Un thriller politique parisien magistral

C’est le premier livre de Max Gallo que je lis, et pour un premier essai, c’est un coup de cœur ! Je l’ai commencé sans rien connaître du contenu, à part la quatrième de couverture, qui m’avait donné l’impression d’un livre intéressant à lire.

Et en effet, il a été très intéressant à lire ! C’est un thriller politique complexe que Max Gallo a écrit là, avec beaucoup de personnages différents dont les trajectoires s’entrecroisent. De chapitre en chapitre, on passe de l’un à l’autre des tristes héros et héroïnes de cette tortueuse histoire, où journalistes, politiques, affairistes, avocats, policiers, éditeurs, écrivains se retrouvent pris face à leurs propres ambitions, machinations, lâchetés, qu’elles soient familiales, politiques ou professionnelles. Une œuvre ambitieuse et parfaitement réussie, qui vous prend aux tripes et ne vous lâche plus jusqu’à ce que vous ayez tourné la dernière page, enfin ! J’ai véritablement accroché. Ca m’a rappelé du James Ellroy pour sa complexité, sauf qu’ici, cela se passe à Paris, dans les années 1990.

Anne-Marie Bermont, jeune femme responsable d’une collection dans une maison d’édition, est agressée aux Halles par un voyou, qui la pique avec une seringue. C’est ainsi le début du roman. Cette agression, qui ne fera pas la une des journaux, va être le point de départ d’une série d’événements qui se répercuteront de l’un à l’autre, jusqu’à mettre en cause de grands financiers, des députés, des journalistes politiques, des chefs de la police, etc… Et chemin faisant, ce sera l’occasion pour le lecteur de découvrir les parts d’ombre de tous ces personnages et sur d’autres plus humbles, livreurs, bonnes d’enfants, éboueurs, jeunes étudiants, etc.. Tout un monde lié les uns aux autres, des plus hauts placés dans la société aux plus bas. Et tout s’enchaîne, tout s’emboîte, tout se suit, jusqu’aux crimes qu’on s’efforcera d’étouffer. Du grand art. L’âme humaine s’y révèle dans toute sa noirceur, sa petitesse, ses compromissions. Une vraie étude de mœurs fascinante. Peu de gens en ressortent blancs comme neige, aucun en fait, seulement certains un peu moins gris que d’autres, plus nombreux.

Et tout se passe à Paris, capitale de la France, la Ville-lumière, comme on dit, mais qui recèle bien des parts d’ombres qu’on ne souhaite pas révéler, qui doivent rester cachés, ne pas être mis en lumière. Max Gallo le fait, magistralement. Et de fait, Paris est le lieu central du livre, où les personnages du roman sont toujours nommés à une place, une rue, un boulevard, un restaurant, un bistrot, un appartement, un immeuble, etc… et… à la Fontaine des Innocents !

Je mets sans hésiter 5 étoiles à ce roman du même nom que la fontaine qui se trouve aux halles. J’ai été très impressionné par la maîtrise et l’ampleur de ce roman. Et il paraît que c’est le premier d’une série que Gallo a écrite, dite de « La machinerie humaine », qui comporte plusieurs romans publiés entre 1992 et 2002. Plus que ses célèbres romans historiques, ce sera d’abord ceux-là de cet auteur qui m’intéresseront de lire à l’avenir.

• 

  La Fontaine Des Innocents

  de Gallo, Max
  le Livre de poche
  ISBN : 9782253064053 ; 1,28 € ; 01/06/1993 ; 508 p. Broché

  Go Amazon