L'équilibre du monde de Rohinton Mistry
( A fine balance)
Catégorie(s) : Littérature => Asiatique , Littérature => Anglophone
Moyenne des notes : (basée sur 40 avis)
Cote pondérée : (3ème position).
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"La" saga de l'Inde des années 70
Ce livre est mon premier roman indien. c'est avec un plaisir particulier qu'on se laisse prendre aux tourments de la vie de nos quatre héros: Dina Dalal jeune veuve qui n'a pour seule ressource son petit appartement de Bombay qu'elle partage avec deux tailleurs issus de la caste des Chaamars, et un jeune étudiant Maneck qui étudie loin de ses parents. Comment ces quatre personnes au vécu si différent vont-elles cohabiter?
Tantôt triste, tantôt violent, émouvant, cocasse, ce livre vous fera découvrir le visage complexe de l'Inde des années 70 .
Bouleversant.
Les éditions
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L'équilibre du monde [Texte imprimé], roman Rohinton Mistry trad. de l'anglais par Françoise Adelstain
de Mistry, Rohinton Adelstain, Françoise (Traducteur)
Albin Michel / Litt.Generale
ISBN : 9782226104885 ; 25,40 € ; 03/09/1998 ; 694 p. ; Broché -
L'équilibre du monde [Texte imprimé], roman Rohinton Mistry trad. de l'anglais par Françoise Adelstain
de Mistry, Rohinton Adelstain, Françoise (Traducteur)
le Livre de poche / Le Livre de poche.
ISBN : 9782253150862 ; 9,90 € ; 14/05/2003 ; 896 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (39)
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Sombre bilan
Critique de SpaceCadet (Ici ou Là, Inscrit(e) le 16 novembre 2008, - ans) - 5 octobre 2016
Elaboré autour d'une rencontre, d'une relation qui se noue puis se dénoue, 'L'équilibre du monde' se déploie sur les ailes du hasard et de la nécessité au gré d'un enchaînement de circonstances diverses qui voient les héros essuyer les revers à la chaîne. Libéralement tracé en toile de fond, le contexte historico-politique et socioculturel n'intéresse qu'accessoirement et ce sont bel et bien leurs retombées, l'impact qu'ont ces éléments contextuels sur les existences des personnages que le roman s'applique à explorer. D'ailleurs les descriptions en témoignent; imprécises en ce qui a trait au cadre, aux circonstances ainsi qu'à l'aspect des lieux, sommaires en ce qui a trait aux personnages, elles évoquent bien, voire de manière graphique, les éléments suscitant l'horreur, l'empathie ou la révulsion.
Tissé autour d'un questionnement sur le sens de la vie, utilisant la misère et ses multiples conséquences comme principal levier, Rohinton Mistry dresse avec ce roman un portrait sombre et pessimiste de la condition humaine.
Malgré quelques longueurs et bénéficiant d'une écriture compétente, le roman se lit plutôt bien. Le portrait de société, quoique partiel et peu nuancé, n'est pas dénué d'intérêt. Mais j'avoue que sur le fond comme sur la forme, je n'ai pas pu me laisser convaincre et cela d'autant plus qu'entre dégoût et attendrissement, je n'ai pu réprimer le sentiment de me trouver dans la situation d'un de ces touristes auxquels on en met plein la vue, histoire de s'assurer qu'ils rentrent de voyage satisfaits, c'est-à-dire choqués, mais confortés dans leur privilège. Bref, la recette est intéressante, mais en ce qui me concerne, elle n'a pas donné lieu au festin auquel je croyais avoir été convié.
Notes:
1. Rappelons que la publication de ce roman a été précédée par celle d'un recueil de nouvelles, 'Tales From Firozsha Baag (Les beaux jours de Firozsha Baag)', publié en 1987, ainsi que d'un roman 'Such a Long Journey (Un si long voyage)', publié en 1991.
2. Lu en version originale de langue anglaise.
Vous aviez RAISON…….
Critique de Chtimi59 (, Inscrit(e) le 25 février 2016, - ans) - 16 mars 2016
Inoubliable / Bouleversant / L'équilibre fragile entre espoir et désespoir /
Voilà les titres des dernières critiques de ce livre sur CL. Difficile de ne pas vouloir vérifier toutes ces impressions de lectures. J’ai donc moi aussi lu ce (pavé) Indien.
Né en Inde, et y ayant vécu jusqu’à ses 23 ans, l’auteur nous emmène donc au cœur de cette frange de la population Indienne, les intouchables ou dalits
C’est dans cette plus grande « démocratie » du monde, qu’il nous entraine, à travers l’histoire des 4 personnages principaux, mais aussi avec une multitude d’autres au fil de cette saga, sans jamais s’y perdre grâce au style, à la construction, et la description méticuleuse de Rohinton Mistry.
Toutes les petites histoires s’imbriquent parfaitement dans la grande, et quelle joie jubilatoire à chaque chapitre de retrouver un ou plusieurs de nos personnages préférés et si attachants.
