Dolce agonia de Nancy Huston
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Un fascinant huis clos
Ce roman se déroule le temps d’une nuit : celle de Thanksgiving. Et ce soir, c’est Dieu qui se fait conteur.
Sean Farrell, poète et professeur d'université est l’hôte de cette soirée de fête qui va réunir ses amis ainsi que leurs époux/épouses. Au fond, quelques adultes réunis pour l'échange de banalités et autres stéréotypes d’une soirée telle que celle-là.
Tous ont déjà leur jeunesse derrière eux. Quadragénaires ou plus âgés encore, ils parviennent pourtant à oublier chez chacun toutes ces marques de « vieillesse » qui ne sont en réalité qu'une façade à leur réelle personnalité.
Jusqu'à l'arrivée de Hal, le collègue de Sean, de sa nouvelle épouse, qui pourrait être leur fille, ainsi que de leur petit bébé… Chloé est jeune, trop jeune. Elle incarne le symbole de leur malaise et l'élément perturbateur de ce groupe qui s'accommodait tant bien que mal. « Et là, on vient de les condamner à exposer, malgré eux, leur corps ce soir : leur corps décati, objectivé, jugé ».
Et sa présence est, pour chacun, l'événement déclencheur d'une remise en question de soi. « Quand est-ce qu’on a vraiment vécu notre vie, au lieu de la voir comme une source possible d'écriture, une répétition générale, le faible écho ou la pâle photocopie ou les restes rancies de la Chose même ? Où est passée la vie ? Comment nous a-t-elle échappé ? ».
Et c’est ainsi qu'au fil des pages, des flash-back et pensées de chaque personnage, nous découvrons des êtres façonnés par leurs chagrins, déceptions et malheurs. Katie et Leo qui ont perdu leur fils, mort d'une overdose, Patrizia, séparée d'un mari violent, Beth, en constant combat avec les kilos et sa fille qui refuse de l’accepter telle qu’elle est, le vieil Aron, émigré biélorusse, Chloé, sauvée du trottoir par Hal… Tous ont leurs démons, tous ont leur histoire.
Entrecoupé « d'intermèdes divins » qui nous content leur avenir et leur fin déjà tout tracés, ce récit fascinant nous dépeint une société nostalgique, qui court vers un objectif qu'elle ne semble jamais destinée à atteindre.
Ironie de l’existence, naïveté de l’être humain sur sa propre condition, voilà des thèmes qui ne seront jamais obsolètes. Premier chapitre, Dieu prend la parole en prologue à son récit : « Souvent, à regarder les êtres humains accomplir leur destinée sur Terre, je me laisse emporter presque au point de croire en eux. Ils me donnent l’impression singulière d’être dotés de libre arbitre, d'autonomie, de volonté propre… Je sais bien que c’est une illusion, une notion saugrenue. (…) Et pourtant, et pourtant, ils ne cessent de m’étonner ».
Car la seule chose que Dieu fut bien incapable de contrôler, c'est l'amour. Cet amour qui « ne peut surgir que là où il y a failles, pertes, manques, faiblesses, myopie. A vrai dire, c’était un sous-produit de l'espèce humaine ».
Nancy Huston donne réellement l’impression de tout connaître de ses personnages, qui semblent avoir grandi, mûri dans son esprit au gré de multiples subtilités.
Ce roman est très bien écrit, maîtrisé et plein de bon sens ! A découvrir sans hésitation.
Les éditions
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Dolce agonia [Texte imprimé], roman Nancy Huston
de Huston, Nancy
Actes Sud / Un Endroit où aller.
