Le bruit et la fureur de William Faulkner

Le bruit et la fureur de William Faulkner
( The Sound and the fury)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Jules, le 17 avril 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 24 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 186ème position).
Discussion(s) : 2 (Voir »)
Visites : 15 535  (depuis Novembre 2007)

Une oeuvre magistrale !

Ce livre sort de tous les sentiers battus !. Une autre écriture, un autre mode d’expression !.Un monument de la littérature américaine et mondiale !
Ecrit en 1929, ce livre requiert une attention de chaque instant, sous peine de vous voir largué bien loin de votre sujet, perdu dans un océan de mots qui auraient perdu leur sens.
Nous sommes dans l’Etat de Mississippi, près de Jefferson, sur ce qui subsiste du domaine de Jason Compson et sa femme Caroline, née Bascomb. Ils ont quatre enfants, dont l’aîné s'appelle Quentin. Puis vient une fille, Candace, surnommée Caddy, suivie de deux autres fils, Jason et Benjamin, dit Benjy. Ce dernier est attardé mental. Caddy, plus tard, aura une fille qui habitera également dans la maison et portera aussi le nom de Quentin.
Pas de domaine dans le Sud sans ses « nègres » . Il y aura donc Roskus et sa femme Dilsey, leurs enfants, Versh, T.P. et Frony. Cette dernière aura plus tard un fils qui s’appellera Luster.
Tout ce petit monde va évoluer devant vous, se déchirer, se torturer, se débattre, dans ce qui pourrait passer pour un destin. A part Benjy, chacun de ces personnages pourrait être Sisyphe poussant éternellement devant lui le poids d'un rôle qui lui aurait été attribué par un mauvais génie, une hérédité, une tare contre laquelle il ne peut rien.
Le même drame sera raconté par les trois frères, Benjy, Quentin et Jason. La dernière partie verra Dilsey prendre une grande place. Chaque personnage apportera sa pierre à l'édifice global.
Avec Benjy, nous sommes le 7 avril 1928. Benjy, est un idiot âgé de trente trois ans quand il nous fait vivre une histoire qu’il a surtout vécue par ses sens. Il est accroché à sa sœur Caddy par le son, par la voix et par l’odeur : « Caddy sentait comme les arbres ». Il n'a pas vraiment de pensées, plutôt des sensations.
Soudain, il se met à gémir comme un chien ou à pousser des hurlements. Il y a toujours une raison et le tout est de la comprendre. Caddy comprend, Dilsey aussi.
Faulkner ne respecte pas la notion du temps. Présent et passé sont tout à fait mêlés dans les flashs de l'esprit de Benjy. En pleine phrase, nous pouvons passer de 1928 à 1910, suivant un lien avec une sensation, présente ou passée, apparue dans son cerveau. Et nous progresserons ainsi par bonds en avant, bonds en arrière.
Avec Quentin nous revenons en 1910. Il est à Harvard. Nous découvrons l’amour profond de Quentin pour sa soeur.
Quentin est obsédé par le parfum du chèvrefeuille qui revient sans cesse, lancinant, tout au long de son récit. C’était celui de Caddy, un soir. Lancinants aussi ses rapports avec sa montre et l'heure. Il y a également une enveloppe qu’il met dans sa poche et palpe souvent. Tout son récit sera rythmé par ses obsessions.
Lui aussi il passe d'une pensée à une autre, d'une époque à une autre, parfois en plein milieu d'une phrase. Une merveille d'écriture est celle au cours de laquelle Quentin raconte le soir où il a voulu égorger Caddy, avec son accord, et s’égorger aussitôt après. Sept pages écrites en forme de vers, rendant au mieux l’intensité de la situation ! Quentin, c'est la faute, le remord et le châtiment.
Et la montre, et le chèvrefeuille, et les heures qui passent… et l’enveloppe…
Avec Jason, nous retournons en 1928. La maison est menée par lui et Dilsey. Quentin est mort et Caddy ne vit plus dans sa famille. Jason est fourbe, mauvais, aigris, avare et mesquin. Il revoit les événements mais transforme tout en méchanceté, en mesquinerie. Son comportement est plus qu’odieux, inhumain, en particulier avec Caddy. Il trompe tout le monde, y compris sa mère et seule Dilsey ose lui tenir tête. Il en veut au monde entier !
Avec la dernière partie, nous retrouverons un certain apaisement. Il est dû à la force de caractère de Dilsey, seul pilier solide et humain de ce bateau qui prend l'eau de toute part. On frise le drame, mais Jason finit par se calmer. Les autres "nègres" regardent passivement les blancs se démener et mènent leurs propres vies.
Un roman qui nous donne une sensation d’unité, tant tous sont plongés dans le même drame : celui du destin des Compson. Il saute d'ailleurs les générations..
Faulkner, dans ce livre, avance constamment par petites touches successives. C’est comme s’il construisait une vaste toile dont seule la dernière maille nous permettra de comprendre le secret. Aucune ne donne la solution, c'est le tout qui la donnera. Certains reprochent un excès de construction aux livres de Faulkner, mais il faut bien avouer que sa maîtrise de l’écriture est totale !…
Un énorme chef-d'œuvre ! Un livre à lire sans faute et avec beaucoup d'attention. Mais quels délices il nous donne en contrepartie !.

