Les idiots d'abord de Bernard Malamud

Les idiots d'abord de Bernard Malamud
(Idiots first)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Nouvelles

Critiqué par Poet75, le 4 novembre 2024 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 68 ans)
La note : 8 étoiles
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Dans la tradition du conte juif

L’occasion m’est donnée de réitérer mon admiration pour ce grand écrivain, trop méconnu malheureusement, que fut Bernard Malamud (1914-1986). On lui doit des romans de premier ordre, comme L’homme de Kiev et Le Commis. Mais cet écrivain fut aussi un excellent auteur de nouvelles, comme celles qui sont rassemblées sous le titre Le tonneau magique, et Les idiots d’abord.
Dans ce recueil, comme dans le précédent, on a affaire à des gens modestes, petits artisans ou commerçants, peintres sans le sou, professeurs ou encore réfugié venu d’Allemagne en Amérique pour échapper au nazisme et peinant à apprendre l’anglais. Sans doute inspiré par ses propres observations et fidèle à une certaine tradition de la littérature yiddish et du conte juif, l’auteur a ciselé les douze nouvelles de ce recueil pour en faire de petits bijoux empreints d’humour, parfois de fantaisie, mais aussi d’émotion et même de cruauté. Les personnages en sont à la fois banals, comme je l’écrivais ci-dessus, et originaux ou, en tout cas, suffisamment décalés pour susciter l’intérêt du lecteur. En lisant certaines des nouvelles de ce recueil, je me faisais d’ailleurs la réflexion qu’on pourrait en tirer de fort intéressantes adaptations cinématographiques. Ainsi de Nature morte qui raconte la relation trouble entre un peintre partageant l’atelier d’une femme, elle-même peintre, et dont il tombe amoureux.
La nouvelle la plus singulière du recueil raconte la survenue d’un oiseau doué de parole et désireux de trouver refuge dans un appartement. Dans Ils auront ma peau, il est question d’un tailleur cherchant désespérément à réconcilier ses deux employés qui se haïssent. Dans Le coût de la vie, c’est un épicier qui perd tout à cause d’un concurrent venu s’installer à côté de chez lui. Un nu tout nu narre l’histoire d’un peintre que l’on oblige à faire une copie frauduleuse d’un tableau du Titien. Quant au Choix d’une profession, récit d’une passion contrariée d’un homme pour une femme, c’est également une histoire qui pourrait être formidablement adaptée au cinéma.
Cela étant, sans nul besoin d’adaptation, chacune des nouvelles qui composent ce recueil a de quoi captiver le lecteur. Toutes nous parlent de la condition humaine, des épreuves de la vie, des espérances, des illusions et des déboires. Elles sont pétries d’humanité.

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