La salamandre de Jean-Christophe Rufin

La salamandre de Jean-Christophe Rufin

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Voyages et aventures

Critiqué par Raskolnikov, le 23 août 2005 (Versailles, Inscrit le 22 août 2005, 48 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 13 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 860ème position).
Visites : 10 123  (depuis Novembre 2007)

Une vie moins ordinaire

Bien plus q'un récit de voyage sur les rapports Nord Sud, la Salamandre est l'histoire d'une jeune femme qui abandonne sa petite vie de cadre pressée, rangée, de célibataire, pour vivre le grand Amour avec un jeune Brésilien qu'elle croit pouvoir sortir de la misère. L'enfer est pavé de bonnes intentions...
Jean-Christophe Rufin adopte un style dépouillé et efficace pour faire partager la lente et inéluctable chute de son héroïne. Une histoire qui met K.O. le lecteur non averti, qui sort aussi choqué que le spectateur de "Million dollar baby" qui croyait voir un simple film de boxe...

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Lente descente aux enfers

7 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 14 octobre 2022

Lecture rapide d’un roman où le malaise vous saisit rapidement. Il semblerait bien que tout ceci soit la version – romancée ? – d’une histoire vraie ainsi qu’expliqué par l’auteur dans « Avertissement » en tête de l’ouvrage :

»A Chaque séjour et sans nécessité, j’avais l’habitude de rendre visite au consul que la France entretient, Dieu sait pourquoi, à Recife. Il m’avait une fois tiré d’un mauvais pas et nous en avions gardé cette amitié.
Cette année-là, je trouvai ce brave homme livide et bouleversé. Peu avant mon arrivée, il s’était occupé d’une Française dont il me raconta l’affaire en quelques mots.
…/…
De ce jour, je décidai de tout savoir sur cette femme. Je visitai les lieux de son séjour, je retrouvai les acteurs de sa vie. Finalement, je reculai devant l’épreuve de la rencontrer elle-même. J’avais sans doute endossé à ce point la tunique de son existence qu’elle ne me paraissait plus être celle de quiconque mais seulement la mienne.
De cette obsession est né le roman qu’on va lire. »


Recife, Brésil, donc. Catherine, une Française qui s’est hissée à force de volonté et d’abnégation à un poste de secrétaire bien au-dessus de sa condition initiale, fait, un peu par hasard, parce qu’il faut solder des congés, un voyage au Brésil, à Recife, invitée qu’elle est par un couple d’amis récemment installés là-bas. Très vite la mécanique du roman – je n’ose parler d’engrenage – va se mettre en place puisqu’elle va rencontrer sur la plage, alors qu’elle est livrée à un désoeuvrement inhabituel pour elle, Gilberto, un « apollon » tendance gigolo qui va « l’hypnotiser » et la rendre follement (c’est le mot !) amoureuse.
Amoureuse au point de renoncer à toute raison et de se livrer, de tout livrer, à un être sans scrupules. Le malaise du lecteur s’accroit de page en page, qui se demande jusqu’où tout ceci peut bien aller. Jusqu’où ? Je ne vous le dirai pas, lisez ce court ouvrage qui a du mal à vous tomber des mains mais qui est plutôt dérangeant.
Histoire vraie est-il dit. Une histoire qui ne fait pas envie !

Sentiment mitigé

6 étoiles

Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 22 février 2022

Difficile de commenter objectivement ce roman au dénouement tragique.
Rufin écrit bien, la lecture est aisée et son personnage central, Catherine, est bien amené. Et pourtant mon sentiment est assez mitigé. Ce ressenti est sans aucun doute dû au sentiment de malaise qui s’empare de nous au fur et à mesure de l’avancée de cette histoire dont l’on devine l’issue épouvantable.
Je dois avouer avoir eu à plusieurs reprises l’impression de lire Zweig mais dans un environnement plus contemporain. Il y a clairement un je ne sais quoi du célèbre auteur autrichien dans ce roman, notamment dans la puissance des sentiments retranscrits et le drame en préparation.
Une lecture dure, notamment dans son dénouement mais un roman qui vaut le coup de s'y attarder.

soleil trompeur

8 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 8 janvier 2019

Une lente descente aux enfers sous le soleil du Brésil, une passion mortelle digne d'un Stefan Zweig, tel est le sujet de ce roman flamboyant, d'un style raffiné n'hésitant pas à employer des mots rares. L'écriture de Jean-Christophe Rufin s'est épurée dans ses romans ultérieurs, mais celui-ci reste dans une veine très littéraire, avec des effets de style qui peuvent dérouter le lecteur lambda. Le destin funeste de cette femme, qui a fait le choix de la solitude et de l'ardeur au travail après une jeunesse tumultueuse, nous émeut au plus profond de nous-mêmes. Sa plongée brutale dans l'univers tropical, propice à l'éveil des sens, va réveiller en elle des pulsions savamment enfouies, et bousculer toutes ses résolutions. Ce qui commence par une simple romance va rapidement se transformer en un long cri de souffrance dès lors que la folie l'emporte sur la raison. Un roman étrange, que l'on aura bien du mal à oublier tant le sujet dérange. Et si cette folie nous habitait un jour ?

