La maison de Carlyle et autres esquisses de Virginia Woolf
( Carlyle's house and other sketches)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Esquisses fugaces
"Esquisse est un mot qu'elle aime, parce qu'il dit la rapidité du trait, la vie attrapée au vol, l'absence de prétention aussi." (extrait de la préface de Geneviève Brisac, p.10)
Sept textes, sept esquisses, courts récits dans lesquels Virginia Woolf nous promène autour d'elle dans l'univers qui est le sien, ses amis, ses paysages, ses idées. Des textes longtemps oubliés au fond d'un tiroir, qu'elle ne comptait pas publier, ce qui explique, d'après David Bradshaw (directeur du département de littérature anglaise au Worcester College d'Oxford) qui signe l'appareil critique, la causticité de certains ou leur simplicité d'écriture. Simplicité ne rimant pas ici avec bâclé mais plutôt avec facilité et légèreté. Pas d'effort littéraire apparent, de torture de réécriture, tout paraît fluide, des notes et des phrases alignées, des impressions retranscrites avec beaucoup de justesse et une présence immense, celle de l'âme de Virginia qui ne se cache dans aucun texte et nous fait part sans détours de son petit monde de tous les jours.
Le lecteur pourra sans doute s'étonner de la différence entre ces textes et les oeuvres majeures de V.W. Travail de jeunesse peut-on lire, mais cela ne signifie pas grand chose dans la mesure où il ne sont pas "mal écrits" ou "tremblants". C'est autre chose, comme le sentiment de saisir l'éphémère sur le fil, une tranche de vie en quelques lignes, un petit rien soudain mis en lumière.
Sur ce point, les portraits dressés par Virginia Woolf sont saisissants de réalisme, de tendresse ou de moquerie.
L'occasion de revenir sur la nouvelle "Les Juifs" qui a alimenté les propos ci et là. Une nouvelle à replacer dans son contexte pourrait-on penser. David Bradshaw indique cependant que ce contexte ne justifie pas tout et que le ton employé par l'auteur est désagréable et à la limite de l'outrancier. Il n'a pas tort en ce qui concerne certains mots, c'est indéniable et Virginia Woolf s'autocritiquera sévèrement des années plus tard au sujet de ce texte et de l'antisémitisme qu'on lui a prêté.
Je préfère pour ma part l'hypothèse d'une Virginia Woolf fatiguée et déprimée en 1909 qui focalisera ses rancoeurs sur ceux qui ont réussi et se promènent dasn la vie aisance aux lèvres. L'aigreur fait tout dire, parfois le pire, souvent le plus idiot.
Belle édition que ce recueil au Mercure de France. Genevière Brisac propose une préface à visage humain, on y retrouve la tonalité de la biographie qu'elle a consacré à Virginia Woolf en compagnie d'Agnès Desarthe. Les sept esquisses ne composent pas l'essentiel du volume, sur le plan nombre de pages s'entend (une bonne trentaine), ce sont les commentaires qui se taillent la part du lion. Si les notes sont intéressantes (mais quel dommage de les placer à la fin des nouvelles, manipulation perturbatrice !), l'analyse de David Bradshaw offre une autre lecture, un parcours hautement subjectif mais intéressant dans la mesure où il replace ces textes dans l'oeuvre globale de Virginia Woolf et son parcours de vie. Reste cependant qu'il convient à chacun de penser et retirer ce qu'il veut de ces esquisses, cela va de soi.
Pour ma part, c'est une nouvelle facette de Virginia Woolf que je découvre, une humanité touchante et simple qui la rend vraiment très accessible.
Les éditions
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La maison de Carlyle et autres esquisses [Texte imprimé] Virginia Woolf introd., notes et comment. de David Bradshaw trad. de l'anglais par Agnès Desarthe préf. de Geneviève Brisac
de Woolf, Virginia Bradshaw, David (Editeur scientifique) Desarthe, Agnès (Traducteur)
Mercure de France / Bibliothèque étrangère (Paris)
ISBN : 9782715224797 ; 2,98 € ; 21/10/2004 ; 102 p. ; Broché
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Virginia au naturel
Critique de Fee carabine (, Inscrite le 5 juin 2004, 50 ans) - 18 novembre 2005
Les sept esquisses de Virginia Woolf proposées ici sont en fait des extrait du journal qu'elle a tenu de façon épisodique en 1909, alors qu'elle traversait une période difficile sur le plan personnel, et qu'elle devait lutter contre le découragement dans l'écriture de son premier roman auquel elle travaillait déjà depuis plusieurs années... Ce sont sept tranches de vie croquées sur le vif, d'une plume alerte: une visite à la maison de l'historien Thomas Carlyle, transformée en musée dédié à la mémoire de son ancien propriétaire, des visites chez des amis, une réception chez Lady Ottoline Morrell... Ces sept esquisses nous donne ainsi une belle occasion de rencontrer Virginia Woolf "au naturel", et pas toujours sous son meilleur jour, il faut bien l'avouer. Le texte intitulé "Les juifs" suinte de rancoeur sinon franchement d'anti-sémitisme, et "Un salon moderne" nous offre un portrait dénué d'indulgence et d'affection de Lady Ottoline Morrell, dont Virginia Woolf était pourtant proche. Jugez plutôt: "She is curiously passive, even in her expression; and the palor of her cheeks, the clean cutting of her features, the way she draws her head back and looks at you blankly give her the appearance of a cast from some marble Medusa." L'écriture de Virginia Woolf est ici très spontanée, vive et rapide, bien loin de la fluidité cristalline de ses romans plus tardifs, mais très agréable.
Il faut bien dire que malgré leurs qualités, ces esquisses ne suffiraient pas à nous donner un livre intéressant, mais c'est ici que David Bradshaw intervient, recréant dans ses notes et commentaires les décors devenus peu familiers au lecteur d'aujourd'hui, rendant vie et parole aux interlocuteurs de Virginia, et à tout son entourage... C'est un superbe travail qui ne se cantonne pas dans l'érudition un peu creuse qui est un travers commun des notes de bas de page, mais qui vient véritablement compléter et éclairer de façon judicieuse les textes de Virginia Woolf.
En conclusion, je déconseillerais "La maison Carlyle" au lecteur qui souhaite prendre un premier contact avec l'oeuvre de Virginia Woolf: ces esquisses ne sont pas représentatives de son style, en plus d'être bien trop brèves et lacunaires (Dans ce cas, je conseillerais plutôt le délicieux roman qu'elle a consacré au chien d'Elizabeth Barrett Browning "Flush", ou bien les deux merveilles que sont à mes yeux, "La promenade au phare" et "La chambre de Jacob"...). Mais ce livre m'apparaît en revanche passionnant pour qui est déjà familier de l'univers de Virginia Woolf, que ce soit par l'intermédiaire de ses romans, de sa correspondance ou de son journal, auquel "La maison Carlyle" apporte un complément bienvenu.
Trop esquissées
Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 2 juin 2005
Résultat, sur un livre de 102 pages, 23 sont en fait l'oeuvre de Virginia WOLF, qui les a écrites à l'âge de 27 ans.
Pour moi qui ne connaissais pas cet auteur, ce fut une déception, car je n'ai pas pu me faire une idée précise sur son écriture.
Ce sont des textes très descriptifs, peu empreints d'émotion. Bref, pas de quoi me donner envie d'en découvrir plus.
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Pour Alienor: Virginia Woolf | 2 | Sahkti | 12 février 2016 @ 10:49 |
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