Cavalier, passe ton chemin ! de Michel Déon

Cavalier, passe ton chemin ! de Michel Déon

Catégorie(s) : Littérature => Voyages et aventures , Littérature => Francophone

Critiqué par Sahkti, le 18 août 2005 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 9 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (15 283ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
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Bien-aimée Irlande

Sous ce titre-hommage à Yeats, Michel Déon dépose ses plus belles impression irlandaises. Amoureux du pays depuis plus de quarante ans, il voulait lui rendre hommage, mais qui peut prétendre arriver à cela? Personne ne connaît vraiment l'Irlande...

"L'Irlande existe peut-être... En vérité, on n'en sait rien. La dire imaginaire n'est pas faux non plus. Elle a trop bien joué de ses légendes et de son héroïque et désastreux passé. Entre les illusions et la réalité, la marge est à peine perceptible. Parce que l'Irlande parle d'abondance, le mieux est de l'écouter. Qui croire? Tout le monde sans doute. C'est bien plus simple. Les temps modernes n'ont pas encore fait taire les conteurs et les rêveurs, mais qu'on ne s'y trompe pas : l'imagination est au pouvoir. Quand un peuple en est aussi généreusement pourvu, il est assuré de survivre à toutes les tyrannies et un jour, de se retrouver en pleine lumière, au cœur de tous les dangers." (Michel Déon)

Plutôt qu'évoquer les clichés habituels sur l'Irlande, ses paysages, sa bière et le caractère de ses habitants; plutôt que noircir les pages de souvenirs de vacances ou de vie passée sur l'île, Michel Déon préfère offrir son territoire à ceux qui composent le pays. Des rencontres, des portraits, des petits histoires, des destins qui défilent sous nos yeux et rendent le récit très attachant, sensible et humain. Chaque ligne déborde de l'amour que Déon porte à la terre irlandaise, ça sent bon, c'est beau. Un brin romanesque peut-être, mais tellement en phase avec l'impression envoûtante laissée par l'Irlande à tout qui y pose un jour ou l'autre ses valises, pour un jour ou pour toujours. Un magnifique hommage.

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Les éditions

  • Cavalier, passe ton chemin ! [Texte imprimé], pages irlandaises Michel Déon,...
    de Déon, Michel
    Gallimard / Blanche
    ISBN : 9782070774685 ; 16,75 € ; 13/05/2005 ; 203 p. ; Broché
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Une magnifique excursion irlandaise

10 étoiles

Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 26 septembre 2008

Comme j'ai aimé cette lecture ! Encore une fois, le grand Michel Déon m'a charmée avec sa si belle plume. Ce voyage en Irlande est un véritable enchantement.

Michel Déon nous trace le portrait de plusieurs personnages qu'il a rencontrés dans ce beau pays. Certains sont admirables et d'autres moins. J'ai particulièrment aimé Lady H., cette vieille aristocrate de près de quatre-vingt ans qui monte encore à cheval ainsi que la grande Sarah, une itinérante à la tête fêlée qui se fait elle-même la conversation. Le couple Barnett, Liam le promeneur solitaire, Seamus et Moira Murphy les touristes australiens, le poète qui n'écrit rien mais en a l'intention, le vieux facteur Tim et plusieurs autres. Le dernier et non le moindre est l'écrivain John McGahern dont Michel Déon parle abondamment de son livre sublime "Pour qu'ils soient face au soleil levant" que j'ai lu grâce à Eirann.

Et que dire des lieux visités : Kilcogan Castle, Kinvarra, Castel Colgan (une ancienne retraite de moniales), les falaises de granit du Burren, la baie de Galway, Killinadeema, Thoor Ballylee (une ancienne demeure de Yeats), Coole House (la demeure de lady Gregory une amie de Yeats), Coole Park, Benbulben etc...

C'est un livre magnifique et très humain comme je les aime. J'ai pris beaucoup de notes. Le dernier chapitre mettant en scène Saint Brendan est absolument savoureux. Un régal de lecture pour qui aime Michel Déon et l'Irlande.

Entre tradition et modernité

6 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 22 juillet 2008

Le titre de l’ouvrage de Déon est le dernier vers que Yeats écrivit avant de mourir. Déon a voulu ainsi rendre hommage à ce grand poète qui passa une partie de sa vie dans la région de Galway, là où lui va souvent en vacances. Il a adopté cette région, et elle aussi l’a adopté, et quand il doit rendre un ouvrage à son éditeur, c’est vers cette région d’adoption qu’il tourne sa plume pour camper le portrait de ces Irlandais, vestiges de l’époque où Yeats hantait les lieux, derniers survivants d’une Irlande essentiellement rurale et religieuse, hantés par les légendes et les superstitions les plus diverses. C’est le genre de facilité que les auteurs reconnus peuvent se permettre pour entretenir leur notoriété et satisfaire leur éditeur sans faire de grands efforts d’imagination et de créativité. Mais un écrivain qui partage un plat d’huîtres arrosé de Muscadet avec le grand John McGahern ne peut pas être un trop mauvais écrivain, celui-ci ne l’aurait pas toléré.

