Avoir de la misère

La mélasse du titre fait référence au quartier pauvre du ‘Faubourg à m’lasse’ situé dans le Centre-Sud de Montréal au tournant des années 80. Le prologue de cette autobiographie nous présente la fugue du narrateur durant son enfance dans un train abandonné, qui finalement ne va nulle part. Une illustration qui reflète bien ce désir du narrateur de fuir sa propre histoire sans y parvenir. Car même s’il veut détester ce quartier, il n’arrive jamais à lui tourner le dos entièrement.

Chaque nouveau chapitre présente de nouveaux personnages hauts en couleur. ‘Frigo’, le sans-abri, mascotte du quartier. Chantale, la voisine prostituée. Ti-crisse, la copine lesbienne masculine de sa mère au tempérament bouillant et violent qui agit comme protectrice.

Même si on visite les milieux pauvres de Montréal, nous ne sommes pas dans l’univers de Michel Tremblay. Il s’agit ici d’endroits beaucoup plus sombres avec des zones d’ombres de personnages façonnés par la misère, leurs frustrations ou l’addiction.

Ouellette manie la langue québécoise avec brio, utilisant des descriptions vibrantes pour créer une atmosphère unique. Le lecteur est immédiatement immergé dans ce monde souvent cru qui s’apparente au « réalisme sale »

Heureusement, l’auteur possède assez de recul et d’humour noir pour que ces récits remplis de personnages amochés ne soient pas une lourde séquence de tragédies. Les anecdotes sont livrées de manière franche et drôle. Mais, on devine que certains passages ont été écrits difficilement, accouchés dans la douleur.


(Prix littéraire des collégiens)

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  Melasse de fantaisie

  de Ouellette, Francis
  Ed. la Meche
  ISBN : 9782897071684 ; 24,00 € ; 01/10/2022 ; 216 p. ; Broché

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