Le cinquième enfant de Doris Lessing
(The fifth child)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Qu'est-ce que la monstruosité, finalement?...
Un jeune homme décalé, une jeune fille encore vierge, se rencontrent, se reconnaissent et s'unissent, pour le meilleur et pour le pire. Très vite, ils achètent une très grande maison en banlieue de Londres, comptant la remplir d'un tas d'enfants, suscitant la réprobation de leur entourage, guère convenable les grandes familles quand on n'est ni très riches, ni très pauvres...
Jusqu'au 4° enfant tout va bien, la maison est remplie d'amis, de rires, de vie. Mais une cinquième grossesse va faire tout basculer...
Très particulier ce roman, dans le bon sens du terme ! L'histoire se mêle au style de Doris Lessing pour nous emporter complètement dans ses remous,
je n'ai pu m'empêcher de penser à ces orphelinats pour enfants différents en Russie il n'y a même pas une dizaine d'années encore...
En lisant le cinquième enfant, vous serez surpris, horrifiés, pleins de compassion, et d'interrogations.
Ne vous en privez pas !
Les éditions
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Le Cinquième enfant [Texte imprimé], roman Doris Lessing trad. de l'anglais par Marianne Véron
de Lessing, Doris Véron, Marianne (Traducteur)
Albin Michel
ISBN : 9782226039477 ; 13,80 € ; 28/02/1990 ; 202 p. ; Broché -
Le cinquième enfant [Texte imprimé], roman Doris Lessing trad. de l'anglais par Marianne Véron
de Lessing, Doris Véron, Marianne (Traducteur)
le Livre de poche / Le Livre de poche.
ISBN : 9782253064626 ; 6,70 € ; 01/09/1993 ; 186 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (9)
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Oppressant
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 11 mars 2018
Alors qu’à la fin des années 60 émancipation, liberté sexuelle et « modernité » sont à l’ordre du jour, Harriet et David aspirent à une vie plus classique, une famille chaleureuse, avec de nombreux enfants, dans une grande maison. Attirés l’un vers l’autre ils bâtissent ce projet en commun malgré l’ironie méprisante, voire la réprobation de leur entourage. Et ils réussissent car leur maison devient le havre où tous aiment à se retrouver, parmi les enfants qui grandissent.
Jusqu’au jour où, au terme d’une grossesse douloureuse, Harriet met au monde Ben, un enfant dont le comportement est résolument inhabituel, voire anormal. Hyperactif jusqu’à la violence, muré dans un silence puis dans un langage rudimentaire, dépourvu d’intérêt pour les jeux et l’apprentissage, animé d’un regard inquiétant. Est-ce lui qui a étranglé le petit chien ? Mal à l’aise, les amis et la famille se détournent, les ainés rejettent le petit Ben, mais Harriet veut le garder envers et contre tout auprès d’elle, essayer de l’éduquer, de canaliser ses pulsions. Incomprise, elle s’obstine, concentrant toute son énergie et son attention sur lui tandis que la famille se désagrège.
Style impeccable, phrases brèves mais ciselées, suspense maitrisé générant une ambiance parfois insoutenable. Quelle force ! Et que de questions et de lectures différentes s’ouvrent à nous : amour et devoir maternel, traitement de la différence et du handicap... A lire si vous en avez la force.
Le droit à la différence
Critique de Carmen (, Inscrite le 15 mai 2011, 78 ans) - 16 mai 2011
Même si le trait est forcé, comme vu à travers une loupe, c'est bien à un des problèmes réels de notre société que s'attaque Doris Lessing : le droit à la différence. Ce roman ne peut pas laisser insensible, il apporte son lot d'émotions, même si souvent il va jusqu'à nous choquer fortement. Et pour connaître la suite des aventures de Ben : "Le monde de Ben".
S'instille insidieusement l'horreur
Critique de Matthias1992 (, Inscrit le 27 août 2007, 32 ans) - 9 octobre 2009
Dans un phrasé délicieux, à la fois sobre, précis, implacable, et suggestif, Lessing brosse le portrait de cette famille, tout d'abord très heureuse, épanouie. Quatre enfants naissent assez rapidement, la famille vient régulièrement rendre visite, l'année ne semble composer que de "Noël, Pâques, les vacances d'été et puis de nouveau Noël". Et puis l'étrange, l'inexplicable voire l'horreur s'insinue petit à petit dans le cercle familial, s'instille insidieusement avec la naissance de Ben, qui va gangrener toute la famille, la diviser, la briser, la casser, la broyer.
Lessing orchestre cette histoire à la fois avec simplicité et maestria. Elle laisse une grande part d'interprétation au lecteur, et balaye finement un grand éventail de thèmes (famille, naissance non désirée, cloisonnement de la perspective exclusivement familiale, coexistence entre boulot et famille, enfants, amour et désir, dépendance/indépendance vis-à-vis des parents - ici Dorothy, mère de Harriet et James, père de David).
