 18 août 2004, 70 ans) - 18 août 2004

Je devais, d'après ma femme, profiter de mon unique journée de repos pour élaguer ma haie de fusain.
Le mot "élaguer" produisit en moi une petite émotion, un petit trouble m'envahit soudain.
Dans ma réserve à outils, trônait le bouquin d' E. Dejaeger que je planquais précieusement entre mon paquet de clopes et mon pack de bières (moi qui ne buvais ni ne fumais plus).
Assis sur une caisse de bois renfermant ma collection d'ongles incarnés, je dégustais à petites "gorgées" ces Jivarosseries.
D'un trait!!!
Que du bonheur. J'aurais aimé noter les meilleurs, dire que celui-ci me plut d'avantage qu'un autre mais...
Il y en avait trop.
Et puis, je devais élaguer moi-même!

Forcément féroce

9 étoiles

Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 4 avril 2003

Si vous ne connaissez pas (encore) bien ce premier recueil de texte courts et son auteur, et dans l'attente du second, "Jivarosseries", à paraître chez le même éditeur, vous pourrez en savoir plus dans la dernière livraison de "Remue-Méninges". Voir avis dans "Votre opinion sur le site"
Un exemple:






Culture GSM (XIII) Privé de portable par ses parents suite à de catastrophiques résultats scolaires, il s'étrangla avec le fil du vieux fixe.

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