Nous sommes plongés dans l’Inde des castes, l’Inde de tous les excès, du droit de vie ou de mort sur les plus faibles, des magouilles politique, de la corruption à tous les niveaux (police, fonctionnaires, universités, hôpitaux, employeurs, etc ….) toute la société est gangrenée par ce mal qui la ronge, de l’extrême pauvreté, de la lutte non pas pour vivre, mais simplement survivre. Le paroxysme de cette ségrégation, va juste qu’à non pas toucher l’humain, mais son ombre, l’ombre d’un intouchable ne doit pas souiller un temple, encore moins une personne de caste supérieure, d’où la nécessité d’apprendre à marcher du bon côté de la route. « Il faut se contenter de ce que dieu nous donne » dit Dina à un moment dans ce roman, les dieux , qui sont des milliers en Inde malheureusement ne donnent guère a ces gens là. L’auteur met tous ses personnages en images dans ce monde si cruel pour les plus pauvres des pauvres, ce monde des villes, des campagnes, des montagnes, avec un grand soin du détail dans la description des ambiances, des intérieurs, bidonvilles, chambres d’étudiants, petites boutiques, appartements minables, nous sommes à côté d’eux, nous mangeons avec, nous vivons, nous cousons avec eux. Nous sommes dans cette Inde d’une violence inouïe, qui pourtant a vu naitre Gandhi chantre de la non violence, quel paradoxe là encore. C’est un roman sur la vie humaine, le combat de chaque jour pour manger, dormir, échapper à la violence de la rue, à ces profiteurs de misère, logeurs véreux, où tout acquis est un combat souvent chèrement payé .
Mais il y a aussi tous ces petits moments de bonheur tout simples et si anodins pour nous occidentaux, un robinet qui ne délivre sa précieuse eau que l’après-midi, se mettant subitement à couler le matin déclenche une liesse générale, un petit haut, bustier diront certains, assemblé avec des chutes de tissus, prend l’allure des plus beaux modèles de haute couture, une affiche de cinéma accentuant d’un seul coup tous les fantasmes des jeunes garçons.
Je me souviens d’une phrase qui disait « vous passez un mois en Inde vous écrivez un livre, un an une feuille, dix ans rien », plus nous avons l’impression de comprendre la civilisation indienne plus elle s’éloigne de nous, de par la complexité des castes, sous castes, religions, ethnies, codes vestimentaires, maquillages, bijoux, langues qui régissent ce sous-continent. Un indien identifiera de suite la caste, la religion, la situation sociale (mariée veuve célibataire) d’une belle indienne rien qu’en regardant le drapé de son sari, son maquillage, et le port de ses bijoux, le talent de Rohinton Mistry est de soulever le voile sur cette Inde des dalits, en essayant tant faire se peut, de nous en expliquer le début du commencement de tous ses méandres.
Passionné par ce pays, j’avais lu plusieurs ouvrages traitant de ce sujet, mais rien de comparable avec cette saga humaine qui suinte à chaque page, ce livre est dur, très dur certes, mais passionnant, émouvant, drôle par moment, et reflète avec une fluidité souvent poétique la vie avec un grand V, de Dina, Maneck, Ishvar et Om .
On ne prononce que deux phrases en revenant d’un voyage en Inde me disait un guide
1 « plus jamais » trop de misères, de saletés, trop de monde, trop de tout……..
et
2 « vivement que j’y retourne !... »
Pour moi c’est la deuxième
Conclusion
Ce fut pour moi un grand moment de lecture, un très beau compagnon de soirée débordant souvent sur la nuit, tant ce roman est difficile à refermer.
L’explication de mon titre de « critique » (que je n’aime pas ce nom !..) impression de lecture plutôt, et que OUI, VOUS AVIEZ RAISON, Merci à vous de m’avoir donné cette envie.
Marquant
Critique de GiLau (Annecy, Inscrite le 18 septembre 2010, 62 ans) - 9 mars 2016
C'est la première fois que je lis une oeuvre sur l'Inde, j'en avais les clichés en tête, d'ailleurs proches des situations décrites, mais j'ai été sonnée par autant de réalisme, bouleversée par cette condition humaine consciente et pragmatique.
C'est un monument !
Inde impitoyable
Critique de ARL (Montréal, Inscrit le 6 septembre 2014, 39 ans) - 20 septembre 2015
À travers un duo de tailleurs, une femme indépendante, un étudiant en réfrigération et une galerie de personnages secondaires, Mistry brosse un portrait de l'Inde impitoyable des années 70. Disons qu'on est loin de l'Inde merveilleuse des fantasmes occidentaux. Guerres de religions, meurtres barbares, vasectomies forcées, violence entre les castes, propriétaires véreux, mendiants maltraités, politique malhonnête, tout y est. Certains passages font mal au coeur, d'autres vous enragent littéralement.