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Au bout de l'ennui.

1 étoiles

Critique de Jérémy (, Inscrit le 18 juin 2013, 75 ans) - 18 juin 2013

Arrivé à la 120 ème page j'ai voulu arrêter et je puis je me suis dit qu'il n'était pas trop long ( 360 pages ) et que j'allais me forcer pour le finir.
Quel calvaire !
Et dire que ce livre a reçu un Prix Nobel en 1959.

Heureusement que j'avais lu la préface avant de commencer car d'emblée et sans explications vous êtes confrontés à une ribambelle de prénoms. Qui est qui ? Quel âge ont-ils ? etc.
J'avoue avoir souvent somnolé, l'écriture de l'auteur est si répétitive, si tourmentée et si obscure que je ne suis jamais parvenu à m'intéresser à cette histoire et à m'attacher aux différents personnages.

De plus la structure des phrase est tellement déroutante que parfois je me suis demandé si le traducteur n'avait pas oublié des mots.
Je pense que la lecture doit être un plaisir et non une torture.

A relire absolument!

9 étoiles

Critique de Myrco (village de l'Orne, Inscrite le 11 juin 2011, 75 ans) - 1 avril 2013

A première lecture, je serais tentée de dire (à tort sans doute) que seule ici importe l'écriture. S'inscrivant dans un courant qu'expérimentaient parallèlement, entre autres des Joyce et des Virginia Woolf, Faulkner brise ici tous les codes du roman conventionnel, bouleversant non seulement la chronologie des évènements, multipliant les facettes d'une même réalité en juxtaposant les visions de plusieurs personnages, faisant appel à divers procédés techniques (ellipses, aponctuation, etc...) pour nous livrer son histoire comme les mille morceaux d'un vase brisé... charge au lecteur de le reconstituer par recoupements, tâtonnements au fur et à mesure de l'apport de détails souvent apparemment insignifiants que l'auteur s'amuse à nous livrer avec parcimonie tout au long du roman: exercice difficile auquel j'ai personnellement pris du plaisir même si j'ai laissé quelques incertitudes sur le bord du chemin.
J'ai en effet choisi de me laisser guider par l'auteur en occultant au départ le texte de M. E Coindreau qui aurait dû selon moi faire l'objet d'une post-face (et non d'une préface) et dont j'oserai dire qu'en livrant d'emblée les clés de compréhension, elle trahit l'essence même de l'oeuvre.

Je serais aussi tentée de banaliser cette histoire de déchéance d'une grande famille du Mississipi (dont j'attendais plus de bruit et de fureur), ces personnages qui n'inspirent aucune empathie à l'exception de l'émouvante figure presque christique de Disley, la vieille servante noire. Je rejoins la perception de Romur, un peu dans son plaidoyer pour Jason, et totalement dans son appréhension du personnage presque haïssable de la mère.

Comme Piero, j'ai ressenti un plaisir de l'ordre de l'intellect et non de l'émotionnel.

Néanmoins, j'ai bien conscience d'avoir été à ce point mobilisée par l'accès à la forme que je n'ai pu m'attarder sur une complexité de contenu, une densité symbolique qui font de cette oeuvre bien autre chose qu'un exercice de style, fut-il extrêmement brillant.

Conclusion: il me faudra pénétrer plus avant dans l'oeuvre de Faulkner, lire d'autres romans de lui (dont je crois savoir que certains s'éclairent les uns les autres) avant de relire celui-ci, pour mieux saisir la richesse d'une oeuvre dont se réclament encore aujourd'hui certains écrivains actuels. Et c'est sur cette quasi certitude de plaisirs futurs que je fonde ma note.