ISBN : 9782742731671 ; 21,50 € ; 01/03/2001 ; 500 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (13)
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Ah, Nancy Huston
Critique de Gabri (, Inscrite le 28 juillet 2006, 38 ans) - 29 juillet 2015
dolce agonia de Nacy Huston
Critique de Mine2 (, Inscrite le 11 octobre 2013, 64 ans) - 11 octobre 2013
je lis plus haut dans les critiques : " un livre terriblement humain "
humain , cela signifie-t-il seulement le côté négatif de la vie , du vieillissement , de la noirceur parfois cachée profondément en nous , de fin de vies gâchées par de mauvais souvenirs ?
c'est un livre noir , très noir , l'auteur le dit elle-même " les écrivains sont obsédés par la douleur et le conflit " peut-être , pas tous heureusement !
et puis ces flashs backs continuels , lassants rendent le discours chaotique , décousu ; Nancy Huston un bon écrivain ? certainement pas , je n'ai pas envie de lire d'autres livres d'elle
Tellement humain
Critique de DE GOUGE (Nantes, Inscrite le 30 septembre 2011, 68 ans) - 27 novembre 2011
Et l'alcool qui désinhibe !
Chacun porte une lourde histoire : oui, cela ressemble à une soirée entre amis, sauf que nous n'accédons pas aux pensées des autres et que nous ne percevons pas cette terrible voix off : Dieu travesti en Faucheuse, qui émaille froidement le récit de ce que sera la destinée de chacun !
La construction est superbe, les personnages, humains dans leur détresse, leur générosité et leurs inévitables moments de mesquinerie.
Une très belle approche de la solitude en groupe, des partages cependant possibles et de la difficulté à vivre .....l'instant quand hier et demain sont si présents
Beaucoup de personnages
Critique de Livrophage (Pessoulens, Inscrite le 28 février 2007, 64 ans) - 19 avril 2011
Quelle sera votre fin ?
Critique de Asgard (Liège, Inscrit le 14 juillet 2005, 46 ans) - 16 avril 2008
Il se dégage une véritable humanité de ce roman. On est touché par les meurtrissures des personnages, leurs pensées les plus secrètes, leurs mémoires qui ne semblent retenir que les épreuves les plus difficiles de leurs vies, bien plus que les bonheurs vécus. C'est très beau. Très dur aussi par instants. C'est d'ailleurs assez incroyable comme l'auteur arrive à décrire l'horreur avec une telle légèreté dans l'écriture.
A la lecture de ce livre, on se dit que la vie est loin d'être un long fleuve tranquille. Je trouve aussi que ce roman a quelque chose de très féminin. En ce sens qu'il n'aurait pas pu être écrit par un homme. J'en ai l'impression, du moins.
Une Cène à visage humain
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 25 mai 2007
Beau comme l'ensemble du récit, une réussite de plus pour Nancy Huston, dont la plume allie élégance et sensibilité sans que jamais ça ne tombe dans un style romanesque trop guimauve (à mes yeux en tout cas).
J'apprécie cette fois encore la fragilité des êtres qu'elle expose, leurs souffrances, leurs bonheurs, cette vie faite de petits riens... des gens qui nous ressemblent chacun un peu, beaucoup.
J'ai aussi aimé le côté sombre du roman, presque sans issue (parce qu'après tout, on sait qu'ils y passeront tous!), tout cela est très bien ficelé, avec beaucoup de subtilité.
Que de malheurs!!!
Critique de Manumanu55 (Bruxelles, Inscrit le 17 février 2005, 45 ans) - 16 janvier 2006
Pourtant, on s'accroche à certains d'entre eux.
J'ai très vite lu ce bouquin, fecilement, avec envie.
Dire aujourd'hui si je l'ai aimé, c'est difficile, il est tellement noir.
Mais bon, je lui mets tout de même un 4 donc...
il me poursuivra longtemps...
Critique de Badzu (versailles, Inscrite le 6 novembre 2005, 49 ans) - 6 novembre 2005
Je passerai vite sur la virtuosité de la construction, le passage entre les pensées et les discussions des personnages pourtant nombreux.