Bref, un livre percutant.
un cauchemar !
Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 21 août 2009
Je pense qu'elle a une imagination extraordinaire, signe d'un grand talent... et souhaite souligner la fragilité du bonheur ordinaire.
Un grand moment de lecture, à éviter toutefois si on ne veut pas faire de cauchemars !
Quel monstre ai-je au corps ?
Critique de Critique (Trets, Inscrite le 9 novembre 2004, 64 ans) - 20 mars 2009
Un jeune couple atypique s'éprend l'un de l'autre, ils se marient et décident d'avoir plein, plein, plein d'enfants, au grand dam de leurs familles qui les trouvent irresponsables. Ils achètent une grande maison et l'histoire se déroule gentiment une naissance après l'autre, une fête de Noël précédant une fête de Pâques ou celle de l'été.
Mais voilà, le 5ème enfant va perturber cette chaude ambiance et détruire la façade lisse et brillante de cette famille de rêve !
D'où Doris Lessing tient-elle ce don épouvantable pour décrire une relation mère / fils ? Comment a-t-elle pu imaginer un scénario aussi affreux, horrible, déroutant, perturbant, dérangeant, complexe et tortueux ?
Je regrette simplement qu'il n'ait pas été donné de "nom" sur le phénomène. C'est certainement un fait exprès mais on aurait aimé ne pas se trouver en reste à la fin du livre !
universel
Critique de Ilienne (, Inscrite le 26 septembre 2008, 93 ans) - 26 septembre 2008
Doris Lessing : je l'avais aimée pour le Carnet d'Or, j'ai trouvé dans ce roman tous les points d'interrogation que la vie nous pose.
Dur et complexe
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 27 août 2008
Plusieurs faits graves s’accumulent et poussent David à placer Ben dans une institution spécialisée. Mais Harriet ne résiste pas longtemps. Cet enfant qui tue chiens et chats à mains nues, cet enfant qui lui fait horreur, c’est quand même son fils, il faut qu’elle voie de ses yeux comment on le traite. Bien sûr, c’est l’horreur totale. Cette histoire n’est pas à faire lire aux âmes sensibles… J’ai moi-même trouvé certains passages proches de l’insoutenable. Harriet est parfaitement consciente des conséquences dévastatrices qu’entraînera le retour de Ben à la maison, mais elle ne pourrait tout simplement pas vivre avec l’idée de Ben se mourant dans cette institution.
Comment encaisser tant de culpabilité ? Tous les membres de cette énorme famille lui ont toujours fait des reproches quant à ses grossesses nombreuses et rapprochées. Maintenant qu’en plus, le petit dernier est anormal et dangereux, on la traite comme une criminelle. Alors, quand elle décide de ramener Ben à la maison, la famille qui auparavant ne ratait aucune fête de Noël ou de Pâques chez les Lovatt, cette famille déserte, ne vient plus, mais il est clair que tous la jugent irresponsable de mettre en péril ses quatre autres enfants. Pour la première fois, même David la traite en ennemie. Personne ne la comprend, pas même les médecins ou psychologues qui, gênés par cette anormalité atypique, préfèrent minimiser l’ampleur du phénomène.
Foison d’éléments intéressants dans ce livre. Mon seul regret concerne la fin : il n’y en a pas. Le récit se termine en flou artistique et ça, ça m’a toujours énervée. Un peu comme si l’auteur ne voulait pas prendre ses responsabilités. Mais c’est un autre débat…
Harriet's baby
Critique de Ambreen (, Inscrite le 14 mai 2008, 41 ans) - 16 mai 2008
Dans l'Angleterre des années 70, la vie de David et Harriet Lovatt est bouleversée par la venue au monde d'un ultime enfant, le cinquième. Jusque-là, cette famille nageait dans le bonheur le plus complet dans leur grande maison où se déroulent d'interminables fêtes familiales. Ben, né "accidentellement", n'est pas un enfant comme les autres. Appartient-il seulement à l'espèce humaine? Son caractère diabolique et inhumain inspire crainte et répulsion. Alors qu'il est placé par son mari dans une institution spéciale, Harriet se réveille un matin en sursaut et désire aller voir son fils coûte que coûte. Sur place, découvrant qu'il est condamné à mourir à petit feu du fait d'injections quotidiennes de calmants nocifs, elle fait le choix de le récupérer. Et l'existence infernale entièrement centrée sur cet enfant-monstre de reprendre. Jusqu'à quand ?
L'intrigue est captivante de bout en bout, l'intrusion de cet être indescriptible au sein de cette famille sans histoire est l'occasion de nombreuses montées de tensions habilement amenées, notamment lorsque la nuit tombe et qu' Harriet se demande ce que complote son cinquième enfant. Et à partir du moment où des animaux domestiques meurent mystérieusement, le lecteur, tout comme les personnages, en viennent à se demander qui sera le prochain sur la liste et si ce sera un animal ou un humain. L'imprévisibilité de Ben fait froid dans le dos.