"Incritiquable"

6 étoiles

Critique de Pieronnelle (Dans le nord et le sud...Belgique/France, Inscrite le 7 mai 2010, 77 ans) - 8 février 2013

Ceux qui ont fait une critique de ce livre (quel courage !) ont remis d'une certaine façon le roman "en ordre" alors qu'il est le désordre complet. Je me pose vraiment la question de savoir s'il faut essayer de le "reconstituer" comme un roman classique où les personnages ont chacun leur rôle et même de chercher à savoir qui est vraiment qui par rapport à l'autre. Ce livre est pour moi un mélange de fascination et d'irritation ; cette dernière parvient à s'effacer si on lâche prise et que justement on ne cherche pas une cohérence dans cette histoire de famille. Il faut, à mon avis, se mettre dans la tête de chaque personnage et surtout dans les pensées avec toutes leurs digressions possibles ; essayer de voir, d'entendre, de sentir par les yeux et tous les sens et non pas de comprendre et de chercher une logique. Il y a des moments très forts avec, en ce qui me concerne, une sensation de malaise quand on se met dans la peau des personnages et difficile de faire autrement sinon on perd pied. Ces naufrages, ces descentes aux enfers sont parfois éprouvantes.
Si on sort de cette immersion on peut trouver alors que c'est avant tout un exercice de style, une technique qui parfois a des incohérences particulièrement quand l'auteur se met dans le cerveau d'un homme dit "attardé" (par exemple la juxtaposition de sensations qui semblent les plus probables avec des observations logiques et presque normales) ;
Etonnant, hors du commun, à découvrir pour un plaisir plus intellectuel à mon avis qu'émotionnel.
Impossible de représenter en étoiles mon avis. Je mets 3 mais ça n'a aucun sens, cela pourrait être aussi bien 1 que 5 suivant mon ressenti dans le livre.

Les damnés

6 étoiles

Critique de Poignant (Poitiers, Inscrit le 2 août 2010, 58 ans) - 29 juillet 2012

Ce récit atypique en quatre parties est l'histoire de la déchéance des Compson, famille blanche du Mississipi rural, au début du vingtième siècle.
Cette chute est décrite de façon surréaliste en quatre parties. La première est celle de Benji, arriéré mental ingérable qui pourrit la vie de la famille. La seconde est celle de son frère Quentin, qui se suicidera parce qu'animé de pulsions incestueuses envers sa soeur Caddy. La troisième est celle de Jason, dernier de la fratrie, sale petit blanc raciste et plein de fiel. Le quatrième récit, plus traditionnel, met en avant Dilsey, la vieille domestique noire, seule personne raisonnable dans cet univers dantesque.
L'écriture de Faulkner est tout autant lyrique et puissante que difficile et hermétique : le record est une phrase de deux pages sans ponctuation ! C'est pourquoi plonger dans cet imaginaire dépressif nécessite de la part du lecteur un effort considérable.
Au bout de quelques pages, vous serez aussi déboussolé que les personnages. Dans cet océan de mots agité par une forte houle, la lecture de la préface de l'édition Folio pourra vous aider. Vous donnera-t-elle envie de poursuivre ?
« De bruit et de fureur » est sans doute un grand roman de la littérature américaine. Faulkner en balance beaucoup sur la société blanche du sud, et il y va à la bombe atomique.
Mais tout cela est peu accessible et ne m'a apporté aucun plaisir. A vrai dire, j'ai mis deux ans pour en venir à bout ...

Incompréhensible

2 étoiles

Critique de Grégoire M (Grenoble, Inscrit le 20 septembre 2009, 49 ans) - 21 décembre 2011

Et bien voilà, je n'avais pas l'attention de chaque instant dont parle Jules pour m'accrocher à l'histoire. Je n'avais pas lu de résumés préalablement au livre, ni construit de mini croquis des personnages. Du coup, le livre m'a passablement fatigué puis ennuyé. C'est curieusement lorsque l'histoire devenait plus compréhensible que j'ai décroché (dans la troisième partie racontée par Jason). Parce que je n'en pouvais déjà plus en arrivant à ce point, parce qu'il était trop tard pour me rattacher à l'histoire et que le sort de différents personnages m'était devenu totalement indifférent. Peut être aussi parce qu'une fois enlevé le fard de la composition libre du livre, l'histoire n'a rien de si exceptionnelle à offrir.
Je ne vois nulle part l'utilité d'écrire un livre aussi confus, ce que cela peut apporter à la narration, à la dramaturgie, à l'épaisseur des personnages. L'exceptionnelle maîtrise, la poésie et la beauté dramatique de l'oeuvre me sont passées bien loin.

