Solitude de la pitié de Jean Giono

Solitude de la pitié de Jean Giono

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Fee carabine, le 7 mai 2005 (Inscrite le 5 juin 2004, 50 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 413ème position).
Visites : 9 290  (depuis Novembre 2007)

Esquisses d'une oeuvre

Publié au début des années trente, à l'époque des premiers romans provençaux, "Solitude de la pitié" regroupe une vingtaine de récits disparates, de longueur et de qualité variables. J'ai particulièrement aimé "Solitude de la pitié" où Jean Giono revisite de façon émouvante la parabole du bon Samaritain, en nous montrant la tendresse touchante avec laquelle un pauvre vagabond prend soin d'un compagnon d'infortune, malade et affaibli, et "Ivan Ivanovitch Kossiakoff" évoquant la Grande Guerre et une amitié sans parole mais néanmoins profonde entre un soldat français et un soldat russe. "Prélude de Pan", "Champs", "Joselet", "Magnétisme"... nous ramènent pour leur part dans l'univers de "Regain", "Que ma joie demeure" ou du "Serpent d'étoiles", un hymne à la beauté de la nature, sa force tantôt nourricière tantôt destructrice, et un plaidoyer pour une vie proche de cette nature et respectueuse de ses rythmes. Enfin, "Annette ou une affaire de famille" et "Radeaux perdus" annoncent la cruauté totalement dénuée de scrupules des "Ames fortes" sans pourtant en avoir la force.

Au final, j'ai refermé ce livre avec le sentiment que la plupart de ses récits proposent, sous une forme embryonnaire, des thèmes et des situations que Jean Giono a repris dans d'autres livres de façon plus aboutie et avec plus de force. "Solitude de la pitié" n'est donc pas un grand Giono, mais c'est malgré tout un livre que ses admirateurs savoureront avec plaisir.

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Les éditions

  • Solitude de la pitié [Texte imprimé], [nouvelles] Jean Giono
    de Giono, Jean
    Gallimard / Collection Folio.
    ISBN : 9782070363308 ; 6,90 € ; 20/06/1973 ; 152 p. ; Poche
  • Solitude de la pitie
    de Giono, Jean
    Gallimard
    ISBN : 9782070228157 ; 6,90 € ; 19/09/1932 ; 226 p. ; Broché
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Simplicité et âpreté des gens simples

6 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 5 juin 2019

Cette lecture m'a laissé un sentiment ambivalent : cette série de nouvelles décrit la beauté de la vie frugale des paysans et gens simples de Provence, avec une forme de solidarité, d'âpreté, mais aussi une forme de raideur, une joie de vivre souvent contenue. L'atmosphère s'y avère sincère, mais assez austère, là où le paysage reste lumineux, comme s'il suffisait à combler ce qui n'est pas ou peu exprimé verbalement. Il y a un fond de "La terre ne ment pas" qui m'a un tantinet crispé, mais cela reste enrichissant.

comme une introduction à l'oeuvre...

9 étoiles

Critique de Lecassin (Saint Médard en Jalles, Inscrit le 2 mars 2012, 68 ans) - 29 janvier 2013

« Solitude de la pitié », un recueil de vingt nouvelles qui paraîtront d'abord dans le journal « l'Intransigeant » avant d'être publiées par Gallimard ; une série de textes courts rédigés alors que Jean Giono travaillait à son premier roman « La Naissance de l'Odyssée » :
-« Solitude de la pitié », un prêtre bien ingrat
-« Prélude de Pan », tout un village en transes
-« Champs », une femme succombe au charme d'un bel homme au désespoir de son mari
-« Ivan Ivanovitch Kossakioff », une amitié virile dans les tranchées de 14
-« La main », les amours d'un aveugle
-« Annette ou Une affaire de famille », l'abandon d'un enfant à l'orphelinat
-« Au bord des routes », une conversation autour d'un verre : deux hommes se racontent
-« Jofroi de la Maussan », le vieux Jofroi vend son verger dont on a abattu les arbres …et meurt
-« Philémon », le cochon est malade, il faut l'égorger… mais c'est la noce de la fille de la maison
-« Joselet », un homme explique sa conception de la vie à un inconnu
-« Sylvie », une fille de ferme revient au pays après une escapade amoureuse à la ville
-« Babeau », Favre se suicide sous les yeux de la bergère de Babeau
-« le Mouton », une histoire de domination de l'animal par l'homme dans un cadre somptueux
-« Au pays des coupeurs d'arbres », la narration de la vie passée d'un village qui se meurt
-« La grande barrière », la mort d'une hase
-« Destruction de Paris », un terreux raconte un Parisien
-« Magnétisme », un bistrot, des habitués…
-« Peur de la terre », la petitesse de l'homme confronté à la nature
-« Radeaux perdus », la mort dans les villages oubliés
-« Le chant du monde », comment écrire un livre ou l'homme ne serait pas isolé de son environnement ?
Comme on peut le constater, une bonne partie des thèmes chers à Giono sont déjà présents : la nature, les arbres, les villages désertés, l'Amour avec un Grand A, la mort…
Quasiment tous écrits à la première personne, vingt textes (plutôt que vingt nouvelles) dont le « je » est difficile à attribuer à quiconque autre que Jean Giono lui-même…
Et puis, il y a ce style si particulier…délicieusement poétique.

A lire, à conter, à raconter et à relire

9 étoiles

Critique de Chene (Tours, Inscrit le 8 juillet 2009, 54 ans) - 10 juin 2011

Solitude de la pitié est un recueil de nouvelles qui date de 1932. Ces textes poignants et parfois cruels font partie des premiers écrits de Jean Giono. Ces nouvelles sont un microcosme de l’univers de Giono.
A la première lecture des textes de Giono, le style peut parfois heurter et paraître difficile. C’est pourquoi, je conseille de lire le début des textes à haute voix et même de jouer les personnages et les scènes.
C’est par ce procédé que se révèlent vraiment les textes et la puissance du style de Giono. Soudain on entend les accents, les mots se mettent à raisonner. Soudain sifflent à vos oreilles les grillons de la Provence. Soudain vous entendez les oiseaux chanter et le vent dans les arbres. Soudain la nature vit devant vos yeux et se fredonne entre vos lèvres.
L’évocation des histoires devient plus forte. J’adore ces nouvelles qui nous rappellent le lien indissociable entre l’homme et la nature. La nature est décrite comme un être vivant et qui agit sur les hommes. La nature nous aide à vivre, elle a ses poésies propres. Ces textes nous apaisent nous qui sommes toujours à 100 à l’heure. En renfermant le livre, on a la tête pleine d’arbres, de pluie, de vent, d’oiseaux et de vallées vertes et jaunes…
Giono, nous parle aussi de « la civilisation paysanne » composée de ces hommes et ces femmes durs ou faibles souvent désespérés, qui affrontent la nature, la chérissent et la craignent.

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