Les talents de conteur de Mistry sont impressionnants. Je n'ai pas senti passer les 896 pages. Il n'y a aucune lourdeur dans le style (d'ailleurs très accessible), aucune stagnation dans le récit. La relation particulière de ces quatre personnages issus de trois castes différentes est inspirante, mais l'auteur ne se gêne pas de montrer que l'Inde de l'époque ne pouvait longtemps la tolérer et que leurs destins étaient inévitablement tragiques.
Et c'est ici à mon sens que ressort le seul point négatif: Mistry en met peut-être juste un peu trop. Personne ne s'en sort, tout est au pire. On atteint un degré de tragédie qui paraît improbable, comme si l'auteur avait infligé à ses personnages tous les malheurs possibles pour présenter au lecteur le large éventail de calamités qui pouvaient s'abattre sur la population indienne de l'époque. Ishvar et Om en particulier n'ont jamais le temps de souffler!
C'est incroyable de penser que de telles atrocités ont pu être commises et cautionnées par un gouvernement hypocrite et sadique. J'ai cru comprendre que l'Inde d'aujourd'hui n'est plus du tout la même, que cette époque est révolue. Si l'on se fie au roman de Mistry, l'Inde des années 70 était invivable pour les castes du bas qui se trouvaient constamment menacées et ciblées par les autorités.
L'Équilibre du monde est un monument, rien de moins. Un livre qui marque profondément, qui nous hante longtemps après l'avoir refermé. Une histoire d'une grande beauté, tragique et oppressante mais qui inspire d'une étrange façon.
magnifique histoire
Critique de Crapaud42 (Saint-etienne, Inscrite le 22 juillet 2008, 45 ans) - 6 mai 2015
Une belle histoire indienne
Critique de Morphée (, Inscrite le 7 décembre 2005, 44 ans) - 21 avril 2015
Dina Dalal, jeune veuve cherchant par n'importe quel moyen à garder son indépendance. Elle se lance notamment dans la confection à domicile.
Maneck, fils d'une amie de Dina, quittant ses parents et sa montagne lointaine pour poursuivre ses études.
Et, les 2 tailleurs, Omprakash et Ishvar, respectivement neveu et oncle, venus chercher du travail en ville.
L'aventure touchante de ces 4 protagonistes, nous plonge au coeur de l'Inde, nous amenant à découvrir une grande misère, beaucoup de pauvreté, des conflits sociaux et un pouvoir politique tout puissant ne laissant aucune possibilité au peuple de s'en sortir.
Un roman magnifique, émouvant, triste et noir aussi. Les personnages sont attachants. A lire pour connaître et imaginer la dureté de la vie en Inde à cette époque. Une belle oeuvre pleine d'humanité mais d'inhumanités également.
Magnifique saga
Critique de Fabs (, Inscrit le 17 novembre 2011, 40 ans) - 21 janvier 2015
Inoubliable
Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 36 ans) - 27 septembre 2014
Les quatre individus principaux que sont Ishvar, Omprakash, Dina et Maneck sont issus de milieux différents ; le mélange des castes (Intouchables, Chamaar et Parsi) est alors impensable et très difficile à accepter dans ce pays. Pourtant, par nécessité, ils vont cohabiter, devenir en quelque sorte une famille et y trouver là une forme de bonheur. Mais les malheurs vont s’abattre un à un sur tous ces protagonistes de manière hallucinante.
L’Inde aussi souffre à sa manière : mendiants, élections truquées, propriétaires véreux, meurtres, kidnappings, gouvernement corrompu et égoïste qui décide notamment de contrôler les naissances en organisant des stérilisations forcées, de détruire des bidonvilles en chassant ses habitants ou encore de « raser » les mendiants pour converger avec une politique d’embellissement de la ville. Ce pays, dont j’ignorais la situation désastreuse à ce point, a vécu une époque catastrophique, une pauvreté criante … DE QUEL DROIT ? C’est révoltant !!!
Les sentiments humains décrits sont forts et beaux ; le temps pourtant est capable de changer les gens. Les impitoyables le restent, tandis que les autres évoluent. Solitude, reconnaissance, souffrance, aide, vengeance, injustice… tout y est. D’autres personnages secondaires viennent compléter ce tableau : Shankai le cul-de-jatte, le maître des mendiants, Rajaram le ramasseur de cheveux, l’éleveur de singes… et nous offrir à leur tour une fresque riche et complète de la nature et de la condition humaine. Enfin, la fin est bien triste pour la plupart des personnages et assez dure à soutenir comme la majorité du livre car très noire. A lire vraiment, de par sa richesse sociologique et historique mais surtout pas en pleine déprime.
Bouleversant
Critique de Guillaume35 (Argentre Du Plessis, Inscrit le 2 octobre 2013, 52 ans) - 4 mai 2014
Après un début un peu long on s'attache très vite à cette histoire dans cette Inde des années 70 qui réunit Om et ishvar les tailleurs, Maneck l'étudiant et Dina jeune veuve aux horizons différents.
