Comment respirer sous l'eau de Julie Orringer
( How to breathe underwater)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Nouvelles
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Perversité et souffrance
Publié en anglais sous le titre "How to breathe underwater. Stories", ce recueil de Julie Orringer est par moments terriblement oppressant. Des récits caustiques, tranchants, noir de noir, qui racontent les méfaits des uns et des autres, la plupart du temps commis par des enfants qui, on le sait, peuvent se montrer particulièrement cruels. Beaucoup de perversité, reproduction des comportements des grands par les petits (dans ce recueil, on torture un enfant noir, on se livre à des attouchements sexuels incompris, on tue des poissons rouges par pur sadisme...), tout, dans le livre de Julie Orringer tend à démontrer la fragilité du lien séparant le jeu de l'interdit. Un geste, un acte commis sans en avoir l'air et nous voilà plongés dans l'univers effrayant du crime. Cela provoque une angoisse certaine, mais aussi un lot de questions sur les normes, sur les moeurs, sur les caractères enfantins et adultes, sur les repères que l'on se crée...
Julie Orringer manie cette fragilité des certitudes avec talent, même si je reproche quelques maladresses à son écriture, par instants trop académique ou trop soignée, manquant de naturel, mais cela est peut-être dû à la gravité des problèmes qu'elle soulève.
Les éditions
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Comment respirer sous l'eau [Texte imprimé] Julie Orringer trad. de l'anglais (États-Unis) par Anouk Neuhoff
de Orringer, Julie Neuhoff, Anouk (Traducteur)
Editions de l'Olivier / OLIV. LIT.ET
ISBN : 9782879294087 ; 16,12 € ; 11/03/2005 ; 312 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (2)
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prenant, malgré soi
Critique de Catva (, Inscrite le 14 juin 2006, 53 ans) - 31 juillet 2006
J'ai beaucoup aimé : peu d'auteur de nouvelles ont cette intensité, et la noirceur n'est jamais gratuite!
Cruautés d'enfants, mais encore ?
Critique de Clarabel (, Inscrite le 25 février 2004, 48 ans) - 29 juin 2005
De toute façon, des neuf textes du livre, le lecteur est à chaque fois embarqué par le nouvel univers créé, proposé, exposé. Souvent il s'agit d'une nouvelle confrontation entre cousines, amies, frères ou soeurs. Parfois aussi, il s'agit du seul contre tous, comme dans "Consignes à l'usage d'une fille de sixième", où la fillette devient le bouc-émissaire de sa classe pour avoir su danser avec grâce avec le garçon le plus convoité de l'école !.. Aussi, l'injustice semble plus contagieuse et quelquefois couverte sous des dehors aimables et polis, des convictions religieuses appuyées, une dévotion dévorante ! Mais au-delà d'une telle croyance, pratiquante et exacerbée, se cachent parfois des déviances, comme celle de la petite juive fascinée par la lecture d'un livre interdit ("les plaisirs orientaux expliqués aux occidentaux") ! Le vice semble flirter avec les attouchements prohibés, en cachette dans une navette de Space Mountain par exemple ("Ce que nous gardons").
Au-delà des actes répréhensibles, se camouflent souvent la maladie, le divorce, la solitude ou la drogue. Les enfants semblent être les victimes ?.. Qui pourrait expliquer l'agissement des chérubins, autrement ? Quand une bande de gamins chahuteurs s'en prennent à l'une d'entre eux et cachent leur crime à l'aide de feuilles mortes ?.. Ou qu'une cousine assiste à la danse lascive, jalousant farouchement le corps parfait de la fille de son oncle, lui souhaitant d'être embarquée par la police pour avoir menti et être entrée par effraction chez une inconnue ?.. Que votre amie vous avoue qu'elle se sauve à Las Vegas se marier avec votre petit copain et vous laisse comme un rond de flan sur un matelas gonflable ?.. Ou qu'une toute fraîche communiante décide de reproduire la scène du chemin de croix avec un jeune garçon noir ? Bref, Julie Orringer a su merveilleusement jongler avec toutes les alternatives ! Le plus effrayant ou épatant est de s'apercevoir que, sous couvert de toutes perversions, la plupart des protagonistes sont des êtres ordinaires, et que seule l'innocence de leur âge pourrait excuser l'étendue des drames auxquels ces chérubins semblent s'exercer en toute ingénuité. Et encore ?.. Mais en ce qui me concerne, j'ai beaucoup aimé !
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