Dolce Agonia porte merveilleusement bien son nom: car la vie est une douce agonie. Cette soirée de Thanksgiving est un microcosme où se jouent toutes les passions et toutes les tragédies humaines. Amour haine, violence et bien sûr mort. Sans vouloir philosopher, la vie n'est possible que parce qu'il y a la mort. Ce roman est un hymne d'amour à la vie. Quand on referme le bouquin, on n'est sûr que d'une chose: on mourra tous un jour.C'est bien pourquoi la vie est si belle.
Décevant pour un Nancy HUSTON
Critique de SOFIBI (, Inscrite le 1 mai 2004, 53 ans) - 11 mai 2004
Ce roman de Nancy Huston est particulièrement pessimiste, voire glauque et montre une vision de la vie noire et sans espoir. L’auteur nous avait habitué à des images dures et sans détour, disant les choses brutalement, sans enrobage mais ici, c’est presque de la provocation. Aucun personnage n’est attachant, leur mort est le plus souvent très angoissante et horrible et on se demande ce qu’elle a voulu démontrer ici. Elle ne fait même pas preuve de sa finesse psychologique habituelle, méprisant ses personnages et ne leur laissant aucune chance..
En résumé, ce roman est extrêmement décevant par rapport à « Instrument des ténèbres » ou « la virevolte ».
"Divin" roman
Critique de Féline (Binche, Inscrite le 27 juin 2002, 46 ans) - 16 décembre 2003
Ce roman m'a rappelé "Le dîner" d'Anna Davis, qui prend place également lors d'un repas entre amis à la même époque et se teinte lui aussi d'une certaine noirceur. Mais "Dolce Agonia" me semble bien supérieur. Quelle maîtrise de la part de la romancière dans le développement des personnages et de l'intrigue.
En plus des thèmes de la jeunesse, de la vieillesse, de la mort et de l'amour, j'ai été frappée par la récurrence du thème "rapports parents-enfants". La plupart des souvenirs, des regrets, des rancoeurs et de la culpabilité des protagonistes concernent leurs pères, mères ou enfants. Ils ont tous des comptes à régler avec leurs passé familial, que ce passé soit douloureux ou au contraire heureux et regretté.
Voilà encore une belle découverte que je dois à Critiques Libres.
Quelle force!
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 30 juillet 2002
Mais est-il noir pour autant ?
Aucune concession à une bonne humeur factice, pas une fin qui nous fait sourire, soit.
Des désillusions, il en pleut.
Pourtant, ce couple qui s’aime, car parmi tous les personnages, il y en a quand même deux qui sont unis sincèrement, ce couple qui ressent encore le besoin vital d’être réuni chaque jour, chaque heure, après un nombre impressionnant d'années de vie commune, ce couple qui est au même diapason, chante la même chanson, fredonne les mêmes paroles, ce couple donc me remplit de bonheur, brille devant moi comme l’étincelle que je désire toujours voir animer ma vie, mon âme.
Dieu, par la plume de N. Huston, écrit diablement bien !
La technique du flash-back m’a par contre un tout petit peu lassée, tant l’auteur y recourt.
Ceci n’est qu'une nuance infime.
J'ai adoré ce livre, je l'ai avalé plutôt que lu.
Comme toujours, N. Huston m’a ravie par la souplesse de son écriture qui passe par toutes les teintes : rouge sang ou rouge amour, poésie du bleu ou au contraire sa froideur, vert fertile ou vert étouffant, noir apaisant ou noir taraudant.
Quelle palette !
La génération lyrique
Critique de Vigno (, Inscrit le 30 mai 2001, - ans) - 21 décembre 2001
Encore une bonne cuvée de N.Huston
Critique de Apostrophe (Bruxelles, Inscrit le 11 février 2001, 63 ans) - 28 juin 2001
Nancy Huston cultive la morbidité avec grand art, c'est là son génie. Pourtant, "Dolce Agonia" est inférieur à son superbe "Instruments des ténèbres" : dans ce dernier, l'inspiration et la puissance d'écriture de la romancière s'y révèle encore mieux.
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