Le flux et le reflux

Être au bord de la mer, se connecter au monde ;
Notre âme en ses remous se dilue et se fonde.
Suivre le flot berceur, se connecter à soi ;
Notre être se retrouve en joie ou désarroi.

C’est un besoin vital, une soif de nature,
Un pas vers l’essentiel, la contemplation pure,
L’or que le ciel envoie enflamme l’océan,
Et son feu nous inonde et on se sent plus grand.

Ouvrir d’une main sûre ce petit ouvrage,
Abandonner ses sens à ces mots-paysages,
Se voir grandir en soi, se laisser exalter ;
Ce voyage vaut bien qu’on aille le tenter.

La plume mime ici le fin couteau du peintre.
Pour rendre le décor, le vers parfois se cintre,
Semble un coup vigoureux donné par le pinceau
Sur la toile tendue de nos yeux presque clos.

Les vers comme les vagues sur les prochains mordent ;
Leur souffle se répand, s’étend et les déborde,
Si bien que chaque strophe semble être le flux,
Et la ligne sautée en marque le reflux.

Je suis habitué à des vers qui se tiennent,
Qui essoufflent la voix, épuisent notre haleine.
Déclamer ces-derniers m’aura pris bien du temps,
Tant ils sont insufflés d’un rythme différent.

Mais une fois acquis ce rythme qui chevauche,
Une fois qu’on les lit d’un mouvement de fauche,
J’ai trouvé le plaisir qui, lord des premiers vers,
Se dérobait à moi en me laissant amer.

Je ne m’étendrai pas sur les quelques peintures
Que Maria Desmée fit après écriture,
Car l’art abstrait toujours me laisse sans émoi.
Que vaut donc un avis quand le juge est trop froid ?

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  Suivre l'océan [Texte imprimé] Jean-Baptiste Pedini oeuvres de l'artiste, Maria Desmée

  de Pedini, Jean-Baptiste Desmée, Maria (Illustrateur)
  l'Ail des ours / Collection Grand ours
  ISBN : 9782491457198 ; 8 EUR ; 01/01/2023 ; 1 vol. (63 p.) p.