Eblouissant !

10 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 23 juillet 2011

Ma 1ère expérience " Faulkner " et quelle sensation !

Je n'ai aucune envie de résumer l'histoire (déjà fait par certaines précédentes critiques) parce que ce roman est émotion.
Prévenu par la patrouille (cf.forum du roman), je m'étais construit un mini croquis des personnages pour ne pas décrocher.
En effet, plusieurs membres de cette famille portent le même prénom, ce qui ne simplifie pas la compréhension.
Si on ajoute à ça un style et une construction atypiques on pourrait être vite tenté de refermer le livre.
Pour ma part, j'ai été pris par le tourbillon et irrésistiblement attiré par la clarté qui apporte - au fil des pages - les éclaircissements nécessaires pour comprendre les lourds secrets de cette famille.
Tout comme Maman Disley après le prêche du prédicateur à l'église j'ai déconnecté du réel pendant une bonne centaine de pages.
Ce roman est tout simplement éblouissant .
Si vous cherchez à lire de la grande, de la belle et originale littérature, cette oeuvre est taillée pour vous !

Fureur des passions

8 étoiles

Critique de CptNemo (Paris, Inscrit le 18 juin 2001, 50 ans) - 4 octobre 2010

Le bruit et la fureur nous raconte une série de drames qui s'abattent sur une famille hautaine mais décadente du sud des états unis, une histoire de folie et de haine familiale.

Si sur le fond l'intrigue est assez limpide, la construction complexe et le style exigeant de Faulkner vont faire de la compréhension des ces événements un vrai jeu de piste, la trame des événements ne devenant vraiment claire que vers les 3/4 du livre.

Ces évènements nous sont donc racontés plusieurs fois par des narrateurs différents. Les trois premières parties sont racontées par trois membres de la famille, seule la quatrième sera contée plus classiquement à la troisième personne. La première partie est la version d'un idiot et l'on est plutôt dans le domaine de la sensation que du récit construit. Chaque version de l'histoire sera ensuite un peu plus claire que la précédente et l'on pourra peu à peu reconstituer le puzzle de l'intrigue.


Dans les trois premières parties l'auteur nous fait rentrer dans le flux de pensée de personnages torturés. Et la pensée ca n'est pas linéaire et bien ordonnée, surtout quand on souffre. Il faut donc s'accrocher pour suivre. L'auteur passe ainsi d'une époque à l'autre au sein d'une même phrase, les flash back sont incessants comme les digressions et les récurrences. Un peu difficile au début mais la phrase et son rythme finissent par nous emporter et nous bouleverser.

On pénètre dans le bruit et la fureur des âmes tourmentées et l'on n'en sort pas indemne.

Un livre complexe hanté par la folie et la haine qui ne laissera pas ses lecteurs intacts.

PS : et surtout ne lisez pas la préface avant d'avoir fini le livre.

Fort mais artificiel

7 étoiles

Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 6 septembre 2008

Un drame familial avec comme toile de fond l’univers rural des Etats-Unis du Sud. La famille Compson, (autrefois) riches fermiers du Mississippi, est maintenant sur la voie d’un déclin accéléré, sous le regard de ses domestiques noirs.
Le bruit et la fureur c’est celui des âmes tourmentées par la folie, la méchanceté, les amours incestueuses, la jalousie.