Bref une fois commencé difficile de s'en défaire. Bouleversant
L'équilibre fragile entre espoir et désespoir
Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 19 février 2014
On est rapidement happé dans les destins croisés de Dina, Maneck, Ohm et Ishvar. Très vite on s'attache à ces personnages malmenés par des traditions iniques et une politique arbitraire.
J'avais en tête, naïvement je m'en rend compte, l'Inde de Gandhi, celle de la non violence et de la tolérance. Je découvre ici l'injustice, la violence aveugle, l'absurdité inacceptable d'un gouvernement autoritaire et corrompu. En voir les effets délétères (quel euphémisme) sur ces personnages si humains, heurte profondément, à la limite de l’écœurement.
Une belle histoire, de belles rencontres dans une Inde sans pitié. Bouleversant.
Inde sensible
Critique de Ena (Le Gosier, Inscrit le 25 octobre 2004, 62 ans) - 3 août 2013
Je ne suis pas d'accord avec Néoliber sur l'absence de la dimension politique. Pour ne citer qu’une anecdote du livre qui met en scène le premier ministre dans un meeting où le public est constitué de nécessiteux qui se font nourrir et rémunérer pour assister à une mise en scène grandiose.
A ne pas manquer.
Intéressant, mais manque la dimension politique
Critique de Neoliber (, Inscrit le 16 décembre 2011, 83 ans) - 22 mars 2013
Il y a beaucoup à apprendre sur l'Inde et sur les hommes en général à lire ce livre.
Il est à mon avis bien trop long et comme "rempli" de faits, rebondissements et drames terribles, comme si l'auteur avait voulu à tout prix que l'effet soit "garanti", enrichi en détresse, en malheur, et en émotion, en quelque sorte. C'est une manière d'utiliser la misère humaine et la douleur comme leviers pour attirer et conserver l'attention du lecteur. D'autres sont plus économes de moyens et font des livres aussi beaux.
Mais surtout, la dimension politique est presque absente, on se retrouve à se demander comment et pourquoi un pays entier (et l'Inde n'est évidemment pas le seul, y compris en Europe) se retrouve dans une situation aussi affreuse, ou corruption, argent-roi, mépris de l'être humain sont les règles qui conditionnent la domination des privilégiés qui exploitent des centaines de millions de leur semblables.
Un peu plus de visibilité politique au lieu du supposé "fatalisme" de la (supposée) âme indienne serait bienvenue.
je l'ai finalement lu
Critique de The Nim (, Inscrit le 26 juin 2010, 49 ans) - 23 février 2013
un poil moins enthousiaste
Critique de Oreip75 (, Inscrit le 23 août 2011, 45 ans) - 18 novembre 2012
Néanmoins , la mise en place du récit est un peu laborieuse avec un petit effet catalogue dans la présentation des personnages.
Le style, assez basique, permet certes de rentrer facilement dans le livre mais devient assez indigeste au bout de 900 pages.
L’histoire quant à elle: un foisonnement de vie et de rebondissements qui vous tiennent en haleine mais avec une surdose de Tragique.
Au final une vraie découverte de l’Inde, un livre émouvant …mais accablant (à ne pas finir un dimanche soir pluvieux de novembre !)
(et j'en profite pour remercier critiques libres qui est un vrai guide de lectures )
Sans famille au pays des Intouchables ?
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 15 novembre 2012
J’imagine qu’il a voulu dénoncer la situation faite à ce qu’on appelle « les Intouchables », les basses castes, celles qui sont traitées de manière abominable.
Problème : il situe l’action il y a 30 – 40 ans. Mais il l’a écrit il y a 17 ans. Quand je constate comment les choses ont changé en 2012 en Inde par rapport aux années 70 – 80, je me dis qu’en 1995 ça avait dû déjà changer et que ça a encore plus changé … Jusqu’à quel point ? Il faudrait que Rohinton Mistry nous refasse un « équilibre du monde » sauce actuelle.
