Ales et l’Autre ; au soir d’une vie d’artiste(s) – Suite et fin

Suite et fin de cette Septologie dont la lecture se sera déroulée au rythme de la publication de chacun des volumes. Malgré le passage du temps, je n’ai eu aucun mal à rentrer de nouveau dans le fil de l’histoire, et arrivé à ce point-ci du roman, compte tenu de la forme épousée par les précédentes parties, compte tenu également de l’évolution qu’aura exhibé le récit, une fois arrivé au dernier livre donc, j’avais d’ores et déjà une idée plus ou moins précise de ce qui m’y attendait. Malgré cela, malgré les attentes, avant d’ouvrir le livre, il me tardait de connaître l’issue de ce voyage dans lequel je me suis docilement laissé entraîner.

Nous retrouvons donc Asle par un vendredi 22 décembre, soit quelques jours avant la fête de Noël, devant cette toile sur laquelle il a récemment travaillé et qu’il hésite à ranger parmi les ‘œuvres achevées’. Ce faisant, ses pensées vagabondent et retrouvent peu à peu leur parcours habituel, allant de l’art à l’existence et à la nature de dieu, reprenant éventuellement ce mouvement de va et vient entre présent et passé, entre sa vie d’aujourd’hui, son quotidien, ses projets, et celle du jeune homme qu’il fut à l’époque de ses débuts en tant qu’artiste, les rencontres qui l’ont marqué, etc.

Plongé dans ses réflexions, oublieux du reste, des trivialités du quotidien et de la vie qui suit son cours, Asle semble s’éloigner, se détacher de la réalité et du monde, pour mieux s’enfoncer dans son monde à lui.

Ces deux derniers volets vont donc compléter le portrait et l’histoire de cet homme ainsi que ceux de ses proches, notamment de son alter ego, cet autre peintre qui lui ressemble mais dont l’existence aura prit une tangente différente de la sienne, le tout pour s’achever sur une conclusion qui ouvre la voie à la réflexion.
Ainsi, une fois le livre terminé, la question du sens que transporte le récit est bien évidemment soulevée, mais de prime abord, je me suis demandé comment, par quel tour de magie, Jon Fosse est parvenu à maintenir intacte mon attention, mon intérêt à lire, ma fascination, tout en me servant une intrigue aussi simple.

Certes, l’écriture, la prose et l’esprit animant cette écriture y sont pour beaucoup. A la fois hypnotique, musicale, intimiste et dénuée d’artifice, cette écriture a quelque chose dans le ton d’humainement vrai, de naturel et d’universel.

A cela vient s’ajouter l’exploration d’au moins deux thèmes qui ne manquent pas de m’intéresser dont celui de l’identité.
A cet égard, le titre de chacun des trois livres et l’épigraphe qui les soulignent expriment assez bien comment l’auteur entend explorer ce thème, notamment via l’angle adopté pour chacun des livres, la progression qui s’installe d’un livre à l’autre, de même que par une délicate approche des aspects psychologiques et philosophiques marquant l’univers intime des personnages.

Globalement, c’est à une réflexion sur ce que nous sommes, une réflexion sur la nature de l’être que Jon Fosse nous convie à travers ce simple récit d’une vie, un récit qu’il nous livre avec une extraordinaire justesse.

Note: lu en traduction anglaise (par Damion Searls)

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  Un nouveau nom [Texte imprimé], Septologie VI-VII

  de Fosse, Jon Coursaud, Jean-Baptiste (Traducteur)
  C. Bourgois
  ISBN : 9782267054040 ; 21,00 € ; 13/03/2025 ; 256 p. ; Broché

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