Pour ceux qui ne l’ont pas encore lu : ne pas se lancer seul et sans préparation ! Le livre est difficile à lire et le découragement vous guettera plus d’une fois ! Voici donc tout d’abord quelques conseils et repères qui, sans rien dévoiler ni gâter, permettent de s’y retrouver et d’aborder un peu plus facilement cet ouvrage.
1) Les conditions de lecture
Prendre l’édition Folio avec la traduction et surtout la très bonne introduction de Maurice Edgar Coindreau, qu’il faut lire même si vous avez l’habitude de sauter les préfaces et de les lire après coup.
Trouver un endroit et un moment pour lire au calme : Le bruit et la fureur nécessite une grande concentration pour être apprécié et ne pas perdre le fil du texte.
2) Les regards
Le livre est structuré en 4 chapitres, qui sont quatre regards. Les trois premiers sont en vision subjective, des 3 derniers descendants mâles de la famille :
- le premier, sous le signe de la folie, étant celui d’un idiot (Benjy) ;
- le deuxième, sous le signe du désespoir, est celui de Quentin qui s’achemine vers le suicide ;
- le troisième, sous le signe de la haine, est celui de Jason, tourmenté et aigri mais néanmoins les pieds sur terre ;
- le quatrième, sous le signe de l’apaisement, est la vision objective du narrateur (à moins que ce ne soit celle des noirs qui servent la famille, ironiquement les plus clairvoyants sur les événements dans lesquels se débattent leurs maîtres).
A travers cette progression dans différents esprits, l’univers et les événements se dessinent progressivement au fur et à mesure que les regards s’éclairent, comme si ils émergeaient de la brume, ou de la mer qui se retire.
3) La Chronologie
L’ordre chronologique des événements est chapitre 2, et 18 ans plus tard chapitres 3, 1 et 4.
4) Les personnages
Attention aux homonymes :
- Quentin est un garçon narrateur du chapitre 2 et une fille au centre des chapitres 3 et 4 ;
- Jason est le père, surtout au chapitre 2 et son fils devenu chef de famille aux chapitres 3 (narrateur), 1 et 4 ;
- Maury (Maurice) est l’oncle mais aussi le prénom de Benjy avant que son père, constatant son idiotie, ne décide de le rebaptiser.

Comme on peut l’imaginer, cette construction est originale et déroutante, tout comme les voyages permanents dans l’esprit des héros entre le présent et le passé, porté par les sensations et la réflexion, par l’association d’idées ou par les sentiments. Les phrases interrompues au gré des changements d’idée et la ponctuation aléatoire contribuent à la difficulté de lecture pour suivre le fil des sensations, des souvenirs, des obsessions. J’ai lu quelque part l’expression « courant de conscience » qui décrit parfaitement le procédé.
Dans les moments fastes, j’ai réussi à m’isoler complètement, à partir au rythme des phrases, à m’immerger dans le récit et l’esprit des personnages. Il était difficile d’échapper à l’envoûtement pour revenir au monde réel !
Ceci étant, au bilan, ce n’est pas l’enthousiasme qui domine. Certes, il s’agit d’un livre unique, d’un procédé d’écriture révolutionnaire, mais ça me paraît un exercice bien artificiel et théorique. Je ne retiens pas de sentiment de plaisir à l’issue de cette lecture d’un « classique » qu’il « faut » avoir lu. Suivant le conseil de certains relevé sur Internet, j’essaierai de le relire dans quelque temps, peut-être après avoir tenté d’autres livres de Faulkner.

Je voudrais finir par un plaidoyer pour Jason, sévèrement condamné par Jules : dur, avare, raciste… peut-être. Mais c’est sans doute le meilleur élément de la famille qui a été sacrifié pour envoyer son frère Quentin à l’université. Il y a de quoi en garder quelques aigreurs et il a eu la force de ne pas finir fou ou névrosé.
Dans la famille, c’est le seul qui ait quelques principes, le seul qui travaille, le seul qui tente de faire aller droit ce bateau à la dérive, sans la lâcheté déguisée en bienveillance de sa mère. Dans le roman, c’est bien elle à mes yeux le pire des personnages, et certainement la première responsable de cette débâcle, avec sa faiblesse larmoyante et culpabilisatrice, et son incapacité à élever ses enfants qui reproduit sur Quentin la dépravation de Caddy.

Faulkner est un génie

10 étoiles

Critique de Gramsci (, Inscrit le 26 juillet 2007, 39 ans) - 15 août 2007

Ce roman est proprement génial, n'en déplaise aux esprits chagrins qui trouvent Faulkner je cite : "se masturbe le cerveau". Tous les enjeux de la création littéraire sont là dans the Sound and the Fury, bien sûr il s'agit d'un texte complexe, la première partie est particulièrement déroutante et nécessite un petit effort de concentration, mais au delà de la narration déconstruite, il s'agit bien là d'un grand texte sur la nature humaine. Ce roman sublime à lui seul la littérature entière, et il mérite vraiment qu'on s'y attarde.

Si vous préférez la littérature putative et inutile, lisez Coelho ou Werber, mais si vous êtes à la recherche de véritables sensations et d'une véritable oeuvre unique jetez vous sur the Sound and the Fury, ne vous laissez pas rebuter par des passages trop abscons, le récit devient limpide à la fin du roman, et laisse une marque indélébile dans la mémoire.

