J'abandonne de Philippe Claudel
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Coup franc, direct !
Dans le confessionnal d'un hôpital, deux hommes reçoivent une femme, maman d'une adolescente de 17 ans. Cette femme va apprendre le décès de sa fille par ces "hyènes", ainsi qu'ils se surnomment. Et en effet, ils vont lui "sauter dessus", lui sortir un formulaire pour le don d'organes et même si cette procédure relève pour eux d'une mécanique routinière, cette fois-ci sera différente. L'un de ces hommes, le narrateur, est au bout du rouleau. Cela dure depuis quelques temps, amorcé par le décès de sa femme, livré seul avec un bébé de vingt-et-un mois, lassé par des dégoûts accumulés. Il souhaite "abandonner" son job, et tout le reste.
Car le ras-le-bol que met en scène Philippe Claudel est poignant, cru et déchaîné. Son personnage s'en prend à un lot de petits riens quotidiens, depuis une affiche de Bigard, à la retraite de Céline Dion, aux yougouslaves dans la rue, au beaufisme, à la vulgarité et la violence bon marché. Et cette addition d'exaspération, ce trop-plein de lassitudes le marginalise de plus en plus, l'éloigne du monde des vivants, dans lequel tente de l'agripper son adorable petite fille. Vers la fin, l'accélération de la narration permet des révélations chez le caractère de cet homme désemparé. Toutefois son discours met également en péril le choix du don d'organes. Personnellement je ne pense pas que c'était l'intention de l'auteur, il s'est trouvé "embarqué" dans l'engrenage de son action. Or le vif du sujet n'était pas d'ébranler les décisions finales des familles éplorées, plutôt d'assister au naufrage d'un homme, lui-même confronté et traumatisé par ce choix, mais qui perd pied autrement. J'ai trouvé ce livre fascinant. Morbide, mais très poignant, et direct en plein coeur, malgré quelques passages rasants et déroutants.
Les éditions
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J'abandonne [Texte imprimé] Philippe Claudel
de Claudel, Philippe
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070418039 ; 15,29 € ; 04/12/2002 ; 111 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (7)
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Etats d’âme autour des dons d’organes
Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 89 ans) - 2 juin 2013
Particulièrement dramatique et poignant, le dialogue qui s’instaure à chaque reprise entre le narrateur et le parent endeuillé évolue généralement selon un mode opératoire prévisible au bout duquel le parent dévasté par la douleur se laisse convaincre d’avoir à consentir un don d’organes de leur être cher.
A l’enchaînement de ce processus, apparemment bien codé, Philippe Claudel ajoute dans son roman le grain de sable qui fera déraper le héros. Celui-ci est en effet rattrapé par le chagrin d’avoir récemment perdu sa femme en couches, et poursuivi par les images de son enfant en bas âge qui font irruption dans son quotidien professionnel.
Cette souffrance, notre homme la subit d’autant plus qu’elle contraste avec le comportement du collègue faisant équipe avec lui, un jouisseur au cœur sec, cynique et toujours pressé de rentrer voir son match de foot.
Ecrasé par les questions existentielles que lui posent ses journées de travail, le héros déchiré finira par s’effondrer, abandonnant ainsi les pénibles responsabilités qu’il assumait.
Encore un roman aussi pathétique qu’excellent de Philippe Claudel !
La fin d'une époque
Critique de Ravachol (, Inscrit le 24 octobre 2010, 41 ans) - 9 décembre 2011
A travers son personnage principal, Philippe Claudel laisse apparaître son dégoût du monde tel qu'il est devenu voire tel qu'il a toujours été. En ajoutant la perte d'un proche, il noircit un peu plus l'histoire déjà très sombre.
Mais comme toujours chez Claudel, dans la noirceur ambiante, on décèle une petite lumière, un fil au bout duquel pend l'Humanité. Dans "J'abandonne" c'est l'amour d'un père pour sa fille. Cette dernière est un peu comme un "héritage humain" qui semble déjà balayé par un environnement décadent avant d'exister. Seul havre de paix et d'espoir, cette fille est plus qu'une preuve de sens pour son père, elle fait naître en lui un semblant d'espoir.
Ce roman très court se montre très intense. L'auteur écrit sur le ton de l'indifférence, si bien que l'ensemble du récit revêt un aspect naturel et immuable.
