Heidegger, l'introduction du nazisme dans la philosophie : Autour des séminaires inédits de 1933-1935 de Emmanuel Faye

Heidegger, l'introduction du nazisme dans la philosophie : Autour des séminaires inédits de 1933-1935 de Emmanuel Faye

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Philosophie

Critiqué par Sahkti, le 19 mai 2005 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 4 étoiles
Moyenne des notes : 3 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 2 étoiles (60 373ème position).
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La nazitude de Heidegger

Une brique pour démontrer que Heidegger était non seulement nazi mais que ses théories ont servi à légitimer le pouvoir nazi et ses actes misérables.
En gros, on pourrait résumer de la sorte.

En passant au crible les séminaires donnés par Heidegger entre 1933 et 1935, Emmanuel Faye met en lumière de nombreux éléments qui prouveraient non seulement l'amitié existante entre le philosophe allemand et d'autres penseurs nazis, mais également la diffusion des principes du nazisme dans ses cours.
Faye se livre à une puissante démonstration et certains faits sont éloquents. Seulement, par moments, je trouve que cela frise un peu l'acharnement et on fait dire ce que l'on veut aux textes d'un auteur quand on veut à tout prix prouver quelque chose. Certes, il est indiscutable que Heidegger était nazi et qu'il a tacitement accepté certaines choses. Comme bien d'autres. Je ne défends pas l'homme, je n'adhère que moyennement à sa doctrine mais je tente comme je peux de replacer son erreur dans le contexte de l'époque. Ce que semble par moments oublier de faire Emmanuel Faye, emporté par sa colère contre Heidegger et son besoin de prouver tout ce qu'il affirme. Ce qu'il fait d'ailleurs très bien! En fouillant toute l'œuvre de Martin Heidegger, Emmanuel Faye exhume des pensées qui, isolées, font effectivement froid dans le dos.
Faye va plus loin. Il accuse également d'autres penseurs et philosophes, comme Derrida, d'avoir diffusé la pensée de Heidegger, en toute connaissance de cause. C'est un pas dangereux qu'il franchit là, me semble-t-il.

Je regrette que Emmanuel Faye se soit laisser emporter par la passion et la subjectivité. Il y avait là matière à une belle analyse. Personne ne nie la nazitude de Heidegger. Mais au lieu de s'embarquer dans des considérations sur les fautes politiques du philosophe et ses amitiés avec des personnes peu recommandables, j'aurais préféré voir son œuvre réellement passée au crible, de manière critique, afin de déterminer si oui ou non, Heidegger l'a truffée de références au nazisme et a prôné la primauté du peuple allemand sur d'autres races. Je n'aime pas la manière dont certains extraits sont présentés pour leur faire crier des choses pas si évidentes que cela. Car l'œuvre, elle est là, elle a le mérite d'exister et d'être un élément incontournable de la philosophie contemporaine. La bousculer de la sorte me paraît un peu facile et hasardeux.

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Les éditions

  • Heidegger, l'introduction du nazisme dans la philosophie [Texte imprimé], autour des séminaires inédits de 1933-1935 Emmanuel Faye
    de Faye, Emmanuel
    Albin Michel / Bibliothèque Albin Michel des idées
    ISBN : 9782226142528 ; 29,40 € ; 01/04/2005 ; 568 p. ; Broché
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Une accumulation désastreuse de contresens.

1 étoiles

Critique de Pierre Teitgen (, Inscrit le 9 juillet 2005, 68 ans) - 9 juillet 2005

Tout le monde le sait, Heidegger est resté en Allemagne pendant la période 1933-45. Tout le monde le sait, il avait sa carte du parti nazi (comme tous les fonctionnaires de l'époque). Ceux qui en savent un peu plus que tout le monde, en revanche, savent justement que la question est cependant délicate, parce que l'attitude de Heidegger a très vite (dès 1934) tourné à l'hostilité envers le régime. Les preuves "historiques" d'un éventuel nazisme de Heidegger sont à peu près nulles : très mal noté par le régime, constamment suspecté, peu à peu interdit de publications, Heidegger, dernier recteur librement élu de sa faculté, a, le temps de son rectorat, interdit les associations antisémites et les placards dénonçant les professeurs juifs, avant de démissionner, refusant d'assister à l'investiture de son successeur nommé par les nazis.

C'est justement parce que les preuves historiques sont à peu près inexistantes, que E. Faye change l'angle d'attaque de la critique : peu importe ce que Heidegger a fait, parce que sa pensée, elle, était nazie... Heidegger aurait rédigé les discours de Hitler (sic!), et s'il a pris rapidement ses distances avec le régime, c'est parce que celui-ci n'était pas assez radical à son goût.
Pour appuyer son hypothèse, Faye cite une collection de fragments sortis de leur contexte, le plus souvent traduits de façon très orientée, et dont il mécomprend totalement le sens: là où Heidegger critique les fondements du régime, le racisme, le biologisme, l'idéologie du sang et du sol (dès 1934), Faye parvient, à force de manipulations, à lire le contraire.
Bref, comme on dit, quand on veut tuer son chien, on l'accuse de la rage.

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