LA GUEULE DE BOIS

Ce livre est le plaidoyer d’un enfant roi détrôné. Aujourd’hui l’enfant roi est père pour la première fois, ce livre est en partie dédié à sa fille.

Car oui, Nicolas Bedos plaide ‘non coupable’ dans ce récit sincère certes, mais plutôt accablant. Suite à la plainte pour ‘agression sexuelle’ qui a donné lieu à une condamnation, il se réveille en sursaut d’une longue inconscience alcoolisée qui durait depuis des décennies.

Alcoolique assumé, il s’est autorisé tout et n’importe quoi sous couvert de l’ivresse et ce depuis l’adolescence. Tout est permis quand on porte un nom connu et que l’argent coule à flot à la maison. L’enfant roi, adoré de ses parents, n’a rencontré aucune limite à son comportement borderline. Il est devenu un ‘people’ à la réussite éclatante, entouré de flagorneurs. Avant la plainte en justice ? Rien. Juste l’amertume de certaines ‘ex’ qui ne faisaient pas mystère de ses colères odieuses et imprévisibles, de ses tromperies incessantes, de son égocentrisme, mais dans un cercle restreint. Le succès de ses films aidant, il n’a plus touché terre, en apesanteur le golden boy.

Car notre Nicolas est intimement convaincu d’être un surdoué dans tous les domaines qu’il touche, le cinéma, le théâtre, les livres, la chanson, les articles, les chroniques télé et même le piano. Il n’a aucun diplôme, mais le génie se passe de brevets. Voilà un être d’une rare intelligence, d’une sensibilité exquise, et d’une beauté saisissante qu’il n’a de cesse d’entretenir. Son arrogance et son narcissisme me sautaient pourtant aux yeux à chaque apparition.

Il relate ses frasques envers les clientes de restaurants ou de clubs huppés, importunées au point d’obliger les serveurs bien embarrassés à l’évacuer en douceur. Des femmes qui ne lui avaient rien demandé, souvent attablées en couple. Ces baisers dans le cou imposés aux serveuses de bars. Ces mariages de potes gâchés par sa grossièreté alcoolisée envers les invités. Nicolas, digne héritier du sketch ‘La drague’ de son paternel Guy Bedos, l’humour en moins. Mais aussi son dégoût de tout ce qui est ‘moche’ , femmes moches, enfants moches, maisons moches, vêtements moches, vacances moches etc. Est moche tout ce qui n’évolue pas dans son milieu ultra privilégié. Bref, un type puant humainement. Ah, la gauche caviar…

Il se dit volontiers suicidaire, malade de l’alcool, victime d’un viol à l’adolescence de la part d’un homosexuel célèbre, ami du père, dont il était très amoureux et qui l’avait initié à la drogue. Violeur supposé qu’il suivait à la trace depuis un an et chez qui il squattait. Défense classique, vrai ou faux ce n’est plus le problème.

Ce qui était admis hier ne l’est plus aujourd’hui. Il est sidéré Nicolas, il n’a pas vu le coup venir, il ne comprend pas. Sauf que ce qui était admis hier faisait souffrir des millions de femmes en silence. Aujourd’hui la parole des femmes se libère, lentement, partiellement, il était temps.

Nicolas Bedos n’est pas un dangereux prédateur. Il n’ira pas en prison et c’est tant mieux. Il n’est pas non plus la victime expiatoire d’une époque devenue folle quoi qu’il en dise, soyons sérieux.

L’enfant roi s’est pris sa toute première fessée, à 43 ans. Elle est violente, elle est publique. L’enfant vieillissant dessaoule douloureusement. Dont acte.

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  La soif de honte [Texte imprimé], récit Nicolas Bedos

  de Bedos, Nicolas
  Les éditions de l'observatoire
  ISBN : 9791032936412 ; 22,00 € ; 07/05/2025 ; 304 p. Broché

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