Voyage au bout de la passion

7 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 13 août 2014

Je me suis vite demandé dans quel genre de roman je m’étais embarquée ……Un roman de gare ? avec une love-story sur fond de carte postale entre une célibataire occidentale et un beau et jeune mulâtre? J’ai continué par curiosité et poussée par le souvenir des précédents ouvrages de JC Rufin. Qu’allait-il faire de cette histoire où se conjuguaient le « sea, sex and sun » chanté par Gainsbourg ?

L’intérêt est arrivé ensuite lorsque « ce lieu de folles délices » est devenu « un lieu de tragédie », lorsque Eros s’est mêlé à Thanatos, que la dialectique maître/esclave s’est renversée, que la passion est devenue torture acceptée et que la romance s’est insensiblement mais irrésistiblement transformée en récit dantesque d’une descente aux enfers. « Une part d'elle-même se révoltait mais faiblement, tandis qu'une autre se troublait à éprouver le plaisir que lui causaient ces humiliations. Peut-être étaient-elles simplement la forme nouvelle et inédite d'une mutuelle passion. Dans cette "caméra obscura" du corps soumis, la violence s'imprime à l'envers, comme l'image d'une attention, d'un désir, comme la certitude photographiquement révélée d'une présence et d'un sentiment. »

Ce roman m’est apparu comme une sorte d’étude de cas, celui de Catherine, personnage réel duquel Rufin, qui avoue avoir « endossé la tunique de son existence » a pris le temps d’expliquer le passé. Après le premier esclavage dans « des bureaux tristes », elle accepte celui d’une passion qui lui fait « porter sa vie et sa volonté aux pieds d’un être ». Il en fait une héroïne de tragédie, qui consciente de son asservissement à l’être aimé, s’y livre, et fait de sa vie un destin auquel elle s’abandonne. Elle est alors « la salamandre », celle qui détient « la faculté de pouvoir séjourner et se nourrir du feu », et d’en démontrer la fécondité, comme le signale la phrase en exergue présentant la valeur symbolique de l’animal en héraldique.

C’est grâce cette dimension, grâce aussi à la connaissance intime qu’a Rufin du Brésil et qui lui permet d’en restituer l’atmosphère pleine de sensualité que j’ai pu poursuivre la lecture du roman sans regret, mais non sans un certain malaise.

l'amour jusqu'à la destruction

8 étoiles

Critique de Prince jean (PARIS, Inscrit le 10 février 2006, 51 ans) - 14 septembre 2010

Magnifique roman, parfois difficile à supporter , mais coloré et très agréable à lire.
captivant, le lecteur est tendu en permanence sur l'évènement à venir.
en revanche, la fin n'est pas triste, cette femme trouvera la paix et sa 'place' dans cette société brésilienne où 'tout à un prix'.

bref, les pages les plus angoissantes sont celles où l'auteur parle du quotidien parisien de cette femme (métro boulot dodo)

il y a quasi une image christique , comme dans l' idiot de Dostoïevski, chez cette femme. Une acceptation de la déchéance (selon nos yeux occidentaux) afin de pouvoir 'renaitre'.

Splendide

10 étoiles

Critique de Campanule (Orp-Le-Grand, Inscrite le 10 octobre 2007, 62 ans) - 5 février 2009

Je suis encore toute retournée après avoir lu ce livre. Jusqu'où l'Amour peut-il nous pousser? Evidemment, ici, c'est l'extrême et d'ailleurs les grandes féministes détesteront ce livre. Catherine veut tout de l'amour même jusqu'à la mort et la déchéance si nécessaire. Mais finalement y-a-t-elle perdu quelque chose ou enfin gagné ce qu'elle recherchait tant?

Une humanité

10 étoiles

Critique de Diamants sur canapé (, Inscrit le 1 février 2009, 53 ans) - 1 février 2009

Bien plus qu'un récit de voyage, ce petit livre très très bien écrit semble incarner nombres de lignes d'un chemin de découvertes de l'autre et des autres.
D'abord, un homme qui écrit l'histoire d'une femme, une femme sans mari et sans enfant, qui s'est donc amendé de différentes attaches ou n'a pas pu les construire puisque son passé ne lui en a pas offert l'opportunité

Puis une femme qui va se découvrir, se transcender vraiment parce qu'elle perdra tout, possessions et image de soi.

Et enfin une histoire qui nous montre les belles plages du Brésil et sans nous les montrer, augure d'un autre envers du décor.