Un très beau livre
Critique de Ahsieg (, Inscrit le 15 octobre 2008, 41 ans) - 17 septembre 2009
Le problème c'est que quand on se pose trop de questions on finit par arrêter de vivre tant on trouve peu de réponses et trop d'incohérences.
En ce sens ce livre me fait penser aux livres d'Houellebecq où les personnages, cyniques ou réalistes, se laissent mourir doucement par un trop plein de lucidité.
Cependant, et heureusement, Philippe Claudel nous offre une porte de sortie que ne trouveront jamais les personnages de Plateforme ou des Particules Elementaires, à savoir la naïveté d'un enfant et le bonheur de le voir grandir. On ne sait pas si le protagoniste s'en sort tout à fait, on ne revient pas indemne d'une prise de conscience aussi poussée, mais on sait qu'il a trouvé l'espoir et un semblant de combat.
Pour ca je donne volontiers 5 étoiles à ce livre qui se lit rapidement mais qui se garde en mémoire des années durant.
Un livre qu'on ne peut abandonner car il nous fait réfléchir
Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans) - 14 septembre 2006
Tout au long de ce roman, on retrouve la souffrance de l’époux qui a perdu sa compagne et qui subit un mal-être profond.
Philippe Claudel dénonce la violence rencontrée à tous âges et en même temps la lâcheté des gens qui préfèrent subir plutôt que d’intervenir. Les médias aussi sont mis à mal ; tout spécialement la publicité, quand celle-ci prône la vulgarité.
Il s’attriste de voir certains jeunes se laisser séduire par l’embrigadement et la dépersonnalisation : mêmes créneaux de langage, mêmes spectacles de masse ou manifs avachissant l’esprit.
Mais ce qui touche particulièrement le lecteur, c’est la profonde humanité qui se dégage de ce roman. Que de moments tendres dans la description des balbutiements de sa fille de 21 mois. Que d’évocations émouvantes de sa compagne avant son décès. Que de compassion, de sympathie au sens étymologique du terme avec la mère à qui l’on annonce le décès brutal de sa fille de 17 ans.
Dons d'organes : vers une renaissance
Critique de Voni (Moselle, Inscrite le 1 septembre 2005, 64 ans) - 1 novembre 2005
Parallèlement, l’intensité de l’amour qui le lie à sa fille est d’une pureté si pénétrante que j’y ai retrouvé beaucoup de ces vives émotions ressenties dans cet autre livre : “la petite fille de Monsieur Linh”.
Néanmoins, la plume de Philippe Claudel est , ici, beaucoup plus caustique et son humour, bien que souvent grinçant, est vraiment perspicace. Cette dérision jubilatoire qui entoure l’univers trash de la baby-sitter donne un souffle non négligeable au texte.
Apparemment, ce livre peut mettre en péril le choix du don d’organes, comme le souligne Clarabel et son interprétation divergente. Pour ma part, je reste convaincue qu’il en est un bel hommage que je développerai dans la discussion.
un mauvais coup
Critique de Rotko (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans) - 21 octobre 2005
Par ailleurs, la gardienne des enfants est d'une telle grossièreté qu'on se demande comment le père, si soucieux de sa progéniture, ne met pas un terme à ses activités
chronique de la vie quotidienne
Critique de ADE (MARSEILLE, Inscrite le 10 octobre 2005, 46 ans) - 19 octobre 2005
et j'avais raison! ce livre est simplement une chronique de la vie quotidienne et un homme faisant partie de notre monde, plein d'incompréhension et il est vrai plus entouré de "noir" que de "bleu"!
L'auteur a la franchise de le dire ainsi que de donner des exemples de ces soi-disant personnalités qui se croient essentielles à notre survie...
Mais la plus belle leçon à retenir est que nous devons nous accrocher face à ces catastrophes de la vie quotidienne car il y a toujours quelqu'un (dans ce livre son bébé) qui compte sur nous, qui nous aime et qui efface d'un sourire les plus vilaines choses!
Livre bien écrit, plein de franchise et donc à conseiller!
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Appel aux dons d\'organes ? | 1 | Voni | 1 novembre 2005 @ 10:13 | |
philippe claudel | 6 | ADE | 21 octobre 2005 @ 14:56 |