À LIRE ABSOLUMENT

Un peu déçue

6 étoiles

Critique de Janiejones (Montmagny, Inscrite le 20 avril 2006, 39 ans) - 9 mai 2007

J'ai été un peu déçue par ce livre, que j'attendais de lire depuis des années. Peut-être mes attentes étaient-elles trop grandes, mais je suis restée avec une petite pointe de déception, bien que Le bruit et la fureur, reste indéniablement un classique.

une tempête

6 étoiles

Critique de Vda (, Inscrite le 11 janvier 2006, 49 ans) - 17 septembre 2006

La dernière page tournée, l'esprit en déroute, je demeure partagée quant au livre Le bruit et la fureur.
En fait, c'est le titre qui a raison, il s'agit là d'une tempête dans laquelle sont ballottés personnages, sentiments, et sensations. Le lecteur est perdu en pleine mer, quelques bribes lui permettant de surnager. Et cependant, la lecture est rapide, facile, fluide.

Indispensable lecture de la préface pour ce raccrocher dans ce maelstrom, Faulkner passant dans la même phrase d'un épisode à un autre, distants de plusieurs années.

La violence des vagues se calme d'épisode en épisode, de Benjy à Dilsey, le récit reprend une forme plus classique, les incursions du passé diminuant d'intensité.

La dernière page tournée, on y songe encore et toujours. Un signe

Faites des bébés !

9 étoiles

Critique de Guigomas (Valenciennes, Inscrit le 1 juillet 2005, 55 ans) - 6 décembre 2005

L'autre jour à la bibli, ma fille de 16 mois s'ennuyait dans sa poussette et je l'en ai sortie. Erreur! ça court partout à cet âge là ! Pas moyen d'arpenter les tranches peinard, je n'arrêtais pas de la chercher dans les rayonnages... jusqu'à ce qu'elle me tende un petit livre "Ta!"
Faulkner, le bruit et la fureur... pourquoi pas.

MERCI MA PUCE !

Ce livre est un des trois ou quatre monuments que j'ai eu la chance de lire. Quelle force dans l'écriture ! Malgré la difficulté de lecture, je n'ai pas pu m'en défaire jusqu'à la toute dernière ligne. C'est magistral à tous points de vue.

Un conseil : lire la préface, sinon c'est la noyade assurée...

Le désordre émotionnel

9 étoiles

Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 8 octobre 2005

De tous les romans qu'il m' a été donné de lire, "Le bruit et la fureur" de Faulkner est sans doute celui qui m'a semblé le plus exigeant, le plus difficile mais aussi bizarrement l'un des plus construits et aboutis. Ce roman relève de l'expérience. Souvent, vient l'envie de l'arrêter mais toujours on y revient tellement l'écriture est ici géniale. "Le bruit et la fureur" ou l'histoire dramatique d'une famille du Sud américain juste avant le grand crash boursier de 1929. Région où les Blancs ont le pouvoir, où les Noirs sont exploités. C'est dans cette ambiance que va se jouer le destin des Compson.
Un drame familial joué en quatre temps, quatre partitions, quatre émotions bien distinctes. Le premier chapitre, le plus difficile, évoque le désordre et la folie. Le second est teinté de désespoir. Le troisième chapitre est placé sous le signe de la rage et de la haine. Le quatrième, résolument plus calme, est un peu le savant mélange de tout ce qui a précédé.
Bref, ce roman est celui du désordre. Les idées, les sentiments se bousculent. Passé et présent fusionnent à n'en plus finir. Perturbant dans un premier temps, mais tellement génial, une fois fermée l'ultime page.

éblouissement

8 étoiles

Critique de Sido (Grenoble, Inscrite le 26 janvier 2004, 70 ans) - 31 janvier 2004

Il faut apprendre à lire Faulkner et le Bruit et la fureur n'est pas l'oeuvre la plus facile. Mais une fois familiarisé avec la construction et la syntaxe quel plaisir. La deuxième partie du récit est de lecture plus facile. Le personnage de Dilsey et sa relation avec les membres de la famille Compson et en particulier avec Ben et Quentin (la petite fille) génèrent une intense émotion. J'ai ressenti beaucoup de compassion pour ces deux enfants blessés et mal aimés.

C'est bien ce que je craignais...