Ce qu’il nous décrit est une abomination sans nom qui, si elle n’existe plus, a certainement existé et qui heurte profondément notre culture d’occidentaux. Nouveau problème, nous n’avons pas les mêmes bases de raisonnement que les Indiens. Beaucoup s’en faut. L’uniformisation des pensées via la mondialisation des médias a certainement tendance à rapprocher le schéma de pensée des Indiens vers l’Occidental, l’américain plutôt puisque c’est le modèle dominant dans les Médias, mais de sacrées spécificités indiennes sont encore bien ancrées. Quid de la perception des castes et de la notion d’intouchabilité ? Difficile pour un Occidental voyageant dans le pays de tout saisir et mesurer. Comprendre qu’une violence brutale peut être possible, ça, oui, mais plus via le support des antagonismes religieux. Maintenant …
Ce que je reprocherais à Rohinton Mistry, c’est qu’il nous relate simplement une longue histoire, une très longue histoire qui par moments devient vraiment très très longue. Mais … la fin, dans un sursaut d’abomination encore plus abjecte rachète les longueurs. J’aurais aimé néanmoins qu’il y ait plus de recul, que ce ne soit pas simplement une histoire …
Deux tailleurs, initialement cordonniers (et donc de la plus basse des castes puisqu’en contact avec le cuir, la peau d’animaux morts) dans un village de campagne sont voués à rester leur vie durant comme les esclaves des castes plus élevées. Par un concours de circonstances et une décision courageuse ils sont amenés à quitter leur condition pour apprendre, ailleurs, le métier de tailleur. Ils vont migrer vers la très grande ville – probablement Bombay mais ce n’est pas dit – connaître moultes vicissitudes qui paraissent incroyables pour nos standards occidentaux mais qui à l’échelle indienne … et finir par trouver une sorte d’équilibre instable dans leur précarité, une sorte de répit en travaillant et logeant chez Dina, une veuve, elle-même confrontée aux problèmes que peuvent rencontrer des femmes livrées à elles-mêmes dans un pays comme l’Inde. Il y aura aussi Maneck, l’étudiant descendu du Cachemire pour venir étudier et qui se loge chez Dina. Tout ce petit monde improbable finit par se trouver, au moins pour un temps. La suite …
Tous ces actes d’une brutalité inouïe qui interviennent au fil de la relation ont été possibles, ou le sont encore, dans ce pays. Ca, je le conçois. Jusqu’à quel point ceci a-t-il été (est-il) généralisé, that is the question ?
« L’équilibre du monde » est dur. Très dur. Mais il faut garder à l’esprit qu’il parle d’un monde qui n’a pas les mêmes repères que nous et où les tabous, les interdits, ne sont pas les mêmes. Etant entendu que les stupéfiants actes finaux sont bien entendus criminels là-bas aussi …
Il faut que je retourne en Inde faire le point !
L'équilibre du monde
Critique de Exarkun1979 (Montréal, Inscrit le 8 septembre 2008, 45 ans) - 18 septembre 2012
Il y a aussi tous les problèmes liés à l'État d'urgence. Plusieurs crimes y ont été commis comme des stérilisations forcées, de la torture et des meurtres.
Malgré la dureté du récit, on réussit à s'attacher aux personnages du livre. On vit avec eux et on apprend à mieux les aimer tout au long du livre en découvrant leur passé. Pour moi, l'Équilibre Du Monde est vraiment un grand roman. Il est dans les meilleurs que j'ai lu dans ma vie.
Un grand roman
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 16 août 2012
Le procédé narratif est habituel, procédé par lequel l'auteur introduit quatre personnages qu'il nous révèle un par un et dont il réunit la destinée. Sans oublier une foule de personnages secondaires, et l'Inde, un pays terrifiant, qui domine tout le roman.
Pour revenir sur la critique de Vigno, je ne suis pas d'accord avec son jugement sur le manque de combativité des personnages. C'est au contraire le fatalisme des personnages qui m'a impressionné, je pense que sans ce fatalisme qui permet de relativiser les vicissitudes et les aléas de la vie (et parfois d'en rire), ces gens deviendraient fous. Ils ont au moins cette sagesse qui leur permet d'accepter leur sort. C'est d'ailleurs une des rares fois où Om se révolte contre un puissant qu'il en paye un prix exorbitant.
Au-delà de l'aspect narratif, il y a une vraie réflexion sur condition humaine, cet équilibre précaire entre espoir et désespoir avec clairement une balance qui penche vers le désespoir. Un livre finalement pessimiste mais qui fait du bien malgré tout.
L'Inde d'Indira
Critique de Vigno (, Inscrit le 30 mai 2001, - ans) - 29 avril 2012
une sensibilité à fleur de peau
Critique de Kami (Lille, Inscrit le 16 novembre 2011, 48 ans) - 22 janvier 2012
Ce chef d'oeuvre est bouleversant de vérité. A travers la vie de quelques personnages au sein d'un pays en pleine évolution, l'auteur nous livre sa vision de la nature humaine.
Je suis totalement subjugué par ces personnages si héroïques par leurs simplicités. Paradoxalement, malgré la tristesse que procure la lecture de cette oeuvre, le message qu'il transmet est rempli d'espoir.
Par ailleurs, son aspect historique m'a permis de mieux situer l'Inde de l'après ghandi.
Un petit bijou de la littérature contemporaine que je conseille vivement !
Superbe !
Critique de Carrica (, Inscrite le 4 novembre 2011, 52 ans) - 4 novembre 2011
"Ensemble, c'est tout" avec un supplément d'âme indienne. Le plus beau roman de littérature indienne que j'ai lu jusqu'à présent.
Un bijou !
Belle découverte
Critique de Mithrowen (La Chaux-de-Fonds, Inscrite le 23 août 2011, 35 ans) - 20 septembre 2011
La quatrième de couverture n'est absolument pas mensongère ! Ce livre est effectivement un condensé des beautés, telles que les paysage, les personnages pittoresques, et des atrocités de l'Inde, telles que les violences envers les basses castes, le gouvernement corrompu et violent, les tragédies quotidiennes des protagonistes, sans pour autant tomber dans le misérabilisme.
