La justice en Inde

Dans un petit village indien de la région de Delhi, Munia, une gamine de huit ans élevée par son père seul après le décès de son épouse, joue dans un champ familial non loin de leur hutte quand elle voit un couple s’enlacer. Elle connait l’homme, elle n’en a pas peur mais lui craint qu’elle rapporte ce qu’elle a vu à d’autres, il décide de la faire taire à jamais. Le crime est horrible, l’auteur a pendu la gamine. La famille, les voisins, le village, la police accusent un vieil handicapé, un peu fou, ayant le tort d’être sur les lieux au moment de la découverte du crime, d’être l’auteur de ce terrible meurtre.

Chand le père de la gamine est dévasté, il ne veut plus rien dire, plus personne voir, il s’enferme dans son histoire qu’il revit pour lui, pour son enfant disparu, pour la justice qu’il doit rendre. Il se souvient quand il a quitté la ferme malgré les pressions exercées par son père, quand il a voulu découvrir le monde, l’ailleurs dont il ne connaissait que quelques images. Il se souvient de la longue route qu’il dû accomplir pour atteindre Delhi, des divers métiers, souvent les plus répugnants, qu’il a exercés pour pouvoir manger et dormir dans les pires taudis. Il se souvient de sa rencontre avec Khalid, des misères qu’ils ont vécues ensemble de sa rencontre avec Rabia, l’épouse de Khalid, de sont emploi dans une boucherie musulmane où il deviendra l’ami et le meilleure employé du patron. De longues années difficiles au cours desquelles, il a passé beaucoup de temps à chercher un taudis un peu moins miteux à partager avec Khalid. Ses parents étant décédés, sa femme l’attendant avec moins en moins de patience, la ville le fatigant de plus en plus, les violences infligées aux musulmans le révulsant, il décide de rentrer au village.

Au village, où il retrouve sa ferme qu’il exploite avec son frère et surtout son épouse qui perd bientôt la vie en lui donnant leur premier enfant, la victime de l’infâme meurtrier que la famille et les villageois veulent prendre pour que la justice soit rendue malgré tous les efforts déployés par la police locale pour contenir toute cette fureur. La population ulcérée pense que le fou du village est l’auteur du crime et qu’il doit le payer de sa vie. Le chef de la police locale mène sa propre enquête, il a des soupçons mais des moyens dérisoires et il subit de fortes pressions de la part des autorités supérieures et des riches du village pour clore l’affaire. Pourtant, il continue à fouiner pendant que les riches festoient et fêtent la mort du préjugé coupable., il veut que la justice soit respectée, qu’elle ne soit pas le fait du prince, des nababs du village ou de la populace en effervescence.

C’est une enquête longue et tortueuse que l’auteure raconte en alternance avec des descriptions de la vie dans les campagnes et dans les quartiers pauvres de la grande ville. Un récit qui décrit les conditions de vie dans cet immense pays qu’est l’Inde avec tous les travers qu’elles comportent : l’inorganisation généralisée, la corruption, la démographie galopante, le rôle des castes, la stigmatisation religieuse et les violences antimusulmanes, la justice immanente, l’abus de pouvoir à tous les échelons de la société, l’énorme écart entre les plus riches et les plus pauvres, la pollution asphyxiante et galopante. Pour finir, il reste au lecteur comme une impression d’impossibilité de gérer ce pays trop vaste et surtout trop peuplé.

Un gros roman mi polar mi récit social, une histoire attachante, une enquête pleine de finesse, une image désespérante de ce pays écrasé par son énorme population où les légendaires spiritualité et sagesse n’ont jamais pu contenir les dérives engendrées notamment par la surpopulation, la construction sociale et les luttes religieuses.

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  Black River

  de Roy, Nilanjana S. Dauvergne, Benoîte (Traducteur)
  Éd. de l'Aube
  ISBN : 9782815967419 ; 21,00 € ; 02/09/2025 ; 408 p. Broché

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