C’est un ouvrage bien écrit avec peut-être un brin de pédantisme et d’emphase, sans effort d’imagination particulier, mais où les personnages sont bien campés et bien vivants. Un ouvrage qui se lit sans intérêt particulier pour qui n’est jamais allé en vacances du côté de Galway mais qui vaut tout de même un brin d’attention pour les pages consacrés à Yeats et à McGahern. Un livre en hommage à L’Irlande, pays « écartelé entre un monde figé dans ses traditions et un monde en plein éveil » qui subit de profondes transformations depuis son entrée dans l’Union européenne avec tous les risques que cela comporte. « Ô mes enfants, qu’êtes-vous en train de faire d’un des plus poétiques pays d’Europe ? »

Chiche...

4 étoiles

Critique de Mallollo (, Inscrite le 16 janvier 2006, 42 ans) - 21 juillet 2008

Attention Monsieur Déon, je vais vous prendre au mot! Et passer mon chemin vite fait, sans m'attarder...

Bon, j'avais déjà tenté l'aventure il y a quelques années, en tombant sur "Je vous écrit d'Italie" dans une bouquinerie. Mouais. Je suis rarement restée coincée avant la page 30, mais je ne pense pas avoir été aussi loin dans cette lecture à l'époque.

Je suis donc partie avec ce handicap de l'a priori, mais pleine de bonne volonté, celle de l'oubli et de l'ardoise qu'on remet à neuf. Pas pour très longtemps malheureusement.
Dans les premiers chapitres, j'ai été très irritée de lire ce que Ce Grand Monsieur racontait de Sa Vie. Dans le fond, rien de fort intéressant, une écriture pas suffisamment éclatante pour combler le vide du fond.
Et finalement, je me suis prise un peu au jeu: les personnages typés, les anecdotes, les descriptions de cette ambiance irlandaise si particulière... j'ai fini par terminer le livre.

Je n'en garde pas un souvenir mémorable, mais j'ai lu un Michel Déon en entier, c'était une expérience à tenter!

Horseman, pass by !

6 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 24 juin 2008

« L’émotion est à l’air libre dans ce cimetière modeste, avec peu de tombes dont plusieurs sont envahies par les mauvaises herbes ou le lierre qui a, dans toute l’Irlande, une voracité effrayante, étouffant les arbres, envahissant les maisons, recouvrant les dalles et même les forçant de ses griffes, les soulevant jusqu’à découvrir une sépulture vide où tout n’est plus que poussière. Il est là, lui, à gauche en entrant, sans autre signe qu’une stèle de grès noir dont tout Irlandais connait l’épitaphe :
« Cast a cold Eye
On Life, on Death,
Horseman, pass by ! »
et son nom avec les deux dates qui ouvrent et ferment son passage en ce monde : 13 juin 1869 – 22 janvier 1939 : « Regarde froidement – La vie, la mort, - Cavalier, passe ton chemin ! » Ce sont les trois derniers vers du dernier poème écrit en France au Cap-Martin, à peine quatre mois avant qu’il s’éteigne. »

Lui, c’est Yeats. Sa tombe, c’est près de Sligo, plein nord-nord-ouest. Cet essai – comment nommer un tel ouvrage ? – a été écrit en 2005 par un Déon qui vit en Irlande et qui nous fait partager des moments, des émotions, des fragments de vie. Et voici justement ce qu’il dit, en 2005 :

« La prospérité s’est abattue sur l’Irlande comme la pédophilie sur le bas clergé. Yeats reconnaîtrait-il son Sligo ? »

Tout à fait juste et étonnant. Un effet pervers de l’intégration européenne, susceptible de modifier en profondeur paysages et âme d’un pays.
Douze petits chapitres, douze états d’âme, petites aventures, contacts noués qui déclenchent l’envie de nous raconter sa perception de l’Irlande chez Michel Déon. On comprend que tout n‘est pas perdu, que les « leprechauns », voire les sorcières, ont encore droit de cité. Même si, comme il nous le glisse à un moment, on commence à noter une progression de l’obésité chez ce peuple aussi. L’Irlande s’ajuste, l’Irlande se « normalise » … Il n’y aura plus beaucoup de Derek et Pat T., de Lady H. …
Tout n‘est tout de même pas perdu. Et Michel Déon, dans une belle langue, qui fait passer de la poésie et un peu de la folie irlandaise dans ses écrits, nous fait sentir un peu de son amour pour l’île et ses îliens, pour son anachronisme et ses “possibles” inconcevables ailleurs.

il est passé par ici, il repassera par là

7 étoiles

Critique de Bertrand-môgendre (ici et là, Inscrit le 9 mars 2006, 69 ans) - 25 avril 2008

L'Irlande au centre d'un roman de Déon ne peut être la même Irlande que celle de Chalandon. Nous avons des idées reçues qu'il suffit à l'auteur de confirmer : les habitants sont en majorité roux, les rivières ont la couleur Guinness ou d'infirmer : l'Irlande est le pays de l'arnaque.

Il établit le constat de la décrépitude des aristocrates,
Déon n'a certes pas le talent de du Boucheron pour décrire les chasses à courre, mais il capte l'âme d'un pays comme aucun autre français n'a pu réussir à comprendre.


