Tout en tremble de Gérard Leyzieux

Tout en tremble de Gérard Leyzieux

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Débézed, le 22 mars 2025 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans)
La note : 8 étoiles
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Cultivé comme un champ de mots

Tarmac éditions propose un nouveau recueil de poésie très esthétique, un très bel écrin pour les vers de Gérard Leyzieux : format à l’italienne, impression centrée sur papier vélin, police italique. Un recueil comme un long poème, comme une odyssée dans le temps et l’espace, qui voudrait dire l’existence et son sens ou plutôt son absence de sens : « T’y inscrire dans l’innocence de ton existence / De ton existence qui ne pourra surmonter l’étalement de tes années / Ton existence qui ne pourra maitriser son propre mystère / … ». Un long poème qui voudrait dire la puérilité de la vie, l’impuissance des êtres face aux forces qui les dominent. « … / Tu n’es rien du tout / Mais peux tout t’approprier sans arrêt / … ».

Les idées se bousculent dans sa tête et la secouent comme les cataclysmes secouent la terre, provoquant la sensation d’être, d’exister, « Le corps manifeste des périodiques pulsations / De la nature hoquetant ses éruptions ». Ce long voyage dans l’existence semble définir le fait d’être, d’être dans un contexte immaitrisable. D’être un long voyage d’une poésie pure dans les mots, les sons, les sensations, les émotions… Des mots musiques qui se nichent dans de belles assonances, « Parfois le silence bruit derrière toi / Des sons issus d’un indéfinissable lieu / Coups, échos, ondes percent la carence d’activité / entre terre et ciel roule et gronde l’existant / Voir, voir, écouter et comprendre / Le rien des apparitions furtives et inexplicables ». le monde est son, le monde est musique, les mots sont musique eux aussi et se confondent avec le monde dans ce recueil.

Gérard maitrise avec talent l’art de conjuguer les mots comme les notes sur une partition de musique, « Parfois un mot s’accroche à ta langue / Et tu le lies aux autres avec fierté / … » comme dans ce poèmes qui égraine une suite de mots qui chante comme un aria sur le clavier : « Parfois gommer ce qui t’éloigne de tes frivolités / Effacer, éliminer, annihiler, éclipser / De droite de gauche d’alentour dessus et dessous / Eradiquer, éteindre, couvrir, dissiper, estomper / … ».

Gérard cultive son champ de mots où il sème allitérations, assonances, suites de mots d’un même champ sémantique, … , comme le laboureur cultive sa terre nourricière en évitant de l’épuiser. Il veille à toujours respecter la justesse, la sonorité des mots et leur judicieuse juxtaposition, l’épure et la fluidité des poèmes. « … / Prolonger la progression et éradiquer le trop de tout, lettres, mots, textes, corpus / Enlever, gratter, retrouver la trace singulière / … ».

Allons comme le laboureur de son pas lourd avec le poète « Cheminer serein / Les pas marquant le vide / D’avant à après ».

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