4 étoiles

Critique de Virgile (Spy, Inscrit le 12 février 2001, 45 ans) - 2 juin 2003

...dans ce cas j'ai compris mais pas aimé... Cette "fusion du fond et de la forme" n'est pas réussie dans cet ouvrage pour moi. Et je ne trouve pas que le fond valait un tel développemment. En toute subjectivité bien sûr... :op

lecteur actif / lecteur passif

8 étoiles

Critique de Tophiv (Reignier (Fr), Inscrit le 13 juillet 2001, 49 ans) - 2 juin 2003

Quelques petites réactions par rapports aux précédentes critiques : la critique de Jules m'a facilité la lecture de ce roman et personne n'est obligé de lire l'ensemble du texte si l'intrigue est trop dévoilée à son goût ! Si j'ai envie de lire un livre, je survole les critiques et j'y reviens après ma lecture. Une critique peut également être intéressante à lire à posteriori, on s'aperçoit d'ailleurs parfois que certaines choses nous avaient échappée.
ensuite par rapport à Virgile, je reprendrais simplement deux phrases de Jules :
"Présent et passé sont tout à fait mêlés dans les flashs de l’esprit de Benjy."
"Avec Quentin ... Tout son récit sera rythmé par ses obsessions. "
Je ne pense pas que Faulkner ait adopté cette forme de récit gratuitement. Au contraire, comme le souligne Jules, il veut réussir la fusion du fond et de la forme, que la forme du récit reflète l'état mental de ses personnages.
Certes, ici le lecteur ne peut se contenter d'être "passif" et de laisser défiler tranquillement les pages, il doit être "actif" et sans cesse soutenir son attention, reconstituer l'histoire de cette famille.
Le fait d'avoir sous les yeux l'arbre généalogique des Compson m'a grandement facilité la lecture. J'ai tout de même dû faire un effort de motivation pour passer outre les difficultés dues à cette absence de chronologie et au caractère fragmenté du texte.
La 2ème partie, racontée par Quentin est ma "préférée", elle nécessite moins d'efforts que la 1ère, racontée par Benjy. Quentin est touchant et apparait comme le grand frère honnète et sensible, à la culpabilité exacerbée.
Un grand livre explorant brillament une forme de récit fragmenté et réglé avec précision et demandant au lecteur de rééls efforts pour pouvoir en appréhender le fond.

une nouvelle étirée sur 371 pages pour le plaisir de faire compliqué...

4 étoiles

Critique de Virgile (Spy, Inscrit le 12 février 2001, 45 ans) - 23 septembre 2001

Et bien oui, au risque de passer pour un débile profond, je dirais que je n'ai pas compris. Pas compris le but de l'auteur. Ce livre ne raconte rien de particulier, une saga familiale avec son lot de déchirements, rien de passionnant.
Alors on pourrait dire: mais tout de même, ce type écrit fameusement bien, n'a-t-il pas d'ailleurs eu le prix Nobel?
Et bien pour moi non désolé, je trouve que faire étalage d'une complexité comme ca c'est un peu faire le malin, ca oblige un peu d'attention du lecteur, voire même une relecture pour vraiment tout comprendre, or relire une histoire peu passionnante ça n'est pas très plaisant.
Si vous voulez vous casser la tête lisez ce livre ou Kant et l'ornithorynque d'Eco, tous les deux font compliqué pour le plaisir, tous les deux contiennent quelques bons passages noyés dans une masturbation intellectuelle de gros cerveaux... (oulala que je suis dur moi aujourd'hui!) :op

oui, je suis allé voir

5 étoiles

Critique de Joujou (Bordeaux, Inscrite le 2 février 2001, 55 ans) - 1 mai 2001

J'ai vu les efforts de Jules, ma remarque concerne les critiques de Jules en général, pas spécialement celle-ci. Je voulais juste répondre à ce qu'il m'avait répondu... pour spécifier ce que je voulais dire exactement. Merci!

J'ai en pris bonne note

9 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 30 avril 2001

Je ne sais pas si "Casse croute" est retourné lire ma critique sur ce livre après sa première remarque. J'ai supprimé pas mal de choses et ne révèle que peu l'histoire elle-même... C'est mon avis, mais je peux encore me tromper...