Sur un air de balade irlandaise, l'auteur passe de la nostalgie de ce passé inscrit sur les pierres de ce pays, à une vision réaliste des habitants actuels.
Sa galerie de portraits, accroche ses personnages sur le mur de son histoire : les vieux aristos, Derek et sa femme, lady H, Tim le facteur, Pat-Jo le bâtisseur de murs en pierre, Ulik le ventriloque avocat boxeur, la grande Sarah dernière reine du temps des Gaëls, Ciaron l'évadé, Liam de la communauté des marcheurs de l'invisible lenteur, le marcheur poète qui ne cesse de rassembler ses bouts de morceaux de poèmes de sa vie.

Déon passe un moment sur les pas de Yeats dont une partie de l'épitaphe donne le titre à ce roman.
J'ai appris qu'ils disent d'un disparu “il est passé”, au lieu de dire qu'”il est mort”.
Déon raconte les personnages, leur rencontre, leur disparition.

Déon serait-il vraiment devenu immortel ?

Horseman, pass by

6 étoiles

Critique de Soleada (, Inscrite le 21 janvier 2007, 35 ans) - 12 mars 2008

Je ne connais pas l'Irlande, j'ai une vague image d'un pays vert, et pluvieux, rien de passionnant. Michel Déon grâce à sa plume et à ses expériences, rend ce pays mystérieux et un brin amusant. On y découvre ces chatelains qui n'en sont plus vraiment, des légendes rocambolesques, des paysages et des habitants Irlandais, pas tous roux.
C'est un livre à lire avec gourmandise, son intérêt est dans la beauté des mots, et des belles phrases.

The wearing of the green

7 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 15 février 2008

Je ne partage pas le même engouement que Déon pour l’île d’émeraude. Ceci ne me rend imperméable à sa passion contagieuse pour cette terre d’adoption. Si la tentation est grande de classer ce livre dans la catégorie récit de voyage, je ne le ferais pas, car l’auteur parle en somme très peu des perles du pays. De même, il ne s’adresse pas au lecteur néophyte. Les nombreuses références à la culture locale sont celles d’un érudit qui veut partager la sève d’un peuple, pas les principales attractions du territoire.

Ce sont des irlandais qu’il est question. De leur cœur, leur fierté et leur attachement à un pays qui n’a pas toujours été clément. Dans les portraits d’hommes simples, faillibles ou d’un monument comme le poète Yeats, l’écrivain est au sommet de sa forme. Il fait surgir la bruine, peint des visages, évoque la jovialité ou rend hommage avec un tranchant admirable et un respect absolu. Une plume plus belle que son sujet.

Lecteur, arrête toi

8 étoiles

Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 9 octobre 2006

Ces pages irlandaises sont essentiellement le récit de rencontres comme Michel Déon les aime : inattendues, parfois poétiques, suscitant toujours la curiosité, parfois amusée, de l’auteur, souvent empreintes d’une grande humanité, imaginées quelquefois ou recréées par le talent de l’écrivain. Michel Déon n’est pas ici seulement le grand romancier que l’on sait, c’est avant tout un superbe écrivain, éminemment français avec cette gourmandise des mots, cette vigueur du style et cet amour de la langue.

Il y a, comme toujours chez lui, une pointe de dandysme dans cette histoire dramatique et tellement élégante de Pat et Derek ; un humour souvent attachant qui éclaire le récit de l’enterrement de Father Campbell ; une grande humanité pour parler de Pat-Jo ; une poésie sous-jacente dans l’évocation de cette terre, de ce climat, de cette lumière et de ces paysages d’Irlande.

Bien sûr le romanesque y a sa part et toutes ces histoires racontées par un autre n’en auraient ni la saveur ni la beauté. Ainsi de cette « routière » qui a perdu ses six enfants et marche sans fin, imaginant des dialogues irréels pour empêcher la vraie folie de l’anéantir. J’aime ces rencontres avec cet écrivain irlandais, Ulick, hâbleur et excessif, colérique et courtois, égocentrique et ventriloque. Je dois toutefois reconnaître avoir moins apprécié le long passage sur Yeats, poète du début du vingtième siècle et dont un vers donne le titre au livre.

Et comme toujours chez Déon, il y a les chevaux, les chiens, les promenades dans les marais, les livres, les femmes belles et racées.

Ces pages sont une déclaration d’amour à un pays où l’auteur vit depuis plus de trente cinq ans, amour pour un peuple dont les traits caractéristiques risquent de s’évaporer dans l’Europe des règlements, des marchands et de l’uniformité bureaucratique. Mais Déon y met un bout d’espoir en évoquant cette « parole intérieure qui permet d’être soi-même et tous les autres. »

Ce livre appartient à la catégorie de ceux qu’on ne referme jamais tout à fait tant il est savoureux de le rouvrir de ci, de là, le temps de relire quelques pages au hasard, le temps d’un enchantement.

Si l’Irlande n’existe plus, je l’ai rencontrée avec Michel Déon.

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  Thoor Ballylee 2 Dirlandaise 27 septembre 2008 @ 08:08

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