Le chant du bouc de Dermot Healy

Le chant du bouc de Dermot Healy
( A goat's song)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Eireann 32, le 15 août 2005 (Lorient, Inscrit le 7 novembre 2004, 76 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 718ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 3 778  (depuis Novembre 2007)

«On vieillira ensemble et l’on ne boira plus*»

Première œuvre traduite en français de cet auteur irlandais, souvent primé dans son pays. C’est l’un des romans les plus réussis et les plus prenants de la littérature irlandaise contemporaine. Un livre âpre, dur et sans concessions.
Nous sommes dans le comté de Mayo, sur la côte ouest de l’Irlande, le climat est rude et la vie difficile. Dans cette saga familiale qui s’imbrique dans l’histoire de l’Irlande, nous suivons les amours déchirés et excessifs de Jack et Catherine, puis nous rencontrons les parents de celle-ci, lui Jonathan Adams, protestant du Nord, elle, Maisie, élevée dans le sud païen selon son mari. La demande en mariage de Jonathan explique la complexité du couple Adams et le manque de compréhension entre les communautés :
-Accepteriez-vous d’être un jour enterrée avec les miens ? lui demanda t-il.
Jonathan est un personnage rigoureux et austère, n’ayant pas pu rester pasteur, et il s’est engagé dans la police d’Irlande du Nord. La famille réside dans le comté de Fernamagh, près de la frontière, place forte de l’IRA. Il passera hélas à la postérité en étant filmé tabassant un manifestant à terre pendant des émeutes à Derry en 1968.
-Et, parce que quelqu’un lui avait fait tomber sa casquette, Jonathan Adams avait déclenché une guerre.
Triste retour des choses, il sera désavoué par sa hiérarchie. Pour sa retraite il s’exilera dans le Sud haï, et il essaiera d’apprendre le gaélique, tout en cachant ses fonctions passées.
Jack lui est dramaturge, ses pièces sont jouées à Dublin mais sa relation amoureuse avec Catherine lui fait perdre une partie de la raison, aidée en cela par une consommation d’alcool, elle aussi excessive. Une courte période, ils vivront à Belfast, ce qui ne sera pas une bonne chose pour leur vie, couple mixte dans un quartier protestant. Il rentrera dans le Mayo, tentera d’écrire tout en travaillant sur des chalutiers.
Catherine est actrice, elle réside à Dublin et sa fidélité n’est pas à toute épreuve, sorte de revanche sur une éducation trop stricte. Elle court après la gloire de sa sœur Sara qui joue dans un feuilleton à succès, elle boit beaucoup, fréquente le monde du cinéma. Leur vie est chaotique, tout les oppose, mais ils s’accrochent l’un à l’autre, se disputent avec une violence verbale quotidienne, se quittent et se retrouvent pour des ébats très arrosés.
Les problèmes des relations humaines et entre hommes et femmes servent de trame à l’intrigue. Tous les maux de l’Irlande de cette époque sont abordés : église, police et sexualité brimée, ainsi que les conflits politiques et religieux.
Tous ces personnages sont désabusés, comme cet ex-soldat britannique vendant des disques d’occasion à Belfast ou l’ancien membre de l’IRA devenu pêcheur en République. Ils ont perdu leurs idéaux, leurs convictions et leurs rêves et semblent voués à la solitude.
Un dialogue résume la situation de tous les habitants de l’Irlande :
-J’aimerais connaître tous ces gens, dit Jack. Je partage cette île avec eux.
-Oui, mais eux, ils n’ont pas trop l’intention de la partager avec toi, répliqua Catherine froidement. Ne l’oublie pas.
A lire.
* Phrase d’une lettre de Catherine à Jack

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Un coup de pied à l'âme.

9 étoiles

Critique de Spirit (Ploudaniel/BRETAGNE, Inscrit le 1 février 2005, 63 ans) - 29 septembre 2005

Dermot Healy nous donne là un livre magnifique où il dépeint les situations avec une justesse troublante. L’univers dans lequel évoluent les personnage est dur et beaucoup moins simpliste que ne nous le montrent les médias ou les agences de tourismes.
En plus des problèmes affectifs de deux êtres qui se détruisent mutuellement puis se reconstruisent, il nous livre les problèmes de la société Irlandaise tels qu’ils sont ; avec toutes les rancœurs et les haines accumulées au fil des siècles.
Les descriptions sont sans complaisances notamment les scènes de soûleries ou l’on sent le vécu.
Le racisme latent n’a pas pour seule cause la religion, ce n’est qu’un prétexte auquel se rattachent les gens conditionnés chacun dans une éducation entièrement portée par la haine de l’autre conditionnés par des années de gouvernance inconsidérée.
On ressort de cette lecture avec les personnages en tête et même près de soi, l’on vit encore un moment avec eux.

J’ai eu l’occasion de voir Dermot Healy il a bien le physique de son livre.
Je ne comprend pas qu’il ait fallu attendre huit ans pour la traduction, qu’il n’y ait pas encore de version de poche et que ce soit encore le seul livre en Français de Dermot Healy.

Mon épouse qui lit l’anglais vas pouvoir lire « The bend for home » (merci à toi mon ami Eireann ) pour ma part je ne pourrai que continuer à baver d’envie devant la couverture.

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  Rencontre avec Dermot Healy et Leland Bardwell 4 Spirit 26 avril 2010 @ 00:00

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