Mais au delà de cette dimension fantastique et du mystère planant autour de Ben, on est avant tout amené à s'interroger sur le choix d' Harriet. Ce choix, dicté par les valeurs qui sont les siennes mais surtout par son instinct maternel, fait d'elle le personnage central du livre. Sa dernière grossesse, très difficile, n'est pas sans rappeler à certains égards celle de la Rosemary du film de Polanski ; elle souhaite la mort de son enfant à plusieurs occasions ; l'attention qu'elle lui porte lui vaut d'être isolée du reste de ses enfants et de son mari. Et malgré tout ça, elle le sort de l'institution, le sauvant d'une mort certaine, au grand dam de son entourage. L'instinct maternel serait-il plus fort que tout ?
On peut aussi y déceler une critique de la société comtemporaine, gangrénée par la violence. De discrètes allusions à une montée de la violence et de l'insécurité sont faites tout le long du livre qui se conclut par les interrogations d'Harriet quant au devenir de Ben dans une Angleterre désormais minée par les émeutes urbaines.
Le bonheur est fragile.
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 7 février 2008
Une fable dont la morale n’est pas clairement discernable, pas moralisatrice pour deux sous, pas non plus foncièrement optimiste. Une fable qui ressemblerait bien à ce qu’on peut rencontrer dans la vie.
Doris Lessing n’étant pas du genre à se voiler la face ou mettre ses convictions dans sa poche, elle nous livre une vision dépourvue de sentimentalisme sur un aspect de nos vies d’Occidentaux. Celles dont nous sommes persuadés qu’elles doivent être le nec plus ultra, l’exemple pour le restant du monde.
Harriet et David sont jeunes. Un peu atypiques dans la mesure où ils ont du mal à partager les futilités de leurs congénères. Ils se trouvent, « se reconnaissent » lors d’une fête dans laquelle l’un comme l’autre ne trouvent pas leur place. Ils « se reconnaissent » pour ce qu’ils sont : de la même école de pensée, faits l’un pour l’autre. Leur « école de pensée » : réhabiliter la famille, en fonder une grande, avec beaucoup d’enfants, à contrecourant aussi de l’avis de leurs proches.
Qu’à cela ne tienne, le père de David est riche et c’est lui qui, mû certainement par le sentiment de culpabilité de ne peut-être pas s’être suffisamment occupé de David enfant, leur permettra financièrement d’acquérir la grande maison nécessaire au dessein et leur fournira l’argent indispensable au train de vie. Et les enfants s’enchainent ; un, deux, trois, quatre. Vite, trop vite, mais contrairement à l’attente des amis, connaissances et famille, le bonheur s’installe aussi dans la maison et celle-ci est devenue un rendez-vous obligé pour de longs jours et une foule d’invités au moment des fêtes. La mère de Harriet assure la logistique, quatre enfants aussi rapprochés n’étant pas tout à fait une sinécure.
Doris Lessing nous conte tout ceci, cette montée en puissance du bonheur qui émane des ces familles heureuses qui paraissent inébranlables et puis … comment s’appelle déja le bouquin ? « Le cinquième enfant ». Ah oui ! Le cinquième enfant, ce sera Ben. Et avec Ben arrivera une toute autre aventure. Que va nous conter aussi Doris Lessing. Histoire de ne pas trop nous laisser sur nos illusions !
4,5* au lieu de 5, c’est pour la fin, peut-être plus faible mais c’est réellement un bouquin qui ne vous lâche pas. Moi, il m’aura fallu une seule journée ! (nuit comprise)
« Ce n’était pas un joli enfant. Il n’avait pas du tout l’air d’un bébé. Il avait la tête rentrée dans les épaules, comme s’il avait été accroupi et non couché. Le front offrait une pente uniforme, et les cheveux poussaient curieusement en deux épis sur le devant, formant un genre de triangle qui descendait assez bas sur le front, jaunâtres et hirsutes, tandis que, derrière et sur les côtés, ils étaient aplatis. Il avait les mains épaisses et lourdes, avec les paumes noueuses. Il ouvrit les yeux, et contempla fixement le visage de sa mère. C’étaient des yeux vert-jaune bien focalisés, comme des morceaux de saponite. Elle avait attendu avec impatience de pouvoir échanger des regards avec cette créature qui, elle en était certaine, s’était efforcée de lui faire mal ; mais il n’y avait là nulle lueur de reconnaissance. Et son coeur se serra de pitié pour lui : pauvre petite bête, que sa mère détestait tant … Elle s’entendit dire nerveusement, tout en essayant de rire : « On dirait un troll ou un lutin. » Et elle le berça contre elle, pour compenser. Mais il était raide et lourd. »
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Le cinquième enfant de Doris Lessing | 8 | Aria | 27 août 2008 @ 15:30 |