De plus, ce livre est aussi un condensé de l'histoire tumultueuse de l'Inde.
Un vrai plaisir à lire, les pages filent sans qu'on s'en rende compte.
Jolie trouvaille...
Critique de Jonath.Qc (, Inscrit le 6 juillet 2011, 46 ans) - 20 septembre 2011
L'auteur jongle habilement avec l'histoire de l'Inde, sa beauté, ses castes, la cruauté des uns et l'excès de bonté des autres.
Les personnages principaux nous font voyager à travers l'Inde, tant dans les tribus que les grandes villes, les bidonvilles, la rue...avec une légèreté malgré tout. Portant à réflexion sans aucun doute. Ne vous laissez surtout pas impressionner par la taille du livre, il se laisse tout simplement lire.
À votre tour de découvrir maintenant!
un régal...
Critique de Dulcinea (, Inscrite le 20 juin 2011, 41 ans) - 20 août 2011
Passionnant
Critique de Nb (Avion, Inscrit le 27 août 2009, 40 ans) - 8 avril 2011
Les quatre personnages principaux, Dina, Maneck, Ishvar et Omprakash, sont plus qu'attachants. Chacun d'entre eux a une vie à construire, ou à reconstruire, avec un passé parfois pesant. Au contact les uns des autres, ils vont apprendre à se connaître, s'accepter, s'apprécier, mais aussi à faire face, à leur manière, aux injustices de l'Inde des années 70, celle de "Madame le Premier Ministre", prête à tout pour moderniser son pays, même à l'impensable.
Le livre se lit plutôt facilement. Tour à tour drôle, émouvant ou cruel. A travers ces destins croisés, c'est toute l'Inde que l'on vit: la pauvreté, le système des castes, les intouchables, les religions, ... Un grand moment d'évasion.
Pourquoi pas cinq étoiles alors ? C'est la fin qui m'a quelque peu décontenancé... Je suis content que ce ne soit pas celle à laquelle je m'attendais (rien de pire que l'ultra-prévisible), mais je reste sur ma faim.
Cela dit, je conseille, plus que vivement, la lecture de ce chef-d'œuvre.
éblouissant:simplement!
Critique de Laventuriere (, Inscrite le 6 mars 2010, - ans) - 1 décembre 2010
Ce livre est un trésor, une merveille que je relirais volontiers.
Partez à sa découverte..
A l'unanimité, une merveille
Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 6 novembre 2010
Je ne résumerai pas ce magnifique roman, car j'en serai incapable, et que ça ne me semble pas du tout indispensable pour l'entamer, tellement l'écriture du Rohinton Mistry est claire du début à la fin. Il est pourtant rare que je ne sois pas ne serait-ce qu'un peu perdue dans les romans indiens, perdue au milieu de l'exotisme et de la longueur des prénoms et des lieux notamment.
Que dire alors ?
Ce livre, c'est une fresque majestueuse, quasi-exhaustive, objective, de ce qu'était la société indienne autour des années 70-80. Ou comment relater la complexité de l'organisation en castes, de la mixité des religions et des ethnies, de la corruption, de façon simple, pertinente et passionnante. Ou comment s'insinuer au sein de n'importe quel lecteur pour provoquer chez lui une empathie singulière, ne lui permettant pas de prendre du recul sur l'histoire. Ou comment mêler à merveille tendresse et désespoir, bonheur simple et vie luxuriante, chaleur et méchanceté humaine, entraide et égoïsme....
Je n'ai pas d'explications à apporter sur la façon dont s'y prend Rohinton Mistry pour parvenir à susciter chez tout un chacun ce flot de ressentiments, cette envie de ne plus quitter non pas le livre mais les personnages qui y figurent, puisque nous voilà complètement plongés dans l'histoire.
Ces personnages qui nous ont accompagnés tout au long de ces 700 pages, tantôt fragiles, tantôt battants, mais toujours profondément humains, même dans leur méchanceté et jamais caricaturaux, combien de temps vais-je mettre pour les oublier ? De longs mois voire des années je pense, tellement j'ai été conquise par leur destin.
Un petit extrait qui ne vaut pas grand chose isolé du roman, mais qui donne une idée de l'écriture simple et persuasive de l'écrivain : " "Le temps est le fil qui ligote nos vies en paquets d'années et de mois. Ou un élastique qui s'étire selon le bon vouloir de notre imagination. Le temps peut être le joli ruban qui orne les cheveux d'une petite fille. Ou les rides sur un visage, ou celui qui vole le teint et les cheveux de votre jeunesse." Il soupira et sourit tristement. "Mais pour finir, le temps est un noeud coulant passé autour du cou, qui vous étrangle lentement." "
Quel chef-d'oeuvre
Critique de Samba (, Inscrite le 3 mars 2010, 46 ans) - 28 octobre 2010
J'ai fini ce livre ce matin, les larmes aux bords des yeux, je pense que je ne vais pas l'oublier de si tôt... le destin de chaque personnage est si dramatique... très poignant, très touchant.
