Une maison de poupée de Henrik Ibsen

Une maison de poupée de Henrik Ibsen
( Et dukkehjem)

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Théâtre

Critiqué par Sahkti, le 28 novembre 2004 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 49 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 968ème position).
Visites : 6 513  (depuis Novembre 2007)

Pauvre petite Nora?

Nora est une jeune femme dépensière, mariée à un homme pour lequel l'honnêteté est une valeur idéale, qu'il convient de coupler avec l'épargne et le fait de ne jamais rien devoir à personne. Amoureux de sa femme, il cède volontiers à ses caprices. C'est sans doute pour lui un moyen efficace de la conserver auprès de lui et au fil des années, Nora est devenue complètement dépendante de son époux, esclave de sa condition de femme mariée. Elle possède cependant un grand secret, une dette autrefois contractée, avec laquelle elle estime tenir son époux. Elle joue de cette manigance, la gardant en réserve au cas où, jusqu'au jour dramatique où son mari découvre le pot aux roses. Ce que Nora pensait être une arme fabuleuse en est réellement une, qui se retourne cependant contre elle...

J'ai toujours éprouvé quelques difficultés à penser que Nora était infantilisée par son mari, même si c'est l'analyse qui revient le plus fréquemment quand on évoque ce texte.
Elle m'apparaît au contraire comme une jeune femme complètement esclave du confort offert par son mari, tributaire de celui-ci pour mener la vie qu'elle entend mais consciente de la chose et profitant de celle-ci. Sans doute est-ce d'ailleurs pour cela qu'elle voue une telle importance à se secret qu'elle conserve jalousement, croyant qu'elle tient de la sorte son mari à sa merci. Nora me semble davantage calculatrice qu'asservie, elle arrive à profiter de la situation et ce qui paraît la déranger est, à mes yeux, plus le fait de ne pouvoir jouer à sa guise que celui de dépendre financièrement de son époux.
Sur ce point, Ibsen réalise une prouesse en inversant complètement le processus à la fin de sa pièce. Alors que beaucoup voient dans ce terme la libération de Nora, quittant mari et enfants, il ne semble pourtant n'y voir qu'emprisonnement. Nora est la victime de sa machination. Ce qu'on prend pour un acte de courage est une fuite, une résignation, le départ vers une autre vie qui pourrait être belle mais semble à première vue moins facile et plus dure que celle qu'elle abandonne.
De là, on peut évidemment longuement disserter sur la condition féminine et le fait de savoir si il vaut mieux perdre son confort et prendre la poudre d'escampette plutôt qu'aliéner son âme dans une union qui ne satisfait plus. Je reste persuadée que ce n'est pas le propos d'Ibsen, que celui-ci a d'abord et essentiellement voulu aborder la question du mensonge, de la confiance, de la trahison et de "l'arroseur arrosé".

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Les éditions

  • Une maison de poupée [Texte imprimé] Henrik Ibsen trad., introd., bibliogr. et chronologie par Régis Boyer
    de Ibsen, Henrik Boyer, Régis (Traducteur)
    Flammarion / G.F..
    ISBN : 9782080707925 ; 15,00 € ; 04/01/1999 ; 245 p. ; Poche
  • Une Maison de poupée [Texte imprimé], drame en trois actes Henrik Ibsen introd. et trad. nouvelle de Marc Auchet
    de Ibsen, Henrik Auchet, Marc (Traducteur)
    le Livre de poche / Le Livre de poche
    ISBN : 9782253052555 ; 4,69 € ; 05/06/2002 ; 156 p. ; Poche
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Prodigieux.

10 étoiles

Critique de Neosmith (Villeurbanne, Inscrit le 29 mai 2011, 32 ans) - 29 mai 2011

Ce livre est "le prodige des prodiges", et ceux qui ont lu le livre comprennent tout le sens de mon propos.
Le comportement de Nora est très intéressant, enfantine en façade mais raisonnée en profondeur lorsqu'elle se dévoile dans l'acte III par sa prise de conscience que l'amour qu'elle portait à Hemler est aujourd'hui dépourvu de sens.
Dès lors Nora prend sa vie en main, elle donne un nouveau sens à sa vie. Elle se dégage de toutes les frivolités et légèretés du passé en compagnie de son époux, pour entrer dans l'ère de la vie sérieuse où elle pourra enfin atteindre le but commun à tout être humain, dont elle se revendique comme tel, à savoir : le bonheur.
Terrible dilemme dont l'issu reste incertaine : elle choisit d'abandonner ses enfants et son mari pour qu'elle puisse clairement s'affirmer sans craindre les remarques désobligeantes quotidiennes de son mari machiste. Le risque est immense mais tellement compréhensible.

Enfin, il convient de remarquer que le principe de l'indifférence des mobiles en droit est toujours valable aujourd'hui (bien que la peine est amoindrie) , principe fustigé farouchement par Nora.

Un livre à lire avant de mourir !

D'une magnificience magnifiquement magnifique

10 étoiles

Critique de Zolien (, Inscrit le 25 avril 2006, 57 ans) - 25 avril 2006

Je n'ai pas lu la pièce mais je l'ai vue jouée le 15 octobre dernier au Théâtre National de Strasbourg par la compagnie Mabou Mines... Je suis sorti de la salle en pleurant...

" pauvre petite Nora"???

10 étoiles

Critique de Rachel (grenoble, Inscrite le 31 octobre 2004, 44 ans) - 27 mai 2005

ce n'est pas le qualificatif que j'emploierais pour ce personnage...

la fin d'Une maison de poupée ne me semble pas "enfermer" le personnage de Nora, ni faire d'elle une victime... bien au contraire ! Elle s'affirme enfin comme un être humain et quitte son image d'épouse et de mère parfaites.

Prise au piège dans un mariage avec un homme qui n'est qu'une situation sociale, qui ne vit que par et dans le regard des autres, elle veut être aimée pour elle et non plus pour son image...et pour cela, elle doit se connaître elle-même et se forger un caractère, des opinions qui ne seront qu'à elle et pas celles de son père, de son époux ou des gens bien pensants.
Cette fuite en pleine nuit du domicile conjugal n'est pas "résignée", elle est volontaire, décidée, lucide et "éclairée". Elle est même devenue indispensable au point de laisser derrière soi ces enfants. Cette fuite n'est pas celle de quelque chose mais une fuite VERS autre chose, vers ce que Nora nomme "le miracle suprême". Elle aspire à donner un sens à sa vie, à se trouver en tant qu'être humain... quel poids peut avoir le confort face à cela?

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