Mon avis

5 étoiles

Critique de Joujou (Bordeaux, Inscrite le 2 février 2001, 55 ans) - 30 avril 2001

Je pense que ce n'est pas parce qu'une préface raconte l'histoire qu'il faut la raconter ici. D'abord, tout le monde ne lit pas les préfaces, ensuite, ce n'est pas vrai que tout le monde connaît l'histoire de l'Assommoir, du Vieil Homme et la mer, de Germinal et des Misérables... Beaucoup en ont bien sûr entendu parler, mais n'en connaissent qu'un contour très flou. Pourquoi les priver de découvrir une histoire en la leur racontant d'avance? Bien sûr, le style est important, les idées d'un livre également, mais l'histoire l'est tout autant, surtout pour des gens qui lisent pour se distraire et non pour faire une analyse de livre.
Je pense que Jules est un littéraire convaincu, qu'il sait de quoi il parle, et que ses critiques adoptent un ton juste. Les livres qu'il choisit sont toujours bien choisis et son avis rejoint souvent le mien. Mais il ne faut pas oublier que la plupart des gens (sur ce site comme ailleurs) sont juste des lecteurs 'normaux', en quête d'un bon livre À DéCOUVRIR. Il faut penser à eux aussi et ne raconter que la trame de l'histoire, comme le font d'ailleurs la plupart des critiques sur ce site.
Pourquoi Jules n'analyserait pas, comme il sait si bien le faire, les livres qu'il critique, et ne laisserait-il pas tomber les trois-quarts de l'histoire elle-même?
Certains arrivent bien à le faire, même pour des livres dits 'classiques': les Misérables, Boule de suif, un Roi sans divertissement, Germinal, un Homme obscur... en sont quelques exemples: on dit quelques mots de l'histoire, juste assez pour donner l'envie d'en découvrir plus, et on analyse le style, ou les idées...
Bon, à côté des longues critiques de Jules, il y a celles trop courtes parfois de quelques autres critiqueurs, mais voilà mon avis, tout le monde a le sien et moi, j'ai aimé découvrir par moi-même comment se terminait la bataille entre le poisson et le vieil homme dans 'le Vieil Homme et la mer'. Pourquoi ne pas laisser aux gens qui ont encore toutes ces merveilles à découvrir, le bonheur du 'suspense'?

J'accepte la remarque, mais...

10 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 25 avril 2001

Pour ma défense, je voudrais dire que dans l'édition Folio Gallimard, Coindreau, le traducteur habituel de Faulkner, explique totalement l'histoire dans sa préface, donc avant la première ligne de Faulkner !... Il en révèle plus que moi et à la lecture vous découvrirez que je n'ai pas tout dit !... Coindreau explique également bien plus en détail les liens entre les personnages et ce qui les anime. Je crois vraiment qu'il peut se le permettre car Faulkner c'est une histoire, bien sûr, mais c'est aussi et surtout une façon de la raconter, une technique d'écriture et de gradation.
Qui ne lit pas quand-même "l'Assommoir", "Germinal", "les Misérables", même "le Hussard sur le toit", alors qu'il en connaît l'histoire ? C'est aussi vrai pour "le Vieil Homme et la mer"...et bien d'autres...
De façon générale, je tente (je dis bien "je tente") d'éviter cet écueil, mais ici, avec la préface qui raconte encore plus que moi... Je prends cependant bonne note de la remarque et merci de l'avoir faite.


TOUT EST DIT!!!!

7 étoiles

Critique de Joujou (Bordeaux, Inscrite le 2 février 2001, 55 ans) - 25 avril 2001

Jules fait toujours de bonnes critiques, mais peut être qu’il nous révèle un peu trop l'histoire. c'est un peu dommage cela ne donne pas vraiment envie de lire le livre...

Un livre impressionnant de maîtrise!

10 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 23 avril 2001

Oui, c'est un roman fantastique, un style tout à fait unique, un incontournable chef-d'oeuvre. Ce roman aux multiples et subtiles facettes est écrit de manière extraordinaire. Incomparable, voilà un livre qui nous offre avec une dramatique beauté le récit de cette famille qui souffre et se fait souffrir. Les personnages sont envoûtants par leur force et leur faiblesse.
Lire et comprendre un roman de William Faulkner est un travail, un investissement en soi... Mais il n'y a rien à y perdre, tout à y gagner. Une autre façon de lire... Ce n'était rien d'autre qu'un réel défi que de se lancer à l'assaut d'un tel ouvrage, et il a été très bien relevé! Voilà une très très bonne critique de ce livre qui a laissé sa trace indélébile dans l'histoire de la littérature.

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