Odes et fragments de Sapphô
Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie , Littérature => Européenne non-francophone
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«et les souffles du vent ont la douleur du miel.»
«Le désir»
Il m’éblouit, il goûte le bonheur des dieux cet homme
qui devant toi prend place et près de toi écoute, cap-
tive, la douceur de ta voix.
Ah ! ce désir d’aimer qui passe dans ton rire. Et c’est
bien pour cela qu’un spasme étreint mon cœur dans ma
poitrine. Car si je te regarde, même un instant, je ne
puis plus parler.
Mais d’abord ma langue est brisée, un feu subtil sou-
dain a couru en frisson sous ma peau, mes yeux ne me
laissent plus voir, un sifflement tournoie dans mes
oreilles.
Une sueur glacée couvre mon corps, et je tremble, tout
entière possédée, et je suis plus verte que l’herbe. Me
voici presque morte, je crois.
Mais il faut tout risquer.. puisque..
[31] Extrait de «Le temps des amies» (p. 39-41).
Bien que le nom SAPPHÔ (Vers 612 - 630 av. J.-C. - ? Σαπφώ) soit connu des tous, - notamment par les dérivés et autres adjectifs provenant de son nom -, de son vivant elle était surtout connue pour ses écrits, poèmes et chansons. Malheureusement, seuls quelques fragments et quelques citations éparses d’autres auteurs anciens, nous sont parvenus à travers le temps.
Nous les retrouvons ici dans une traduction intégrale des «Odes et Fragments» de SAPPHÔ réalisée par M. Yves BATTISTINI (1922 – 2009), divisée en trois grandes parties :
Le Temps des Amies
La Cité, les Dieux
Reliques
«Le Temps des Amies»
C’est une poésie très classique, correspondant tout à fait à l’époque. Les thèmes sont aussi ceux qui correspondent à l’idée que l’on se fait de la poésie de SAPPHÔ. On retrouvera ainsi : La virginité perdue, la recherche d’autres étreintes, la nature, les caresses reçues et données, le désir, la joie, les parfums, les fleurs, la mort, la nudité, le désir, la jalousie, la passion, l’absence de l’être aimé…
«L'infidèle»
.. Mica
.. mais je ne te laisserai pas faire..
tu as choisi l'amour et le lit des filles de Penthilos
cruelle, nos ..
.. une musique suave ..
ta voix au goût de miel ..
chante, et le trille aigu des rossignols
.. humide de rosée ..
[71] Extrait de «Le temps des amies» (p. 53).
«La Cité, les Dieux»
«Comme on voit sur la branche…»
Comme on voit la branche tout au haut rougir la pomme douce
tout au haut sur la plus haute branche, - les cueilleurs de pommes l’ont oubliée :
non, ils ne l’ont pas oubliée, mais plutôt, ils n’ont pas pu l’atteindre.
Comme on voit l’hyacinthe dans les montagnes par les bergers
foulée aux pieds, et à terre souvent la fleur pourprée…
[105] Extrait de «La Cité, les Dieux» (p. 115/117).
Cette deuxième partie est dans la droite ligne de la première, la ressemblance est d’ailleurs évidente. Les poèmes sont toutefois beaucoup plus courts. C’est parfois très abscons, et très difficile à lire, SAPPHÔ parlant parfois par énigmes. La traduction de M. BATTISTINI, bien que parfaite, est bien trop littérale et malheureusement pas assez poétique. Ce qui ne facilite pas non plus la lecture de ce recueil.
«Pour la fête»
la nuit ..
les jeunes filles
célébrant toute la nuit la fête
chanteraient ton désir et l’amour de l’é-
pousée à la ceinture de violette.
Allons, éveille-toi, avec les garçons
de ton âge avance ! Ainsi moins
longtemps que l’oiseau au-trille-aigu
nous verrons le sommeil.
[30] Extrait de «La Cité, les Dieux» (p. 93).
La troisième partie : «Reliques» est beaucoup moins intéressante puisque juste composée de tout petits fragments épars, sans aucun vrai sens, ni significations…
«Quand Sapphô chante la Beauté
ses paroles ont suave beauté»
[195] Extrait de «Reliques» (p. 151).
«Phaon le plus beau des hommes : Aphrodite l’a
caché dans des laitues»
[211] Extrait de «Reliques» (p. 157).
«.. le bourdonnement d’oreilles et le corps qui tremble m’exercent et puis elle dit :
.. plus verte
que l’herbe je suis. Être morte
peu s’en faut,
il me semble en moi-même.. »
[213 B] Extrait de «Reliques» (p. 161).
Que dire de plus? Malgré sa «lourdeur», il ne faut surtout pas hésiter à lire l’appareil critique, très touffu et trop conséquent, au risque de ne pas comprendre le contexte des fragments et leur lieu d’être. Malheureusement, cela vous «sort» de la lecture, puisqu’il faut sans cesse faire des allers-retours entre le poème que l’on est train de lire et les explications en fin de volume. Cela «casse» terriblement le rythme et ne permet pas véritablement d’apprécier la beauté de la poésie de SAPPHÔ.
Je finis donc plutôt déçu, j'ai trouvé ce recueil très moyen, contrairement à ce que tout le monde dit de la poésie de la poétesse grecque. Je pense que la traduction y est pour beaucoup, et je vais donc laisser encore une chance a SAPPHÔ et lire prochainement une autre traduction...
Laissons la place à la poétesse…
«L’adieu»
Sans mentir je voudrais être morte.
En me quittant elle pleurait
bien des larmes. Elle m’a dit :
«Ah ! Quelle épreuve cruelle est la nôtre,
Sapphô, contre mon gré je t’abandonne.»
Et je lui répondais :
«Va et adieu, et souviens-toi
de moi, car tu sais de quels soins nous t’avons poursuivie.
Mais moi, sinon, je veux te
R ..appeler
.. aussi les beaux jours du passé :
les couronnes, souvent, de violettes
et de roses ensemble, de crocus,
dont tu ornais ton front, près de moi,
et les guirlandes odorantes, leurs fleurs entrelacées,
que tu jetais
autour de ta gorge fragile,
toute l’huile parfumée,
l’onguent précieux dont
tu frottais ton corps, comme une reine.
Et sur les lits moelleux,
dans mes bras, tendrement,
tu chassais hors de toi ton désir altéré.
Aux saints rites ..
jamais ..
nous ne faisons défaut, nous n’étions pas absentes
pour le bosquet sacré
.. et la danse ..
.. et le bruit ..»
[94] Extrait de «Le temps des amies» (p. 59-61).
Les éditions
-
Odes et fragments
de Sapphô, Battistini, Yves (Traducteur)
Gallimard / Poésie
ISBN : 9782070300273 ; 10,20 € ; 24/03/2005 ; 216 p. ; Poche
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