Le Marché aux elfes de Christina Georgina Rossetti, Lewis Carroll (Dessin), Casimiro Piccolo (Dessin), Dante Gabriel Rossetti (Dessin)
(The goblin market)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Froidmont, le 17 mars 2024 (Laon, Inscrit le 28 octobre 2022, 32 ans)
La note : 6 étoiles
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Et Dante dévora Christina

C’est un livre pluriel et quelque peu trompeur, qui signe Christina, l’annonce à grand tambour pour ne lui accorder qu’un espace bien court. Moins de quarante pages tout à son honneur, et le reste sera à la gloire du frère Dantuccio Gabriel, des femmes de sa vie, de Fan dit l’éléphant, de Janey, de Lizzie qui aura au recueil la parole dernière. Ce livre est une éclipse doublée d’un hold-up : on nous promet du steak, on donne du soja, c’est un couscous menteur qui n’est fait que de pois, la béchamel noyée dans deux pots de ketchup ! Et c’est ainsi qu’on voit au travers de ces pages l’ombre de Christina que Dante phagocyte, qui commence à briller et vite périclite pour laisser à Gaby les honneurs, les hommages.
C’est la deuxième fois que je lis un bouquin dont le berceau bâti par un même éditeur présente beau visage et semble tentateur pour montrer des soucis à m’en tomber des mains ! Le premier, Walt Whitman, brillait d’amateurisme quand il nous inversait de très nombreuses pages et en répétait une deux fois dans l’ouvrage ; le second, il est vrai, n’a pas tant de sadisme.

Ce n’est pas que ce livre soit sans intérêt. Le poème raconte comme une Laura va se laisser tenter par les fruits et les voix des elfes enchanteurs aux jus empoisonnés. Il faut voir ce récit comme une métaphore de la drogue qui a exténué Lizzie et qui, trois ans après, lui a coûté la vie ; c’est justement Lizzie, que l’on retrouve encore, en ange salvateur de sa très chère sœur qu’elle délivrera contre ces gobelins, dealers de laudanum, nocturnes et mesquins ; et ainsi Christina veut délivrer sa « sœur ».
Et la postface aussi s’avère intéressante, quoique écrite par bonds comme une confidence, qui nous perd dans des faits souvent sans importances ou traités vivement comme histoire récente, de sorte qu’on ne sache si l’on peut s’y fier. Reumeaux s’y fait intime au foyer Rossetti ; comme si nous étions du nombre des amis, il en parle, badin, avec intimité.
Et pour finir, enfin, nous avons 9 poèmes de la main de Siddal, cette même Lizzie, poésie qui murmure autant qu’elle se crie, qui déchire le ventre comme un long carême. C’est de l’ouvrage entier ce que j’ai préféré. Ces poèmes sont beaux : ils ont le lumineux du soleil de l’été, ardent de tous ses feux, et de la lune pâle qui veut se cacher.
Le tout est appuyé d’illustrations superbes, tant de Casimiro que de son fameux frère qui ont su me sauver de mes humeurs amères ; certes pas en entier, mais j’en suis moins acerbe !

Le problème n’est pas au sein du contenu. Je voulais découvrir l’œuvre de Rossetti, mais j’en ai moins appris sur elle que sur lui. C’est le titre qui crée tout le malentendu. Je m’estime trahi, car je la voulais elle ; tout me la promettait, tout en faisait l’annonce, et je me suis dit : « Chouette ! Pourquoi hésiter ? Fonce ! » Et pour 19 euros, la farce n’est pas belle …

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