Les naufragés du Batavia : Suivi de Prosper de Simon Leys
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire , Littérature => Romans historiques
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1629, 1960, la mer
75 pages pour nous résumer l’histoire du Batavia, navire de la Compagnie des Indes Orientales qui s’échoue sur des récifs au large de l’Australie en 1629. Un leader « charismatique » et psychopathe entreprend alors de massacrer systématiquement la plus grande partie des survivants. Ce n’est pas inintéressant bien sûr, mais l’auteur en profite surtout pour nous conseiller la lecture d’un ouvrage complet sur la question, celui de Mike Dash, « l’Archipel des hérétiques ». A noter que la 4 de couverture nous dit ceci que je tiens pour une imbécillité de 4e de couverture : « Ne pourrait-on voir dans ce massacre un microcosme des horreurs engendrées à notre époque par les idéologies délirantes qui promettent le paradis sur terre ? ». Délire pour délire…
Les cinquante pages qui suivent sont le récit d’une pêche au thon sur un des derniers voiliers breton. On est environ en 1960 et le récit a encore pourtant des accents à la Pierre Loti. Comme quoi, l’eau salée, ça conserve… de thon.
Bref, un petit livre sympathique mais pas forcément indispensable. Même si on y trouve des notations amusantes comme celle-ci qui est un commentaire sur l’alcoolisme des gens de mer bretons (c’est l’auteur qui le dit, moi je demande pardon aux bretons du site qui ne sont absolument pas visés, eux dont nous apprécions tous la sobriété… du propos) : « Pour que je vienne trinquer avec eux, ils m’extraient de ma ‘cabane’ avec cette opiniâtreté que mettent toujours les ivrognes à éliminer tout vestige de sobriété qui pourrait encore subsister dans un certain rayon autour d’eux ».
Les éditions
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Les naufragés du "Batavia" [Texte imprimé], récits Simon Leys
de Leys, Simon
Seuil / Points (Paris)
ISBN : 9782020654357 ; 5,50 € ; 08/04/2005 ; 125 p. ; Poche -
Les naufragés du "Batavia" [Texte imprimé], récits Simon Leys
de Leys, Simon
Points / Points (Paris)
ISBN : 9782757883136 ; 6,50 € ; 02/01/2020 ; 128 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (3)
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Glaçant !
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 10 juin 2024
Extraits :
- Nul homme ne voudrait jamais se faire marin car la vie à bord est tout simplement celle d’une geôle où l’on serait de surcroît exposé à la noyade ; c’était une existence d’une inimaginable brutalité. Le catalogue des horreurs est sans fin : l’inconfort fétide (à bord du Batavia il n’y avait que quatre latrines pour 330 personnes, dont deux à ciel ouvert et directement balayées par les embruns), la promiscuité, le manque d’air et d’espace, l’humidité perpétuelle, le chaud, le froid, les rats, la vermine, la crasse, les vivres avariés, moisis et grouillant de vers, l’eau croupie, la grossièreté des compagnons de bord, la férocité sadique de la discipline, la menace perpétuelles et terrifiante du scorbut qui enflait et pourrissait les chairs de ses victimes.
- Une société civilisée n’est pas nécessairement une société qui comporte une moindre proportion d’individus criminels et pervers (celle-ci est probablement à peu près constante dans tous les groupements humains) - simplement, elle leur donne moins l’occasion de manifester et d’assouvir leurs pendants.
- La pendaison à l’ancien mode c’était la strangulation progressive qui entraînait la mort. Les mouvements instinctifs et grotesques du supplicié qui accéléraient ou ralentissaient involontairement le resserrement du nœud coulant faisaient d’ailleurs de ce type d’exécution un spectacle également goûté du public populaire et de la société élégante – voire des âmes sensibles. Ainsi, par exemple, au siècle suivant, dans un billet, le jeune Mozart – il avait quinze ans – mentionne l’amusement qu’il avait pris à voir « quatre coquins qu’on pendait sur la place du Dôme » et il rappelle d’ailleurs, que, tout enfant, il avait déjà savouré ce même divertissement cinq ans plus tôt à Lyon.
Anatomie de l'édification d'un système totalitaire
Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 17 mars 2024
1- Des circonstances exceptionnelles
2- Prise d'ascendant d'un homme comploteur à l'origine sur ses co-naufragés, par la magie de son verbe et la formation d la conviction qu'il soit un facteur d'espoir
3- Création 'un groupe d'affidés
4- Rapides condamnations à mort
5- Réorganisation du corps social
6- Instauration de le terreur pour tous
Bien entendu ce bref résumé ne dispense pas de la lecture du livre, si éclairante pour peu que l'on ait réfléchi avec Orwell, par exemple, ou Arendt au totalitarisme. Ce que la période présente nous invite à faire de manière impérative..
Ce texte très court est suivi d'un récit complètement indépendant, "Prosper", qui décrit un embarquement sur un des derniers thoniers à voiles lancé à la pêche au thon
Une horreur certaine
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 2 août 2005
Dans "Les naufragés du Batavia", l'auteur pousse ces déviations à leur paroxysme. Jeronimus Cornelisz, l'apothicaire est un être infect, mais se sent-il réellement conscient de ce qu'il fait? N'est-il pas tout entier dévoué à ces idées et cette philosophie qui lui ordonnent de massacrer le plus de personnes afin de préserver les ressources de leur petit île refuge?
C'est une histoire horrible. Il en existe d'autres, très souvent les naufrages tournent au carnage. Non content d'être sauvé, l'homme finit par tuer pour sauver une seconde fois sa peau.
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Chaire de poétique Simon Leys | 4 | Sahkti | 26 octobre 2005 @ 18:47 |
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