Lisez-le ! C'est un roman étranger magnifique.
Comment les petites histoires de quelques personnages dévoilent la "grande" histoire indienne contemporaine
Critique de Bigoodi (, Inscrite le 8 février 2009, 57 ans) - 14 novembre 2009
J'ai vu les bidonvilles, les mendiants, le manque d'infrastructures...mais aussi les sourires, la gentillesse, les petits métiers...
Difficile pour un occidental de se mettre dans la tête d'un indien : en lisant l'Equilibre du monde, j'ai mieux compris, tout en espérant secrètement que les vicissitudes des différents personnages ne soient qu'anecdotiques et pas représentatives d'une époque, mais n'y croyant guère...
J'ai adoré ce roman : il nous permet de mieux comprendre l'Inde, retranscrit les ambiances, la vie quotidienne en suivant des personnages qu'on voudrait ne jamais quitter.
Mais pour moi, il donne avant tout à réfléchir sur l'Autre, vous savez, celui qui nous parait si éloigné, si difficile à comprendre... et pourtant si semblable lorsqu'on se donne la peine de regarder d'un peu plus près.
Ce livre est un voyage au coeur de l'humanité, un chef d'oeuvre.
l'équilibre du monde
Critique de Noelle (, Inscrite le 8 janvier 2009, 73 ans) - 23 avril 2009
Magnifique
Critique de Persil (Sierre (Valais), Inscrite le 15 octobre 2007, 59 ans) - 29 février 2008
A lire absolument!
Et la tendresse... !
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 14 février 2008
"Les raisins de la colère" façon indienne
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 12 février 2008
C'est prenant, bouleversant et on est déchiré entre :
- d'un côté un univers pesant et désespérant de misère et de corruption, un système social et politique dont certains personnages sont les instruments pleins de cruauté et de mépris pour les êtres humains ;
- de l'autre, une acceptation sereine, une résilience fondée sur l'humour, la joie de vivre et le désir de goûter les plus petits bonheurs de la vie.
De malheur en injustice, les personnages principaux ont toujours la force de rebondir, toujours un peu moins haut, mais de rebondir tout de même car ils vivent d'espoir et d'optimisme.
Cette attitude est totalement étrangère à nos mentalités occidentales, et ce n'est sans doute pas un hasard si celui qui "réussit" et part travailler à l'étranger, celui qui s'est coupé de cet univers, de ses racines et s'est occidentalisé, celui-ci ne supporte plus à son retour...
Un livre à lire absolument même si (ou plutôt parce que) on n'en ressort pas indemne.
Indira, oui, et puis?
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 26 août 2007
Cette implication du lecteur est due au talent de plume de Rohinton Mistry qui arrive à rendre chaque situation proche de nous, à nous faire partager le quotidien de ces laissés pour compte sans virer au misérabilisme à outrance. La dure réalité est là et il nous y emmène.
Je pense que le fait que Mistry ne réside plus en Inde et porte un regard lucide sur ce qui se passe dans son pays d'origine joue beaucoup dans cette façon de faire, l'auteur dispose du recul nécessaire pour éviter de sombrer dans une passion dévastatrice ou un militantisme à outrance. La pertinence de son propos et la modération avec laquelle il aborde tout cela créent ce mécanisme qui veut qu'on plonge d'abord dans un bon roman avant de se laisser embarquer dans la vraie Histoire, celle de tout un pays, d'un peuple et d'êtres ô combien meurtris.
J'ai beaucoup apprécié cela.
Un monument
Critique de Gabri (, Inscrite le 28 juillet 2006, 38 ans) - 24 août 2007
L’histoire se déroule dans les temps qui ont précédé et suivi la présence d’Indhira Gandhi au pouvoir du gouvernement indien. Une période assez noire pour l’Inde, mais encore plus pour les castes pauvres, qu’on ne tient absolument pas en compte dans les plans gouvernementaux. Ishvar et Omprakash, issus de la caste des Chamaars, seront donc les malheureuses victimes des énormes injustices infligées aux pauvres durant cette période. Eux comme beaucoup d’autres se verront ainsi détruire maintes fois le peu de stabilité qu’ils étaient parvenus à se bâtir au prix d’énormes efforts, et forcés de se reconstruire à partir de rien ou presque rien.
Parallèlement à ces sombres évènements se développe graduellement une touchante amitié entre ces deux Chamaars et deux autres personnages issus de castes plus aisées, Maneck et Dina Dalal. Bien que chacun d’entre eux ait ses propres malheurs à supporter, leur amitié devient bientôt leur bien commun le plus précieux… C’est une amitié touchante, marquée par les différences de castes et empreinte de tendresse et de moments forts, qui permettent à chacun de continuer à aller de l’avant malgré les obstacles et les difficultés. En quelque sorte, c’est l’équilibre entre l’espoir et le désespoir de tous ces personnages…
Les personnages sont extrêmement vivants et attachants, tour à tour drôles et malheureux, forts et vulnérables, et parfois mêmes pour certains, à la fois bons et méchants. Pleins de contradictions, ils paraissent tous réellement exister sous la plume de Rohinton Mistry qui décrit merveilleusement bien autant les personnages que leurs rapports entre eux.
