Faire surface de Margaret Atwood

Faire surface de Margaret Atwood
( Surfacing)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Fee carabine, le 14 juin 2005 (Inscrite le 5 juin 2004, 50 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (27 302ème position).
Visites : 6 732  (depuis Novembre 2007)

Ce qui était enfoui...

Margaret Atwood est aujourd'hui l'auteur d'une oeuvre abondante et une des valeurs sûres des lettres canadiennes anglophones. Paru en 1972, à l'époque des pantalons patte d'ef et de la libéralisation des moeurs, son deuxième roman, "Faire surface", témoignait déjà d'une maîtrise impressionnante de la construction romanesque et de belles qualités d'écriture.

L'héroïne de "Faire surface", jeune femme à l'approche de la trentaine, revient passer quelques jours dans la maison de son enfance, au bord d'un lac perdu dans une région reculée du nord du Québec, suite à la disparition mystérieuse de son père, qui y vivait seul depuis la mort de son épouse. Elle est accompagnée dans son voyage par son compagnon et un couple d'amis, les deux hommes comptant profiter de ces quelques jours pour tourner un film expérimental qui sera intitulé "Random samples". Ce retour dans la maison familiale prend pour l'héroïne l'allure d'une véritable épreuve initiatique, à la fois plongée dans ses souvenirs, dont certains étaient très profondément enfouis, et confrontation avec ses compagnons de voyage. La nature - le lac, la forêt, les oiseaux... - joue également un rôle important pendant ces quelques jours, même si l'angle de vue adopté par Margaret Atwood est à cet égard bien différent de celui d'un Jim Harrison. Loin d'être à part entière un protagoniste du roman, la nature se fait ici un reflet amplificateur des états d'âme et des émotions de l'héroïne selon une approche qu'une autre romancière canadienne, Jane Urquhart, a porté à un sommet dans son roman "Ciel changeant".

Margaret Atwood porte un regard lucide et cruel sur les errements de son héroïne, et sur le terrible sac de noeuds des relations entre ses personnages - pouvoir, manipulation, rancoeur et remords... Et si ses descriptions de la nature sont belles, elles ne sont pas non plus exemptes de cruauté: l'homme est certes un loup pour l'homme, mais il l'est davantage encore envers les animaux, exterminés pour le seul plaisir de la chasse. Un livre plutôt noir, mais surtout un bon roman à (re)découvrir.

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Bon livre de la grande dame de la littérature canadienne-anglaise

7 étoiles

Critique de Leroymarko (Toronto, Inscrit le 19 septembre 2008, 51 ans) - 9 août 2009

Faire surface nous présente les états d’âme d'une femme d’environ 30 ans. Elle habite maintenant la grande ville. Mais en apprenant la disparition de son père, elle retourne dans l’île isolée du Québec où son père vivait et où elle a passé sa jeunesse.

Ce roman est un va-et-vient constant entre le présent et le passé. Petit à petit, on apprend à connaître la narratrice qui, contrairement aux trois amis qui l’accompagnent, reste anonyme. On comprend qu’elle a eu une vie difficile, une vie divisée entre le rêve et la réalité. La déchirure toujours la guette, prête à accomplir son œuvre.

À travers tout ça, le triangle Joe-Anna-David. La narratrice a beau avoir des amis, elle est seule. On a d’ailleurs l’impression que la solitude l’habite depuis sa tendre enfance. Seul semble exister ce lien étroit avec la nature. Cette dernière est vivante, respectée.

Le roman a été écrit en 1972, alors que la jeunesse se libère encore du joug de l’Église et des traditions conservatrices du passé. Le titre est donc bien choisi. Il y a aussi ce capitalisme de plus en plus présent, qui se fait chair par l’Américain conquérant. On pourrait presque parler d’un roman sur le colonialisme.

On ne peut pas dire que le livre regorge d’optimisme. Atwood nous dit en quelque sorte que la liberté se gagne, mais que le processus est souvent long et ardu. Par ailleurs, il s’agit d’un essai intéressant sur les relations humaines.

Torontois d’adoption, je me sentais presque obligé d’éventuellement lire un ouvrage de la grande dame de la littérature canadienne-anglaise, elle-même résidante de la métropole du pays. Mais j’ai apprécié ce roman et je relirai d’autres œuvres de Margaret Atwood, sans m’y sentir obligé.

Puissance du récit

7 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 13 août 2007

Fée Carabine a très bien résumé ce roman.

J'ai été frappée par la violence qui se dégage des images, en apparence douces, décrites par Margaret Atwood. Il y a la nature mais aussi une fragilité humaine que l'auteur met en pièces. Ses personnages peuvent paraître forts, ils sont vulnérables et je trouve que Margaret Atwood fait passer très justement ce sentiment de "tout ne tient qu'à un fil", cette idée que d'un moment à l'autre, un destin peut basculer pour un rien. A cause des mensonges que l'on raconte aux autres et à soi-même. A cause de notre chasse aux certitudes et aux garanties d'une vie sans soucis.
Confrontés aux obstacles, la véritable nature humaine se réveille et ce n'est guère glorieux. Margaret Atwood lance un regard sans concessions sur nos travers, c'est assez machiavélique et j'ai aimé cette façon de faire, de tout analyser dans le détail.

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