L'euphorie perpétuelle de Pascal Bruckner
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Philosophie
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Le bonheur obligatoire
Explosion de mai 68 : libération de tous les désirs.
Un an avant, le situationniste Vaneigem prônait “ la libre fédération des subjectivités qui, seule, permettra l'ivresse des possibles, le vertige de toutes les jouissances mises à la portée de tous.
À la pression de la famille et de la tradition succède celle de l'Etat et des experts. La postérité laïque de la douleur sera nietzschéenne. Autant de doctrines qui pour le mal est un moment de bien et qui discernent dans les tourments d’autres sujets que l’auteur approfondit brillamment au fil des pages.
Le fil conducteur du livre de Pascal Bruckner, philosophe, romancier, essayiste et même sociologue sera donc le devoir, l'obligation, le culte du bonheur dans notre société, le souci obsessionnel de l'argent, le poison de l’envie sociale, etc.
“ Le bonheur répond à une économie, à des calculs, à des pesées, il a besoin de variétés autant que de contrastes. " La satisfaction lui est aussi fatale que l'empêchement. Tout ce qui résiste à la satisfaction des sens, à la propagation du progrès, prend alors le nom de souffrance. L'argent suscite l’envie: “ j'apprends qu'un ami passe des vacances plus excitantes que les miennes, connaît une vie amoureuse plus variée, des perspectives professionnelles plus riches. Conclusion : je ne suis qu'un pauvre type attelé à un destin médiocre. "
être né, poursuit Bruckner, c’est être transformable pour le meilleur et pour le pire en attendant le pire. Page 122, on y lit une description imagée de la vieillesse et de la décrépitude : les vieillards à l'hospice qui échangent d'interminables confidences sur l'état de leur prostate, de leurs poumons, etc. Mais l’état de malade peut procurer aussi une personnalité à un patient qui connaît, grâce à son mal, une intensification paradoxale de l'existence.
Le livre fourmille d'analyses et d'observations de ce type, traitées au scalpel et sous le signe d’un grand talent.
Pascal Bruckner se moque aussi du culte qui frise l’idolâtrie dont le Dalaï Lama, haute figure de l’idéal monastique, serait l'objet chez ses disciples occidentaux, “ ardents pourfendeurs de l'obscurantisme judéo-chrétien, et qui se prosternent, s’extasient sans retenue. "
Autres péchés mignons de nos contemporains : un mimétisme omniprésent et bêtifiant, la peur tragique de l'échec, d’avoir raté sa vie.
Mais que propose notre moraliste sardonique comme comportement de rechange ? Une nouvelle morale de la frugalité ? Pourquoi ne pas tendre vers une existence moins asservie à la logique des objets, à la convoitise artificielle ? " Limiter ses dépenses si cela permet de satisfaire ses passions, augmenter la part de vraie vie amoureuse et spirituelle plutôt que de s’endetter sans fin? î Retrouver tout ce qui se fait rare: la communion avec la nature, le silence, la méditation, la lenteur retrouvée, le plaisir de vivre à contretemps, l’oisiveté studieuse.
Autrement dit, préférer sa liberté au confort. Est-ce réellement à la portée de tout un chacun ?
Les éditions
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L'euphorie perpétuelle [Texte imprimé], essai sur le devoir de bonheur Pascal Bruckner
de Bruckner, Pascal
B. Grasset
ISBN : 9782246582212 ; 19,90 € ; 01/01/2000 ; 280 p. ; Broché
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Du chemin de croix au paradis
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 8 mai 2009
Voilà en gros le propos de ce livre. Pascal Bruckner ne m’a rien appris ou si peu. Il m’a raconté des choses que je savais déjà depuis belle lurette. Il est agréable à lire, c’est un fin observateur et son livre est une remarquable analyse sociale mais le tout m’a semblé terne, presque ennuyeux parfois. Presque rien ne m’a étonnée, rien ne m’a fait bondir sauf peut-être lorsque monsieur Bruckner qualifie les États-Unis de pays d’une immense vulgarité. Alors là, je l’ai trouvé condescendant et bien français… Non monsieur Bruckner, les États-Unis ne sont pas un pays vulgaire. C’est plutôt l’Europe, et en particulier la France, qui souffre d’un maniérisme ridicule et complètement désuet, engoncée dans son passé de vielles dentelles jaunies et de perruques poudrées d’une laideur sans bornes. Voilà, vous l'avez bien mérité !
Quelques phrases sont belles, certaines affirmations ont retenu mon attention et m’ont fait sourire par leur justesse. J’ai noté tous les livres cités en référence et il y en a beaucoup. J’en lirai quelques-uns qui me semblent intéressants. Trop doux monsieur Bruckner, pas assez radical à mon goût…mais je continue à le lire.
« Dès lors que le but de la vie n’est plus le devoir mais le bien-être, le moindre désagrément nous heurte comme un affront. »
« Désormais privée de ses alibis religieux, la souffrance ne signifie plus rien, elle nous encombre comme un affreux paquet de laideurs dont on ne sait que faire. »
« Or ce n’est pas la souffrance qui s’est évanouie mais son expression publique qui est interdite (hormis, répétons-le, dans la littérature). »
Ne pas être heureux est immoral aujourd'hui
Critique de CCRIDER (OTHIS, Inscrit le 10 janvier 2004, 76 ans) - 1 juin 2004
Bruckner s'est donc lancé dans cet essai philosophique qui s'étend sur les domaines les plus variés ce qui rend le livre plutôt intéressant . Le style , comme souvent dans ce genre d'ouvrage , n'est pas particulièrement léger . Heureusement l'auteur a ajouté un certain nombre d'encadrés qui illustrent le propos ( par exemple sur le "fun" ou la raison du succès du bouddhisme en Occident ) . En fait depuis Voltaire et Mirabeau , l'homme moderne est lancé dans une perpétuelle quête d'une chimère impossible à atteindre car le bonheur total et perpétuel n'existe pas ici bas . C'est bien pour cela que les religions dans leur grande sagesse , l'avaient placé dans l'au-delà ! Et quand bien même on l'atteindrait qu'on se retrouverait immédiatement dans un désert d'ennui ou de vulgarité , chose fort partagée de nos jours . ( Un très bon chapitre à ce sujet ) . Finalement l'auteur nous livre le " secret " de la bonne vie : se moquer du bonheur , ne jamais le chercher en tant que tel , l'accueillir sans se demander s'il est mérité . Il n'est finalement pas si loin des anciens traités sur le bonheur qui disaient : "Contentez-vous de votre sort , modérez vos envies , désirez ce que vous avez et vous aurez ce que vous désirez ." Un bon livre , mais qui manque un peu de punch dans la critique du monde actuel qui est bien loin d'être plus sage que l'ancien !
La tyrannie du bonheur
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 15 octobre 2001
C'est un mérite de ce livre de nous déculpabiliser, nous empêcher de succomber à la tyrannie du bonheur.
Chacun a le droit de revendiquer le fait qu'il peut être malheureux de temps à autre. L'auteur règle aussi son compte à quelques idées à la mode; le culte du dalai lama, la pensée positive, ..
C'est en gros ce que j'ai retenu du livre, très intéressant dans sa première partie, où la plupart des idées intéressantes sont développées, mais qui devient un peu trop dense et ardu par la suite. C'est dommage car l'auteur y développe des sujets importants tel que la souffrance, les soins palliatifs,.. mais il manque l'aspect pédagogique du début.
Une analyse qui paraît pour le moins intéressante
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 14 juillet 2001
Ce livre me semble vraiment à lire.
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