Le titre ne ment pas

Stephen King est un grand romancier, on le sait. Il est aussi un grand novelliste, un vrai spécialiste du court format. Ou du format moyen (la novella). Et ici, avec ce recueil dont le titre est inspiré de celui d'une chanson de Leonard Cohen ("You Want It Darker" pour la chanson, "You Like It Darker" pour le recueil), on a des deux. En un peu plus de 600 pages, ce recueil offre 12 textes dont trois plutôt épais. Enfin, deux plutôt épais, et un vraiment épais.

Les lecteurs américains connaissaient déjà certains de ces textes au moment de la publication (l'an dernier chez eux) du recueil, mais en France, il n'y a qu'un texte, "Le Spécialiste en turbulences", qui avait été préalablement publié, via l'anthologie "Classe Tous Risques" qui proposait des textes sur le thème de l'aviation, inédits ou non, anthologie conçue par King et Bev Vincent. King y proposait ce texte sympa, mais ne faisant pas partie de ses sommets, il faut bien l'avouer. Les sommets de ce "Plus Noir Que Noir", il faut les chercher, clairement, dans les longs textes : "Serpents A Sonnette", qui se passe en Floride, dans une des Keys, non loin de la fameuse et mythique Duma Key, et qui fait revenir un personnage imaginé, il y à longtemps : Vic Trenton. Ce personnage était un des principaux de "Cujo" ! Une histoire (je parle de la novella, qui fait un peu plus de 100 pages) assez prenante, qui installe une atmosphère des plus lugubres et étranges. "Deux Crapules pleines de talent", autre novella, fait 80 pages et ouvre le recueil, une histoire amusante de deux chasseurs un peu épais (pas les mecs les plus intelligents au monde) qui, après une partie de chasse, sont devenus des stars, l'un de la peinture, l'autre de l'écriture. Que leur est-il arrivé dans les bois ? La nouvelle le dit. Enfin, avec 180 pages la plus épaisse du lot, "Le Mauvais rêve de Danny Coughlin", le chef d'oeuvre du recueil. Le concierge d'un lycée fait un rêve curieux : il est sur une route non loin de chez lui, mais qu'il n'emprunte quasiment jamais et y découvre, à moitié enterré, un cadavre de femme. Perturbé par ce rêve, il se rend sur place, et y découvre... un cadavre, comme dans son rêve. Il appelle les flics, anonymement, et à partir de là, à cause d'un flic tenace et pour le moins obsessionnel, sa vie devient un enfer.

Les autres nouvelles, plus courtes, sont dans l'ensemble très bien. Certaines ("Willie le Tordu", "La Cinquième étape") se terminent sur un twist qui vous retournera les tripes. "Laurie" est à la fois touchante, drôle et angoissante (à la fin). Un recueil très efficace, même si je dois dire que plusieurs histoires font parfois penser à de précédents romans de King, ce qui fait que je ne peux pas donner une meilleure note que 4/5 : ce n'est pas toujours d'une grande originalité, ici. Par exemple, "Serpents à sonnette" = "Duma Key", ou bien "Le mauvais rêve de Danny Coughlin" = "L'Outsider", ou bien encore "Les Rêveurs" = "Revival". Voire même "Deux crapules pleines de talent" = "Dreamcatcher". Ce ne sont pas des copies, loin de là, mais par leurs sujets, ambiances, lieux, personnages, il y à un peu trop de similitudes, parfois.

Ca reste un très très bon recueil. Pas aussi génial que "Tout est fatal" ou "Danse macabre", mais meilleur que "Juste avant le crépuscule".

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  Plus noir que noir

  de King, Stephen Esch, Jean (Traducteur)
  Albin Michel
  ISBN : 9782226493101 ; 24,90 € ; 26/02/2025 ; 624 p. ; Broché

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