Inspiré d’une histoire vraie

9 étoiles

Critique de Gabri (, Inscrite le 28 juillet 2006, 38 ans) - 2 août 2007

L’action débute dans un avion, alors que Catherine s’apprête à quitter sa vie monotone pour aller passer un mois au Brésil...En bonne voyageuse, la magie a opéré pour moi dès la toute première page; je me suis laissée embarquer dans l’ambiance fébrile de l’aéroport, des préoccupations de dernière minute et surtout, de l’attente et de la hâte d’arriver dans un pays inconnu.

L’arrivée de Catherine au Brésil n’a fait que me charmer encore davantage; en effet, la plume de Jean-Christophe Rufin nous fait pratiquement entendre le bruit des vagues et sentir l’odeur de la mer… Je me suis délecté de chacune de ces descriptions qui m’ont presque donné l’impression de me trouver au Brésil aux côtés des personnages ! Bien entendu, tout cela ne se veut que le fond d’une histoire somme toute assez tordue, mais je pense que ces détails à eux-seuls valent déjà le détour.

Quant à l’histoire, elle devient certainement un peu glauque à un moment donné, mais contrairement à d’autres, cela ne m’a pas déplu. À mon avis, il n’y a rien de gratuit ou d’injustifié dans le livre ; je pense qu’il y a matière à réflexion et à interprétation derrière toute l’histoire en général, et il serait bien dommage de ne s’arrêter qu’à la brutalité de certains passages.

Par ailleurs, avant d’entamer ce livre, je dois avouer que je craignais un peu de me retrouver devant un roman ethnocentriste destiné à être refermé sur une mauvaise impression du tiers-monde. Or, il n’en est rien et j’ai été très agréablement surprise par ce petit récit qui a été mon premier Rufin, mais assurément pas le dernier.

Il ne faut pas jouer avec le feu

6 étoiles

Critique de Alize (, Inscrite le 17 mars 2006, 54 ans) - 18 mars 2006

Ce roman, basé sur des faits réels, est très dur. Il montre comment Catherine, qui cherchait un simple amour de vacances s'est fait prendre à son propre piège, pensant acheter l'amour du jeune brésilien.

Au delà de la différence culturelle, il démontre aussi quels sont les dégâts quand on s'acharne sur un amour impossible en voulant l'acheter (les dégâts sont ici poussés à l'extrême).

Catherine se prendrait-elle pour une salamandre alors qu' elle y a perdu sa vie, son argent, son honneur ? on a du mal à comprendre comment une femme peut accepter tout cela.


Illusion... quand tu nous tiens.

6 étoiles

Critique de Alphabétix (, Inscrit(e) le 16 mars 2006, - ans) - 16 mars 2006

Catherine est française et célibataire et du haut de ses 46 ans, sa vie ressemble à celle d’une bête de somme : imperturbable et toute tracée... jusqu’au jour où, sur un coup de tête, elle décide de partir au Brésil pour y passer un mois de vacances.

Le Brésil : un nom évocateur de fête, de soleil, de rires et de sexe facile, un piège dans lequel Catherine va tomber avec volupté. Mais la volupté n'aura qu'un temps, une cruelle réalité reprendra vite ses droits.

Un regard doux-amer sur le parcours d'une femme qui sait très bien le lourd prix qu'elle aura à payer pour cet illusoire amour de vacances qu'elle tente d'étirer au-delà de la limite.

Tout sauf l'indifférence

4 étoiles

Critique de Alexandra.C (METZ, Inscrite le 5 janvier 2006, 47 ans) - 7 janvier 2006

Rien, rien ne laissait envisager le choc que j'allais subir à la lecture de ce roman. Rien, ni sur la première de couverture ni sur la quatrième. Un roman sentimental teinté d'exotisme ? Au début, notre attente est comblée, le style épuré et le récit conforme aux ressorts du genre romanesque. Puis, tout à coup, l'héroïne tombe dans les affres de la passion destructrice ; le lecteur est agressé, violenté tout comme l'est Catherine - sans qu'il y ait pour autant identification.
Cette lecture, qu'on ait apprécié ou non l'histoire, ne laisse pas indifférent(e). Pour ma part, ce fut la colère... colère contre ce personnage aussi peu clairvoyant... colère contre l'auteur qui, selon moi, a "mis en scène" la passion amoureuse d'une femme... avec un regard d'homme !

Très dure

7 étoiles

Critique de LesieG (CANTARON, Inscrite le 20 avril 2005, 58 ans) - 24 août 2005

C'est vrai que c'est un très bon roman, mais j'ai vraiment eu beaucoup de mal à adhérer à l'histoire.

Ce n'est pas une chute de l'héroine, c'est carrément la déchéance. Je pensais avoir l'esprit large, mais là je n'ai absolument pas compris comment on pouvait en arriver à ce point.

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