Finalement, pour moi qui n’avait encore jamais lu de roman indien, l’Équilibre du monde s’est aussi avéré une excellente introduction à l’histoire politique agitée que connaît ce pays.
Ishvar, Maneck, Dinabai, Omprakash, Sankar, et tous les autres, je ne vous oublierai pas !!!
Sublime!
Critique de Ablette (, Inscrite le 9 juin 2006, 60 ans) - 9 juin 2006
déclaré d'utilité publique
Critique de Lolr (, Inscrite le 22 mars 2006, 52 ans) - 10 avril 2006
Si vous aimez ces livres qui nous parlent de l'Inde et de l'humanité il y a aussi NOCES INDIENNES de SHAROON MAAS
voilà, faites-vous du bien, allez à la rencontre de omprakash, ishvar, maneck dina bai........
La lecture de Patryck Froissart
Critique de FROISSART (St Paul, Inscrit le 20 février 2006, 77 ans) - 20 février 2006
Auteur : Rohinton Mistry
Editeur : Albin Michel, 1998
Titre original : A fine balance
Traduit de l’anglais par Françoise Adelstain
Ce long roman de 700 pages nous introduit dans l’Inde contemporaine pour nous y faire partager l’intimité de personnages croqués à la façon d’Eugène Süe ou de Charles Dickens.
Au centre d’un tourbillon réaliste qui va broyer cruellement la plupart des protagonistes se trouve Dina Dalal, une jeune et jolie veuve, anticonformiste, qui se voit contrainte, pour ne pas dépendre financièrement de son frère, d’accueillir chez elle un hôte payant, jeune étudiant, et deux tailleurs qui fabriquent pour elle à la pièce des robes qu’elle vend à une entreprise de prêt-à-porter locale.
L’auteur raconte successivement le passé de ces 4 personnages principaux, puis ce qu’ils vivent ensemble durant une année universitaire, et ce qu’ils deviennent après leur séparation.
Les destins sont tragiques, sur contexte d’une Inde qui se modernise et se « démocratise » de manière anarchique, dans la corruption, le non-droit, la cruauté, l’implacable application des règles archaïques qui régissent les relations entre les castes, l’impitoyable loi du plus fort, et l’effondrement de tous les espoirs d’échapper à la rigidité sociale.
Le Roi des Mendiants, exploiteur et protecteur cynique des mendiants de la ville, dont le cul-de-jatte Shankar, mutilé peu après sa naissance de façon à susciter la pitié des passants, le collecteur de cheveux qui finit par tuer pour assurer sa moisson, le receveur des loyers, Ibrahim, qui se fait un honneur d’appliquer les menaces d’expulsion des locataires ne pouvant plus payer, le policier Kesar, qui conduit sans pitié les démolisseurs des bidonvilles installés, avec la complicité de responsables municipaux corrompus sur les lieux publics, tous sont à la fois répugnants et pitoyables, chacun montrant, étonnamment, en certaines circonstances des sentiments d’une beauté dont on ne les aurait pas crus capables.
Les situations, les dialogues, les lieux sont d’un réalisme cru, trivial, révoltant, horrifiant parfois. Mais la vulgarité, l’obscénité, la pourriture humaine s’inscrivent de façon tellement naturelle dans cette immense cour des miracles que le lecteur s’y fait vite, d’autant que, dans cet univers nauséeux, les quatre personnages centraux, ainsi que d’autres rencontrés au hasard de chacune de leurs destinées, apparaissent comme peu à peu sanctifiés par leurs propres actes, dépouillés progressivement de leurs défauts, et de leurs ambitions.
Les fumiers les plus puants nourrissent toujours des roses...
Patryck Froissart, le 29 janvier 2006
Un roman polyphonique
Critique de Guermantes (Bruxelles, Inscrit le 18 mars 2005, 77 ans) - 28 mars 2005
Le fait que, à l'instar de Naipaul ou de Salaman Rushdie, Rohinton Mistry, profondément imprégné de sa culture d'origine, réside en dehors de l'Inde (au Canada en l'occurrence), contribue sans doute à exacerber le regard critique (mais tendre aussi à d'autres moments) qu'il pose sur celle-ci.
A recommander également "un si long voyage" et "une simple affaire de famille" (paru l'an dernier) dans lesquels se retrouve le même regard davantage focalisé cette fois sur la communauté parsie à laquelle l'auteur appartient.
un livre marquant
Critique de Mary.nana (, Inscrite le 24 mars 2005, 75 ans) - 27 mars 2005
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